jeudi 19 avril 2012

RDC: L’anarchie parlementaire

Par Le Potentiel

Le tout nouveau président de l’Assemblée nationale, Aubin Minaku, a encore un long chemin à parcourir pour exaucer son vœu de faire de l’Hémicycle un «temple de démocratie» dans la marche vers la refondation de la RDC. 

A peine installé au perchoir, le président de l’Assemblée nationale vient de subir son premier revers.

Sans transition, la Chambre basse du Parlement est passée sous Minaku d’une session extraordinaire à une session ordinaire, violant ainsi les procédures prévues en la matière. 

L’homme a eu beau user de sa rhétorique de juriste chevronné, le vin était tiré, il ne lui restait qu’à le boire. Ce qui a été fait hier mercredi à l’Hémicycle.

Sans transition aucune, les députés fraîchement issus des élections du 28 novembre 2011 sont passés d’une session jusque-là extraordinaire à une session ordinaire. Pourtant, c’est depuis le 15 mars dernier que la question devait être résolue. 

Une motion avait été proposée, à cet effet, pour vider le problème avant qu’il ne soit trop tard. Malheureusement, la plénière n’avait pas suivie la voie de la sagesse proposée par l’un des députés. 

Tout s’est passé comme l’avait voulu le bureau provisoire, s’agrippant sur l’article 114 de la Constitution qui, selon lui, réglait le problème.

«Chassez le naturel, il revient au galop», dit un vieil adage. C’est apparemment ce qui s’est traduit le mercredi à l’Hémicycle, à la suite de la motion proposée par Henri-Thomas Lokondo. 

Véritable dilemme pour le président de l’Assemblée nationale, bien obligé finalement de lâcher la phrase assassine.

Selon lui, depuis l’installation de son bureau, au petit matin du vendredi 17 avril, l’Assemblée nationale est désormais en session ordinaire. D’ailleurs, a-t-il indiqué, c’est depuis le 15 mars 2011, conformément à la Constitution. 

Quelle aberration pour une institution qui se veut un «temple de la démocratie».

Le président de l’Assemblée nationale a pêché. C’est le moins que l’on puisse. La sagesse et l’élégance politique voudraient bien qu’il se repente pour avoir contourné une procédure pourtant prévue dans les us et coutumes parlementaires.

De toutes les façons, il n’est pas responsable de ce couac. C’est au bureau provisoire qu’incombait la responsabilité de régler la machine avant la passation du pouvoir. Ça n’a pas été fait. 

Ce qui n’a pas tardé à traîner la Chambre basse du Parlement dans une anarchie. L’actuel bureau de l’Assemblée nationale est dans l’obligation de faire diligence pour se laver le plus rapidement possible de cet opprobre. Son honneur en dépend.

A l’Assemblée nationale, c’est depuis le 15 mars 2012 que la Constitution a été violée. Ce fût lorsque le président du bureau provisoire a feint d’ignorer le problème. L’histoire a fini par prendre sa revanche. 

Ainsi, sans qu’un procès verbal ne constate la clôture de la session extraordinaire, l’Assemblée nationale est, par un tour de magie juridico-politique, passé, sans que nul ne le sache, en session ordinaire.

Je présume que l’Assemblée nationale nous réserve bien des surprises en cette législature. Espérons que celles-ci ne remettront pas en cause l’équilibre de la Constitution.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire