11/04/2011
Joseph KABILA, Olive LEMBE KABILA et Adolphe MUZITO
Quand certains d’entre nous ont applaudi la remise d’une partie de la dette odieuse de notre pays, ils ne sont peut-être pas imaginés que cela se faisait moyennant, comme toujours, l’acceptation de l’application des programmes d’ajustement structurel chers au FMI. C’est-à-dire l’implication de notre pays dans le processus de néolibéralisation accompagnant la guerre d’agression que les grandes puissances nous mènent depuis 1996. Ce processus atteint davantage sa vitesse de croisière avec la privatisation des entreprises publiques. Elle suit la vente des carrés miniers et des portions considérables de la terre de nos ancêtres.
Dans sa livraison du vendredi 08 avril 2011, le journal Le Potentiel a publié un article intitulé « Transformation des entreprises publiques. Pillage organisé du portefeuille de l’Etat ». Commentant ce titre, l’auteur note : « L’assaut final pour le bradage du portefeuille de l’Etat a été lancé. Vingt (20) entreprises publiques transformées en sociétés commerciales doivent ouvrir leur capital aux privés. Belle occasion offerte à ceux qui se sont enrichis aux mamelles de l’Etat de blanchir leur argent sale. Le bal des charognards est ouvert. Au grand dam du peuple congolais, toujours médusé. » Il poursuit : « Ainsi, la 3ème République aura réussi un joli coup. Pendant la 2ème guerre, la tentative de privatisation a échoué. Mais, depuis 2001, et grâce à la manie de la Banque mondiale, en complicité avec l’élite au pouvoir, les entreprises publiques sont actuellement livrées à la vindicte populaire. » Et qui sont les charognards qui vont se jeter sur ces entreprises publiques ? L’auteur répond : « Le Portefeuille de l’Etat est aujourd’hui la proie des charognards qui se recrutent dans tous les milieux nationaux –ceux qui se sont enrichis aux mamelles de l’Etat- et expatriés. » Nous attendons que « les partis congolais de gauche », s’ils existent, prennent le plus tôt position dans cette question dans les jours et les mois à venir.
En attendant, il sied de faire remarquer à l’auteur de l’article susmentionné qu’il n’y a pas du tout eu échec de la tentative de privatisation pendant la deuxième guerre ; c’est-à-dire celle du 02 août 1998. La guerre d’agression que notre pays connaît depuis 1996 se mène en plusieurs étapes. Elle est une guerre de basse intensité permanente. Ce qu’elle n’obtient pas tout de suite, elle peut l’avoir à moyen ou à long terme. Elle poursuit plusieurs objectifs à la foi : balkaniser le Congo, piller ses ressources, affaiblir les esprits des Congolais(es), affaiblir l’Etat dans ses fonctions régaliennes, rendre l’engagement du pays dans le processus néolibéral incontournable. Qui dit néolibéralisme dit l’application des principes de libéralisation, de dérèglementation (ou d’application de l’Etat des règles édictées par les hiérarchies d’argent) et de privatisation. Que l’avancement dans ce processus de néolibéralisation soit le fait des nationaux et des expatriés, cela témoigne de l’existence du réseau néolibéral de prédation du Congo au sein duquel les élites compradores congolaises jouent un rôle important.
Pour rappel, après avoir classifié le Congo parmi les Pays Pauvres très endettés et joué à la remise d’une partie de sa dette odieuse, les Institutions Financières (dites) Internationales (IFI) devaient le pousser à respecter les règles du jeu néolibéral. Que l’année 2010 décrétée année du social n’ait pas participé de la mise sur pied d’une justice sociale digne de ce nom (après la remise de la dette odieuse), cela était déjà un signal fort : la remise d’une partie de la dette odieuse du pays devait être suivie de l’application des programmes d’ajustement structurel chers au FMI (dont la diminution des dépenses publiques liées à la santé, à l’éducation, à la fonction publique, etc.)
La privatisation des entreprises publiques est le début du parachèvement du deal conclu entre les IFI et les gouvernants Congolais ayant pris l’engagement d’appliquer les mesures d’austérité chères au FMI. Elle parachève aussi la vente du pays aux enchères. Quand, ailleurs, mêmes chez les néolibéraux purs et durs, certaines entreprises privées jouissent du soutien des Etats pour faire face à la crise économique en cours, au Congo dit démocratique, l’Etat se débarrasse des entreprises publiques ! Le monde à l’envers !
