Même après le retrait de la loi instituant l’élection simultanée au suffrage universel direct du président et du vice-président de la République à la présidentielle de 2012, notre pays continue d’être la risée du monde. Alain Juppé, ministre français des Affaires Étrangères, qui était auditionné, avant-hier, par l’Assemblée nationale française, s’est ainsi invité dans le débat. Et c’est pour appeler Me Wade à s’appliquer la leçon de démocratie qu’il avait servie au Libyen Mouammar Kadhafi, lors de sa visite à Benghazi.
La France, après la levée de bouclier contre la loi constitutionnelle instaurant le ticket présidentiel, serait-elle en train de lâcher Me Abdoulaye Wade, à quelques encablures de la présidentielle de 2012 ? Tout porte à le croire au regard des propos tenus, avant-hier, par le chef de la diplomatie française à l’endroit du président de la République du Sénégal.
Alain Juppé auditionné par les députés, à l’Assemblée nationale française, a, selon Rfi, invité Me Wade à s’appliquer la leçon de démocratie qu’il avait enseignée au dirigeant Libyen, Mouammar Kadhafi, lors de sa visite du jeudi 9 juin dernier, à Benghazi, fief des insurgés. « Ce pays (le Sénégal) est un pays ami qui nous aide notamment dans l’affaire Libyenne. Le Président Wade a très clairement pris position pour le départ de Kadhafi. Je serais tenté de dire qu’il faut éviter que les mêmes causes se produisent dans son pays », a déclaré le chef de la diplomatie. Puis Alain Juppé d’enfoncer le clou : « Rester au pouvoir par tous les moyens, y compris en bricolant la loi électorale, se faire élire avec 25% des voix, ne pas engager un certain nombre de réformes fondamentales pour tenir compte des aspirations de la population, malheureusement ça aboutit toujours au même résultat ». Fustigeant le manque de concertation avec la classe politique sénégalaise sur le ticket présidentiel par Me Wade, le chef de la diplomatie française, sans occulter la mobilisation du peuple face à un tel projet, confirme l’implication de la France au retrait dudit projet. « Nous avons dit, sans nous ingérer dans les affaires intérieures du Sénégal, que cette réforme électorale n’avait pas été précédée d’une concertation suffisante et que donc, ce n’était pas une très bonne idée. Et d’ailleurs le Président Wade, je ne sais pas si c’est nous qui l’avons convaincu ou les manifestations de la rue, a retiré cette réforme ».
« Nous essayons tous, ce n’est pas le seul exemple, de faire comprendre qu’au bout de 30 ans ou 40 ans, l’alternance est nécessaire. Ce n’est pas le cas du Sénégal, parce que Wade est au pouvoir depuis moins longtemps, mais il y a d’autres pays africains où la question se pose, où l’alternance est véritablement nécessaire », a martelé Alain Juppé.
Il faut rappeler que le président de la République, en visite à Benghazi, fief des insurgés de la Libye, devant les responsables du Conseil national de Transition (Cnt), le 9 juillet dernier, avait lancé un appel musclé au guide Libyen Mouammar Kadhafi. « Plus tôt tu partiras, mieux ça vaudra. Aujourd’hui, je te regarde dans les yeux pour te dire qu’il faut arrêter les tueries en décrétant un cessez-le-feu. Dans l’intérêt du peuple, il faut que tu te retires », avait déclaré Me Wade. Avant de clamer à l’intention de Kadhafi : « Tu as prétendu que ton pouvoir était issu du peuple, mais tout le monde sait que tu as établi une dictature ». Aujourd’hui, Alain Juppé renvoie Wade à sa propre vérité dans une mise en garde aux allures de lâchage qui en dit long sur le sentiment que le chef de la diplomatie française nourrit à l’égard du président sénégalais et de sa volonté à se représenter en 2012, à 86 ans, pour un troisième mandat que nombre de constitutionnalistes, dont des juristes français jugent anticonstitutionnel.
Par Moustapha BA (Stagiaire) — Le Populaire
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