Samedi, 29 Septembre 2012
C'est une véritable scène ubuesque qui s'est produite avant-hier jeudi 27 septembre à New York lors du mini sommet sur la crise à l'est du pays. Joseph Kabila, lassé par les agissements du Rwanda, a refusé de serrer la main de Paul Kagame.
Il faut dire depuis la reprise de la guerre dans le Kivu, les autorités rwandaises en ont fait voir à Joseph Kabila, des vertes et de pas mûres.
L'arrogance et l'hypocrisie du Rwanda ; qui continue à affirmer que la guerre dans le Rutshuru est une affaire congolo-congolaise, ont fini par irriter le président rd-congolais qui a presque perdu son flegme en refusant de saluer Paul Kagame.
Il a fallu l'intervention du secrétaire général de l'ONU pour que Kabila consente enfin à saluer Kagame qui n'a cessé de l'importuner depuis le début de l'agression.
Et le public a eu droit à l'image d'une poignée des mains entre deux ennemis qui cachent ce qui s'est pas réellement dans les coulisses. Cet incident était révélateur de l'ambiance qui allait régner tout au long du mini sommet auquel prenait part une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement.
Le travail de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, la veille du mini sommet pour rapprocher Kinshasa et Kigali n'a pas abouti. Entre les deux pays, c'est la méfiance voir la haine qui s'est installée.
Mais Kinshasa, soucieux de montrer sa bonne foi à la communauté internationale ne veut pas encore franchir le pas de l'escalade en rompant ses relations diplomatiques avec le Rwanda.
Les deux pays continuent donc à entretenir des relations diplomatiques. Kinshasa n'a pas non plus exigé la suspension ou l'exclusion du Rwanda des différents mécanismes de coopération militaire mis en place pour la surveillance de la frontière Rwando-congolaise.
Cette posture de Kinshasa dictée par le réalisme, car se sachant faible militairement, a donné des fruits sur le plan international. Kinshasa est perçu par la communauté internationale comme une victime de la belligérance du Rwanda qui appuie le mouvement rebelle dit M23.
Kigali avec cette crise a presque perdu sa virginité internationale du fait du génocide de 1994. Plusieurs bailleurs de fonds lui ont coupé l'aide. Le dernier d'entre eux est l'Union européenne. Un coup dur pour le pays de mille collines qui a besoin de cette aide pour faire marcher les différents projets de développement.
Le gel ou la révocation de l'aide internationale a le mérite d'accroître la pression interne sur Paul Kagame car les rwandais bénéficiaires de cette aide finiront un jour par demander des comptes à leurs dirigeants pour savoir pourquoi cette aide précieuse leur a été coupée.
Cette situation irrite Kigali au plus haut point. C'est ce contexte qui a précédé le mini sommet de New-York sur la crise dans la sous région de grands lacs. Au cours de ce sommet, Kinshasa a trouvé un allié de taille, son ancienne métropole la Belgique.
Timorée au début de la crise, la Belgique s'est montrée pugnace face à la fourberie du Rwanda. Le vice-premier ministre belge et ministre des affaires étrangères, Didier Reynders, sans aller par le dos de la cuillère, a sommé Kagame de se désolidariser du M23, de condamner publiquement le mouvement rebelle.
La pression était telle sur le Rwanda que Paul Kagame s'est levé et à quitté la salle.
« Il a perdu son sang froid » a dit un diplomate sur place.
Un autre encore a dit « qu'il a pété les plombs ».
Cette attitude de Paul Kagame que d'aucuns qualifient d'incident diplomatique, a desservi les intérêts du Rwanda car les chefs d'Etat et de gouvernement présents ont très peu apprécié ce comportement.
Se rendant compte de la bourde, la ministre des affaires étrangères du Rwanda a prétexté que Paul Kagame avait un rendez-vous urgent avec un autre chef d'Etat.
Y-a-t-il plus urgent que de mettre fin aux morts innocentes congolaises dans le Rutshuru?
