mercredi 18 avril 2012

RDC – Les ONGDH plaident sur la nécessité et l’urgence d’une réforme militaire


Les Organisations non gouvernementales de défense des droits de l’Homme, aussi bien nationales qu’internationales, recommandent au nouveau gouvernement congolais de faire de la réforme de l’armée une priorité politique, d’exclure des postes à responsabilités les individus qui entravent cette réforme et, au besoin, les traduire en justice.

Le lundi 16 avril 2012, au moins treize Organisations non gouvernementales ont tenu une conférence de presse à l’hôtel Sultani de Kinshasa/Gombe pour parler de leur nouveau rapport qui appelle la communauté internationale à ne pas gaspiller les milliards de dollars américains d’aide alloués à la RDC, si la réforme de l’armée et du secteur de sécurité n’est pas effective.

La communauté internationale et le gouvernement congolais doivent de toute urgence parvenir à un nouvel accord sur la réforme du secteur militaire en République démocratique du Congo, indique ce nouveau rapport publié par treize éminentes organisations de la Société civile congolaise et internationale.

Ce rapport souligne que l’absence d’une réforme du secteur de la sécurité en RDC met en péril, non seulement l’impact des millions de dollars américains d’aide internationale accordée à la RDC, mais également la stabilité du pays.

«De nombreux problèmes liés aux conflits en RDC, qui demeuraient apparemment insolubles, peuvent être imputés à des dysfonctionnements de l’armée, de la police et des tribunaux.

Le gouvernement congolais n’a toujours pas entrepris d’actions concrètes pour réformer ces institutions cruciales», a déclaré M. Emmanuel Kabengele, coordinateur national du Réseau de la Société civile congolaise pour la Réforme du secteur de la sécurité et de la justice (RRSSJ).

«La communauté internationale a continué de soutenir le gouvernement en investissant des montants et des efforts importants sans pour autant obtenir des résultats. Il est grand temps que les donateurs exigent du gouvernement congolais qu’il lance une véritable réforme de l’armée».

Le rapport, intitulé : «RDC : Prendre position sur la réforme du secteur de la sécurité», est cosigné par treize organisations et réseaux congolais et internationaux dont voici les dénominations : Eastern Congo Initiative (ECI), Réseau européen pour l’Afrique centrale (EURAC), Fédération Internationale des Droits de l’Homme (FIDH), Réseau œcuménique pour l’Afrique centrale (OENZ), Open Society Initiative for Soutern Africa (OSISA), Refugees International, Groupe des parlementaires britanniques sur la Région des Grands Lacs en Afrique (UK APPG), The Enough Projet, Association Africaine de Défense des Droits de l’Homme (ASADHO), Groupe Lotus, Ligue des Electeurs, Pole Institute, Réseau pour la Réforme du Secteur de la Sécurité et de la Justice, qui regroupe plus de 289 ONG congolaises surveillant l’évolution de la réforme du secteur de la sécurité.

Ce rapport est le fruit de recherches approfondies et d’entretiens menés en RDC ainsi que dans les pays donateurs. Il montre que non seulement l’armée n’assure pas la sécurité, mais s’en prend activement à la population, étant de fait un des principaux auteurs des atteintes aux droits humains dans le pays.

«Un secteur de la sécurité efficace– organisé, équipé, formé et contrôlé– est essentiel pour résoudre de nombreux problèmes allant du recrutement d’enfants soldats, des déplacements de population et des viols, à la croissance économique ou encore au commerce des minerais qui alimente le conflit», déclarent les auteurs du rapport.

Le rapport conclut que la principale raison de l’échec de la réforme de l’armée en RDC est le manque de volonté politique de certains membres du gouvernement congolais, notamment ceux qui profitent de la corruption endémique.

«Les personnes haut placées qui, au sein du gouvernement et de l’armée, sont responsables des réformes, continuent de profiter de l’armée actuelle en se servant sur les salaires des troupes, en prélevant des ’’pots-de-vin’’, en prenant part à l’exploitation et au commerce illégaux des minerais, ou encore en rackettant les gens en échange d’une protection», dénonce Dismas Kitenge, président de l’organisation congolaise «Groupe Lotus» et vice-président de la Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme (FIDH).

Ce rapport souligne le rôle essentiel que la communauté internationale doit jouer. En cinq ans, les pays donateurs ont, à eux seuls, investi plus de 14 milliards de dollars américains en RDC. Pourtant, seul un pour cent de cette somme, soit 140 millions de dollars Usd, a été consacré à la réforme du secteur de la sécurité.

L’aide internationale représente désormais près de la moitié du budget annuel de l’Etat congolais. Les donateurs peuvent donc avoir une influence considérable sur le pays.

Or, malgré cet investissement colossal, la RDC a régressé : le pays occupe actuellement la dernière place du classement de l’ONU en termes de développement humain.

«L’investissement de la communauté internationale en RDC a conduit à des médiocres résultas. De nombreux groupes armés envoient des milliers d’enfants au combat, les femmes et les enfants continuent de souffrir de la violence.

L’accès aux soins médicaux et à la sécurité restent des exceptions», rappelle Ben Affleck, acteur, directeur fondateur de l’Eastern Congo Initiative (ECI).

«Les donateurs doivent convaincre le gouvernement congolais d’entreprendre une profonde réforme militaire. A moins de changer radicalement de méthode, nous risquons de perdre une grande partie des investissements déjà réalisés».

«Le nouveau gouvernement doit saisir l’opportunité de recentrer son action sur la mise en œuvre d’une réforme de la sécurité effective et durable», affirme Pascal Kambale de l’Open Society Initiative for Soutern Africa (OSISA).

«Il est temps pour la communauté internationale et le gouvernement congolais d’œuvrer à une réforme de la police et de l’armée qui permette au Congo de protéger se propres civils».

© Le Potentiel

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