dimanche 5 février 2012

Renaissance africaine : C’est déjà une illusion

image Nelson MANDELA _ Le 17 Juin à Johannesbourg

Il est un fait indéniable que face à la crise qui déstabilise le vieux continent et le pays de l’Oncle Sam, le continent africain ne vivra jamais en paix. Comment le serait-il devant ce manque d’argent et ces difficultés économiques qui provoquent des crises sociales dans les pays industrialisés ?

Maudit soit celui qui pense et parle élections en Afrique, dirait-on. Après le Cameroun, la Côte d’Ivoire, le Madagascar, la Guinée-Conakry, la République démocratique du Congo, c’est le tour de l’Union africaine, UA, d’être atteinte par le virus «électoria» pendant que le Sénégal est menacé. Un véritable casse-tête… africain.

A l’Union africaine, on joue les prolongations. Le vote des chefs d’Etat et de gouvernement lors du 18ème sommet de l’Union africaine et qui devrait permettre l’élection d’un nouveau président de la Commission africaine ou la réélection du président sortant s’est clôturée en eau de boudin. Il n’a pas réussi à départager les deux candidats en lice.

A savoir, le Gabonais Jean Ping, candidat à sa propre succession, et la Sud-africaine Nkosazama Dlamini Zuma, ancienne ministre sud-africaine des Affaires étrangères. Match à rejouer dans six mois au Malawi. Entre-temps, une commission sera mise en place au mois de mars pour réadapter ou réajuster le Code électoral.

Celui en vigueur souligne que le candidat à élire devra réunir les 2/3 des suffrages. Ce que les deux candidats n’ont pas réussi à réunir jusqu’ au troisième tour avant que la sud-africaine ne se retire. Même au quatrième tour, Jean Ping, resté seul n’a pas atteint la majorité exigée. Situation qui divise déjà l’Afrique.

Auparavant, certains pays africains s’étaient lancés dans le jeu électoral, sans trop de succès. Il s’agit du Cameroun, de la Côte d’Ivoire, du Madagascar, de la Guinée - Conakry, de la République démocratique du Congo. Dans le premier cas, des voix se sont élevées pour dénoncer le bourrage des urnes, la corruption. Le cardinal Tumi de Garoua a joint sa voix aux contestataires pour réclamer la vérité des urnes.

En Côte d’Ivoire, le bras de fer se poursuit. Certes, Alassane Ouattara est président de la république alors que Laurent Gbagbo est détenu en prison à la Haye. Mais lors de dernières législatives, le Front populaire ivoirien, FPI, parti de Laurent Gbagbo, a boycotté les élections.

Entre-temps, l’on n’a pas encore fini de compter les morts en Côte d’Ivoire en plus du sang à la lagune.

Dans l’île malgache, le bras de fer se poursuit également entre les partisans de Andy Rajoelana et ceux de Ravolamana. Ce dernier a même été empêché, par deux fois, à regagner son pays, demeurant ainsi en exil en Afrique du sud.

En République démocratique du Congo, on n’a pas encore fini d’épiloguer sur les élections du 28 novembre 2011. Bien au contraire, le ciel est nuageux, l’avenir incertain tant le processus électoral a été entaché de graves irrégularités difficiles à corriger. L’on parle même des élections «uniques» en Afrique sans avancées démocratiques tant les déficiences sont sérieuses, entamant la crédibilité de tout le processus électoral.

Des messages fusent de partout pour sauver ce qui peut l’être encore.

Comme si cela ne suffisait pas, le Sénégal est déjà atteint par le virus « électoria ». Les manifestations violentes sont observées pendant que l’on compte les premiers morts. Dans ce pays, le « lion » de la Teranga, Abdoulaye Wade, ne veut lâcher prise.

Il fait voir sa crinière pour mordre quiconque aurait oublié ce vieil adage africain selon qu’il faut toujours craindre un «vieux lion édenté ».

COLONISATEURS ET GROUPES IDENTITAIRES

Pour de nombreux observateurs, avec la chute du mur de Berlin, le début du processus de démocratisation à travers le monde, et particulièrement en Afrique, l’an 2000 devrait marquer le commencement de la «renaissance africaine». Malheureusement, les choses sont en train de prendre une autre tournure rétrograde en Afrique.

Comme pour dire qu’il est difficile de couper le cordon ombilical avec un certain passé politique.
A Addis-Abeba, le camp de la sud-africaine a lâché le mot : « Jean Ping serait le candidat de la France ».

Juste ce qu’il fallait pour affirmer que la guerre hégémonique entre les francophones et les anglophones se porte à merveille en Afrique. En fait, le gros des pays qui soutiennent Dlamini Zuma, fait partie du Commonwealth.

En Côte d’Ivoire, on dit tout haut que le président Alassane Ouattara, serait «l’homme de la France». Par contre, Laurent Gbagbo qualifié d’un « ultra nationaliste » qui mettrait les intérêts occidentaux en Côte d’Ivoire en danger.

La même analyse pèse en République démocratique du Congo où l’ombre des «groupes identitaires» qui financent les multinationales plane au-dessus du processus électoral. Il est question de voir à la tête de ce pays une personnalité à même de préserver, de protéger les intérêts divergents des multinationales, de ces groupes faciles à identifier.

Les guerres meurtrières subies par la RDC s’inscriraient dans la même logique. Et que si jamais demain, la balkanisation s’imposait en RDC, elle obéirait à la même approche machiavélique.

Le Sénégal n’échapperait pas à la même déduction : le pays de la Téranga est partagé entre les « pétrodollars » des pays arabes et le CFA soutenu par l’Euro avec le parrainage de la France.

RENAISSANCE AFRICAINE : DEJA UN VIEUX REVE

Il est un fait indéniable que face à la crise qui déstabilise le vieux continent et le pays de l’Oncle Sam, le continent africain ne vivra jamais en paix. Comment le serait-il devant ce manque d’argent et ces difficultés économiques qui provoquent des crises sociales dans les pays industrialisés ?

La crise en Casamance marquera toujours le Sénégal. Que le Nigeria, le premier producteur du pétrole en Afrique est déjà en pleine « guerre de religion » ; que la Côte d’Ivoire est à genoux pour que l’on vienne lui prendre son cacao indispensable à la fabrication de milliards de chocolats ;

que la RDC doit «partager» son coltan, sa cassitérite, son étain, son or, son diamant… et maintenant son pétrole avec ses voisins ; que le pétrole libyen n’échappera plus au contrôle occidental, et nous en passons.

Et pourtant, l’Afrique commençait à rêver : du grand rêve de la renaissance africaine. Hélas ! C’est déjà une illusion. Tant que les élections ne seront qu’un «casse-tête » africain.

[Par Freddy Monsa Iyaka Duku]

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