Y a-t-il plus urgent que d'arrêter les viols et les différentes exactions sur les populations civiles?
Le royaume de Belgique à l'instar de la Monusco s'est donc avéré un allié de taille pour la RDC dans sa confrontation avec le Rwanda.
Piqué par on ne sait quelle mouche le gouvernement rd-congolais s'amusait, à la veille de la commémoration de son cinquantenaire, à ironiser sur l'influence de la Belgique dans le concert des Nations.
Aujourd'hui encore la Belgique est clairement du côté congolais. Les déclarations de ses dirigeants font foi. Son premier ministre à la tribune de l'ONU a plaidé pour l'intégrité territoriale de la RDC.
Un bémol tout de même, le mini sommet n'a pas été sanctionné par un communiqué final avec des orientations à la suite.
A la place, le procès-verbal de réunion ne mentionne nullement l'incident qui aurait dû donné à des regrets coulés sur papier. Prochaine étape, le comité de sanctions de l'ONU qui se réunira en novembre.
Les autorités rd-congolaises espèrent que de sanctions sévères seront prises contre le Rwanda et contre les criminels de guerre du M23 poursuivis par la Cour Pénale Internationale. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton s'est voulue ferme sur cette question.
En tous les cas, à New York, Kabila et sa délégation ont marqué des points. A l'interne par contre, la déception a été grande de constater que le président Kabila n'a pas osé mettre en cause directement Kigali dans son discours à la tribune des Nations-Unies.
Pourtant, tous à Kinshasa à commencer par Lambert Mende n'ont eu de cesse de pointer du doigt le voisin rwandais. Même réserve à l'endroit du M-23 que le régime fait passer pourtant pour le diable dans le discours officiel à Kinshasa.
A Kinshasa, d'ailleurs comme ailleurs, des analystes se sont rendus compte que le compte de séance reprend à plus égards le contenu du plan de paix de Vital Kamerhe remis au secrétaire général des Nations-Unies, le Coréen Ban Ki-Moon.
MATTHIEU KEPA
C'est une véritable scène ubuesque qui s'est produite avant-hier jeudi 27 septembre à New York lors du mini sommet sur la crise à l'est du pays. Joseph Kabila, lassé par les agissements du Rwanda, a refusé de serrer la main de Paul Kagame.
Il faut dire depuis la reprise de la guerre dans le Kivu, les autorités rwandaises en ont fait voir à Joseph Kabila, des vertes et de pas mûres.
L'arrogance et l'hypocrisie du Rwanda ; qui continue à affirmer que la guerre dans le Rutshuru est une affaire congolo-congolaise, ont fini par irriter le président rd-congolais qui a presque perdu son flegme en refusant de saluer Paul Kagame.
Il a fallu l'intervention du secrétaire général de l'ONU pour que Kabila consente enfin à saluer Kagame qui n'a cessé de l'importuner depuis le début de l'agression.
Et le public a eu droit à l'image d'une poignée des mains entre deux ennemis qui cachent ce qui s'est pas réellement dans les coulisses. Cet incident était révélateur de l'ambiance qui allait régner tout au long du mini sommet auquel prenait part une trentaine de chefs d'Etat et de gouvernement.
Le travail de la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton, la veille du mini sommet pour rapprocher Kinshasa et Kigali n'a pas abouti. Entre les deux pays, c'est la méfiance voir la haine qui s'est installée.
Mais Kinshasa, soucieux de montrer sa bonne foi à la communauté internationale ne veut pas encore franchir le pas de l'escalade en rompant ses relations diplomatiques avec le Rwanda.
Les deux pays continuent donc à entretenir des relations diplomatiques. Kinshasa n'a pas non plus exigé la suspension ou l'exclusion du Rwanda des différents mécanismes de coopération militaire mis en place pour la surveillance de la frontière Rwando-congolaise.
Cette posture de Kinshasa dictée par le réalisme, car se sachant faible militairement, a donné des fruits sur le plan international. Kinshasa est perçu par la communauté internationale comme une victime de la belligérance du Rwanda qui appuie le mouvement rebelle dit M23.
