Le souffle de l’histoire a frappé comme un ouragan sur son passage ce mois de Mars 2012. Encore une fois dans sa triste histoire, le Congo est endeuillé, en ce mois de mars, par la cupidité et la voracité du pouvoir d’un seul homme.
Les congolais auront-ils déjà oublié que l’un des Présidents le plus aimé, le plus humaniste, le plus nationaliste que de notre pays n’est jamais eu : Marien NGOUABI fut lâchement assassiné un mois de mars 1997 ? (1) Trente-cinq après, notre pays vient de connaître une des tragédies qui marquera à vie les mémoires de tous les congolais : la catastrophe du 4 mars 2012.
En passant sous silence les autres faits marquant des mois de mars écoulés, nous retiendrons que pour ces deux événements très caractéristiques par ses faits troublants, un seul homme porterait la lourde responsabilité : Denis Sassou Nguesso.
L’appréhension ou l’affaiblissement du « Kani »
Mais cette fois-ci les dieux sorciers qui l’ont toujours entourés et accompagnés dans sa basse besogne semblent l’abandonner. Les siens et les dieux sorciers l’auraient-ils conduit à commettre l’irréparable ?
D’aucuns disent ouvertement que cette blessure n’est pas une petite plaie mais un profond saillant qui videra progressivement son coupable de son sang jusqu'à sa mort. Le message devenant récurrent et de plus en plus explicite pousse Sassou Nguesso de tenter une dernière pirouette pour raviver la flamme du grand « Kani, le chef suprême du Clan » pour ressouder l’harmonie d’un clan qui se divise tous les jours.
Ce n’est plus un secret pour personne que Denis Sassou Nguesso connaît parfaitement l’auteur de cette ignominie qui l’a frappée comme un coup de poignard en plein cœur. Les six réunions du clan organisées depuis les évènements ont des allures non plus festives, mais plus d’un déballage explosif.
Les discussions ne tournent plus autour d’une future initiation mystique d’un membre du Clan, ni sur les approbations des nominations de futurs chiens de chasses militaires ou civils chargés d’exécuter les basses œuvres du clan, ni encore moins sur le partage des dividendes pétrolières mais bien sur le baroud d’honneur consistant à se rassembler de nouveau pour conjurer le sort. Mais le mal est si profond puisque venant même de l’intérieur de ce premier cercle.
Les appels à la retenue venant de celui qui s’est autoproclamé le « grand Kani » ne semblent plus calmer les ardeurs de vengeance des uns et des autres. Les accusations fussent à mot couvert indexant JDO (Jean-Dominique Okemba) comme l’éventuel instigateur du coup fourré. S’estimant dans le viseur, JDO dit à l’assemblée réunie «…si j’ai quelque chose à y voir dans tout ça, c’est à notre Kani de le dire … »
Cette interpellation sournoise piégeant sonne comme un coup de Damoclès sur l’assemblée qui attendant malheureusement la réaction du Kani ne vint pas. Cette attitude inexpliquée crée la situation de fuite en avant, en guise de guerre larvée, observée actuellement au sein du clan au pouvoir.
Sassou Nguesso et ses fils sous haute protection à Brazzaville
Aux Congolais qui l’ignorent notre pétro-dictateur Sassou Nguesso ne néglige pas cependant d’en tirer prétexte pour régler quelques comptes politiques avec ses potentiels rivaux déclarés ou pas. Comme sous le monopartisme les congolais n’ignorent pas que Denis Sassou Nguesso profite toujours des crises pour ressouder et redistribuer les cartes en sa faveur des rapports de force au sein de l’appareil d’État.
Il a toujours utilisé cette méthode pour montrer qu’il est, contre vents et marées, le seul grand maître à bord. De même il ne s'en privera pas, comme un boa qui étouffe lentement sa proie, de couper l’herbe sous les pieds des clans politiques rivaux qui, au sein même de son régime, veulent prendre pied sur ladite affaire pour accélérer sa fragilisation ou son délitement politique.
Les enfants des uns et des autres s’observent actuellement en chiens de faïences. Les généraux et colonels excellent en arrestations arbitraires pour marquer leur attachement à Denis Sassou Nguesso. Cela suffira t-il pour calmer les ardeurs d'un peuple révolté contre un clan vorace?
Les voitures blindés sorties des cachettes, dignes de films hollywoodiens, rivalisant les unes des autres en matière de protection la plus sécurisée témoignent de la tension qui règne à Brazzaville. Tous les fils de Denis Sassou Nguesso circulent présentement dans Brazzaville à bord de véhicule 4x4 blindé.
Pendant que les uns sont gardés par des gardes recrutés parmi les anciens commandos de Mobutu, les autres sont entourés des services des commandos angolais, rwandais, cubains et parfois centrafricains. Denis Sassou Nguesso craignant la résurrection de l’axe Makoua–Owando–Lékana se serait mis en branle pour arrêter l’hémorragie qui saigne son clan.
Pendant ce temps, le peuple est laissé à son triste sort. Ce ne sont que des petits insectes que nous écraseront s'ils n’obéissaient pas.
