mercredi 10 août 2011

ABIDJAN : Disparition d’un lieu Mythique


Par webmaster, le 10 août 2011



La Rue Princesse était un boulevard situé dans la commune de Yopougon à Abidjan, au nord de la Côte d’Ivoire, connue pour les lieux de réjouissance qu’elle abritait mais aussi pour la variété de restaurants Africains qui s’y trouvaient .

Née à la fin des années 1980, elle était conderée comme un lieu mythique et incontournable de la ville d’Abidjan. La Clinique est l’un des tout premiers maquis à ouvrir sur cette voie. Il y a eu par la suite la Pharmacie de garde, le Magnum, Get 27 et le Golgotha. À cette époque, elle était déja fréquentée par de grands noms de la scène musicale Ivorienne qui s’y produisaient. Loin du décor esthétique parfait, les premiers maquis du quartier étaient construits simplement avec quelques planches. Mais après avoir bénéficié de quelques rénovations on les a vu se transformer en « maquis moderne » et plutôt luxueux.

Très réputée pour ses buvettes, son ambiance, ses maquis modernes et ses lieux de fêtes en tout genre, la rue princesse fut fréquentée par des milliers de personnes chaque semaine, et considérée comme le boulevard le plus animé de toute l’Afrique grâce à son ambiance excessive permanente. La rue princesse rassemblait à elle seule les plus grands maquis du continent Africain. Véritable lieu d’expression de la culture ivoirienne, c’est là que presque tous les artistes coupé décalé ont fait leurs débuts en tant que DJ. De plus, le boulevard a joué un rôle central dans l’économie yopougonaise, la musique, la boisson et le sexe ayant été au cœur des échanges commerciaux. Le boulevard a également fait l’objet de plusieurs reportages et films dont celui d’Henri Duparc tout simplement intitulé « Rue Princesse ». Un épisode de la série satirique à succès Faut pas fâcher y a même été tourné. Jack Lang et Laurent Gbagbo y ont aussi effectué une sortie nocturne Le 29 mars 2008.

Cependant, en Aout 2011, le gouvernement de Ouattara décide la fermeture de la célèbre rue. Conformément a un arreté ministériel, tous les bars insalubres doivent être rasés. Ainsi,"L’Opération pays propre" initiée par le ministère de la Salubrité a débuté à Yopougon par ce célèbre lieu de distraction et de loisirs. Celle-ci consiste a détruitre à l’aide de bulldozers toutes les installations anarchiques et insalubres de la ville d’Abidjan. L’opération qui répond à un souci de santé, de protection civile et de sécurité, a débuté, le 29 juillet, et prendra fin le 30 décembre 2011.

C’est ainsi que la rue princesse a été rayée de la carte d’Abidjan le 5 août dernier, date du 51ème anniversaire de l’indépendance du pays. La célèbre rue de Yopougon ou raignait luxure et exès en tout genre, était un véritable dépotoir d’ordures mais également l’un des pires endroits de libertinage sexuel de la capitale économique. Longtemps débattu par l’assemblée nationale, la destruction de la Rue princesse a finalement été décidée dans le cadre de l’ « Opération pays propre » prévu jusqu‘en décembre 2011. De commun accord avec le district d’Abidjan et les communes, les bulldozers d’Anne Ouloto, escortés par des éléments des Forces républicaines et de la police, ont détruit le fameux le temple de la joie.

C’est un endroit mythique qui s’est éffondré à Abidjan le 5 août dernier. Cris de lamentation, complaintes, désapprobations étaient le spectacle auquel on a pu assister à Yopougon. La mythique Rue princesse dite rue de la joie tirait alors sa révérence.

Faces aux désapprobations le ministère se défend en disant « privilégier l’intérêt général à l’intérêt particulier, c’est la rigueur de l’Etat. C’est une question de discipline, le commerce obéit à des normes » En ce qui concerne le devenir des commercants la ministre répond "Les loisirs d’accord, mais pas au détriment de la santé des populations. La mairie aura une oreille attentive pour les tenanciers. Nous plaiderons pour un recasement de ces opérateurs économiques . L’Etat ne peut pas regarder les populations s’autodétruire. C’est dommage pour ces opérateurs qui ont investi de l’argent mais ce que nous privilégions, c’est l’intérêt général".

Pour autant, les propriétaires des maquis ne cachent pas leur amertume face à cette opération. En effet même si elle transportait une image assez négative en raison de la dépravation des moeurs qui s’y déroulait, la destruction de la rue princesse ne fait pas que des heureux. C’est un geste fort du président Ouattara que paradoxalement peu de personnes apprécient. La pilule semble amère pour de nombreux commerçants, bien que les résultats de l’opération soient déjà visibles.

Graziela TCHAKOUNTEAfrica n°1
Découvrez des images de la destruction !

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