Le gouvernement congolais reste incapable de défendre et de protéger sa population.
Une opinion de Plateforme Afrique centrale du CNCD-11.11.11 et Collectif “Tous ensemble pour la cause des femmes en République démocratique du Congo”
"Ils étaient dix, grands, petits, maigres, gros Ils étaient dix, ils se sont relayés et chacun d’eux a pris possession de mon corps Au début, je n’ai pas compris, c’était ma première fois, j’ai eu l’impression de mourir, j’aurais voulu disparaître, mais j’étais bien là ! Ils se sont engouffrés, le sang a giclé, je me sentais sale, j’avais honte Aujourd’hui, j’erre dans la ville en espérant rencontrer la mort à un coin de rue..."
Nzigire, Sifa, Mawouwa, Furaha, Neema chacune a vécu la même expérience dans l’Est du Congo. Le conflit perdure et le nombre de victimes ne cesse d’augmenter. Selon des estimations provenant d’organisations non gouvernementales (Amnesty International, Human Rights Watch) qui travaillent sur place, une centaine de femmes seraient violées chaque jour et utilisées comme esclaves sexuelles par les différentes rébellions pour affaiblir les populations locales, en vue de l’exploitation illégale des ressources minières.
Une exploitation qui contribue au pillage du sous-sol de la région et qui favorise le commerce des métaux rares et précieux, tel le colombo-tantalite, mieux connu sous le nom de coltan, indispensable à la fabrication de nos GSM.
En effet, en RDC, le viol est utilisé comme une arme de guerre et fait partie intégrante du système mis en place pour alimenter un conflit meurtrier. La conférence internationale de la région des Grands Lacs, qui vient de se clôturer à Kampala, n’a abouti sur aucun accord de paix, laissant l’Est du Congo en proie à de nouveaux conflits.
Chaque jour, le bilan ne cesse de s’alourdir. Les viols continuent, les populations civiles sont massacrées et la faune - une des plus riches de l’humanité, plusieurs espèces sont protégées - ainsi que la flore sont détruites. Et cela dure depuis vingt ans.
Vingt longues années au cours desquelles, dans le silence et l’indifférence la plus complète du reste du monde, les morts s’accumulent, des femmes, des hommes, des enfants sont violés et abusés.
Aujourd’hui, une nouvelle rébellion sévit dans la région : le M23, Mouvement du 23 mars 2009, qui, selon un récent rapport des Nations unies, serait activement soutenu par le Rwanda.
Le gouvernement congolais, quant à lui, reste incapable de défendre et de protéger sa population. L’armée congolaise passe plus de temps à racketter la population qu’à la protéger ou à faire la guerre à l’ennemi.
Bien que, depuis 1999, les Nations unies disposent d’une force multinationale sur place (dont l’effectif atteint aujourd’hui plus de 19000 hommes), la situation sécuritaire en RDC reste préoccupante et le nombre de victimes civiles ne cesse d’augmenter car le résultat de son action reste mitigé et peu efficace.
Des milliers de villageois ont abandonné leurs habitations et vivent dans la forêt, des centaines de femmes continuent à être violées, des milliers d’enfants sont privés de toute éducation Et le monde se tait, les bourreaux restent impunis et protégés par leurs complices, les victimes se retrouvent abandonnées à elles-mêmes.
Nous pensons que cette guerre et ces crimes doivent interpeller toute femme, tout homme épris de paix et de justice. C’est la raison de cet appel en faveur d’une mobilisation citoyenne internationale afin que cette guerre injuste cesse et que justice soit rendue à ces populations qui souffrent et meurent en silence.
Le Conseil de sécurité doit condamner fermement le soutien du Rwanda aux différentes rébellions. Des sanctions financières et militaires doivent être prises contre ce pays pour le contraindre à arrêter ses interventions au Congo et à coopérer à l’arrestation des criminels de guerre protégés par Kigali et recherchés par la justice internationale.
Nous demandons donc à l’Union européenne ainsi qu’à l’ensemble de ses pays membres de geler l’aide destinée au Rwanda (à l’exception de l’aide humanitaire). Le retour de cette aide doit être conditionné à la fin du soutien rwandais à l’occupation de l’est de la RDC, ainsi qu’à l’arrestation des chefs rebelles qui sont protégés par Kigali et à leurs transferts devant la Cour pénale internationale pour répondre de leurs actes. Ces mesures sont nécessaires pour obliger l’armée rwandaise à arrêter ses multiples interventions au Congo.
Nous demandons aussi que des pressions soient faites pour la réforme de l’armée congolaise en vue de lui permettre de remplir correctement sa mission de défense du territoire et de protection de la population.
Les victimes ont besoin de nous. Chacun(e), où qu’il (elle) se trouve, devrait avoir une pensée pour ces femmes, ces enfants et ces hommes abandonnés à eux-mêmes. En leur nom, et pour un monde plus humain et plus juste, nous demandons la paix en RDC. Pour eux, pour elles, nous voulons une justice et la fin de l’impunité !
Le collectif "Tous Ensemble pour la paix en RDC", la plate-forme Afrique centrale du CNCD-11.11.11 ainsi que plusieurs acteurs de la société civile se mobilisent pour que la Belgique, l’Union européenne et la communauté internationale s’engagent en faveur de la paix au Congo.
Plusieurs manifestations et rassemblements pacifiques sont prévus et ouverts à tous: - Un rassemblement pour la paix aura lieu le samedi 8 septembre 2012, place de la Monnaie à Bruxelles.
Une grande marche silencieuse aura lieu le samedi 6 octobre 2012 à Bruxelles, en solidarité avec toutes les victimes de la guerre au Congo.
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