mercredi 8 juin 2011

Nous sommes 1 milliard d’Africains : C'est venu pour nous le temps de dire trop c'est trop

 
L'ignorance est le vrai danger qui mine la jeunesse africaine et les empêche à une prise de conscience effective des défis qui les attendent. Contribuer à réduire cette ignorance est déjà faire quelque chose. Car c'est parce que les populations seront conscientes de leur poids et de leur valeur qu'elles pourront prétendre de leurs dirigeants des comportements plus rigoureux, respectueux de leurs intérêts.
 
Que dire du fait que le drapeau de la rébellion libyenne est bien celle de la royauté. C’est comme si des rebelles français aujourd’hui brandissaient le drapeau des rois de France, c’est-à-dire que les occidentaux font la guerre en Libye pour la reporter en arrière de 43 ans, pour passer d’une république fut-elle imparfaite, vers une royauté, pourvue que le nouveau roi soit docile, et que l’argent du pétrole remplissent les banques qu’on lui indiquera, il peut être sûr qu’on lui déroulera le tapis partout en occident.

POURQUOI LES INTELLECTUELS AFRICAINS NE SOUTIENNENT-ILS  PAS LE CNT LIBYEN ?
 
Le CNT est une création de la France. C’est le philosophe Français Bernard-Henri Levy(photo) qui a lui-même expliqué à la presse ses multiples voyages pour encourager les Libyens à se défaire de Kadhafi. C’est encore lui qui nous a expliqué qu’un mouvement était né. C’est toujours lui qui nous donnera le nom de CNT, il nous dira qu’il est composé de 35 membres, pire qu’en dehors de 3 ou 4 de ses membres tous les autres 30 souhaitaient garder leur anonymat. Lorsque Monsieur Lévi a communiqué au monde que Kadhafi utilisait les Noirs venus d’Afrique noirs payés une bouchée de pain, personne n’avait auparavant songé de lui expliquer que les tribus du sud de la Libye sont composées essentiellement de populations Noires qui donc se trouvent à tous les postes de l’administration Libyenne. En effet contrairement à la France, plusieurs ambassadeurs Libyens dans le monde sont des Noirs, des Noirs Libyens.

Le racisme peut rendre aveugle. L’erreur de Henri Lévy était basée sur la conception raciste des Européens du 19ème siècle qui tend à séparer les populations africaine d’origine arabe et les Noirs sur une base de classement hiérarchique des valeurs culturelles des uns et des autres. C’est toujours notre philosophe qui a promis à Monsieur Sarkozy que la guerre n’aurait pas duré plus de 3 jours, parce que, a-t-il expliqué à la presse, « l’armée de Kadhafi est composés de 300 minables hommes mal équipés ».
 
Bernard Henri Levy, comme nous le rappelle l’agence de presse Russe RIA-Novosti, s’était trompé de la même manière en 1999, après l’attaque contre le Daguestan par Chamil Bassaïev, Lévy avait alors recommandé à l’Occident de reconnaître l’autorité du terroriste Maskhadov en Tchétchénie. Ce dernier sera abattu par les FSB russe le 8 mars 2005. Lévy va récidiver en été 2008, il va encore se tromper d’encourager le président Georgien Mikhaïl Saakachvili à déclencher une guerre suicidaire contre la Russie. La suite, on la connait. Le pire du ridicule dans tout cela est qu’il n’a toujours pas compris que la politique est une science et comme toute science, il faut prendre le temps d’en connaitre les principes et les mécanismes pour éviter de se tromper sur des questions les plus élémentaires de politique internationale, surtout lorsqu’on incite les manifestants pacifiques à la guerre.

Récemment, pour la commémoration des 40 ans de la fin de la guerre du Biafra, la plus meurtrière de l’Afrique, avec environ 2.000.000 de morts, la radio publique suisse RSR nous a proposé des documents inédits, piochés dans les archives de la CICR, la Croix Rouge Internationale dont le siège est ici à Genève. Les témoignages étaient des interviews réalisées il y a 40 ans aux différents dirigeants de cette organisation qui expliquaient comment le CICR profitait de son statut de neutralité pour transporter les armes pour aider à la victoire de la France dans cette guerre prétendument pour l’indépendance des Biafrais, peuple qui se trouvait ainsi pris au piège d’une décision prise à Paris qui voulait à tout prix  elle aussi avoir son émirat pétrolier comme les Britanniques au Koweït ou au Qatar. La révélation la plus cauchemardesque de ces archives ont été pour moi de découvrir que sur les 2.000.000 de morts, la moitié ont été des morts inutiles, sacrifiés pour empêcher que Paris ne perde la face, car nous dévoile le dirigeant du CICR, un an avant la fin de la guerre, tous savaient qu’elle était perdue, mais Paris et le CICR continuaient de fournir aux Biafrais de nouvelles armes tout en leur disant qu’ils étaient en train de gagner.

