MAXIME DEMERS
09/08/2011
Rebelle nous plongera dans l’histoire de Komona, une enfant soldat de 14 ans, enceinte, qui raconte l’histoire de sa vie au bébé qui grandit dans son ventre.© Nicolas Fransolet/Agence QMI
KINSHASA, Congo - On lui avait fortement déconseillé de venir tourner son film Rebelle au Congo. Trop dangereux, trop risqué, trop complexe… Mais Kim Nguyen a préféré faire à sa tête. Et il ne le regrette pas.
La voiture conduite par le sympathique chauffeur congolais, engagé par la production du film, zigzague dangereusement entre les nombreux passants qui traversent sans avertissement l’immense Boulevard du 30 juin, l’une des artères principales de Kinshasa.
D’un côté du boulevard, une quinzaine de Kinois s’animent autour d’un petit bouiboui. Au milieu de la rue, une camionnette en piteux état et remplie à craquer de passagers coupe deux voitures pour éviter une dame portant un bébé sur son dos.
Ça bouge de partout à Kinshasa, la capitale de la République démocratique du Congo, une agglomération de quelque 12 millions d’habitants considérée comme l’une des villes les plus chaotiques – et dangereuses – en Afrique.
C’est ici que Kim Nguyen tourne depuis le 4 juillet son quatrième long-métrageRebelle (jadis intitulé Komona), un drame de guerre poétique de 3,6 millions de dollars, tourné avec plusieurs acteurs non professionnels congolais… ainsi que quelque 1 297 figurants recrutés dans les rues de Kinshasa.
« Pour l’espèce de chaos »
Avant d’arrêter son choix sur le Congo, le jeune cinéaste montréalais a effectué l’hiver dernier quelques semaines de repérage aussi au Kenya et au Cameroun.
« Mais je voulais que ce soit au Congo pour l’espèce de chaos et les nombreux paradoxes qu’on y retrouve, indique Kim Nguyen, attablé dans son restaurant préféré de Kinshasa.
« Mais les gens à qui on en parlait nous déconseillaient de venir tourner ici. Ils avaient peur par rapport à la sécurité. On a testé plusieurs compagnies d’assurance et on en a trouvé une seule qui voulait nous assurer. C’est un pays qui est en situation de crise. C’était la guerre il y a encore quelques années et c’est encore très tendu dans l’est du pays.
« Mais on a décidé de prendre la chance de le faire. Et jusqu’ici, ça se déroule très bien. J’ai énormément de plaisir à tourner ici. J’ai beaucoup d’affinités avec les Congolais, j’adore leur humour.
Le Congo, c’est comme le Brésil de l’Afrique subsaharienne. C’est chaud, c’est vivant. »
Inspiré de vraies histoires
Rebelle, que Kim Nguyen a écrit sur une période de neuf ans, nous plongera dans l’univers des enfants soldats, en Afrique. Le film raconte l’histoire de Komona, une enfant soldat de 14 ans, enceinte, qui relate l’histoire de sa vie à l’enfant qui grandit dans son ventre.
« Le film s’inspire de plusieurs histoires. Mais la genèse du film vient du récit d’un enfant soldat en Birmanie qui, à neuf ans, est allé voir d’autres enfants soldats en leur disant qu’il était la réincarnation de Dieu et que s’ils suivaient leurs instructions, ils ne mourraient pas. Ils l’ont fait et il n’y a pas eu un seul mort pendant les mois qui ont suivi. Ensuite, j’ai lu sur l’Angola, la Sierra Leone, j’ai lu des recueils de témoignages d’enfants soldats. »
Selon Kim Nguyen, ce quatrième longmétrage (après Le Marais, Truffe et La Cité) se détachera de son oeuvre précédente, tant au niveau cinématographique que scénaristique.
« J’ai voulu casser le moule, admet-il. Pour Rebelle, j’ai fait le contraire de ce que j’avais fait pour La Cité, qui était, j’avoue un film un peu froid et trop écrit. Pour Rebelle, il y avait un scénario, mais comme les acteurs ne l’ont jamais lu, il y a plusieurs dialogues improvisés et le film a été tourné de façon chronologique. Ça nous a permis de voir le film évoluer et même de modifier certaines scènes en fonction de ce qui avait déjà été tourné. C’est la première fois que je fais cela et c’est formidable comme façon de travailler. »
Une logistique monstre
L’équipe du film Rebelle a dû négocier pendant des mois avec les autorités de la République démocratique du Congo afin de pouvoir importer quelque 150 kalachnikovs, 15 000 balles à blanc et plusieurs explosifs pour les besoins du tournage.
« Faire entrer autant d’armes et d’explosifs dans un pays où la situation est tendue, et où c’était encore la guerre, il n’y a pas si longtemps était un des grands défis de la logistique de ce tour nage, admet Kim Nguyen.
Des contacts utiles
« Et on a réussi grâce à Sébastien Maitre, un régisseur de plateau français qui avait déjà travaillé sur deux autres films tournés à Kinshasa. Il nous a ouvert les portes du Congo grâce à sa connaissance du pays et à ses nombreux contacts. Sans lui, on n’aurait pas pu faire la moitié de ce qu’on a fait. »
C’est aussi lui qui a fait découvrir à Kim Nguyen quelques-uns des endroits où le film est tour né, dont le magnifique site de Mbudi, une sorte de plage de rochers géants situés sur le bord du fleuve Congo, qui sépare Kinshasa (République démocratique du Congo) de Brazzaville (Congo).
« C’est un paysage lunaire, le fleuve Congo a quelque chose de magique, dit Sébastien Maitre en nous faisant découvrir ce majestueux décor quasi surréaliste.