Ce raisonnement étriqué et dénué de tout sens de responsabilité ouvre la voie à ceux qui se retenaient pour franchir la ligne rouge de la violence gratuite. On est entrain de retomber lentement dans le système unique militaro-policier, le seul que SASSOU et son clan affectionnent.
Les intimidations des militaires qui secouent la région des plateaux en est la preuve. Bon nombre des officiers jusque là mis en cause ne sont pas originaires d’Oyo. Pourtant, comme tout le monde le sait aujourd’hui des millions ont été déboursés à Oyo pour calmer les parents qui ont perdu leurs enfants dont les corps ne sont même pas recensés.
Le Congo n’appartient pas à un clan
L’ensemble des membres du clan au pouvoir savent que Denis Sassou Nguesso, suivant la constitution taillée sur mesure par lui-même, ne doit pas se représenter en 2016 à l’élection présidentielle. En plus, sa santé risque de se décliner. Toute tentative de modification de la présente constitution pour une présidence à vie de Denis Sassou Nguesso pourrait engendrer des troubles à l’issue incertaine.
Et là aussi se pose la question de la succession. Et dans ce cadre, les prochaines nominations au gouvernement et au haut commandement militaire ne peuvent qu’occuper l’attention des barons et autres éléphants du clan et les conséquences d'une guerre larvée sont ouvertes. Pierre Ngolo, actuel secrétaire général du PCT, n'est qu'un poltron qui sera éjecter le moment venu car il n'est pas membre de la famille et pire, il est d'Ollombo (Plateaux).
Doit-on y voir les prémices d’une guerre larvée pour la succession de Denis Sassou Nguesso ? Cela ne nous étonnerait en tous cas pas du tout ! Même si nous savons que les Congolais ont une longue expérience pour trouver des solutions afin d’empêcher le morcellement du pays.
Les arrestations sélectives devenues récurrentes suscitent pleins de remous dans l’armée dont la fronde monte chaque jours. La cassure du clan se fait de plus en plus ressentir lorsqu’on évoque les liens de parenté existant entre JDO et SASSOU. Cette question fut tranchée lors de ces réunions qui n’a d’ailleurs aujourd’hui de clandestinité que de nom, puisque les informations sont sur la place publique aussitôt dite.
JDO ne serait pas un parent direct de SASSOU et de ce fait ne devrait être son successeur. D’après les proches directes de SASSOU, c’est pour cette raison qu’il active son réseau pour s’imposer aux yeux de tous les autres prétendants comme étant le plus à même de remplacer SASSOU.
C’est sans compter sur la maniabilité politique de SASSOU qui pour faire taire le clan de l’axe Makoua–Owando-Téké a ressorti de son chapeau les vieux mammouths militaires pour contrer leurs propres parents de taire leur velléités de rébellion.
Le retour en grâce de l’homme de mains au service de SASSOU le général Pierre OBA pour prendre en main la direction de la sécurisation et le contrôle de l’enquête en cours est un cinglant désaveu pour JDO. Le nom d’un autre mammouth, le général Jean-Marie MOUKOKO serait dans les starkings block pour parer à une mutinerie totale de l’armée.
Le virus du péril clanique doit être combattu pour redresser le Congo en accordant la primauté à la méritocratie, à l'excellence, à l'innovation et à l'effort au travail.
Il ne faut donc rien attendre d’une enquête qui récuse d’ailleurs les règles élémentaires déontologiques du droit. Dès le début celle-ci brille par une partialité qui définit clairement le sens que l’on veut y donner avant même les résultats définitifs.
Cette enquête est pour Denis Sassou Nguesso une occasion pour actionner le coup de butoir militaro-politique qui renforcera de nouveau l’hégémonie de son clan. Tous les leaders Tékés (Clément MIERASSA, Mathias DZON, Rigobert NGOUOLALI, le colonel GANGOUO, MBANI, OKOMBI SALISSA...….) seraient aujourd’hui dans le collimateur du clan Sassou.
Rien n’exclut que cela s’étende vers d’autres leaders d’autres régions. Ce plat réchauffé que Sassou Nguesso et sa bande nous ressert est indigeste et le peuple l'a déjà vomi.
En restant sourds aux changements véritables qu’appellent de tous leurs vœux les populations congolaises, Sassou Nguesso et son clan s’enferment dans un mutisme suicidaire. Depuis 28 ans le paysage socio-économique n’a réellement progressé dans le sens de faire bénéficier les populations de ses effets pourtant perceptibles.
Voulant profiter du drame du 04 mars 2012, certains barons et autres éléphants du clan au pouvoir cherchent à trouver des lampistes à qu’ils feraient reposer l’échec des choix hasardeux de leur politique menée en 28 ans.
Votre incompétence et votre étroitesse d’esprit vous condamnent aujourd’hui.
On ne gère pas une nation comme on gère une maison. La nation a besoin de toutes les forces vives, de toutes les contradictions positives qui sont nécessaires pour se remettre en cause et d’avancer après médiation.
Le Congo n’appartient pas à un clan ou n’est pas sous les pieds d’un certain « Kani ».
Jean Claude BERI,
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