02/09/2012
James KABAREBE - Ministre de la défense du gouvernement rwandais
En annonçant le retrait de 280 soldats rwandais de la RDC en justifiant leur présence par la traque conjointe des FDLR depuis 2009, le Rwanda voudrait tromper la vigilance de la communauté internationale en faisant croire qu’il existerait une coopération militaire entre Kinshasa et Kigali.
Monté depuis longtemps, le clou de cette nouvelle échappatoire a été l'interview de James Kabarebe avec Colette Braeckman. Interview dans laquelle il annone la présence officielle des soldats rwandais en RDC. Certainement pour préparer leur retrait.
Entre-temps, Kabarebe a continué à nier l'implication de son pays aux côtés du M-23, allant jusqu'à affirmer que toutes les preuves ont été fabriquées à Kinshasa pour accuser son pays.
Mais il a été incapable de dire si tout le monde est victime d'une hallucination collective en incriminant le Rwanda.
Après s'être livré, depuis quatre mois, à des dénégations sur son implication dans l'agression contre la RDC à travers le M-23, le Rwanda vient de dévoiler la présence effective de ses troupes sur le sol congolais.
Le ministère rwandais de la défense a, en effet, affirmé vendredi que son gouvernement a décidé de retirer 280 militaires qui étaient stationnés au Nord-Kivu. Il a affirmé que cette présence serait officielle et qu'elle remonterait à 2009 dans le cadre de la traque conjointe des FDLR.
Dans une interview qu'il avait accordée le 29 août 2012 dernier à Colette Braeckman, James Kabarebe, ministre rwandais de la défense, avait également affirmé que des soldats rwandais se trouvaient sur le sol congolais dans le cadre de l'opération Kimia 2 contre les FDLR.
Mais côté congolais, le porte-parole du Gouvernement affirme que la RDC n'a pas souvenance d'une présence officielle de troupes rwandaises en territoire congolais. Lambert Mende a indiqué, en effet, qu'il s'agit «d’une présence non autorisée des forces rwandaises après la fin des opérations conjointes depuis le 25 février 2009 ».
On se souvient qu'au terme de cette traque conjointe, les troupes rwandaises s'étaient ouvertement retirées de la RDC par Gisenyi à l'occasion d'une cérémonie officielle qui s'était tenue à Goma. Cette cérémonie était officiée par les ministres congolais et rwandais des Affaires étrangères.
En affirmant que ces troupes qui se retirent se trouvaient officiellement sur le sol congolais, Kigali tente de masquer son implication aux côtés du M-23, tout en cherchant à effacer les traces de sa culpabilité.
L'objectif serait de faire croire qu'il existerait une coopération militaire entre la RDC et le Rwanda, une présence qui justifiait donc la présence des troupes rwandaises sur le sol congolais.
Au final, Kigali escompte, par cette parade, une reconsidération des choses au niveau du Conseil de Sécurité pour éviter des sanctions.
Ainsi se poursuit la logique rwandaise de dénégations, mais qui, comme en 1998, finit par la reconnaissance de son implication dans la déstabilisation de l'Est de la RDC. Cette fois encore, le Rwanda a préparé le terrain pour organiser sa "sortie honorable" de ce nouveau pétrin.
Le clou du montage aura été cette longue interview de James Kabarebe qui est allé aux confins de l'injure pour ouvrir sur un incident diplomatique inévitable. Tout cela pour essayer de déplacer le sujet afin de détourner l'attention des responsabilités de son pays.
James KABAREBE - Ministre de la défense du gouvernement rwandais
En annonçant le retrait de 280 soldats rwandais de la RDC en justifiant leur présence par la traque conjointe des FDLR depuis 2009, le Rwanda voudrait tromper la vigilance de la communauté internationale en faisant croire qu’il existerait une coopération militaire entre Kinshasa et Kigali.
Monté depuis longtemps, le clou de cette nouvelle échappatoire a été l'interview de James Kabarebe avec Colette Braeckman. Interview dans laquelle il annone la présence officielle des soldats rwandais en RDC. Certainement pour préparer leur retrait.
