lundi 3 septembre 2012

"Pourquoi je soutiens Bachar"

Capture d'écran d'une vidéo amateur montrant une manifestation de soutien à Bachar al-Assad. Postée sur YouTube le 19 septembre 2011. 
 
Malgré l'intensification du conflit en Syrie et alors que le nombre de victimes civiles ne cesse d'augmenter, Bachar al-Assad semble toujours disposer de partisans au sein de la population. Nous avons donc donné la parole à des citoyens qui soutiennent toujours le président, envers et contre tout.
 
Aucune solution au conflit syrien ne semble se dégager en raison des profondes divisions au sein de la communauté internationale, les pays occidentaux réclamant le départ de Bachar al-Assad, mais la Russie, la Chine et l'Iran, alliés de Damas, se contentant de prôner un dialogue entre pouvoir et opposition.
 
Depuis le début de la révolte en mars 2011, plus de 25 000 Syriens, pour la majorité des civils, ont été tués selon l’Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Selon cette même organisation, 2 millions de personnes ont dû fuir leur maison et des centaines de milliers se sont réfugiées dans les pays voisins.
 
Dans un rapport publié le 15 août, une commission d'enquête de l'ONU accuse de crimes contre l'humanité le régime syrien à qui il attribue notamment la responsabilité du massacre de Houla, un village près de Homs où le 25 mai 108 personnes dont 49 enfants ont trouvé la mort. L'opposition armée est elle aussi accusée de crimes de guerre, mais à une échelle moindre.
 
Sur les Observateurs, nous avons donné la parole à de multiples reprises à des activistes qui dénoncent les atrocités commises par le régime syrien. Il nous paraissait essentiel de donner également la possibilité de s’exprimer à des citoyens qui continuent de défendre Bachar al-Assad.

"Je préfère Assad aux djihadistes"


Louaï, 40 ans, monteur.
  
Je soutiens Bachar al-Assad parce que je suis contre l’opposition armée. Le seul espoir de sortir le pays de cette crise est que l’opposition abandonne la violence et accepte de venir à la table des négociations sans poser de conditions préalables [le Conseil national syrien pose le départ du président comme préalable à toute négociation, ndlr]. Je ne suis pas contre l’idée d’un transfert du pouvoir mais cela ne peut pas se faire sans Bachar al-Assad. C’est lui qui détient la clé de la solution.
 
Les gens qui sont en train de combattre le régime n’ont pas pris les armes pour des idéaux démocratiques mais dans le simple but de prendre le pouvoir. L’Armée syrienne libre est constituée de djihadistes salafistes dont beaucoup sont venus de l’étranger pour semer la zizanie dans notre pays.
 
  
 "Quand je vois ce qui se passe aujourd’hui dans des pays qui ont connu des révolutions, je m’inquiète"
 
  
Personnellement, quand je vois ce qui se passe aujourd’hui dans des pays qui ont connu des changements de gouvernement suite à des révolutions, comme en Tunisie où les salafistes sont en train d’imposer leur loi par la violence, l’éventualité d’une victoire de l’opposition en Syrie m’inquiète.
  
Jaramana, où je vis [localité située à 10 kilomètres de Damas, ndlr], était la ville la plus paisible de Syrie jusqu’à il y a trois jours, quand une voiture piégée a explosé près d’un convoi funéraire. Ici, plusieurs communautés - chrétiens, sunnites, alaouites, druzes - vivent depuis toujours en totale harmonie. Je suis personnellement de confession chiite et mon épouse est chrétienne. C’est cette coexistence pacifique qui est aujourd’hui remise en cause. Je doute fort que les djihadistes, s’ils arrivent à renverser le régime, acceptent de jouer le jeu de la démocratie et ne s’en prennent pas aux Syriens d’autres religions.

"Assad a mené des réformes démocratiques"


Nourane, 30 ans, vit à Damas.
  
Il ne faut pas oublier que Bachar al-Assad a lancé des réformes démocratiques : il a notamment aboli l’état d’urgence [dans le but d’apaiser la contestation, le gouvernement a adopté le 21 avril 2011 des projets de lois pour lever l’état d’urgence, abolir la Haute Cour de sûreté de l’Etat, une juridiction d’exception, et réglementer le droit de manifester, ndlr] et fait adopter une nouvelle Constitution basée sur le pluralisme politique [26 février 2012, ndlr].
 
J’ai voté démocratiquement pour sa réélection [Bachar al-Assad a été reconduit à la présidence de la République avec 97,62 % des suffrages exprimés lors d'un référendum présidentiel organisé le 27 mai 2007, un scrutin considéré comme frauduleux, ndlr] et pour la nouvelle Constitution. De quel droit veut-on m'empêcher d'avoir un président que j'ai choisi ?
 
On ne peut pas rendre Bachar al-Assad responsable de tous les maux de la Syrie. Les erreurs sont souvent commises par des responsables locaux, le président ne peut pas être partout. Souvenez-vous, le point de départ de la crise en Syrie, c'était les manifestations qui avaient éclaté en mars 2011 à Deraa. Les forces de l'ordre avaient tiré sur des manifestants qui étaient descendus dans la rue pour réclamer la libération de jeunes adolescents arrêtés et maltraités par le forces de l'ordre quelques jours auparavant pour avoir tagué sur les murs des slogans de la révolution égyptienne. C'est ce qui a mis le feu aux poudres. Ce qu'on feint d'ignorer, c'est que suite à cette tragédie le président avait limogé et sanctionné le gouverneur de Deraa, Kaltoum Fayçal, qui avait pris seul la décision d'emprisonner ces adolescents et de tirer sur les manifestants. Le président avait même reçu les chefs de clan de Deraa pour apaiser les esprits.
 
Nous sommes tous contre la corruption et la bureaucratie, et pour la liberté en Syrie. Mais nous ne voulons pas de ces gens qui assassinent le peuple syrien au nom de la liberté. Et c'est exactement le sens des réformes que le président a lancé [dans une tentative d’apaisement, Bachar al-Assad a annoncé, en février 2011, une baisse de la TVA, le recrutement de 67 000 fonctionnaires et le renvoi de centaines d’autres, accusés de corruption, ndlr].
  
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