dimanche 22 avril 2012

La RDC, l’Afrique de tous les possibles : du meilleur comme du pire

Publié par Direct.cd le 21 avril 2012.
 
Étendue sur 2,344,858 km2, désignée pour  accueillir le Sommet des Chefs d’État francophone en fin 2012, abritant la deuxième plus grande forêt tropicale après celle du Brésil, réunissant près de 70 millions de d’hommes, ayant des frontières avec 1/6 des pays de l’Union Africaine, la RDC est beaucoup plus que le pays du Ndombolo (rythme musical) et de la SAPE (Société des Ambianceurs et des Personnes Élégantes).

Le 12 avril dernier était publié à Kinshasa le nouveau Mémorandum économique de la Banque sur la RDC, sous le titre Résilience d’un géant africain : accélérer la croissance et promouvoir l’emploi en République démocratique du Congo.

Je voudrais saisir cette occasion pour parler du pays dirigé tour à tour par Mobutu, Laurent Désiré Kabila et aujourd’hui Joseph Kabila. Je souhaiterais particulièrement insister sur le fait que ce pays dit quelque chose de l’Afrique et même sur l’avenir du continent africain.

La RDC, l’Afrique du pire

La RDC, comme nombreux de pays africains a connu une forte croissance dans les décennies qui ont suivi les indépendances. Un pays comme le Cameroun a connu le même phénomène. Dans son livre L’économie camerounaise – 

Pour un nouveau départ, l’économiste Touna Mama nous indique que le Cameroun a connu une croissance non-stop. La Côte d’Ivoire a connu de telles prouesses économiques que l’on parla même de miracle ivoirien. 

Jean-Louis Billon rapportait dans un discours prononcé à l’occasion d’une rencontre entre hommes d’affaires ivoiriens et français que lors d’une visite du PM singapourien à Abidjan dans cette période-là, il aurait confié à Houphouët Boigny – président ivoirien d’alors – que son rêve était que Singapour soit comme Abidjan.

Mais, hélas, comme nombre de ces pays africains, c’était une croissance basée sur l’exportation des matières premières. Dans le volume 1 du livre, il nous est même signalé qu’«historiquement, la RDC fut parmi les premiers producteurs de cuivre, de cobalt et d’or ». 

Simplement, la chute des cours mondiaux a été dommageable pour l’économie du pays. La manière de gérer les ressources comme dans nombre de pays africains est ici en cause.



















Les coups d’État et l’instabilité politique ont aussi été, comme ailleurs en Afrique, une difficulté pour la prospérité économique. Il est à rappeler que le Premier ministre élu en 1960, Patrice Émery Lumumba, n’est resté que quelques mois au pouvoir. 

Le Président Mobutu Sesse Seko a été chassé du pouvoir par Laurent Désiré Kabila. Ce dernier a été, à son tour, tué et c’est son fils, Joseph Kabila qui, depuis 2001, préside aux destinées du pays.

La RDC a aussi connu les ravages de la guerre. Le Kivu connaît encore des atrocités de viols de femmes. L’on estime que les combats ont engendré la mort de plusieurs millions de personnes. Certains déplorent même l’indifférence de la communauté internationale.

L’insuffisance de l’intégration sous-régionale et la petitesse du commerce intra-africain sont identifiés comme des freins à la croissance africaine. Là encore, la RDC symbolise bien cette difficulté. En effet, Brazzaville et Kinshasa sont les capitales les plus proches au monde, mais il n’y a pas de route qui les relie.

La faiblesse des infrastructures est aussi criarde. Dans ce livre, il nous est indiqué que seulement 4 provinces, à partir de Kinshasa, sont accessibles par la route.

Comme autre exemple, je citerai le PIB par habitant qui est évalué d’après le volume 1 du livre précédemment mentionné à moins de 100$ en référence à l’année 2000. C’est proprement ridicule au vu de la richesse de ce pays. Mais c’est aussi en cela, que la RDC est un avatar de l’Afrique : des pauvres pourtant si riches.

La RDC, l’Afrique du meilleur

Paradoxalement, la RDC, c’est aussi par le dynamisme de son économie, ses richesses minières et forestières, la fulgurance de sa progression démographique ou encore l’importance de ses terres arables, l’Afrique de tous les possibles, l’Afrique du meilleur.

