mardi 17 avril 2012

Qui finance les milices en RDC ? Une mission d'enquête onusienne au Nord et à l'Est du pays.

MARDI, 17 AVRIL 2012


Depuis près de deux décennies, le Nord et l'Est de l'ex-Zaïre, devenu République Démocratique du Congo, grouille des milices armées nationales et étrangères qui sont loin de lever le pied sur la pédale de l'insécurité. 

En dépit de l'embargo international décrété contre le trafic d'armes en vue de réduire leur puissance de feu, elles renouvellent sans cesse leur arsenal de guerre. En plus de leur armement régulier, elles recrutent continuellement à tour de bras.

La question qui a toujours intrigué plus d'un observateur est celle de savoir par quels mécanismes sont financés ces groupes armés étrangers et nationaux. Supposés vivre enclavés et sous la traque permanente des Forces Armées de la République Démocratique du Congo, de la Monuc hier et Monusco aujourd'hui, ainsi que des armées ougandaises et rwandaises sous le couvert d'opérations mixtes, ils brassent curieusement d'importants fonds pour leurs achats d'armes, les paiements de leurs troupes, leur dotation en moyens d transport et de communications, la prise en charge de leurs recrues, l'entretien des camps d'entraînement.

Il est bizarre que pendant 20 ans pour certaines et au moins 10 ans pour la plupart, ces « forces négatives » ne connaissent pas des problèmes de rupture de stocks d'armes ou de sécheresse de liquidités financières.

Face au mystère de la présence et de la prolifération des milices dans le Nord et l'Est de la RDC, une mission d'enquête onusienne a été chargée de faire l'état des lieux. Ses limiers, apprend-on, écument depuis plusieurs semaines cette partie du pays.

Vols aériens suspects

A en croire les premières données de ses investigations, plusieurs aéronefs en provenance de l'étranger atterriraient régulièrement sur des aérodromes disséminés à travers la Province Orientale, le Nord et le Sud-Kivu.

Il semble qu'ils amèneraient des armes, du ravitaillement et de l'argent frais aussi bien aux chefs des milices congolaises qu'à leurs collègues des rébellions ougandaises, rwandaises et burundaises. En retour, les équipages repartiraient avec des cargaisons de minerais vers des destinations inconnues, en transitant par des aéroports de l'Ouganda, du Rwanda et du Burundi.

Selon la même enquête préliminaire, ces avions que l'on pourrait croire pirates recevraient de l'administration de l'aviation civile les autorisations requises pour se poser sur les pistes congolaises.

On note simplement que le trafic des armes et des ressources naturelles (diamant, or, coltan, cassitérite, bois, pointes d'ivoire, etc.) permet aux seigneurs de guerre comme aux membres des réseaux maffieux avec lesquels ils sont en relations d'affaires de se faire du beurre sur le dos de la RDC.

Ils n'ont pas tort, ceux qui affirment que sans les soubassements obscurs de l'insécurité récurrente en territoire congolais, personne n'aurait intérêt à troubler chaque jour la paix.

Kinshasa complice ?

Les résultats de l'enquête dont question ici sont fiévreusement attendus par la communauté nationale comme par l'opinion publique congolaise. Car, on laisse entendre que des officiels planqués à Kinshasa seraient en collusion avec les réseaux maffieux qui alimentent les milices armées nationales et étrangères en argent, tenues, armes, munitions, effets militaires, vivres, etc.

Au regard de la moisson préliminaire d'informations disponibles au sujet des activités des groupes armés nationaux et étrangers au Nord. comme à l'Est du pays, il est fort souhaité que l'enquête arrive à démasquer les décideurs politiques et militaires qui participent à leur financement et à leur approvisionnement en armes, munitions et vivres. Si un visage un nom pouvaient être collés à chaque traître à la cause de la patrie, le pot aux roses serait rapidement connu.

Non à la distraction !

Ainsi qu'on le constate, le retour à la paix durable dans le ventre mou de la République Démocratique du Congo n'est pas pour demain. L'insécurité a encore de beaux jours devant elle, en raison notamment des complicités dont jouiraient les ennemis de la paix jusque dans les cercles des décideurs politiques et militaires à Kinshasa.

Dans ces conditions, l'on ne devrait pas s'étonner de l'hypothèque qui pèse en permanence sur l'intégrité du territoire national.

Le projet de balkanisation de notre pays, tant décrié par les patriotes dignes de ce nom, est donc en marche. C'est le lieu d'en appeler au réveil des gouvernants actuels et de nouveaux élus de l'hémicycle de Lingwala, qui semblent plus portés sur la distraction que sur les questions vitales de l'insécurité à l'Est et au Nord du pays, du pillage de nos ressources naturelles, des safaris aériens des fournisseurs d'armes et d'argent aux groupes armés, des menaces d'éclatement de la « maison commune ».

Les Congolaises et Congolais en ont assez du spectacle inquiétant des fêtes tribales, ethniques et régionales que suscitent les nominations de certains compatriotes à des postes de responsabilité politique ou de gestionnaire. Le pays ne peut se développer si la fibre tribale, l'ethnique et régionale prend le dessus sur le sentiment d'appartenir à la nation congolaise.

Kimp

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