Kigali avec cette crise a presque perdu sa virginité internationale du fait du génocide de 1994. Plusieurs bailleurs de fonds lui ont coupé l'aide. Le dernier d'entre eux est l'Union européenne. Un coup dur pour le pays de mille collines qui a besoin de cette aide pour faire marcher les différents projets de développement.
Le gel ou la révocation de l'aide internationale a le mérite d'accroître la pression interne sur Paul Kagame car les rwandais bénéficiaires de cette aide finiront un jour par demander des comptes à leurs dirigeants pour savoir pourquoi cette aide précieuse leur a été coupée.
Cette situation irrite Kigali au plus haut point. C'est ce contexte qui a précédé le mini sommet de New-York sur la crise dans la sous région de grands lacs. Au cours de ce sommet, Kinshasa a trouvé un allié de taille, son ancienne métropole la Belgique.
Timorée au début de la crise, la Belgique s'est montrée pugnace face à la fourberie du Rwanda. Le vice-premier ministre belge et ministre des affaires étrangères, Didier Reynders, sans aller par le dos de la cuillère, a sommé Kagame de se désolidariser du M23, de condamner publiquement le mouvement rebelle.
La pression était telle sur le Rwanda que Paul Kagame s'est levé et à quitté la salle.
« Il a perdu son sang froid » a dit un diplomate sur place.
Un autre encore a dit « qu'il a pété les plombs ».
Cette attitude de Paul Kagame que d'aucuns qualifient d'incident diplomatique, a desservi les intérêts du Rwanda car les chefs d'Etat et de gouvernement présents ont très peu apprécié ce comportement.
Se rendant compte de la bourde, la ministre des affaires étrangères du Rwanda a prétexté que Paul Kagame avait un rendez-vous urgent avec un autre chef d'Etat.
Y-a-t-il plus urgent que de mettre fin aux morts innocentes congolaises dans le Rutshuru?
Y a-t-il plus urgent que d'arrêter les viols et les différentes exactions sur les populations civiles?
Le royaume de Belgique à l'instar de la Monusco s'est donc avéré un allié de taille pour la RDC dans sa confrontation avec le Rwanda.
Piqué par on ne sait quelle mouche le gouvernement rd-congolais s'amusait, à la veille de la commémoration de son cinquantenaire, à ironiser sur l'influence de la Belgique dans le concert des Nations.
Aujourd'hui encore la Belgique est clairement du côté congolais. Les déclarations de ses dirigeants font foi. Son premier ministre à la tribune de l'ONU a plaidé pour l'intégrité territoriale de la RDC.
Un bémol tout de même, le mini sommet n'a pas été sanctionné par un communiqué final avec des orientations à la suite.
A la place, le procès-verbal de réunion ne mentionne nullement l'incident qui aurait dû donné à des regrets coulés sur papier. Prochaine étape, le comité de sanctions de l'ONU qui se réunira en novembre.
Les autorités rd-congolaises espèrent que de sanctions sévères seront prises contre le Rwanda et contre les criminels de guerre du M23 poursuivis par la Cour Pénale Internationale. La secrétaire d'Etat Hillary Clinton s'est voulue ferme sur cette question.
En tous les cas, à New York, Kabila et sa délégation ont marqué des points. A l'interne par contre, la déception a été grande de constater que le président Kabila n'a pas osé mettre en cause directement Kigali dans son discours à la tribune des Nations-Unies.
Pourtant, tous à Kinshasa à commencer par Lambert Mende n'ont eu de cesse de pointer du doigt le voisin rwandais. Même réserve à l'endroit du M-23 que le régime fait passer pourtant pour le diable dans le discours officiel à Kinshasa.
A Kinshasa, d'ailleurs comme ailleurs, des analystes se sont rendus compte que le compte de séance reprend à plus égards le contenu du plan de paix de Vital Kamerhe remis au secrétaire général des Nations-Unies, le Coréen Ban Ki-Moon.
MATTHIEU KEPA
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