vendredi 13 avril 2012

Congolais, peuple sans carte d’identité nationale

le 3 avril 2012
Le passeport congolais qui a permis au "raïs" de se faire enrôler lors des élections de 2006.



Le 17 mai prochain, les «libérateurs» conduits par le «commandant James» et son aide de camp et chauffeur le «commandant Hyppo», alias «Joseph Kabila», devraient - si tout va bien - célébrer le 15ème anniversaire de la plus grande escroquerie politico-militaire du siècle appelée la «libération» du 17 mai 1997. La «libération» du pays qui s’appelait alors le Zaïre du Maréchal Mobutu.

«En chaque libérateur sommeille un tyran», dit-on. Quinze années après, les pseudo-libérateurs se sont révélés bien pires que le dictateur qu’ils étaient venus défénestrer pour le «grand bien du peuple».

Quinze années après, ce «conglomérat d’aventuriers» (dixit LD Kabila) n’a pas tenu ses promesses fondamentales : instaurer l’Etat de droit là où régnait l’arbitraire et la démocratie pour remplacer le despotisme. Le miracle n’a pas eu lieu.

Dès le lendemain de leur arrivée au pouvoir, les «libérateurs» ont supprimé la carte d’identité nationale, la fameuse «Carte pour citoyen» lancée jadis par le «dictateur Mobutu».

Rien n’est venu remplacer cette preuve de citoyenneté pour les autochtones du pays rebaptisé, la République très très démocratique du Congo.

Depuis 2006, les "Kongomani" utilisent la carte d’électeur en guise de carte d’identité. Walaï! Le «raïs», alias «le super-tricheur de la République», alias le commandant suprême de la garde présidentielle et de la police nationale, s’en fout de cette question comme de l’an 40.

Comme à l’accoutumée - dans ce bled où la population a perdu toute capacité de faire la distinction entre le bien et le mal, l’acceptable et l’inacceptable -, personne n’ose lever le petit doigt. On ne compte plus les mésaventures dans les pays limitrophes.

Selon mon ami qui sait tout sur tout et presque tout sur rien sur les potins de Kinshasa-Lez-Immondices, un de ses amis d’enfance vivant dans un pays voisin d’Afrique centrale a été refoulé récemment comme un vulgaire "demandeur du statut de Ngunda" à un poste frontière par un sbire local de la fameuse Direction générale de migrations (DGM).

«Mon ami a eu tort de présenter une carte consulaire délivrée par l’ambassade de la République très très démocratique du Congo de son pays de résidence», raconte-t-il.

L’ami d’enfance de mon ami ignorait que les documents officiels délivrés par les ambassades du Congo très démocratique ont cessé d’être considérés comme des actes authentiques par les autres administrations…du Congo très démocratique.

Il semble que les diplomates de ce pays, impayés depuis des années, délivreraient tout et n’importe quoi contre quelques espèces sonnantes et trébuchantes. Stupeur et effroi !

"Les sbires de la DGM exigèrent par conséquent la carte d’électeur alors que mon ami d’enfance n’a pas mis les pieds au pays depuis des lustres. Et que les Kogomani de l’étranger sont privés du droit de vote". C’est de l’humour à la congolaise.

A en croire mon ami qui sait décidément tout, les sbires de la DGM étaient disposés «à comprendre» son ami d’enfance. A une condition. Ils attendaient que celui-ci les «motiva».

Il paraît que le mot «corruption» est devenue ringarde. On parle de «motivation» ou de «réarmement moral».

«Carré sur les principes, mon ami d’enfance refusa de jouer le jeu et rebroussa chemin», dit-il. Mon ami de s’étonner qu’on exige à un Kongomani vivant dans les pays voisins la carte d’électeur pour rentrer en République très très démocratique du Congo.

"Pourquoi les puissants du moment rechignent-ils à mettre en circulation la nouvelle carte d’identité nationale?", s’interrogea-t-il.

Pour mon ami, les députés nationaux «nommés» ou «cooptés» par le "faux pasteur" Daniel Mulunda Ngoy ont du pain sur la planche.

«L’occasion leur est donnée, tonne-t-il, de prouver qu’ils sont des véritables défenseurs des intérêts de la masse. Ils doivent interpeller la très immorale autorité de la majorité présidentielle, alias le «raïs», afin qu’il fournisse à l’opinion nationale des explications sur cette lacune bizarroïde».

Il s’agit d’expliquer pourquoi, onze années après son "intrusion" au pouvoir suprême, les Kongomani n’ont pas la possibilité d’obtenir cette carte qui les distingue des métèques.

Ils doivent utiliser la carte d’électeur au moment où les autres peuples de la Terre possèdent des cartes d’identité magnétiques.

Mon ami qui a toujours suspecté le «raïs» d’être un «Cheval de Troie» du régime rwandais de conclure : «Il n’y a pas de fumée sans feu.

Le commandant Hyppo et ses mentors de Kigali ne font jamais rien au hasard.

Ils ont engagé le pari de maintenir la République très très démocratique du Congo dans une sorte de Moyen Age pendant que le Rwanda progrèsse.

Que mijotent-ils derrière cette absence de carte d’identité au moment où l’on assiste à des étranges mouvements de population dans les deux Kivu?»

Issa Djema
© Congoindépendant

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