mardi 22 mars 2011

RDC : Présidentielles 2011, «Joseph KABILA» use et abuse des subterfuges

image Joseph KABILA et son homologue rwandais Paul KAGAME


Décidé à rempiler par tous les moyens, le président sortant «Joseph Kabila» - dont le bilan socio-économique et sécuritaire est tout simplement désastreux - multiplie des stratagèmes pour réaliser un nouveau hold-up électoral.
Après la modification à la hussarde de plusieurs articles de la Constitution et l’instauration d’un scrutin présidentiel à un seul tour, l’homme a sorti un nouveau «truc» de son chapeau : découpler l’élection présidentielle des législatives.
En novembre prochain, le corps électoral ira voter uniquement le président de la République. Lors des consultations politiques de 2006, le premier tour de la présidentielle et l’élection des députés nationaux ont été couplés. C’était au mois de juillet. Convaincu de rester calife à la place du calife grâce à la fraude, la corruption et l’intimidation, «Kabila» espère - en reportant les législatives et locales à «plus tard» - rafler la majorité des élus à la Représentation nationale et mettre la main sur le gouvernement.

Découplage

La question du «découplage» de l’élection présidentielle et les législatives a été évoquée lundi 14 mars dernier lors de la réunion interinstitutionnelle tenue au Palais du peuple sous la présidence de «Joseph Kabila». Il faut dire que ce cadre est purement informel. Il n’a donc aucune existence constitutionnelle. Dirigée par un kabiliste pur et dur, la CENI a relayé la volonté présidentielle. Au grand dam des observateurs.
L’association de défense des droits humains «Asadho» a été la première à faire sonner le tocsin. Dans un communiqué daté du mercredi 16 mars, ce groupement a dénoncé en termes véhéments «l’initiative» de la CENI laquelle, selon elle, «contient des germes des conflits car personne n’acceptera d’être dirigé par un président élu, mais qui travaillerait avec un gouvernement non issu de la majorité législative». L’association d’inviter le gouvernement à «respecter son engagement de faire organiser les élections présidentielles, législatives et locales dans le délai légal» et la CENI à «publier un calendrier électoral qui respecte le délai constitutionnel.» Et ce, de peur le pays plonge "dans des querelles inutiles." L’association invite les citoyens congolais à «s’opposer, par des moyens constitutionnels et démocratiques, à toutes les institutions politiques (président, Assemblée nationale, Sénat, Gouvernement) qui ne seraient pas issues des élections organisées dans le délai constitutionnel.» On imagine que ce genre de communiqué fait l’effet d’une goutte d’eau sur la plume d’un canard dans les officines kabilistes où tout s’analyse en termes de rapport de forces..
Dans son édition n°2619, datée du 20 au 26 mars 2011, l’hebdomadaire parisien «Jeune Afrique» publie sous sa rubrique «Confidentiel», une «brève» intitulée «RD Congo : Conclave au sommet». Le journal écrit que lors de la réunion précitée, les participants se sont penchés sur l’idée d’un «découplage» de la présidentielle et des législatives. «La première pourrait se tenir en octobre prochain, les secondes au début de 2012», précise-t-il. «Un moyen, ajoute le magazine parisien, pour le chef de l’Etat fraîchement élu de profiter, lors des législatives, de la tendance des électeurs à voter pour le vainqueur de la présidentielle. Et donc de s’assurer la haute main sur le Parlement.» Pour «J.A», l’argument (nécessité de faire des économies) avancé jadis par le «clan kabiliste» pour justifier la suppression du second tour de la présidentielle «n’était qu’un prétexte» d’autant plus que «le découplage nécessite en effet l’organisation de deux scrutins au lieu d’un». Notons que l’enveloppe initiale pour l’organisation des élections a été estimée à 735 millions $ US. Le gouvernement s’est dit disposé à prendre en charge 60% de ce montant. Selon des indiscrétions au sein du parti présidentiel, le PPRD entend mobiliser un «trésor de guerre» de 300 millions $ US pour financer la campagne électorale du président sortant. Cet argent serait la «contribution» des «amis congolais et étrangers».

