dimanche 29 avril 2012

RDC : A propos du rapport des observateurs de l’Union européenne

28/04/2012
 Mariya Nedelcheva - Eurodéputé bulgare et chef de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne (MOE-UE).

Le rapport des observateurs de l’Union européenne a créé un grand remous aussi bien au sein de la classe politique congolaise que dans les relations avec nos partenaires occidentaux, parce qu’il est vecteur de deux syndromes, source d’un malentendu préjudiciable.

Après les émotions et les passions suscitées par la publication du rapport des observateurs de l’Union européenne, le temps est venu pour une approche radioscopique de ce document.

A défaut d’être un malentendu en lui-même, le rapport des observateurs de l’Union européenne a créé un grand remous aussi bien au sein de la classe politique congolaise que dans les relations avec nos partenaires occidentaux, parce qu’il est vecteur de deux syndromes, source d’un malentendu préjudiciable.

Il s’agit des syndromes du phénomène d’écho et du phénomène de rumeur publique ou de radio trottoir. Le syndrome de phénomène d’écho est le fait que la publication successive et multiple d’un même fait par des auteurs différents donne l’impression d’être en présence des faits nouveaux et récents, suscitant des émotions conséquentes.

Dans le cas d’espèce, les observateurs de l’Union européenne en sont à la publication d’au moins la troisième version de leur rapport. La présence du vice-Premier ministre Reynder, est un élément exponentiel qui a augmenté la surenchère.

Le syndrome du phénomène de la rumeur publique ou de radio trottoir est le fait qu’en se référant à des allégations non consolidées contenues dans les rapports d’autres observateurs, ce rapport donne force et consistance à ce qui n’est en réalité qu’une imputation; le fait d’avoir entendu celui qui a entendu donne une impression de vérité au dernier interlocuteur qui n’a plus besoin de vérifier les faits.

Cependant, la publication de cette troisième version du rapport des observateurs a l’avantage de nous permettre de faire quelques mises au point:

La 1ère: le contradictoire fait partie du processus de la recherche de la vérité que nous poursuivons tous. Donc, le gouvernement congolais a le droit et est dans son droit de répliquer, de réfuter et de donner sa version des choses sans que sa bonne foi ne soit mise en cause.

La 2ème : les conclusions de ce rapport sont ultra petita, dépassant le cadre de la stricte mission d’observation électorale.

La 3ème : l’échec du bureau de la Commission électorale nationale indépendante, CENI, si échec il y a, est en fait l’échec de la classe politique qui avait adopté cette formule, sur la base de l’expérience de la CEI.

Sans nous attarder sur l’étrange retard mis dans la publication, la globalisation abusive des conclusions de 147 personnes n’ayant pas couvert la totalité des 68.000 bureaux, et le moment particulier, à savoir la présence de Reynders, la publication de cette troisième version nous donne l’occasion de poser la problématique de la situation post électorale par rapport au bureau de la CENI.

Pour les observateurs de l’Union européenne, il s’agit de modifier la composition intégrale de la Société civile, alors que la vraie problématique est la constitutionalité de cette proposition réputée discriminatoires au regard de la décision de la Cour suprême de justice rejetant l’article 22 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale.

En effet, dans cette hypothèse, pourquoi ne pas tenir compte et donc, pourquoi écarter les autres courants de la classe politique comme les indépendants, les centristes, les notables, les notoriétés. Cette proposition a le désavantage de privilégier la préoccupation politique qui avait prévalu dans la formule décriée et que nous déplorons tous.

La grande préoccupation devrait être comment évacuer le caractère politique du Bureau de la CENI et de renforcer son caractère technique et administratif. Dans cet ordre d’idées, il y a lieu d’explorer la possibilité que les membres du bureau de la CENI soient nommés par les institutions. 

A titre d’exemple, la Présidence de la République, le Sénat, l’Assemblée nationale, la Magistrature pourraient ainsi chacune en ce qui le concerne désigner son ou ses représentants pour faire partie du bureau.

En réalité, cette approche tient à notre perception de la vie politique réduite en Majorité-Opposition, oubliant la Société civile et les indépendants.

La loi sur les partis politiques devrait donc logiquement concerner la vie politique congolaise en précisant les prérogatives de chaque composante, Majorité, Opposition, Société civile et indépendants. 

En dernière analyse, la finalité recherchée dans ce rapport est une meilleure organisation des prochaines élections par la prise en compte de ses recommandations, ce qui est de l’intérêt bien compris de tous.

Le péché mignon, mais aux grandes conséquences, de ce rapport est sa finalité, le but caché poursuivi par ses auteurs. Il s’agit de donner des leçons plutôt que de corriger, en privilégiant le jugement de valeur à caractère sentencieux plutôt que le jugement constatif plus objectif dans le but inavoué de désigner le gouvernement congolais comme bouc émissaire à la place de la CENI, pouvoir organisateur des élections.

En tout état de cause, ce genre de rapport ne doit pas être pris pour de l’argent comptant, il faudrait en faire une lecture et une analyse radioscopiques.

De ce point de vue, les propos de Madame Séverine Autessere, maître de conférence à l’Université de Columbia aux Etats-Unis et spécialiste de la République démocratique du Congo, sont particulièrement intéressants « ... 

les journalistes ont très peu de temps pour faire passer une histoire, pour parler du Congo. C’est plus facile de focaliser sur quelques idées qui sont faciles à faire passer, à comprendre. C’est le même problème un peu pour les ONG et organismes qui essaient de récolter des fonds ... »

Voilà ce qui pourrait tempérer l’ardeur des auteurs et de leurs adeptes extrémistes autant que la colère des officiels congolais pour donner pleine et juste mesure des efforts appréciables du gouvernement congolais pour garantir un environnement propice aux élections démocratiques et malgré tout transparentes. 

L’essentiel étant une meilleure organisation des prochaines élections sur la base du constat des précédentes.

AMBASSADEUR ANDRE ALAIN ATUNDU LIONGO

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