mercredi 30 mars 2011

Un nouveau depart pour la Libye : L'Union Africaine boude la coalition internationale

30/03/2011
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Guerre - Un rebelle avec des roquettes, le 14 mars 2011 à Ajdabiya

Après leur progression fulgurante de ces derniers jours, les insurgés libyens ont été stoppés par l’armée de Mouammar Kaddafi à la sortie de Ben Jawad, près de Ras Lanouf. La coalition internationale continue de les appuyer, une aide militaire directe étant même évoquée du bout des lèvres par certains responsables américains.

La ville de Ben Jawad sera-t-elle infranchissable pour les insurgés libyens ? Après avoir repris cette petite ville située sur la côte méditerranéenne, à une cinquantaine de kilomètres à l'ouest de Ras Lanouf, ceux-ci se sont heurtés mardi à l’armée du colonel Kaddafi et ont dû se replier. Courant mars, avant l’intervention aérienne de la coalition internationale, Ben Jawad avait déjà été le point maximal de leur avancée en direction des centres de pouvoir du colonel Kaddafi.

Selon un correspondant de la BBC en Libye, des centaines de voitures ont fui la ville en direction de l’est pour se réfugier à Ras Lanouf mardi.
"Nous ne voulons que la France et l’Angleterre"

De fait, sans l’appui aérien de la coalition internationale, les insurgés semblent incapables de prendre le dessus face aux armes lourdes de l’armée libyenne. Les avions de la coalition n’ayant effectué aucune frappe contre les pro-Kaddafi à l’ouest de Ben Jawad, ces derniers ont pu bombarder les positions rebelles à l'entrée de la ville en début d’après-midi.

Du coup, certains insurgés critiquent l’Otan, qui doit prendre le commandement des opérations en Libye à partir de jeudi à 6 heures GMT. « L'Otan, ce n'est pas bon. Ils ne veulent pas nous aider, a déclaré un volontaire de la rébellion. Nous ne voulons que la France et l'Angleterre. Eux, ce sont les vrais amis de la Libye. Ils attaquent les hommes de Kaddafi avec leurs avions ».
L’aide militaire directe n’est "pas exclue" par les États-Unis

La coalition internationale ne lâche pas les insurgés pour autant. Bien au contraire. Lundi soir, des frappes aériennes ont touché Mezda (centre), Gharyan et Sorman (ouest), ainsi que Tajoura, près de la capitale. Des avions et un navire de guerre américains ont aussi attaqué trois navires libyens dans le port de Misrata.

À Tripoli, deux fortes explosions ont été entendues dans le secteur de la résidence de Mouammar Kaddafi en fin d’après-midi. D’autres bombardements ont touché le Tajoura quasi-simultanément.

Sur le plan diplomatique, la France, premier pays a avoir reconnu le Conseil national de transition (CNT, « gouvernement de la rébellion ») a annoncé qu’un ambassadeur, Antoine Sivan, allait prendre ses fonctions à Benghazi prochainement. Le Qatar est le seul autre pays à avoir reconnu le CNT, mais les États-Unis ont eux aussi annoncé l’envoi « rapide » d’un « émissaire » à Benghazi, Chris Stevens.

Mardi, leur ambassadrice à l’ONU, Susan Rice, est allé jusqu’à déclarer que les États-Unis « n’excluaient pas » de fournir une assistance militaire aux insurgés libyens afin de les aider à renverser le colonel Kaddafi. Le chef militaire de l’Otan, l'amiral américain James Stavridis, a néanmoins indiqué un peu plus tard qu’il n’était « pas question à ce stade d'armer les rebelles » . « Je n'ai pas fait ou reçu de recommandation. Bien sûr, nous n'en sommes qu'aux premiers jours » de l'intervention, a-t-il ajouté.

Soupçonnés d’avoir déjà envoyé des agents de renseignement sur le terrain, les autorités américaines continuent de nier tout contact militaire avec les rebelles libyens.
L’UA boude le sommet de Londres

Le « Guide » libyen a pour sa part exhorté la coalition à cesser l’« offensive barbare et injuste contre la Libye ». Il s’adressait au « groupe de contact », créé mardi lors d’une importante réunion international à Londres. Quarante pays et organisations étaient représentées à ce sommet. Les ministères des Affaires étrangères du Koweït, de la Jordanie, du Liban, du Maroc, du Qatar, de la Tunisie, de la Turquie et des Emirats arabes unis étaient notamment présent. L’Union africaine, pourtant invitée, n’a toutefois envoyé aucun représentant.

La prochaine réunion du « groupe de contact », chargé de prendre les décisions « politiques » concernant l’intervention internationale en Libye, doit avoir lieu au Qatar « aussi tôt que possible », selon le communiqué final.
"Mouammar KADHAFI doit partir"

La France est prête à discuter avec ses alliés d'une aide militaire aux rebelles en Libye, a déclaré mardi le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, tout en soulignant que ce n'était pas prévu par les récentes résolutions de l'Onu sur ce pays.

