dimanche 29 janvier 2012

MANŒUVRES POLITIQUES : KABILA TENTE DE NEGOCIER AVEC LE PRELAT SANS SUCCES


Simple coïncidence, hasard de calendrier ou circonstance délibérée. Des spéculations vont bon train à propos de ce concours de circonstance qui a fait que le cardinal Laurent Monsengwo Pasinya et Joseph Kabila regagnent Kinshasa le même jour, le mercredi 25 janvier.

Le premier avait quitté le pays, il y a quelques jours, pour un séjour au Bénin où il a pris part à une rencontre avec les premières dames africaines.

Il a atterri à Brazzaville le 24 janvier avant de traverser le fleuve le lendemain. A-t-il discuté de la crise rdcongolaise avec le président Denis Sassou N'Gouesso compté parmi les hommes les plus écoutés de Monsengwo, selon ses proches.

Le second faisait le mort depuis plusieurs semaines, presque reclus à Lubumbashi après un déplacement qui avait suscité beaucoup de commentaires tant Kabila avait voyagé presque seul.

Il fallait bien trouver le temps de méditer à la suite d'une réélection à la Bush, sauf qu'ici Daniel Ngoy Mulunda a refusé le «recomptage» des voix de la part des experts américains.

Qu'à son retour dans la capitale, le chemin de Kabila se croise avec celui de l'homme qui passe désormais pour la plus redoutable menace au régime n'a, en fait, rien à voir avec la réalité cristallisée autour de la quasi impossible conciliation des positions entre l'archevêque de Kinshasa et le nouveau pouvoir «réélu».

La conciliation, Kabila la veut et a mis en oeuvre une démarche pour cela. Avec plusieurs émissaires dépêchés pour la cause. Monsengwo est resté hermétique, selon des sources proches de l'archevêché de Kinshasa.

A sa place, les envoyés kabilistes ont plutôt pris langue avec son propre frère biologique, le sénateur François Kaniki, qui s'est disponibilisé à son corps défendant, faisant savoir à l'un ou l'autre interlocuteur qu'il n'avait rien à voir avec les activités pastorales du cardinal.

Parmi ces envoyés, des sources parlent d'Antoine Ghonda Mangalibi, choisi pour ses affinités biologiques avec la famille concernée de par sa mère et aussi d'un journaliste connu pour ses entrées chez les Sassou liés à l'archevêque de Kinshasa par la consanguinité de Claudia Lemboumba Sassou née d'une Kaniki.

Selon les mêmes sources, d'entre tous les missi dominici de Kabila, c'est Théodore Mugalu, le chef de la maison civile du chef de l'Etat, qui n'a pas trouvé porte close chez le sénateur.

Il aurait mis en jeu un réseau d'intérêts international pour y arriver mais il serait parti sans avoir trouvé satisfaction. Il est fait état d'un autre émissaire dont le nom n'a pas été cité. Celui-là aurait fait un passage récemment au Centre Lindonge même en provenance de Lubumbashi pendant Kabila y séjournait encore.

Des sources ecclésiastiques rapportent également de l'implication de l'évêque de Manono avec qui Kabila aurait discuté pendant de longues heures au Katanga.

Ici, il a été question d'une reconnaissance tacite d'une victoire électorale mal acquise et de l'éventualité d'une ouverture vers Etienne Tshisekedi. Pourvu que, ce dernier daigne accepter si l'offre lui était proposée un jour à venir.

Du côté de Monsengwo, il n'y a rien à accepter pour un homme qui ne cherche qu'à ce que la vérité des urnes éclate. En tout état de cause, la machine est déjà lancée et les abbés qui en tiennent le gouvernail ne sont pas disposés à se priver l'occasion de donner, le 16 février prochain, aux vingt de la «marche des chrétiens» un cachet particulier.

Dans les paroisses, ils multiplient des homélies enflammées et des enseignements très engagés sur les actions non- violentes à entreprendre prochainement. Chaque samedi, ils abreuvent leurs paroissiens de la prière d'Angelus -la prière dite en détresse- clôturée à chaque coup par un retentissement des cloches dans les 150 paroisses de l'archidiocèse de Kinshasa.

«Nous ne faiblirons pas, nous irons jusqu'au bout», a déclaré l'un des plus activistes abbés de Kinshasa au sortir de la dernière réunion du clergé kinois organisé, le 21 janvier, à Saint Joseph dans la perspective du 16 février.

Si jamais les abbés passent à l'exécution et mettent les fidèles dans la rue en février, il y à craindre que la donne politique change fondamentalement. A Tunis ou au Caire, les capitales occidentales ont longtemps hésité pour finir par prendre le ton de la fermeté contre l'homme au pouvoir quand la rue s'est pérennisée.

L'Eglise catholique de Kinshasa dispose d'assez de ressorts pour rééditer cette pérennité, à prendre en compte les dernières statistiques du père Léon de Saint Moulain qui évaluent les catholiques à 66,6 de la population des villes congolaises.

MATHIEU KEPA

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