« Il y a une créativité incroyable au Congo, ajoute-t-il. C’est d’une richesse extraordinaire. C’est ce qui m’a tout de suite plu ici. Ça et la bonne humeur des gens. La vie n’est pas rose ici, mais les gens ont toujours le sens de l’humour et ils sont toujours joyeux. C’est beau à voir. »
Combats armés
Rien n’a été simple pendant ces 30 jours de tournage (il en reste quatre), mais certaines scènes ont été plus complexes que d’autres. Celles de combats armés notamment, sur le site de Mbudi, avec des centaines de figurants habillés en militaires et armés jusqu’aux dents.
À cause du climat de tension qui règne au pays, l’équipe du film craignait que l’armée de l’autre Congo, à Brazzaville, ne soit pas au courant qu’il s’agit d’un tournage de film et réagisse mal en entendant les coups de feu.
« Sébastien (Maitre) nous a dit : si jamais vous entendez des véhicules militaires s’approcher, laissez tomber les armes et courez vous cacher à l’abri, raconte Kim Nguyen. J’avoue que j’étais un peu stressé ce jour-là. »
« Mais j’étais nerveux pour toutes les scènes qu’on tournait avec des armes. Je me sentais très mal de mettre une kalachnikov dans les mains d’une enfant. J’avais peur que quelqu’un dans la rue, un policier saoul par exemple, panique en pensant que c’était une vraie arme. Mais tout s’est bien passé, heureusement. »
Inspiré de vraies histoires
Rebelle, que Kim Nguyen a écrit sur une période de neuf ans, nous plongera dans l’univers des enfants soldats, en Afrique. Le film raconte l’histoire de Komona, une enfant soldat de 14 ans, enceinte, qui relate l’histoire de sa vie à l’enfant qui grandit dans son ventre.
« Le film s’inspire de plusieurs histoires. Mais la genèse du film vient du récit d’un enfant soldat en Birmanie qui, à neuf ans, est allé voir d’autres enfants soldats en leur disant qu’il était la réincarnation de Dieu et que s’ils suivaient leurs instructions, ils ne mourraient pas. Ils l’ont fait et il n’y a pas eu un seul mort pendant les mois qui ont suivi. Ensuite, j’ai lu sur l’Angola, la Sierra Leone, j’ai lu des recueils de témoignages d’enfants soldats. »
Selon Kim Nguyen, ce quatrième longmétrage (après Le Marais, Truffe et La Cité) se détachera de son oeuvre précédente, tant au niveau cinématographique que scénaristique.
« J’ai voulu casser le moule, admet-il. Pour Rebelle, j’ai fait le contraire de ce que j’avais fait pour La Cité, qui était, j’avoue un film un peu froid et trop écrit. Pour Rebelle, il y avait un scénario, mais comme les acteurs ne l’ont jamais lu, il y a plusieurs dialogues improvisés et le film a été tourné de façon chronologique. Ça nous a permis de voir le film évoluer et même de modifier certaines scènes en fonction de ce qui avait déjà été tourné. C’est la première fois que je fais cela et c’est formidable comme façon de travailler. »
Une logistique monstre
L’équipe du film Rebelle a dû négocier pendant des mois avec les autorités de la République démocratique du Congo afin de pouvoir importer quelque 150 kalachnikovs, 15 000 balles à blanc et plusieurs explosifs pour les besoins du tournage.
« Faire entrer autant d’armes et d’explosifs dans un pays où la situation est tendue, et où c’était encore la guerre, il n’y a pas si longtemps était un des grands défis de la logistique de ce tour nage, admet Kim Nguyen.
Des contacts utiles
« Et on a réussi grâce à Sébastien Maitre, un régisseur de plateau français qui avait déjà travaillé sur deux autres films tournés à Kinshasa. Il nous a ouvert les portes du Congo grâce à sa connaissance du pays et à ses nombreux contacts. Sans lui, on n’aurait pas pu faire la moitié de ce qu’on a fait. »
C’est aussi lui qui a fait découvrir à Kim Nguyen quelques-uns des endroits où le film est tour né, dont le magnifique site de Mbudi, une sorte de plage de rochers géants situés sur le bord du fleuve Congo, qui sépare Kinshasa (République démocratique du Congo) de Brazzaville (Congo).
« C’est un paysage lunaire, le fleuve Congo a quelque chose de magique, dit Sébastien Maitre en nous faisant découvrir ce majestueux décor quasi surréaliste.
« Il y a une créativité incroyable au Congo, ajoute-t-il. C’est d’une richesse extraordinaire. C’est ce qui m’a tout de suite plu ici. Ça et la bonne humeur des gens. La vie n’est pas rose ici, mais les gens ont toujours le sens de l’humour et ils sont toujours joyeux. C’est beau à voir. »
Combats armés
Rien n’a été simple pendant ces 30 jours de tournage (il en reste quatre), mais certaines scènes ont été plus complexes que d’autres. Celles de combats armés notamment, sur le site de Mbudi, avec des centaines de figurants habillés en militaires et armés jusqu’aux dents.
À cause du climat de tension qui règne au pays, l’équipe du film craignait que l’armée de l’autre Congo, à Brazzaville, ne soit pas au courant qu’il s’agit d’un tournage de film et réagisse mal en entendant les coups de feu.
« Sébastien (Maitre) nous a dit : si jamais vous entendez des véhicules militaires s’approcher, laissez tomber les armes et courez vous cacher à l’abri, raconte Kim Nguyen. J’avoue que j’étais un peu stressé ce jour-là. »
« Mais j’étais nerveux pour toutes les scènes qu’on tournait avec des armes. Je me sentais très mal de mettre une kalachnikov dans les mains d’une enfant. J’avais peur que quelqu’un dans la rue, un policier saoul par exemple, panique en pensant que c’était une vraie arme. Mais tout s’est bien passé, heureusement. »
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