C’est exactement le même scénario aujourd’hui en Libye. On croyait gagner facilement une guerre en 3 jours, au 3ème mois sans aucune avancée, et malgré les 1.000.000 d’euros par jour que coûte à la France cette guerre (chiffre fourni par le Ministre Français de la Défense), on continue la NO FLY ZONE en bombardant les bureaux, les écoles et les hôpitaux Libyens comme si ces derniers volaient. Et comme ces actes de terreur ne marchent pas, on revient à la recette née à la guerre du Biafra : utiliser ses ONG pour invoquer un génocide, invoquer le Tribunal Pénal International et même si on sait que cela ne marchera pas, qu’importe, il vaut mieux faire mourir toute la Libye, plutôt que d’avoir le courage de reconnaitre qu’on s’est trompé et qu’on a perdu la guerre.

Pour les intellectuels africains, le débat n’est nullement celui de soutenir Kadhafi contre le CNT ou soutenir le CNT contre Kadhafi, mais sur le principe de la justice internationale qui est aujourd’hui biaisée par un certain nombre de pays occidentaux, qu’on connait, car ce sont toujours les mêmes qui étaient assis à la table de la conférence de Berlin en 1884 pour décider du destin de l’Afrique sans la présence des Africains, qui aujourd’hui humilient l’Union Africaine et toutes ses décisions, et s’arroge le droit de choisir à la place des Africains leur destin. Lorsque les présidents de 3 pays occidentaux (USA, France, UK) payent une tribune dans les journaux de plusieurs pays pour annoncer que Kadhafi n’est pas un bon leader pour la Libye, je crois qu’il s’agit d’une insulte à l’intelligence des Africains.
 
Hier nos parents et nos ancêtres étaient certes des primitifs qui ne comprenaient rien de ce qui leur arrivait, mais aujourd’hui, nous avons étudié dans les mêmes écoles, nous avons apprivoisé les mêmes connaissances que le monde entier et continuer de nous regarder du haut en bas comme des éternels esclaves, est une faute grave des occidentaux qu’il revient à nous autres Africains de corriger et non de seconder par notre  silence coupable. Nous devons faire l’histoire, la nôtre et non plus la subir. Comme nous ne disons pas aux Américains, aux Britanniques ou aux Français qui est mieux pour guider leur destin, c’est à nous de nous battre pour qu’ils n’interfèrent plus dans le processus de formation de notre propre démocratie fut-elle imparfaite et blâmable ; et comme il s’agit d’un processus, même les échecs sont des acquis positifs devant servir à l’amélioration qui est le propre de l’adaptation pour la survie de toute espèce vivante.

La révolution libyenne a malheureusement été stoppée net, le jour où l’interférence occidentale est devenue palpable dans la crise de ce pays. Kadhafi qui semblait mis aux cordes par des manifestations naturelles dans ce processus d’amélioration du genre humain a été miraculeusement remis en scelle grâce à l’ingérence de la France qui a commis la grave erreur stratégique de transformer une manifestation pacifique en rébellion armée. Et la recette de la rébellion armée peut bien avoir fonctionné en Côte d’Ivoire, mais pas forcément ailleurs.
 
CONCLUSION

L'ignorance est le vrai danger qui mine la jeunesse africaine et les empêche à une prise de conscience effective des défis qui les attendent. Contribuer à réduire cette ignorance est déjà faire quelque chose. Car c'est parce que les populations seront conscientes de leur poids et de leur valeur qu'elles pourront prétendre de leurs dirigeants des comportements plus rigoureux, respectueux de leurs intérêts.
 
Dans l'ignorance, il n'y a point de conscientisation et chacun fait ce qu'il veut, puisque personne ne lui demande de rendre compte. Le système de manipulation des masses africaines par l’Occident a porté un sacré coup dur au processus démocratique normal de l’Afrique, puisque l’alibi du complot des Blancs affranchit très vite aux yeux du peuple tous les débordements de leurs dirigeants. Ne pas subir cette manipulation est la garantie que les Africains sauront faire la part des choses entre les dirigeants valeureux et ceux médiocres.

C'est venu pour nous le temps de dire enough is enough, trop c'est trop. Mais pour le faire, il faut résoudre ce problème de la grande ignorance dans laquelle est trempée la majorité de nos frères et sœurs qui n'ont de conscience que le fruit de la manipulation dont ils sont victimes. Ce que j'ai fait n'est je l’espère que le début de cette nouvelle bataille que chaque Africain doit maintenant s'approprier et puis tous ensembles, nous devons être capables d'exiger que la politique soit suffisamment rigoureuse pour soigner finalement nos intérêts et non plus exclusivement ceux de l'Occident contre les nôtres.

Nous sommes 1 milliard d’Africains. Nous devons être capables de mettre la pression sur nos dirigeants pour d’une part faire que l’Afrique devienne championne du monde du respect des droits naturels des êtres humains (hommes et femmes confondus) et d’autre part pour faire respecter nos intérêts dans tous les engagements internationaux que souvent nos haut-fonctionnaires ignorent malgré leurs multiples diplômes.
 

"Les pays africains sont encouragés à la division, afin que les puissances étrangères puissent asseoir leur domination. Il faut que l’Afrique s’unisse en un seul État comme les États-Unis d’Amérique, avec une seule armée, une seule économie, une seule monnaie. » Mouammar Kadhafi (adepte convaincu du panafricanisme de Marcus Garvey) – extrait de l’interview accordée à France24 et Radio France Internationale(RFI) le 6 Juillet 2010.
 
Source: le cri du peuple

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