Entre-temps, Kabarebe a continué à nier l'implication de son pays aux côtés du M-23, allant jusqu'à affirmer que toutes les preuves ont été fabriquées à Kinshasa pour accuser son pays.
Mais il a été incapable de dire si tout le monde est victime d'une hallucination collective en incriminant le Rwanda.
Après s'être livré, depuis quatre mois, à des dénégations sur son implication dans l'agression contre la RDC à travers le M-23, le Rwanda vient de dévoiler la présence effective de ses troupes sur le sol congolais.
Le ministère rwandais de la défense a, en effet, affirmé vendredi que son gouvernement a décidé de retirer 280 militaires qui étaient stationnés au Nord-Kivu. Il a affirmé que cette présence serait officielle et qu'elle remonterait à 2009 dans le cadre de la traque conjointe des FDLR.
Dans une interview qu'il avait accordée le 29 août 2012 dernier à Colette Braeckman, James Kabarebe, ministre rwandais de la défense, avait également affirmé que des soldats rwandais se trouvaient sur le sol congolais dans le cadre de l'opération Kimia 2 contre les FDLR.
Mais côté congolais, le porte-parole du Gouvernement affirme que la RDC n'a pas souvenance d'une présence officielle de troupes rwandaises en territoire congolais. Lambert Mende a indiqué, en effet, qu'il s'agit «d’une présence non autorisée des forces rwandaises après la fin des opérations conjointes depuis le 25 février 2009 ».
On se souvient qu'au terme de cette traque conjointe, les troupes rwandaises s'étaient ouvertement retirées de la RDC par Gisenyi à l'occasion d'une cérémonie officielle qui s'était tenue à Goma. Cette cérémonie était officiée par les ministres congolais et rwandais des Affaires étrangères.
En affirmant que ces troupes qui se retirent se trouvaient officiellement sur le sol congolais, Kigali tente de masquer son implication aux côtés du M-23, tout en cherchant à effacer les traces de sa culpabilité.
L'objectif serait de faire croire qu'il existerait une coopération militaire entre la RDC et le Rwanda, une présence qui justifiait donc la présence des troupes rwandaises sur le sol congolais.
Au final, Kigali escompte, par cette parade, une reconsidération des choses au niveau du Conseil de Sécurité pour éviter des sanctions.
Ainsi se poursuit la logique rwandaise de dénégations, mais qui, comme en 1998, finit par la reconnaissance de son implication dans la déstabilisation de l'Est de la RDC. Cette fois encore, le Rwanda a préparé le terrain pour organiser sa "sortie honorable" de ce nouveau pétrin.
Le clou du montage aura été cette longue interview de James Kabarebe qui est allé aux confins de l'injure pour ouvrir sur un incident diplomatique inévitable. Tout cela pour essayer de déplacer le sujet afin de détourner l'attention des responsabilités de son pays.
Les mensonges du désespoir
De bout en bout de cet entretien, le patron de la défense du Rwanda tente une triple démarche :
- Dégager la responsabilité rwandaise dans l'instabilité à l'Est ;
- Saper l'image de la RDC vis-à-vis de l'opinion nationale et internationale ;
- Ebranler les convictions de la communauté internationale quant à l'implication du Rwanda aux côtés du M-23.
Pour ce faire, James Kabarebe utilise le même matériau que Louise Mushikiwaba et les représentants de Paul Kagamé qui ont été entendus mardi dernier par le Comité des sanctions des Nations Unies.
Kabarebe use, en effet, de cette ligne de communication consistant à se présenter comme médiateur proposé dans la crise en RDC tout en tentant de discréditer l'enquête des Nations Unies en diabolisant les experts qui l'ont rédigé.
La démarche est très claire. Mais au bout du compte, le ministre rwandais de la Défense n'aura certainement pas réussi à convaincre déjà son interlocutrice, Colette Braeckman, qui, à plusieurs reprises, rebondissait sur ses propres propos.
L'exercice dure ainsi à travers toute l'interview et Kabarebe n'a que le choix du copier-coller en répétant les mêmes arguments.