Il faut noter que ces dernières années, la croissance du plus grand pays d’Afrique Subsaharienne a été pratiquement de l’ordre de 7%. D’après la CIA World Factbook, en 2010 et 2011, voici les estimations : 7.2% et 6.5%. La tendance pourrait se maintenir pour 2012.

Chacun voudra bien reconnaître que la RDC, avec ses diamants, or, cobalt,… et même coltan – matériau utilisé pour la fabrication de téléphones portables – est extraordinairement riche, comme toute l’Afrique en fait. 

Malgré le poids considérable que représente cette richesse, aussi bien l’Afrique que la RDC restent largement sous-exploités et inexplorés. Les lendemains pourraient donc être enchanteurs.

Toujours au niveau de ces richesses naturelles, saviez-vous que ce pays à lui tout seul, pourrait approvisionner toute l’Afrique en électricité ? C’est aussi un autre remarquable relais de croissance, car l’Afrique devra davantage s’électrifier pour s’industrialiser.

La RDC doublera à l’instar du Nigéria – qui pourrait même faire beaucoup plus – la taille de sa population et s’urbanisera fortement. L’on estime qu’en 2050, la RDC comptera 140 millions d’habitants et Kinshasa, qui compte aujourd’hui près de 9-10 millions d’habitants – sera une des capitales les plus populeuses d’Afrique. 

Dans le livre mentionné plus haut, il est écrit : « Selon les estimations, 37 % de la population, soit 25 millions d’habitants, vivent dans les zones urbaines ; d’ici 2025, l’on estime que 40 millions de Congolais seront des citadins ». 

L’économiste François Ndengwe rappelait dans une tribune dans AFRICA 24 MAGAZINE que la démographie et l’urbanisation sont deux éléments importants pour la prospérité économique. J’en ai moi-même déjà parlé ici. Là encore, l’Afrique connaîtra les mêmes mutations.

C’est bien connu, l’Afrique possède 60% des terres arables encore non exploitées dans le monde. Elle pourrait devenir un des greniers de la planète, à la condition de ne pas les brader comme cela semble souvent être le cas. La RDC compte pas moins de 80 millions d’hectares de terres arables.

Les forêts congolaises sont aussi nombreuses pour l’industrie du bois qui n’est pas assez développée en Afrique ; tout le monde voit qu’avec les besoins en logement qui naîtront de l’urbanisation et de la forte poussée démographique, c’est un avantage d’avoir ce matériau qui peut être utilisé pour des maisons ou du mobilier. 

Au surplus, l’importance de l’industrie desbotanicals – plantes qui grandissent dans des forêts qui peuvent être utilisées dans les industries pharmaceutique, alimentaire et cosmétique – est aussi une bénédiction pour ce pays. 

L’on parle d’une industrie de 60 milliards de dollars ; l’Afrique qui a le ¼ des parts mondiales de ce patrimoine, ne tire même pas 1% de ce marché.

Voilà donc la RDC, l’Afrique de tous les possibles : Capable du meilleur comme du pire. Il n’y a pas à mon sens, meilleure façon de terminer ce texte qu’en citant Albert Yuma Mulimbi. Il est le Président de la Fédération des Entreprises Congolaises et le Président du Conseil d’Administration de la GÉCAMINES. 

Il avait prononcé cette phrase dans le cadre de son discours d’accession à la présidence de la CPCCAF (Conférence Permanente des Chambres de Consulaires Africaines et Francophones) « L’Afrique a la forme d’un révolver dont la gâchette se situe en République Démocratique du Congo ».

Simplement, ce fusil, la RDC/l’Afrique le retournera-t-elle contre elle-même (coup d’État, guerre civile, mauvaise gestion de contrats miniers, …) ou alors, saura-t-elle utiliser les balles de ce fusil pour éliminer les obstacles (intégration régionale, infrastructures, énergie…) à son émergence ?

Là aussi, la RDC, tout comme l’Afrique, a le choix du pire ou du meilleur.

Serge Tchaha

1 commentaire:

  1. Pourquoi vous vous moquez des gens? C'est encore quoi ces conneries? Avez-vous vu la situation de ce peuple avant de faire vos compte, c'est qui ça? Vous voulez nous faire croire quoi? Les congolais vont se taire lorsque nous verrons le changement palpable et visible à nos yeux. Ecoutez, vous avez affaire aux congolais et congolaises sages et intellectuels aujourd'hui, ne vous tromper pas.

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