mardi 3 juillet 2012

RDC: Quand Julien Paluku joue les intermédiaires avec les FDLR


le 2 juillet 2012.



Kigali accuse le gouverneur du Nord-Kivu, Julien Paluku, de coopérer avec les rebelles FDLR, en vue de reprendre des « attaques terroristes » contre le Rwanda. Dans une lettre que nous publions, Julien Paluku demandait le 19 juin l’aide de la Monusco, pour deux responsables FDLR.

Pour Kinshasa, ces accusations sont « un non-sens » et visent à « détourner l’opinion » suite au rapport de l’ONU sur l’implication du Rwanda dans une mutinerie à l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).



La contre-attaque du Rwanda n’a pas tardé. Accusé de soutenir la rébellion du M23 au Nord-Kivu, en guerre contre Kinshasa, Kigali accuse à son tour la RDC de vouloir relancer sa coopération entre son armée et les rebelles hutus FDLR.

Pour preuve, cette lettre datée du 19 juin 2012 (voir ci-contre), du gouverneur de la province du Nord-Kivu, Julien Paluku, au chef de bureau de la Monusco à Goma.

Le gouverneur « recommande » une liste de plusieurs personnes pour embarquer à bord d’un avion des Nations unies à destination de Mutongo en territoire de Walikale.

Sur cette liste, deux responsables FDLR, une milice hutue, qui menace Kigali : Faustin Murego, coordinateur des FDLR à Liège en Belgique et Joseph Nzabonimpa un ex-FAR. Si la demande a été refusée par la Monusco, cette lettre prouve pour Kigali, la connivence entre les autorités congolaises et les FDLR.

Selon Kigali, Julien Paluku aurait été chargé par le président Joseph Kabila, via son conseiller sécurité Pierre Lumbi, « d’identifier des personnalités ayant des contacts avec les FDLR« .

Toujours selon le Rwanda, les deux membres des FDLR, qui voyagent avec des passeports belges, auraient remis plus de 100.000 dollars à un responsable militaire du groupe à Mudacumura.

Cette lettre tombe à point nommé pour Kigali, très embarrassée par les accusations des experts de l’ONU qui viennent de démontrer l’implication du Rwanda dans les mutineries qui agitent l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).

Pour Kinshasa, il s’agit d’une pure diversion. Selon Lambert Mende, porte-parole du gouvernement congolais, ces accusations sont un « non-sens« , l’armée congolaise menant une « lutte sans merci contre les FDLR » (avec jusqu’à peu, l’aide du Rwanda !).

Quant à Julien Paluku, il affirme que « le gouvernement rwandais est aux abois face toute la pression internationale qui pèse sur lui« .

Après deux mois d’affrontements à l’Est de la RDC, les deux voisins s’accusent désormais mutuellement de soutenir leur propre rébellion : le Rwanda soutenant le M23, le Congo, les FDLR.

Une guerre entre Kinshasa et Kigali qui ne dit pas son nom, par rebelles interposés.

Christophe RIGAUD

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