dimanche 29 avril 2012

Des milices à Kinshasa : Les Congolais à la recherche d'un Etat

SAMEDI, 28 AVRIL 2012

Très actives à l'Est et au Nord du pays, les milices sont en train de prendre progressivement pied à Kinshasa. Le ministre de la Justice et Droits Humains, Luzolo Bambi Lessa, qui assume par ailleurs l'intérim au ministère de la Défense, l'a appris à ses dépens le mercredi 25 avril. 

Ce membre du gouvernement a, en effet, a été défié et humilié par des éléments armés postés dans la concession de Kintambo, dont une portion est présentement envahie par des constructions anarchiques.

Selon des sources proches de son entourage, son « Excellence » était dans une mission d'inspection de ce site loti dans l'anarchie la plus totale. Interdit d'accès par des gardiens armés et en uniforme, il n'a pu faire prévaloir la force de la loi face aux personnes qui se sont engagées dans la spoliation d'un espace public destiné à la construction d'une nouvelle morgue.

La leçon à en tirer dans l'immédiat est que l'Etat reste à reconstruire en République Démocratique du Congo. Car, chaque jour qui passe, de petits roitelets démontrent à tous qu'ils sont plus forts que les ministres, les députés, les sénateurs, les responsables des régies financières et des services spéciaux, les galonnés de l'armée et de la police, etc. 

Qui aurait pu croire qu'un membre du gouvernement aussi haut perché que Luzolo Bambi Lessa, à la fois ministre de la Justice et de la Défense, pouvait être empêché d'exécuter une mission officielle en pleine capitale ? 

Qui aurait pu s'imaginer que pareille obstruction viendrait des militaires, dont le haut commandement est censé travailler sous son autorité?

Que dire du sort du commun de citoyen sans pouvoir et sans protection, si un responsable hautement sécurisé et exerçant les pleins pouvoirs de ministre de la Justice et de la Défense est tourné en bourrique par de petits soldats sans titre ni grade ?

Un défi qui appelle une réplique …

La témérité avec laquelle des hommes en uniforme et en armes ont fait échec à la tentative du ministre Luzolo de visiter l'espace public spolié de l'Hôpital de Kintambo n'est pas le fait du hasard. 

Elle est la parfaite illustration de l'inexistence de l'Etat. Des militaires conscients du fait qu'un tel acte de désobéissance allait leur coûter cher ne pouvaient retourner leurs armes contre un dépositaire de l'autorité.

Pour le faire, ils doivent avoir reçu au préalable la garantie que rien ne leur arriverait. D'où, le principal défi que devraient relever non seulement le ministre Luzolo mais l'ensemble du Gouvernement serait de faire savoir aux miliciens basés à l'Hôpital de Kintambo et à leurs protecteurs que l'Etat n'est pas mort. 

C'est l'occasion ou jamais, pour le ministre de la Justice/Défense et ses collègues de l'Exécutif national, de rappeler à tous que la fameuse politique de tolérance-zéro n'était pas un slogan.

A la recherche de l'Etat …


Décidément, l'Etat est très fuyant en République Démocratique du Congo. Ces dernières semaines, sa faillite se fait cruellement sentir dans le domaine foncier et immobilier. 

En effet, à Kinshasa comme en provinces, des espaces et immeubles publics sont sauvagement spoliés par des inciviques qui n'ont peur de rien ni de personne.

Tirant leur force d'on ne sait où, ils narguent ministres nationaux et provinciaux, gouverneurs de provinces, officiers de l'armée et de la police ainsi que les responsables des services de renseignements.

Des millions de Congolaises et Congolais assistent, impuissants, à l'abattage sauvage des arbres régulateurs de notre écosystème, à la disparition des espaces verts, à la spoliation des immeubles publics.

A cette allure, on ne devrait pas s'étonner de voir, dans les mois et années à venir, des terrains réservés aux hôpitaux, aux aéroports, aux écoles, aux routes d'intérêt national et local, aux universités, aux instituts supérieurs, aux barrages, aux bâtiments de l'administration publique... privatisés par des hors-la-loi jouissant des soutiens inattaquables.

D'aucuns pensent que le Chef de l'Etat, qui parait l'unique autorité capable de faire marcher tout le monde, devrait s'impliquer dans le dossier de l'Hôpital de Kintambo, comme il vient de le faire pour la concession de l'Institut Technique Agricole de Mombele.

KIMP 

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