A quelques quatre mois de la fin de la législature, le président semble décidé à faire feu de tout bois pour charmer les "électeurs indécis". Il se livre à des effets d’annonce qui cachent mal une opération de diversion.
Le président sortant «Joseph Kabila» a lancé mercredi 6 juillet 2011 les travaux de "réhabilitation et de modernisation" des 2ème et 3ème tronçons du boulevard Lumumba d’une longueur de 15 kilomètres. Les travaux seront exécutés par le groupement des entreprises chinoises «CREC». Coût : 188 millions $US dont 165 millions pour les travaux et 23 millions l’indemnisation des concessionnaires. Durée des travaux : 18 mois.
En juillet 2009, le coût du même ouvrage d’art était estimé à 53 millions $US pour une durée de travaux de 10 mois. Le même mercredi 6 juillet 2011, «Joseph» a visité les travaux de modernisation de l’échangeur de Limete et procédé à la pose de la première pierre des travaux de réhabilitation et d’extension de l’usine de traitement d’eau de Ngaliema, située dans la concession Utexafrica. Une "vocation sociale" autant tardive que trompeuse.
Improvisation et corruption
A quatre mois de la fin de la législature commencée en décembre 2006, le président sortant «Joseph Kabila» se découvre la vocation pour le moins tardive de «bâtisseur». En présence des présidents de l’Assemblée nationale, du Sénat et du Premier ministre, il a procédé, mercredi 6 juillet, à la mise en route des travaux «de réhabilitation et de modernisation» du deuxième et du troisième tronçon de cet autre grand boulevard de la capitale congolaise. C’était dans la commune de Masina.Pour que la terre entière puisse avoir les échos de cet «évènement», les chefs des missions diplomatiques accrédités à Kinshasa y ont été conviés. A mi-parcours de l’exécution du budget de l’Etat pour l’exercice 2011, on se demande bien d’où proviendra le financement pour la réalisation de ce projet qui met en exergue l’empirisme qui règne au sommet de l’Etat congolais.
La rénovation du boulevard Lumumba constitue un vrai poker menteur. Dès le début, les observateurs ont été unanimes à considérer cette «action» comme une opération de diversion destinée à faire croire à la population que le redressement du Congo était en route.
C’est en juillet 2009 que «Kabila» donnait le premier coup de pioche des travaux dits de modernisation de cette artère dans le cadre du fameux «deal» sino-congolais.
Le troc «infrastructures contre minerais». L’exécution de l’ouvrage d’art a été «adjugé» tout naturellement à la compagnie nationale chinoise de ponts et chaussées, (CNCTPC). L’appel d’offres était restreint. A l’époque, le coût a été estimé à 53 millions $US (cinquante-trois millions de dollars américains). Durée des travaux : dix mois. L’inauguration du boulevard Lumumba "relifté" devait intervenir au mois de mai 2010.
En attendant, les entreprises riveraines ont payé le prix le plus cher. Elles ont été forcées de «déménager» sans préavis mettant des pères et des mères de famille au chômage. Sans indemnités. C’est le cas notamment des stations-services. Inutiles de parler des arbres centenaires qui ont été coupés pour… élargir le boulevard.
"gestion-pirate"
Dès le lendemain de la célébration du 50ème anniversaire de la proclamation de l’indépendance le 30 juin 2010, les travaux ont été interrompus. Pourquoi? «Les engins des travaux publics et les ouvriers ont disparu comme par enchantement», confiaient des Kinois.«De la 1ère à la 17ème rue, aucune présence de tracteurs, camions bennes ou autres matériels qu’on apercevait, il y a quelques jours, indiquait une dépêche de l’APA. Rien que des tas de sable, de caillasse, de moellons ainsi que la poussière soulevée lors du passage de véhicules qui montrent que le boulevard Lumumba est un chantier en réhabilitation».
A l’Office des voiries et drainage (OVD), un certain optimisme de façade restait de rigueur : «Il n’y a pas arrêt des travaux, il ne s’agit que d’un recentrage des travaux». Des sources proches du dossier finirent par imputer l’arrêt des travaux à une «évaluation».
En réalité, les «Chinois» avaient suspendus l’exécution de leurs obligations par simple mesure de réciprocité. En cause, l’Etat congolais avait cessé d’honorer les siennes.
Depuis le mois de mai 2009, le Premier ministre de la RD Congo ne conduit plus "la politique de la nation". Il a été dépossédé de son rôle d’ordonnateur du compte du Trésor sur décision – inconstitutionnelle – du président de la République. Réputé falot, Adolphe Muzito – c’est de lui qu’il s’agit - n’a pas bronché. Il a préféré se taire pour préserver les avantages et les privilèges de sa fonction.
C’est donc le chef de l’Etat qui gère à sa guise et dans l’opacité la plus totale les deniers publics. Là où le bat blesse est que le président de la République est politiquement irresponsable. La RD Congo est ainsi dirigée par un premier magistrat qui pose des actes de gestion sans toutefois rendre compte devant la Représentation nationale.
Toutes les passations des marchés publics ont lieu à la Présidence de la République où officie le fameux «gouvernement parallèle» (dixit Vital Kamerhe) – «gouvernement perpendiculaire» surenchérira, pour sa part, Nzanga Mobutu.
La rénovation du boulevard du 30 juin et l’organisation des festivités du 30 juin 2010 ont été «pilotées» au propre comme au figuré par "Joseph Kabila" et son proche entourage. «Les différents fournisseurs ont été payés par la Présidence de la République», confie un haut fonctionnaire.
Question : Comment peut-on expliquer la révision à la hausse du coût des travaux sur le boulevard Lumumba qui passe de 53 millions $US (en juillet 2009) à 188 millions $US (en juillet 2011) ?
Démagogie
Le même mercredi 6 juillet 2011, le président sortant congolais est allé inspecter les travaux «d’aménagement et de modernisation» de l’échangeur de Limete. Ici aussi, c’est la firme chinoise «CREC» qui a en charge la réalisation de cette rénovation.«Les travaux de réaménagement et de modernisation de cet échangeur, permettront de valoriser un important investissement consenti vers les années 1970 et estimé, à cette époque, à 10 millions de dollars américains», a rappelé le ministre des Infrastructures et des travaux publics, Fridolin Kasweshi. Quel est le coût des travaux en cours? Quel est l’origine du financement? Mystère.
Après l’échangeur, "Kabila" a procédé à la pose de la première pierre des travaux de réhabilitation et d’extension de l’usine de traitement d’eau de Ngaliema, située dans la concession de l’Utexafrica. Durée des travaux : 11 mois. Coût : 62,9 millions $US. Il s’agit d’un don du gouvernement du japonais. On peut gager les «kabilistes» n’hésiteront guère à inclure cette action dans le fameux «Cinq chantiers» lequel ne fait plus illusion.
A quelques quatre mois de la fin de la législature, le président semble décidé à faire feu de tout bois pour charmer les "électeurs indécis". Il se livre à des effets d’annonce qui cachent mal une opération de diversion.
Tout au long de la législature finissante, «Joseph Kabila» a donné toute la mesure de son mépris pour les secteurs ayant un impact direct sur le bien-être de la population en privilégiant - pour des raisons faciles à deviner - les travaux d’infrastructures. Tout le reste n’est que démagogie!
B.A.W
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