Les évêques catholiques ont dit jeudi craindre que d’autres révisions de la Constitution après celle instituant un scrutin présidentiel à tour unique, conduisent « à l’instauration d’une nouvelle dictature ».
Les élections sont un exercice essentiel dans toute démocratie, où l’égalité de tous devant la loi doit être garantie. Elles doivent être libres et transparentes. Car la démocratie, c’est d’abord le respect des droits humains et des libertés fondamentales ; c’est ensuite la séparation stricte des pouvoirs, c’est-à-dire la non-concentration des trois pouvoirs entre les mains d’un seul individu ou d’un groupe ; puis, c’est le contrôle externe et interne des mandataires du peuple ; enfin, c’est la participation au pouvoir de la société civile, donc de tout le peuple.
A travers les élections, le peuple congolais est appelé à exercer, dans la liberté et avec un discernement requis, son droit de choisir ses gouvernants à tous les échelons et ses représentants dans les Assemblées Provinciales et dans les deux Chambres du Parlement. C’est par son choix, qu’il décide de son avenir en confiant à ses élus la lourde responsabilité de présider à son devenir. C’est le lieu de rappeler que la volonté du peuple et ses choix doivent être impérativement respectés. D’où l’importance d’organiser des élections locales pour construire la démocratie à la base et rapprocher ainsi le peuple de ses gouvernants.
Les Evêques soulignent la préoccupation qu’a fait naître dans le pays cette procédure : « Nous craignons que cette révision ne prélude à d’autres qui conduiraient au retour du monopartisme, à la fin de la démocratie et à l’instauration d’une nouvelle dictature ». Les Evêques notent que « les élections dans beaucoup de pays d’Afrique ont souvent donné le spectacle déplorable de violences, de contestations et de troubles divers » et ils exhortent la RDC à en tirer les leçons de manière à ce que les élections du 27 novembre soient « libres et démocratiques ».
Dans la perspective des prochaines échéances électorales, la Constitution a été révisée. La CENCO en prend acte, mais elle ne saurait s’empêcher de relever que la Constitution, gage du consensus national laborieusement obtenu et retrouvé, approuvée par référendum, a été révisée de manière précipitée et expéditive. En effet, la Constitution modifiée a été votée et promulguée en moins de deux semaines, en fin d’une session extraordinaire du Parlement à l’ordre du jour de laquelle elle n’avait pas été inscrite initialement alors qu’elle aurait pu intervenir en toute sérénité, plus tôt, sur base d’une large concertation et d’un débat public et parlementaire ouvert.
Cette procédure a suscité beaucoup d’inquiétudes dans l’opinion nationale. Ce qui a amené certains à s’interroger sur la visée réelle de la révision constitutionnelle. «Nous craignons que cette révision ne prélude à d’autres qui conduiraient au retour du monopartisme, à la fin de la démocratie et à l’instauration d’une nouvelle dictature.»
Nous avons été fortement affectés et indignés par la virulence de la réplique du Gouvernement et ses propos désobligeants à l’égard de Son Eminence Laurent Cardinal Monsengwo. Nous estimons que son intervention ne comprend rien qui mérite une réaction aussi acerbe et irrévérencieuse. Le débat d’idées en démocratie n’autorise pas des attaques personnelles. A cet effet, la CENCO invite la population et les acteurs politiques à éviter tout discours discourtois et discriminatoire et à adopter des attitudes et des propos capables de favoriser l’unité de la Nation congolaise.
Lire la déclaration au complet (pdf)
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