lundi 28 mars 2011
Et s’il était déjà trop tard. Et s’ils avaient raison ceux qui prédisent une prochaine guerre civile en Côte d’Ivoire ?
Les positions des deux camps, qui s’opposent depuis l’élection présidentielle de novembre, sont si tranchées, qu’il n’est apparemment plus possible de les rapprocher. On aura beau rappeler aux uns comme aux autres quelques évidences, rien n’y fait. Et pourtant...
Aujourd’hui, ni Ouattara ni Gbagbo ne peut se prévaloir d’être président. Le premier, parce que sa victoire dans les urnes, proclamée par la Commission électorale indépendante, doit être, de toute façon, entérinée par le Conseil constitutionnel, comme le prévoit la loi ivoirienne, ce qui n’est pas encore le cas.
Le second, parce que le Conseil constitutionnel, qui l’a fait roi, a failli à sa mission, puisqu’après avoir annulé les votes dans plusieurs départements, il n’a pas appelé à reprendre le scrutin, comme l’y oblige clairement l’article 64 du code électoral.
Certains, comme moi, avaient proposé qu’on revienne au point de blocage et qu’on revote pour ce deuxième tour. On nous a répondu que ce n’était pas possible ou que ça couterait trop cher, parce que, dans un camp comme dans l’autre, on était sûr de faire plier rapidement l’adversaire. Erreur !!
Faut-il le redire ? Si Gbagbo reste au pouvoir dans la configuration actuelle, la tension va demeurer, et les choses vont dégénérer inévitablement. Si Ouattara prend le pouvoir, d’une façon ou d’une autre, avec l’aide de la communauté internationale, la tension persistera, et les choses dégénéreront tout autant.
Je n’attends personnellement plus rien des politiciens ivoiriens, quels qu’ils soient, plus préoccupés par leur propre égo et leurs propres intérêts que par le bien être des populations.
D’ailleurs, bien avant le scrutin, j’avais dit publiquement que les trois grands que sont Gbagbo, Ouattara, et Bédié étaient coresponsables du malheur ivoirien et qu’ils avaient surtout trop de haine entre eux pour que le vainqueur du scrutin ne soit pas aussitôt contesté par l’un ou les deux autres candidats.
En revenir à l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire
Il est temps que les jusqu’au-boutistes comprennent que ceux qui sont en face ne sont pas des ennemis mais des frères et sœurs, que personne ne mobilise plus que son voisin dans les mêmes circonstances, et que l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire vaut mieux que celui de deux hommes qui se déchirent pour le pouvoir.
On aura indéfiniment des raisons de se quereller, de se diviser, et de se faire la guerre, en repensant à la répression du Sanwi, à la répression des Bétés, ou la rébellion de 2002, qui vient après le coup d’état de 1999, avalisé par la majorité des Ivoiriens, qui se félicitaient alors qu’il se soit passé « sans effusion de sang ». Un précédent dangereux…
Sauf qu’il y a un moment où il faut savoir s’arrêter et poser, comme le proposait le scrutin de novembre, des actes qui font avancer, quitte à vider ensuite définitivement les querelles, à travers une introspection collective et publique, qui ne fera évidemment pas l’impasse ni sur les massacres au nord et à l’ouest ni sur la mort de civils au sud.
Si les Allemands et les Français, qui se sont fait la guerre pendant tant d’années, de façon acharnée, avec à la clé des morts innombrables, si les Allemands et les Français ont, malgré tout, réussi à se réconcilier, pourquoi ne le pourrions-nous pas ?
Méfions-nous enfin de nos émotions. Elles étouffent toute forme de réflexion, au moment où ce pays s’enfonce, doucement mais sûrement, dans le chaos, en croyant néanmoins, a tort, que son salut viendra de Dieu, du panel des chefs d’Etat africains, ou de la communauté internationale, alors que son sort se joue en réalité entre les mains de ses citoyens, lesquels semblent avoir hélas oublié qu’ils devront, tôt ou tard, après s’être battus, se réconcilier.