Subterfuges

Les partisans de «Joseph» aiment croire en leurs propres mensonges. Dans la presse pro-kabiliste, il n’est plus rare de lire que «Joseph Kabila a un bilan positif et doit être élu en 2011». Le lecteur aura toutes les peines à trouver la ventilation des réalisations à mettre à l’actif du chef de l’Etat en dehors de quelques routes goudronnées ou des écoles "réhabilitées". La victoire de "Kabila" constitue de ce fait un axiome. Au motif, lit-on parfois, que l’homme «doit achever son programme». Lequel? Les "Cinq chantiers"? En réalité, le président sortant a un bilan désastreux : explosion de la pauvreté, corruption, stagnation économique, arbitraire, violations des droits et libertés, confiscation des médias d’Etat, injustice sociale, impuissance des pouvoirs publics à éradiquer l’insécurité persistante dans les provinces du Kivu et dans la Province Orientale, relations ambiguës avec certains pays voisins. C’est le cas du Rwanda et de l’Ouganda, anciens agresseurs du territoire national et qui participent aux pillages des ressources du Congo à travers des groupes armés. Au total, «Kabila» et ses affidés refusent de voir la vérité en face pour reconnaître l’échec. Ils comptent sur les moyens de coercition dont ils disposent au niveau de l’appareil d’Etat pour se frayer un passage en force.
Il y a cependant des signes qui ne trompent pas. Depuis quelques mois, le président sortant et certains membres de son entourage multiplient des initiatives qui sont en fait des ruses pour conjurer la défaite qui profile à l’horizon. Comment atteindre un tel objectif face à une population qui ne peut étancher sa soif, faute d’eau courante. Une population qui a faim, faute de revenus. La grande majorité de la population peine à satisfaire les besoins essentiels en matière de santé et de la scolarité des enfants. Que dire de la sécurité? En fait, le président sortant est conscient de la maigreur de ses chances de l’emporter face à un candidat unique de l’opposition. Il semble que la perspective d’affronter Etienne Tshisekedi wa Mulumba est redoutée.
Fin juillet dernier, «Joseph» a présidé une «réunion interinstitutionnelle» à la Cité de l’Union Africaine à Kinshasa. Il a profité de cette occasion pour faire du cinéma en clamant sa «détermination» à respecter les «délais constitutionnels» fixés pour l’organisation des élections générales prévues en 2011. Le «budget global» devant couvrir l’organisation matérielle de l’ensemble des consultations politiques a été adopté lors de cette réunion. Contre toute attente, le 9 août, la défunte Commission électorale indépendante (CEI) publie le «calendrier des élections» de 2011. Le premier tour de la présidentielle et les élections législatives devait avoir lieu le 27 novembre prochain. La campagne électorale, elle, devait se tenir du 27 octobre au 25 novembre 2011.
Le 15 janvier 2011, le président sortant fait réviser la Constitution par les deux Chambres réunies en Congrès. Grande «innovation» : le scrutin présidentiel ne se tiendra plus qu’en un seul tour «pour raison de nécessité d’économique». Un argument balayé d’un revers de la main par l’association de défense des droits humains «La Voix des Sans-Voix». L’organisation de dénoncer le fait que «le point de vue de l’opinion publique n’ait pas été pris en compte par la famille politique du président de la République en vue d’éviter à la RDCongo une crise de légitimité (…) ». La VSV de relever que «les élections générales proprement dites sont évaluées à seulement 238 millions de dollars.»

Imposteur

Question : Qu’est ce qui pousse le président sortant "Joseph Kabila" a usé et abusé de tant d’artifices pour garder son poste de président de la République alors qu’il n’a plus de «rêve d’avenir» à proposer aux Congolais? Est-ce pour achever la «reconstruction» entamée comme le disent sans rire des «kabilistes»? Ou encore pour garantir la pérennité de certains intérêts étrangers voire maffieux en maintenant la RD Congo dans l’instabilité et la stagnation économique et sociale? Quelques rappels historiques. Les Congolais feignent d’ignorer que l’homme qui trône actuellement à la tête de l’Etat congolais est un pur produit de l’AFDL (Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo). N’en déplaise aux pseudo-libérateurs du 17 mai 1997 et autres propagandistes parentés, l’AFDL n’a pas été créée par Laurent-Désiré Kabila. Celui-ci y a d’ailleurs adhéré sur "recommandation" du président ougandais Yoweri Museveni auprès de...Paul Kagame, alors vice-président de la République et ministre rwandais de la Défense. L’AFDL est donc un machin destiné à donner aux naïfs congolais le sentiment d’avoir participé au renversement du "dictateur Mobutu". Les Congolais feignent également d’ignorer que LD Kabila a été propulsé à la tête de l’Etat grâce à l’appui des armées du Rwanda et de l’Ouganda.
Au lendemain de la rupture de la «coopération militaire» entre LD Kabila et ses mentors, Patrick Mazimhaka, alors ministre-conseiller à la Présidence de la République rwandaise, a justifié la guerre commencé en août 1998 entre Kinshasa et Kigali en ces termes : «(...), ce que nous souhaitons, c’est la mise en place à Kinshasa d’un pouvoir politique stable, fiable, amical à notre égard, avec lequel nous entretiendrons des relations de bon voisinage». («Le Soir» de Bruxelles daté du 30.11.1998). Fin décembre 2010, l’ancien procureur de Kigali, Gérard Gahima, aujourd’hui en dissidence, a enfoncé le clou dans un entretien avec la même publication : « (…). Autrefois, en 1998, je m’étais déjà opposé à la deuxième guerre du Congo, mais Kagame voulait à tout prix chasser Laurent Désiré Kabila, qu’il venait de mettre au pouvoir un an plus tôt. Cette démarche était surtout inspirée par l’orgueil, il voulait diriger le Congo à distance, ce que Kabila refusait…».
Questions : L’homme fort de Kigali a-t-il trouvé en «Joseph Kabila» l’homme-lige qui lui fallait à Kinshasa? Une chose paraît sûre : la «réconciliation» intervenue en janvier 2009 n’a jusqu’ici profité qu’aux deux dirigeants. La sécurité des personnes et des biens n’a connu aucune embellie pour les populations des provinces du Nord et du Sud Kivu. Quelle preuve devrait-on, dès lors, administrer aux Congolais qui semblent «refuser» résolument de voir que leur avenir collectif est pris en otage par un imposteur?

Baudouin Amba Wetshi.

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