(Mabika Kalanda, La remise en question. Base de la décolonisation mentale, Coll. Etudes congolaises, n° 14, Ed. Remarques Africaines, Bruxelles, 1965). Mabika Kalanda est le père du concept de l'authenticité. Concept repris et érigé en modèle politique par le Président Mobutu (27 octobre 1971).
L'authenticité congolaise n'est pas un alibi folklorique à la conception congolaise de la vie mais la réalité même de la culture, de la cosmogonie, du droit des us et coutumes des peuples du Congo.
Langue maternelle
La langue étant la base de la culture, il y a lieu d'alphabétiser les enfants dans leur langue maternelle, dans toutes les langues maternelles encore vivantes et non dans une des 4 langues véhiculaires imposées par le colonisateur au mépris des autres langues pour faciliter l'administration du pays tout en limitant l'instruction des colonisés; quant à enseigner directement dans la langue nationale étrangère c'est nier la culture congolaise.
Bible et cosmogonie négro-africaine
La Bible a-t-elle sa place dans la culture négro-africaine? "Lorsque les missionnaires sont venus, nous possédions la terre et eux possédaient la bible. Ils nous ont appris à prier les yeux fermés. Lorsque nous les avons rouverts, nous possédions la bible et eux possédaient la terre." Jomo Kenyatta. Ces paroles du leader historique du Kenya résument à elles seules le bien-fondé de la question. L'utilisateur du bâton d'Ishango n'a pu connaître la Bible. Mais d'une façon plu générale j'ajouterai que parler du christianisme c'est lui faire beaucoup trop d'honneur quand on sait qu'il est apparu sur terre il y a seulement 2000 ans, qu'il s'est imposé d'abord à l'empire romain par la conversion de Constantin puis au monde par la conquête, l'inquisition, la négation des peuples autochtones, la traite des noirs et la colonisation. Et que dire alors des hommes ayant précédé le christianisme il y a au moins 3 millions d'années avec Lucy et probablement 7 millions d'années avec Toumaï.
De plus je ne suis aucunement persuadé sur le postulat d'un Dieu créateur et tout puissant (3 pouvoirs: esprit, science, politique) dans la cosmogonie kongo et/ou négro-africaine. Que Ekumani Wetschi, Simon Kimbangu, le belge Placide Tempels, le rwandais Alexis Kagame, le malien Doumbi Fakoly..... en soient persuadés tiennent peut-être à leur formation. Ce Dieu premier ne vient-il pas d'un syncrétisme religieux inspiré par la Bible et les textes pharaoniques égyptiens (base de notre civilisation gréco-romaine). Je suis seulement convaincu de la valeur très universelle du souvenir des ancêtres.
Un régime présidentiel est certainement plus conforme à l'authenticité.
La loi de la démocratie parlementaire est celle de la majorité ce qui n'est pas nécessairement la véritable démocratie.
Il faut bannir les élections et refonder les comités de pouvoir populaire au niveau des quartiers et des villages c'est-à-dire la démocratie à la base, par la base et pour la base.
La palabre africaine est plus démocratique que les élections à l'occidentale.
Droit coutumier
L'authenticité exige également de se référer au droit coutumier pour tout ce qui concerne au moins le monde rural. Il est évident par exemple que la terre appartient aux collectivités villageoises, groupements et chefferies qui y vivent et ne peut être aliénée; son usage seul peut être attribué à des familles ou à des individus qui l'exploitent sans toutefois que cet usage puisse être transmissible.
Il y a donc lieu d'encourager les entreprises désireuses de produire des denrées agricoles pour leurs industries de passer des accords avec les collectivités villageoises au lieu de les voir acquérir des terres et de réduire les paysans à devenir ouvriers agricoles.
Il en est de même du droit familial traditionnel totalement étranger au droit romain repris par la religion chrétienne qui fait de l'épouse la gérante de la famille avec le père, ce qui est le plus généralement ignoré en droit coutumier.Dans les villes on peut admettre l'individualité transmissible en droit foncier et l'égalité pour l'épouse mais il est inadmissible de parler de droit coutumier évolué comme si le droit coutumier premier et authentique était moins valable et devrait évoluer vers le droit étranger individuel; ceux qui parlent de droit coutumier évolué nient l'authenticité congolaise car diplômés des écoles étrangères ils ignorent souvent la culture congolaise. "Le fait d'être noir ou africain ne suffit pas pour connaître son peuple. Cela ne se fait pas spontanément de retrouver le chemin de la pensée africaine. Ceux qui sont dans les grands séminaires sont comme des incirconcis culturels par rapport à ce qui se passe dans les bosquets et les savanes africains" (Paroles de Mgr Kileshye, secrétaire de la Commission épiscopale pour le développement lors du 3ème Séminaire national "Eglise et développement", Kinshasa 15/22 novembre 1981). Il en est de même de la nouvelle bourgeoisie nationale individualiste ne souhaitant plus se soumettre aux contraintes de la vie collective et des activités communautaires.