Incident sur Joseph Kabila
Dans la foulée, Kabarebe tient un discours de nature à provoquer un incident diplomatique en dénigrant le Président Joseph Kabila, chose qu'aucun officiel congolais ne s'est permise jusqu'à ce jour à l'endroit de Paul Kagamé.
James Kabarebe cherche ainsi à ternir l'image de Joseph Kabila en insinuant qu'il aurait eu des relations d'affaires avec Bosco Ntaganda, notamment, à travers l'affaire de la cargaison d'or interceptée à Goma.
La vérité dans cette histoire est pourtant connue. Le 5 février 2011, en effet, la garde présidentielle en poste sur l’aéroport de Goma était intervenue à bord d’un Gulfstream V, un jet loué par la société de Houston Camac Energy, qui voulait redécoller.
Ses trois membres d’équipage et leurs quatre passagers sont arrivés à Goma le 3 février en fin de journée après avoir décollé du Fort Worth Alliance Airport, au Texas, et transité par les Bermudes puis Abuja, la capitale fédérale du Nigeria.
Après une fouille de l'avion, la sécurité congolaise découvre à bord du jet une cargaison de 480 kilogrammes d’or d'une valeur marchande de plus de 20 millions de dollars américains.
Comment peut-il être expliqué que ce soit la Garde présidentielle, souvent présentée comme une garde personnelle de Joseph Kabila, qui ait arraisonné une cargaison d'or que Kabarebe attribue au Président de la République ?
La connexion que James Kabarebe tente d'établir entre Kabila et Ntaganda ne vise donc qu'à discréditer le Chef de l'Etat congolais et semer le trouble et la zizanie. Non seulement dans les rangs de l'armée, mais aussi au sein de l'opinion nationale et internationale.
Cela dans le but unique de faire reconsidérer la position de la communauté internationale sur la responsabilité du Rwanda.
On sait, en effet, que c'est Joseph Kabila en personne qui, fin mars - début avril au moment des premiers bruits de bottes, avait fait le déplacement de Goma où il avait clairement indiqué que l'indiscipline dans les rangs de l'armée n'allait pas être tolérée.
C'est aussi lui qui avait prévenu qu'il n'y a pas d'armée pour telle tribu ou telle autre ; avant d'annoncer clairement des poursuites contre Bosco Ntaganda. C'est donc faux d'affirmer que l'arrestation annoncée de Ntaganda était le fruit des pressions occidentales sur Kinshasa pour que Ntaganda soit livré à la CPI.
Qui de Ntaganda et Makenga a fui avec 200 hommes ?
Le dispositif d'explication de Kabarebe se base sur des contacts qui auraient eu lieu bien avant le pogrome du Nord-Kivu. Mais James Kabarebe tronque les faits en faisant passer le Rwanda pour le bon gentil qui proposa aux émissaires du Gouvernement congolais la bonne manière d'éviter la guerre.
Kabarebe se perd dans des amalgames et des mensonges qui trahissent le désespoir qui l'anime, lui, son président Kagamé et tout l'establishment au pouvoir à Kigali.
Par exemple, Kabarebe dit avoir reçu le 5 février 2012 une délégation conduite par feu Katumba. Il affirme que c'est deux jours après cette rencontre, soit le 7 février, que Katumba va trouver la mort dans un crash aérien à Bukavu.
Tout le monde sait pourtant que l'accident avait eu lieu plutôt le dimanche 12 février en milieu d'après-midi.
De la problématique de Ntaganda et son arrestation, James Kabarebe élude maladroitement la question pour bifurquer en coq-à-l'âne vers l'affaire de la traque des FDLR.
Quel rapport y a-t-il entre l'arrestation de Ntaganda et la traque des FDLR ?
Et jusqu'à la fin de l'interview, James Kabarebe évite soigneusement de dire que le même fugitif (Ntaganda) se trouve aujourd'hui au Rwanda, alors qu'à plusieurs reprises il fait état de la proposition que Kigali avait faite de contribuer à son arrestation.