Une tribune du journaliste et écrivain franco-ivoirien Serge Bilé
Et s’il était déjà trop tard. Et s’ils avaient raison ceux qui prédisent une prochaine guerre civile en Côte d’Ivoire ?
Les positions des deux camps, qui s’opposent depuis l’élection présidentielle de novembre, sont si tranchées, qu’il n’est apparemment plus possible de les rapprocher. On aura beau rappeler aux uns comme aux autres quelques évidences, rien n’y fait. Et pourtant...
Aujourd’hui, ni Ouattara ni Gbagbo ne peut se prévaloir d’être président. Le premier, parce que sa victoire dans les urnes, proclamée par la Commission électorale indépendante, doit être, de toute façon, entérinée par le Conseil constitutionnel, comme le prévoit la loi ivoirienne, ce qui n’est pas encore le cas.
Le second, parce que le Conseil constitutionnel, qui l’a fait roi, a failli à sa mission, puisqu’après avoir annulé les votes dans plusieurs départements, il n’a pas appelé à reprendre le scrutin, comme l’y oblige clairement l’article 64 du code électoral.
Certains, comme moi, avaient proposé qu’on revienne au point de blocage et qu’on revote pour ce deuxième tour. On nous a répondu que ce n’était pas possible ou que ça couterait trop cher, parce que, dans un camp comme dans l’autre, on était sûr de faire plier rapidement l’adversaire. Erreur !!
Faut-il le redire ? Si Gbagbo reste au pouvoir dans la configuration actuelle, la tension va demeurer, et les choses vont dégénérer inévitablement. Si Ouattara prend le pouvoir, d’une façon ou d’une autre, avec l’aide de la communauté internationale, la tension persistera, et les choses dégénéreront tout autant.
Je n’attends personnellement plus rien des politiciens ivoiriens, quels qu’ils soient, plus préoccupés par leur propre égo et leurs propres intérêts que par le bien être des populations.
D’ailleurs, bien avant le scrutin, j’avais dit publiquement que les trois grands que sont Gbagbo, Ouattara, et Bédié étaient coresponsables du malheur ivoirien et qu’ils avaient surtout trop de haine entre eux pour que le vainqueur du scrutin ne soit pas aussitôt contesté par l’un ou les deux autres candidats.
En revenir à l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire
Il est temps que les jusqu’au-boutistes comprennent que ceux qui sont en face ne sont pas des ennemis mais des frères et sœurs, que personne ne mobilise plus que son voisin dans les mêmes circonstances, et que l’intérêt supérieur de la Côte d’Ivoire vaut mieux que celui de deux hommes qui se déchirent pour le pouvoir.
On aura indéfiniment des raisons de se quereller, de se diviser, et de se faire la guerre, en repensant à la répression du Sanwi, à la répression des Bétés, ou la rébellion de 2002, qui vient après le coup d’état de 1999, avalisé par la majorité des Ivoiriens, qui se félicitaient alors qu’il se soit passé « sans effusion de sang ». Un précédent dangereux…
Sauf qu’il y a un moment où il faut savoir s’arrêter et poser, comme le proposait le scrutin de novembre, des actes qui font avancer, quitte à vider ensuite définitivement les querelles, à travers une introspection collective et publique, qui ne fera évidemment pas l’impasse ni sur les massacres au nord et à l’ouest ni sur la mort de civils au sud.
Si les Allemands et les Français, qui se sont fait la guerre pendant tant d’années, de façon acharnée, avec à la clé des morts innombrables, si les Allemands et les Français ont, malgré tout, réussi à se réconcilier, pourquoi ne le pourrions-nous pas ?
Méfions-nous enfin de nos émotions. Elles étouffent toute forme de réflexion, au moment où ce pays s’enfonce, doucement mais sûrement, dans le chaos, en croyant néanmoins, a tort, que son salut viendra de Dieu, du panel des chefs d’Etat africains, ou de la communauté internationale, alors que son sort se joue en réalité entre les mains de ses citoyens, lesquels semblent avoir hélas oublié qu’ils devront, tôt ou tard, après s’être battus, se réconcilier.
Une tribune du journaliste et écrivain franco-ivoirien Serge Bilé
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