jeudi 14 juin 2012

Soutien au M23 au Nord-Kivu : Réponse de l'ONU au Rwanda


13/06/2012
Hervé LADSOUS - Secrétaire général adjoint des Nations unies pour les opérations de maintien de paix.
Hervé Ladsous, Secrétaire général adjoint des Nations unies pour les opérations de maintien de paix vient de répliquer farouchement aux propos de Louise Mushikiwabo, ministre rwandaise des Affaires étrangères.

Et après ?

« La Monusco fait son maximum pour protéger les civils dans l’Est de la RDC » ; telle est la substance de ce message massue de l’onusien, contrairement aux déclarations tendancieuses et outrageuses de la Rwandaise qui traitait dernièrement Monusco d’incapable.

Tiré par les cheveux, quel sera, au-delà de simples répliques, le sort que l’ONU devra infliger à Kigali maintenant qu’avec HRW et le Gouvernement congolais, la mère ONU visée pour avoir reconnu l’implication directe du pays de Paul Kagame dans son soutien à Ntaganda et au M23 ?

La Monusco qui concentre la plus grosse partie de son personnel militaire dans l’Est de la RDC fait son maximum [pour assurer la protection des civils] ». C’est en ces termes qu’Hervé Ladsous, Secrétaire général adjoint des Nations unies pour les opérations de maintien de paix, cité par radio okapi s’est exprimé le lundi 11 juin dernier.

Le Secrétaire général adjoint des Nations unies pour les opérations de maintien de paix l’a ainsi déclaré en réaction aux propos de la ministre rwandaise des Affaires étrangères, Louise Mushikiwabo.


Kigali se moque de la Monusco

Dans une interview accordée dernièrement à Jeune Afrique, la chef de la diplomatie rwandaise Louise Mushikiwabo avait déclaré que malgré sa présence en RDC depuis de longues années, un budget d’1 milliard de dollars Us et la présence de 20 000 casques bleus, la Monusco n’avait obtenu « aucun résultat ».

C’est un secret de Polichinelle. La Mission onusienne est en Rdc depuis une décennie. Le temps passe très vite, mine de rien ! Elle est la plus importante au monde avec environ 20 000 hommes ; plusieurs s’en étonnent d’ailleurs sans trop justifier le contraire.

Par ailleurs, un budget aussi colossal (soit 1/8 du budget de la Rdc projeté pour l’exercice 2012) vient régulièrement appuyer son pouvoir annuellement révisé et réadapté. Une attitude souvent prise à partie dans certains états-majors politiques internes et externes, qui ne voient que la stratégie de pérennisation de la Monusco.

Les plus coupants sont allés jusqu’à stigmatiser Monuc hier, Monusco aujourd’hui (blanc bonnet, bonnet blanc) qui jouerait au sapeur pompier et ne cherche qu’à s’éterniser sur le sol paradisiaque congolais, offrant toujours la carotte et le bâton.

Et pour soutenir cette thèse, guerres, insurrections et autres foyers de tensions dont les tireurs de ficelles sont probablement dans et hors Monusco, au pays et chez les voisins, ajoutent – ils sans pince-rire.
Ladsous salue les Fardc

Dans la suite de son intervention, Hervé Ladsous a expliqué que les Forces armées congolaises sont actuellement en mouvement pour combattre les mutins dans les deux provinces de Kivu.

« Depuis le début de l’année, il y a eu une détérioration certaine de la situation sécuritaire dans les provinces de l’Est du Congo, essentiellement le Kivu. Il y a eu une série d’opérations lancées contre des chefs de guerre dont beaucoup d’ailleurs sont poursuivis ou menacés de poursuite par la justice pénale internationale.

Les forces congolaises se sont mises en mouvement pour mener à bien ce projet de neutralisation ou d’arrestations. Ça crée des vides dans lesquels se sont engouffrés plusieurs groupes armés », a-t-il ajouté, indiquant que la « Monusco s’est rendue encore plus mobile au cours de cette période pour essayer de combler ces vides sécuritaires et venir en aide à des gens menacés de violence ».


Dans le même registre, pour soutenir l’implication active de ses troupes dans le Kivu, contrairement à la détractrice, M. Ladsous affirmé qu’ « il y a eu des victimes mais la Monusco, qui concentre la plus grosse partie de son personnel militaire dans cette partie du pays fait son maximum ; (elle) fait un vrai travail.

Un certain nombre de civils doivent aux casques bleus le fait d’être en vie ». A ce propos d’ailleurs, le Premier ministre Matata Ponyo a, lors de son dernier séjour dans la partie est du pays, remarqué que les Forces armées de la République démocratique du Congo et les casques bleus sont plus soudées que d’habitude.

Les Fardc sont aussi bien disciplinées que déterminées à en découdre avec le M23, Ntaganda, Makenga,

… Le compte-rendu du Porte-parole du Gouvernement, Lambert Mande a été des si clairs quant à ce. « La discipline est la mère des armées », un véritable leitmotiv dans le jargon militaire. Et les troupes de la Monusco, bien qu’essuyant des critiques âcres, ne laissent pas tomber les bras, elles poursuivent leur appui aux Fardc.

Pour rappel, dans un entretien publié le 3 juin dans Jeune Afrique, Louise Mushikiwabo réagissant à un rapport confidentiel de l’ONU s’est dédouanée face à tous ceux qui accusent son pays de soutenir les mutins du Mouvement du 23 mars (M23).

« Le Rwanda n’a ni formé ni envoyé de combattants de l’autre côté de la frontière. Cette fuite montre la désinvolture dont fait preuve la Monusco », avait-elle répondu sur un ton bourru, à la question de savoir si les informations contenues dans ce rapport étaient exactes.

Pour sa part, au cours d’une conférence de presse tenue à Goma, samedi 9 juin, le porte-parole du gouvernement congolais, Lambert Mende, avait dénoncé la passivité du Rwanda dans l’insécurité créée par les affrontements entre les FARDC et les mutins du M23 dans le territoire de Rutshuru au Nord-Kivu.

Il avait notamment déclaré que des faits « accablants », font état de recrutement, préparation et déploiement à partir du Rwanda des éléments rwandais estimés entre 200 à 300 hommes qui combattent dans les rangs du M23.

Cependant, même si une réaction fatale en guise de décision fâcheuse à toutes ces boutades de la chargée de diplomatie rwandaise n’a pas été révélée par la bouche revendiquée du gouvernement congolais, il n’est pas à croire que l’affaire ait été close, clé sous paillasson.

Kinshasa ira jusqu’au bout. Et pour Kigali, comme la politique de génocide n’est plus payante, ses autorités pourraient s’attirer bien des poux sur leurs têtes, creusant de leurs mains leurs propres tombes.


Bientôt le mandat de la Monusco réajusté


Le secrétaire général adjoint des Nations unies Hervé Ladsous a en outre, affirmé que le mandat actuel de la Monusco, qui donne la priorité à la protection des civils, va être discuté dans les jours qui viennent au Conseil de sécurité de l’ONU.

Cependant, il ne pense pas que soit envisagé de « changement majeur au-delà de quelques ajustements ». La Rdc devra alors veiller et faire entendre sa voix afin que ce mandat qui sera, à cette allure reconduit pour au moins une année encore, rencontre l’assentiment du peuple congolais, tenant compte des points faibles qui ont fait l’objet des remarques formulée contre la mission onusienne en Rdc.

L’Avenir

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