Souvent, la petite explication facile pour justifier cet état des choses est : « Elles ne produisaient plus rien. Elles étaient corrompues et ceux qui les géraient s’en servaient comme des poules aux œufs d’or. » Cette petite explication fait fi de la démission de l’Etat dans son rôle de contrôleur ; rôle qu’un Etat qui se veut efficace doit pouvoir assumer. Dans un pays où les contre-pouvoirs sont inexistants dans la gestion de la chose publique, où ceux et celles qui gèrent cette chose ne rendent compte à personne, il est normal que les entreprises publiques soient improductives. Au lieu de chercher la solution dans la mise sur pied d’un Etat de droit assumant comme il se doit ses fonctions régaliennes, « les apprentis sorciers » faisant office des gouvernants chez nous choisissent de brader les entreprises publiques ! Ailleurs, là où le rôle néfaste des IFI a été mis à nu, les choses se passent autrement L’Equateur, la Bolivie, le Venezuela et bien d’autres pays d’Amérique Latine ont nationalisé plusieurs de leurs entreprises jadis privatisées (par « les disciples » de Milton Friedman) et leurs peuples sortent, petit à petit, de la faim, de la maladie et de l’analphabétisme. Les USA et l’Europe pratiquent, dans une certaine mesure, le protectionnisme. Les thèses de Milton Friedman, le chantre du néolibéralisme, sont de plus en plus remises en question dans ces pays où Ronald Reagan et Margaret Tacher l’ont adoubé. La crise économique actuelle a poussé plusieurs d’économistes à revoir leurs copies sur le rôle indispensable de l’Etat dans la gestion de l’économie.
A voir ce qui se passe chez nous, il serait tentant de poser la question de savoir si nos gouvernants suivent de plus près la marche du monde ou sont tout simplement esclaves des « bailleurs de fonds » et de leur propre goût du lucre!
Il est possible que cette vente des entreprises publiques soit une réponse aux néolibéraux réclamant « l’amélioration du climat des affaires » ; un signal lancé à leur endroit pour un soutien sans faille des hommes et femmes liges au pouvoir chez nous ; par-delà les élections !
par Jean-Pierre Mbelu
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Quand certains d’entre nous ont applaudi la remise d’une partie de la dette odieuse de notre pays, ils ne sont peut-être pas imaginés que cela se faisait moyennant, comme toujours, l’acceptation de l’application des programmes d’ajustement structurel chers au FMI. C’est-à-dire l’implication de notre pays dans le processus de néolibéralisation accompagnant la guerre d’agression que les grandes puissances nous mènent depuis 1996. Ce processus atteint davantage sa vitesse de croisière avec la privatisation des entreprises publiques. Elle suit la vente des carrés miniers et des portions considérables de la terre de nos ancêtres.
Dans sa livraison du vendredi 08 avril 2011, le journal Le Potentiel a publié un article intitulé « Transformation des entreprises publiques. Pillage organisé du portefeuille de l’Etat ». Commentant ce titre, l’auteur note : « L’assaut final pour le bradage du portefeuille de l’Etat a été lancé. Vingt (20) entreprises publiques transformées en sociétés commerciales doivent ouvrir leur capital aux privés. Belle occasion offerte à ceux qui se sont enrichis aux mamelles de l’Etat de blanchir leur argent sale. Le bal des charognards est ouvert. Au grand dam du peuple congolais, toujours médusé. » Il poursuit : « Ainsi, la 3ème République aura réussi un joli coup. Pendant la 2ème guerre, la tentative de privatisation a échoué. Mais, depuis 2001, et grâce à la manie de la Banque mondiale, en complicité avec l’élite au pouvoir, les entreprises publiques sont actuellement livrées à la vindicte populaire. » Et qui sont les charognards qui vont se jeter sur ces entreprises publiques ? L’auteur répond : « Le Portefeuille de l’Etat est aujourd’hui la proie des charognards qui se recrutent dans tous les milieux nationaux –ceux qui se sont enrichis aux mamelles de l’Etat- et expatriés. » Nous attendons que « les partis congolais de gauche », s’ils existent, prennent le plus tôt position dans cette question dans les jours et les mois à venir.