Développement économique
Le développement économique ne doit pas être axé sur l'exportation des matières premières minières ou agricoles non transformées. L'accord passé avec les Chinois est pareil à un pacte colonial, les Chinois ont besoin de matières premières, ils viennent les chercher bien entendu avec leur main d'oeuvre à tous les niveaux pour raison d'efficacité (même les femmes nécessaires au repos du guerrier travailleur sont de la partie). Cet accord peut seulement être défendable dans un premier temps nécessaire à la reconstruction des infrastructures (= les 5 chantiers présidentiels).Le seul avenir économique pour le Congo est le développement auto-centré basé sur l'agriculture et le développement rural au niveau des collectivités villageoises et non par l'intermédiaire de colons (= planteurs) fussent-ils nationaux.
Forces armées
Elles doivent rester sous l'autorité de l'administration territoriale mais en activité elles doivent demeurer dans leur sous-région d'origine car le pays est trop vaste et pour qu'elles puissent être en bonne relation avec les populations concernées par leur présence. Des Bulgares pourraient-ils agir avec efficacité à Paris?
Nationalité
L'article 10 de la Constitution concernant l'unicité de la nationalité pourrait être revu afin de favoriser le retour au pays des Congolais ayant acquis une nationalité étrangère alimentaire et des facilités d'acquisition de la nationalité congolaise devraient être accordées aux étrangers investisseurs ou nés au Congo.
Certains préconisent d' instaurer au Congo un service médical plus ou moins privé par le biais de mutuelles alors que le pays possède un service officiel couvrant tout le pays. Bien sûr je suis réaliste et sais très bien la misère des réalités congolaises. Il faut donc dénoncer ces réalités et oeuvrer au rétablissement de ce qui existait à la fin des années cinquante et sans aide extérieure sur le budget de la Colonie (le budget de la Colonie était distinct de celui de la Belgique). Je comprends très bien le désir de certains de vouloir sauver l'esprit mutuelle alors qu'il est en danger en Belgique si on arrivait à pouvoir unifier sur le plan européen le service de l'assurance maladie dans le sens d'un service de santé officiel accessible à tous et rémunéré sur l'impôt. Ce service public de santé pourrait être organisé par le biais d'assurances privées comme aux Etats-Unis, les primes d'assurance des plus faibles étant prises en charge par l'Etat, celles des autres déduites de l'impôt, soit à titre personnel, soit par l'employeur. Je ne vois aucunement l'intérêt d'étendre un service mutuelliste hybride au Congo où il ne rencontrera un certain succès qu'auprès de gens plus ou moins aisés (commerçants) ou d'employeurs pour de décharger de leurs obligations vis-a-vis de leurs salariés.
Tourisme
Présenter le tourisme comme une voie de développement des pays qui l'accueillent est certainement faux car certains pays perdent avec le tourisme plus d'argent qu'ils n'en gagnent. Comme chacun sait l'avion et l'hôtel appartiennent généralement à des compagnies étrangères et/ou des nationaux plus enclins à réexpédier le gros de leurs bénéfices en Europe et dans les paradis fiscaux internationaux. De plus une partie des matériaux et équipements des hôtels viennent de l'étranger et il n'est pas rare que les installations hôtelières bénéficient d'une aide de l'Etat hôte en exonération fiscale. Et quand les revenus de l'Etat proviennent des produits du travail des paysans agriculteurs producteurs pour financer les infrastructures touristiques on peut considérer que ce sont les populations les plus pauvres des pays africains qui subventionnent les vacances des habitants privilégiés des pays riches. Mais sur le plan social l'impact négatif du tourisme est bien plus grand. On peut parler d'une véritable agression socioculturelle et à ce titre parler d'un nouveau colonialisme. Les inconvénients les plus criants sont: la déstructuration des sociétés africaines et de leurs coutumes ancestrales, le développement de la prostitution masculine et féminine surtout quand ces pratiques sexuelles existent déjà à l'état latent dans le milieu traditionnel, l'imitation servile du comportement occidental, l'émergence d'une mentalité de "béni-oui-oui" car on ne contredit jamais le patron touriste, le développement de la filouterie, de la tromperie et du vol... Faut-il rappeler que Batista avait fait de Cuba le bordel des Etats-Unis et Frantz Fanon n'avait-il pas prévu que l'Afrique s'achemine vers le bordel des pays industrialisés. Le seul tourisme acceptable serait un tourisme villageois d'échange, de dialogue et de connaissance et non un tourisme de consommation de soleil, de pseudo folklore, de production artistique de pacotille et de produits importés. Personnellement je conçois ce tourisme respectueux de la personnalité socioculturelle africaine qu'au départ des collectivités villageoises et non d'individus même bien intentionnés. Le tourisme villageois est fragile mais pourrait s'adresser non seulement aux européens nostalgiques du passé colonial, aux afro-américains soucieux de leurs origines, aux nordiques blonds désireux de brunir en quelques jours, mais également aux jeunes nouveaux européens, canadiens et américains d'origine africaine dont certains appartiennent déjà à la deuxième génération et ne connaissent pas les réalités africaines car ne les ayant jamais connues. Il est évident que ce tourisme villageois demande une éducation tant du touriste étranger que du paysan hôte mais au plan socioculturel les risques attachés à ce tourisme villageois sont certainement plus importants que dans le tourisme classique. Les promoteurs de ces expériences doivent être averties et ne peuvent être que des institutions ne poursuivant aucun but lucratif mais le développement des communautés villageoises. Ces promoteurs pourraient être des établissements scolaires restés en contact avec le milieu rural.
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