Au sujet de l'éclatement de la guerre, il affirme que Ntaganda avait fui avec deux cents hommes et, plus loin, il dit que c'est plutôt le général Makenga qui s'était retranché à Runyionyi avec deux cents hommes. Amalgame de désespoir !
De même, James Kabarebe essaie, sans y parvenir, de faire croire qu'au moment de l'éclatement de la guerre, les fugitifs de l'ex-CNDP s'étaient retranchés vers Runyionyi qui, c'est vrai, se trouve loin de la frontière avec le Rwanda.
Tout le monde sait, cependant, que c'est vers Bunagana que s'étaient retirés les rebelles et que c'est de là qu'ils ont relancé les opérations avec une puissance de feu décuplée.
Bunagana évitée au profit de Runyionyi
C'est donc ici que se révéla la connexion entre cette pseudo-rébellion et la vraie agression de la RDC par le Rwanda à travers le M-23.
Toutes les explications de Kabarebe sur une soi-disant désorganisation du commandement militaire au Congo et de mauvaises conditions de vie des soldats ne visent, par ailleurs, qu'à justifier la ligne de communication du M-23 sur laquelle il évite de s'attarder pour ne pas attirer l'attention.
Mais on comprend clairement que cette ligne de communication recoupe, de bout en bout, les prétextes qui ont toujours sous-tendu les équipées du Rwanda vers la RDC : traquer les FDLR, lutter contre l'oppression des populations rwandophones, faire revenir les réfugiés rwandophones qui se trouvent au Rwanda, etc.
Kigali a donc fait porter son cahier des charges au M-23 qui est sa propre création, un démembrement des unités spéciales du Rwanda détaché en RDC.
Par ailleurs, James Kabarebe verse dans des dénégations quant aux preuves avancées pour démontrer l'implication de son pays. Il affirme que des preuves auraient été fabriquées pour incriminer son pays, mais n'en donne, nulle part, la motivation de cette incrimination.
A croire que Kinshasa se serait trouvé une nouvelle vocation de croisée pour s'emparer du Rwanda.
Mais Kabarebe n'explique pas pourquoi la délégation rwandaise, qui avait participé à la contre-vérification des preuves accablant le Rwanda, avait refusé d'en signer le procès verbal.
Ces hommes avaient, en effet, dit se rendre à Gisenyi pour en référer à leur hiérarchie, mais ils ne sont plus revenus à Goma.
Vérité ou hallucination collective ?
Plus loin, toujours dans sa tentative de présenter son pays sous le jour de bon samaritain, Kabarebe affirme avoir reçu, dans sa chambre à Goma, un officier venu lui dire combien il s'inquiétait d'une manipulation qui aurait consisté à présenter un certain Saddam comme militaire rwandais alors qu'il serait congolais.
Il ne cite, cependant, pas le nom de son interlocuteur, preuve qu'il s'agit-là bien d'un fantôme avec qui il aurait eu un entretien virtuel dans sa chambre d'hôtel.
Kabarebe aura trahi, dans ses propos, les relations qu'il entretient avec la hiérarchie du M-23 lorsqu'il démontre sa parfaite connaissance de ses hommes. Il sait, par exemple, que Ntaganda était moins populaire que Makenga auprès des soldats.
Mais la tactique consiste plutôt à soustraire Ntaganda de l'étau international en cherchant à propulser Makenga au devant de la scène.
En fin de compte, l'on comprend que James Kabarebe s'est livré à un tissu de mensonges qui trahit le désespoir du Rwanda face aux sanctions qui se profilent à un horizon très proche.
Mais il ne parvient pas à placer cette pirouette pour desserrer l'étau de la communauté internationale.
Cette communauté internationale si hétéroclite dans ses intérêts et son regard sur l'Afrique, mais qui converge vers la même conviction de l'implication du Rwanda.
Colette Braeckman a, en effet, posé cette question à Kabarebe qui n'a pas su y répondre : tous ces pays occidentaux, dont ceux qui ont déjà infligé des sanctions contre le Rwanda, sont-ils victimes d'une hallucination collective ?
[PD Mpoko]
Direct.cd
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