Le Premier ministre britannique David Cameron a accusé les forces pro-Kadhafi de continuer à massacrer la population civile dans cette ville, la troisième de Libye et dernier bastion aux mains des rebelles dans l'ouest du pays.

Réunie mardi à Londres, la coalition internationale a accentué la pression sur Kadhafi en promettant de poursuivre ses opérations militaires jusqu'à ce qu'il se plie aux exigences de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'Onu visant à protéger la population civile.

Les représentants d'une quarantaine de pays et d'organisations internationales ont décidé de créer un groupe de contact chargé du pilotage politique de l'opération militaire, qui tiendra sa première réunion prochainement au Qatar. Ce groupe comptera une vingtaine de membres.

Le Qatar, en accord avec ses partenaires de la coalition, se chargera de vendre le pétrole libyen produit dans l'est du pays tenu par les insurgés. L'argent servira à payer l'aide humanitaire destinée à la population.

Les terminaux pétroliers de l'Est n'ont subi que de légers dégâts lors des affrontements, a annoncé la compagnie pétrolière Agoco. Les installations de Zoueïtina et d'Es Sider sont opérationnelles et le terminal de Ras Lanouf n'a été que faiblement endommagé. la production actuelle de 100.000-130.000 barils par jour pourrait être portée à 300.000 barils d'ici deux semaines.

Les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et le Qatar ont laissé entendre que Kadhafi et ses proches pourraient partir en exil s'ils acceptaient sans tarder de mettre fin aux combats qui durent depuis six semaines.

Paris et Washington n'ont pas exclu par ailleurs d'armer les rebelles, mais aucune décision n'a été prise à ce sujet.

Le Premier ministre du Qatar a exhorté Kadhafi à renoncer au pouvoir afin d'éviter un bain de sang, ajoutant que le dirigeant libyen ne disposerait peut-être que de quelques jours pour négocier sa sortie.

"Nous devons tous continuer à accentuer la pression sur Kadhafi et à faire en sorte que son régime soit de plus en plus isolé", a dit pour sa part la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton.

"Cela signifie qu'il faut présenter un front uni, avec des pressions politiques et diplomatiques, afin qu'il comprenne qu'il doit s'en aller", a-t-elle ajouté.

ENVOYÉ FRANÇAIS AUPRÈS DU CNT À BENGHAZI

La France s'est dite prête à parler avec ses partenaires de la fourniture éventuelle d'armes aux rebelles, a déclaré le ministre des Affaires étrangères Alain Juppé.

Un peu plus tôt dans la journée, la représentante des Etats-Unis auprès des Nations unies, Susan Rice, avait elle aussi déclaré que Washington n'excluait pas d'armer les insurgés.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a imposé le 26 février un embargo sur les livraisons d'armes à la Libye, mais des exemptions sont possibles à condition d'être entérinées par le comité des sanctions sur la Libye rattaché au Conseil.

Outre la quarantaine de ministres des Affaires étrangères, le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, et les dirigeants de l'Union africaine, de l'Organisation de la conférence islamique (OCI) et de l'Otan étaient présents à Londres, de même qu'un représentant de la Ligue arabe.

L'Italie a proposé lundi un accord politique pour sortir du conflit libyen, prévoyant l'instauration rapide d'un cessez-le-feu, le départ de Kadhafi en exil et un dialogue entre les insurgés et les chefs des tribus. Pour Rome, seule l'Union africaine, qui était absente à Londres en raison de dissensions internes, peut convaincre le "Guide" de quitter le pouvoir.

Un ambassadeur nommé par la France, Antoine Sivan, était en voie mardi de prendre ses fonctions à Benghazi, fief de la rébellion libyenne contre Mouammar Kadhafi, a indiqué à l'AFP un responsable français sous couvert d'anonymat.

Antoine Sivan a quitté la France dimanche pour la Libye, où il devait se rendre par la route depuis l'Egypte, a-t-on précisé de même source. Ce diplomate de 53 ans, qui parle arabe, a occupé plusieurs postes dans la région et a notamment été à Paris sous-directeur pour le Moyen-Orient au ministère des Affaires étrangères.

Le 10 mars, la France avait été le premier pays à reconnaître le Conseil national de transition (CNT) libyen, qui rassemble les opposants au colonel Kadhafi, et le président Nicolas Sarkozy avait fait savoir qu'il enverrait un ambassadeur à Benghazi.

Selon l'amiral américain James Stavridis, commandant suprême des forces alliées en Europe, des informations des services de renseignement évoquent des "petits signes" d'une présence d'Al Qaïda ou du Hezbollah libanais parmi l'opposition libyenne mais rien ne permet de dire qu'elle est significative.

(Avec Afp)
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