Didier Reynders, alors ministre des Finances, reçu par "Joseph Kabila" à Kinshasa en juin 2006
Monsieur le Ministre,
La situation catastrophique qui prévaut actuellement en RDCongo, nous oblige encore de vous adresser cette énième lettre pour vous interpeller.
Les congolais ont marché, écrit et organisé de différentes manifestations pour la vérité des urnes et continuent à manifester leur mécontentement, malheureusement, nous constatons que vous continuez à être sourd à tous nos cris de détresse. Au nom de certains "intérêts", vous avez décidé de sacrifier tout un peuple. Un peuple qui souffre et qui vit sous l’empire d’un régime tyrannique.
Nous avons appris que vous avez le projet d’aller au Congo le 19 août prochain pour contribuer à la résolution du problème d’agression dont la partie Est de notre pays est victime.
Cette agression voulue et entretenue n’est-elle pas une conséquence logique du régime que vous semblez soutenir en RDCongo ? Depuis la publication du rapport du panel des experts des Nations-Unies, l’UE, l’Allemagne, l’Angleterre et les USA, etc… ont pris des sanctions contre le Rwanda.
En effet, mêmes si ces sanctions sont prises beaucoup plus pour des raisons économiques que pour le bien des Congolais, mais, pourquoi la réaction du gouvernement belge tarde à venir ?
L’impasse actuelle dont la RDC est la seule victime à payer un lourd tribut, n’est-elle pas le fruit des solutions à la belge avec des négociations, des médiations, et des brassages qui ont conduit des soldats rwandais avec du sang sur les mains à occuper des postes stratégiques dans les FARDC ?
Où se trouve Bosco Ntaganda ? Où se trouve Nkunda Batware ?
Nous vous avions dit à travers notre dernière correspondance que l’on peut tromper un peuple, une fois, deux fois, mais pas trois fois. Croyez-vous que les Congolais sont dupes ?
Croyez-vous que les Congolais ne comprennent pas le jeu qui est entrain de se jouer actuellement? Croyez-vous que si la vérité des urnes a été acceptée, la situation qui prévaut actuellement à l’Est pouvait-elle exister ?
Croyez-vous que si le Congo était dirigé par des dirigeants responsables, compétents et aimant ce pays, le petit Rwanda que vous soutenez en coulisse pouvait-il être capable d’amener le Congo là où il est aujourd’hui ?
Croyez-vous que ce qui se passe présentement à l’Est avec des ex-combattants du CNDP-M23, c’est une mutinerie?
Des Congolais avertis comme le général Paul Mukobo savent «qu’il ne s’agit nullement d’une mutinerie. C’est un arrangement entre Joseph Kabila et les initiateurs du M-23 dans le but de déstabiliser et d’affaiblir le Congo.» Non, Monsieur le Ministre, le peuple congolais s’est déjà réveillé.
L’unique solution pour mettre fin à cette agression, c’est de faire comprendre au régime de Kinshasa qu’il doit respecter la volonté du peuple congolais exprimée lors de l’élection présidentielle du 28 novembre 2011.
Aussi longtemps que la Belgique et la Communauté Internationale ne prêteront pas une oreille attentive aux revendications des Congolais, le régime tyrannique, à l’installation duquel vous avez contribué et qui «gère» le pays par défi, ne fonctionnera jamais.
Nous nous battrons avec toute notre énergie, même s’il faut sacrifier nos vies humaines, nous le ferons. Car, le sang qui a déjà coulé au Congo est assez, nous n’allons pas avoir peur de verser le sang qui nous reste pour défendre l’indivisibilité de notre pays.
Ce projet macabre de balkanisation de notre pays auquel vous pensez ne verra jamais le jour aussi longtemps qu’il y aura un Congolais en vie. Pour votre information, le Congo n’est pas le Soudan.
Il n’y a aucun peuple sur la planète qui a déjà été humilié dans son propre pays et ailleurs comme les Congolais. Vous avez toujours prétendu que la démocratie est entrain de s’installer en RDCongo.
Où se trouve aujourd’hui, cette fameuse démocratie ?
Les fruits de cette démocratie ne sont-ils pas les crimes ciblés et les arrestations arbitraires?
Où se trouve le député Eugène Diomi Ndongala. Un député ayant l’immunité parlementaire que l’on arrête comme un simple citoyen. Au moment où nous parlons, ce député n’est-il pas dans une cellule du bureau de Pierre Lumbi, conseiller spécial de votre président Joseph Kabila, Hyppolite Kanambe (Son vrai nom de famille)?
Vous qui avez amené ce régime d’usurpateurs au pouvoir, malgré toutes les tricheries et les fraudes électorales qui ont été dénoncées et déplorées, est-ce votre ministère a-t-il déjà fait une quelconque déclaration pour condamner l’arrestation arbitraire de ce député national? D’ailleurs, le cas de Diomi n’est qu’un cas parmi tant d’autres et vous le savez bien.
Nous nous permettons de vous rappeler que le mal du Congo a un seul nom : « Joseph Kabila.» Le Congo n’ira jamais de l’avant aussi longtemps qu’il sera à la tête de ce pays. Son départ tout simplement permettra de mettre fin à toutes ces pseudos rébellions comme le M23 montées pour distraire le peuple congolais du vrai mal qui ronge le pays.
Monsieur le Ministre,
Permettez-moi de vous dire franchement que vous êtes un des responsables des malheurs des Congolais et du sang des congolais qui coule aujourd’hui. Ce sang qui coule criera vengeance demain. Et l’histoire ne vous pardonnera jamais pour avoir hypothéqué l’avenir de tant de générations.
A cause du sang qui a déjà coulé nous continuerons à nous battre jusqu’au sacrifice suprême pour défendre la terre de nos ancêtres.
Avec espoir que cette lettre retiendra votre entière attention pour que le sang des congolais cesse de couler.
Abbé Gilbert Yamba, prêtre
Copie :
-Madame Els SCHELFHOUT
-Madame Olga ZRIHEN
-Monsieur François-Xavier de Donnea
-Philippe Moureau
-Président du CDH
-Président du CD&v
-Président des FDF
Président du MLD
-Président du MR
-Président de la NVA
-Président du Vlaam Belang
Abbé Gilbert Yamba, prêtre - Bruxelles, le 8 août 2012
© Congoindépendant
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