mercredi 20 juin 2012

RDC : Salle d’opération de Tshela, illustration d’un système de santé défaillant

le 20 juin 2012.



À Tshela, à 560 kms à l’ouest de Kinshasa, en pleine forêt de Mayombe, la situation sanitaire demeure préoccupante à l’image de la salle d’opération de Kisungu Mbemba : une petite salle de 3 mètres carrés, éclairée uniquement par la lumière du soleil ou d’une lampe torche, le Docteur Simon et des infirmiers habillés en tissu de sac de farine de blé de la société Midema (minoterie de Matadi) comme blouse médicale, coiffés d’un chapeau de bain, tentent tant soit peu de sauver des vies. Sans parler des mouches qui s’y invitent par les fenêtres béantes.

Situation en contradiction avec l’adhésion de la RDC à la stratégie des soins de santé primaires et sa souscription en 1980 à la charte africaine de développement sanitaire.

Si les documents officiels continuent à mentionner les soins de santé primaires comme un élément important de la politique sanitaire, plusieurs acteurs estiment que le problème auquel est confronté le système de santé de la RDC est, entre autres, l’absence d’une vision partagée sur l’organisation à mettre en place pour la prise en charge de l’ensemble des problèmes de santé de la population.

Cette absence de collaboration empêcherait les différents acteurs (opérateurs de terrain, responsables de l’administration du ministère de la santé aux niveaux central et intermédiaire et bailleurs des fonds) d’établir le lien entre les soins de santé primaires et la zone de santé.

Ce lien « fondamental » qui existait jusque vers les années 1985 a été perdu au fil du temps au point qu’aujourd’hui la zone de santé est devenue un concept quelque peu galvaudé.

D’un système de santé intégré à 2 échelons, constitué d’un réseau des centres de santé et d’un hôpital général de référence, la zone de santé offre aujourd’hui la physionomie d’une juxtaposition d’interventions et d’acteurs dont le souci premier est la visibilité de ceux qui les financent plutôt que la satisfaction des attentes des populations bénéficiaires.

C’est ainsi que, le Paquet Minimum d’Activités (PMA) est saucissonné en paquets sélectifs d’activités, et l’hôpital général de référence, considéré comme structure ’hors zone’, entre en compétition avec les centres de santé.

En plus, au motif de rapprocher les soins de la population, on assiste au développement d’une série de structures intermédiaires (relais communautaires, poste de santé et centre de santé de référence) pas toujours nécessaires et souvent nuisibles (soins de santé de qualité douteuse et concurrence à tout effort de rationalisation de deux échelons).

Le changement de régime politique intervenu en mai 1997 a suscité de l’espoir pour la reconstruction du pays. C’est dans ce cadre qu’il faut placer l’élaboration du Plan Directeur de Développement Sanitaire 1999 – 2008 (PDDS).

Le rapport sur l’état des lieux du secteur de la santé déclare à ce sujet : « En effet, le redressement de la situation sanitaire que connaît le pays depuis plusieurs années, impose la mise en œuvre d’un plan de développement sanitaire en tant que partie intégrante du plan national de développement socio-économique et du plan d’élimination de la pauvreté » (État des lieux du secteur de la santé, 1998).

La tenue, en 1999, des états généraux de la santé, est apparue comme le point de départ d’un nouvel ordre sanitaire avec l’adoption de quatre documents parmi lesquels le projet de loi cadre portant sur la santé.

À ce jour, la RDC est l’unique pays qui n’a atteint aucun objectif sur les huit objectifs du développement du millénaire

|Nicaise Muzany M.(AEM), Kinshasa, RDC

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