En attendant, il sied de faire remarquer à l’auteur de l’article susmentionné qu’il n’y a pas du tout eu échec de la tentative de privatisation pendant la deuxième guerre ; c’est-à-dire celle du 02 août 1998. La guerre d’agression que notre pays connaît depuis 1996 se mène en plusieurs étapes. Elle est une guerre de basse intensité permanente. Ce qu’elle n’obtient pas tout de suite, elle peut l’avoir à moyen ou à long terme. Elle poursuit plusieurs objectifs à la foi : balkaniser le Congo, piller ses ressources, affaiblir les esprits des Congolais(es), affaiblir l’Etat dans ses fonctions régaliennes, rendre l’engagement du pays dans le processus néolibéral incontournable. Qui dit néolibéralisme dit l’application des principes de libéralisation, de dérèglementation (ou d’application de l’Etat des règles édictées par les hiérarchies d’argent) et de privatisation. Que l’avancement dans ce processus de néolibéralisation soit le fait des nationaux et des expatriés, cela témoigne de l’existence du réseau néolibéral de prédation du Congo au sein duquel les élites compradores congolaises jouent un rôle important.
Pour rappel, après avoir classifié le Congo parmi les Pays Pauvres très endettés et joué à la remise d’une partie de sa dette odieuse, les Institutions Financières (dites) Internationales (IFI) devaient le pousser à respecter les règles du jeu néolibéral. Que l’année 2010 décrétée année du social n’ait pas participé de la mise sur pied d’une justice sociale digne de ce nom (après la remise de la dette odieuse), cela était déjà un signal fort : la remise d’une partie de la dette odieuse du pays devait être suivie de l’application des programmes d’ajustement structurel chers au FMI (dont la diminution des dépenses publiques liées à la santé, à l’éducation, à la fonction publique, etc.)
La privatisation des entreprises publiques est le début du parachèvement du deal conclu entre les IFI et les gouvernants Congolais ayant pris l’engagement d’appliquer les mesures d’austérité chères au FMI. Elle parachève aussi la vente du pays aux enchères. Quand, ailleurs, mêmes chez les néolibéraux purs et durs, certaines entreprises privées jouissent du soutien des Etats pour faire face à la crise économique en cours, au Congo dit démocratique, l’Etat se débarrasse des entreprises publiques ! Le monde à l’envers !
Souvent, la petite explication facile pour justifier cet état des choses est : « Elles ne produisaient plus rien. Elles étaient corrompues et ceux qui les géraient s’en servaient comme des poules aux œufs d’or. » Cette petite explication fait fi de la démission de l’Etat dans son rôle de contrôleur ; rôle qu’un Etat qui se veut efficace doit pouvoir assumer. Dans un pays où les contre-pouvoirs sont inexistants dans la gestion de la chose publique, où ceux et celles qui gèrent cette chose ne rendent compte à personne, il est normal que les entreprises publiques soient improductives. Au lieu de chercher la solution dans la mise sur pied d’un Etat de droit assumant comme il se doit ses fonctions régaliennes, « les apprentis sorciers » faisant office des gouvernants chez nous choisissent de brader les entreprises publiques ! Ailleurs, là où le rôle néfaste des IFI a été mis à nu, les choses se passent autrement L’Equateur, la Bolivie, le Venezuela et bien d’autres pays d’Amérique Latine ont nationalisé plusieurs de leurs entreprises jadis privatisées (par « les disciples » de Milton Friedman) et leurs peuples sortent, petit à petit, de la faim, de la maladie et de l’analphabétisme. Les USA et l’Europe pratiquent, dans une certaine mesure, le protectionnisme. Les thèses de Milton Friedman, le chantre du néolibéralisme, sont de plus en plus remises en question dans ces pays où Ronald Reagan et Margaret Tacher l’ont adoubé. La crise économique actuelle a poussé plusieurs d’économistes à revoir leurs copies sur le rôle indispensable de l’Etat dans la gestion de l’économie.
A voir ce qui se passe chez nous, il serait tentant de poser la question de savoir si nos gouvernants suivent de plus près la marche du monde ou sont tout simplement esclaves des « bailleurs de fonds » et de leur propre goût du lucre!
Il est possible que cette vente des entreprises publiques soit une réponse aux néolibéraux réclamant « l’amélioration du climat des affaires » ; un signal lancé à leur endroit pour un soutien sans faille des hommes et femmes liges au pouvoir chez nous ; par-delà les élections !
par Jean-Pierre Mbelu
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