03/10/2012
Honore NGBANDA - Président national de l’APARECO
C’est inédit dans les annales de l’organisation des Nations unies, ce qui s’est passé à New York le 26 septembre 2012 dernier.
Pour la toute première fois de l’histoire les participants à une assemblée générale ont eu droit à deux adresses venant d’un même pays. Sur la préoccupante situation que traverse notre pays la République Démocratique du Congo, deux voix se sont faites entendre.
Celle du président en exercice Joseph Kabila, qui a eu à prendre la parole du haut de la tribune devant une audience composée des représentants des pays membres de l’ONU, et celle de Honoré Ngbanda, président national de l’Alliance des Patriotes pour la Refondation du Congo (APARECO).
Le message de celui-ci est entré par effraction dans la salle où, en deux versions (français et anglais), il a été distribué à tous les délégués par un groupe des patriotes congolais.
Si de cette double voix congolaise les règles strictes du protocole ont ressenti un coup de grisous, il n’en est pas de même du dossier Congo lui-même qui, présenté et décliné sous des fonds et des tons différents, n’est pas entré dans les seules oreilles des sourds ou n’aura échappé qu’aux seuls regards des aveugles.
Mais qu’est-ce que les Etats membres et leurs délégations ont-ils retenu de ces deux discours? Pour tout dire la nette différence des vues, des potentiels intellectuels et politiques et finalement de prospectives entre MM. Joseph kabila et Honoré Ngbanda sur le Congo s’est révélée au grand jour, disqualifiant le premier au profit du second dans la traduction et la gestion de la tragédie que vit présentement le Congo.
Analyse
A l’évidence en effet, ces deux discours ont principalement eu en commun un souci : dénoncer devant la face du monde la guerre qui sévit en RD Congo.
Ainsi dans un discours de 986 mots, 509 ont été consacrés par Joseph Kabila au problème auquel fait face le Congo, soit à peine un peu plus de la moitié de son texte.
Le reste de mots a été consacré aux formules de courtoisie à l’endroit du bureau de l’assemblée générale (76 mots) et à son approche de “L’ajustement ou le règlement des différends internationaux par les moyens pacifiques” (385 mots), thème officiel de la dite session.
Pour sa part, Honoré Ngbanda, dans un message comptant 2153 mots, à peine 10 mots sortent en quelque sorte du champ du drame Congolais. Premier point au marquoir a l’avantage de M. Honoré Ngbanda.
Le drame congolais ce dernier en remonte les origines à l’agression de la RD Congo en octobre 1996, contrairement à Joseph Kabila pour qui “c’est en effet depuis le mois de mars de cette année [2012] ».
Que disait déjà le premier ministre britannique Winston Churchill à ce sujet ? : « Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur ».
Deuxième point.
Par ailleurs, sur le plan du spectre du drame, les deux hommes politiques n’en ont pas non plus une même lecture que ce soit en terme de l’étendue de la zone touchée, que celle du nombre des victimes.
Joseph Kabila dans son adresse prend les choses au minima en réduisant le théâtre du drame congolais à la seule province du Nord Kivu redevenue, dit-il, « strictement célèbre » [du fait de la guerre]: « Au moment où je vous parle, des centaines de milliers d’enfants, de femmes et d’hommes du Nord Kivu sont privés de paix et font l’objet des traitements inhumains et dégradants (…) ».
Et quid du Sud Kivu, de la province Orientale (Ituri) et du Nord Katanga où s’activent des bandes armées proches du même M23 et appuyées par les mêmes entités qui soutiennent la « force négative » en action dans le Nord Kivu ? Silence de Joseph Kabila.
Mais pourquoi ? Peut-être parce que, comme dit Friedrich Nietzsche, « il est plus facile de s’arranger avec sa mauvaise conscience qu’avec sa mauvaise réputation.»
Pour Honoré Ngbanda le corps national est un tout et ne peut donc être considéré comme un amas d’organes disparates les uns les autres et n’entretenant aucun lien entre eux. Dès lors qu’aucun espace du Congo n’échappe à l’emprise de l’occupation étrangère c’est le Congo tout entier qui souffre et qu’il considère comme le théâtre du drame congolais.
«Le peuple congolais a trop souffert de ces multiples agressions injustes qui violent la charte de l’ONU et tous les instruments pertinents du droit international. Le peuple congolais est fatigué de compter ses victimes, plus de 8 millions de morts!
La RDC est fatiguée de voir sa population violentée, massacrée, dépecée, ses fils décapités ou enterrés vivants, ces jeunes filles, ses femmes, ses mères et ses grand-mères sauvagement violées et mutilées par ses envahisseurs étrangers. Cet enfer dure depuis 17 ans! »
Troisième point.
Mais qui sont réellement les auteurs des malheurs qui frappent les “centaines de milliers d’enfants, de femmes et d’homme du Nord Kivu (selon Joseph Kabila) ou « le peuple Congolais » (selon Honoré Ngbanda) ?
Les réponses à cette question sont révélatrices du degré de courage avec lequel l’un et l’autre peuvent faire montre devant une situation difficile. Tant il est vrai qu’on ne saurait guérir une maladie dont on ignore les origines et qu’on ne sait pas nommer.
Pour Joseph Kabila il s’agit d’ « une force négative dirigée par des éléments impénitents du fait de leur grande capacité de nuisance et de soutiens extérieurs ».
Comme ces mots ou ces noms que dans une certaine culture en vogue dans la région des Grands Lacs et principalement au Rwanda qu’on doit se garder de prononcer de peur de s’attirer malheur, Joseph Kabila a choisi de botter en touche et ne guère oser mettre un moindre nom, une moindre identité à cette « force négative» et leurs « soutiens extérieurs ».
Pour Honoré Ngbanda par contre, preuve de courage et d’indépendance vis-à-vis de ces forces qui émasculent pratiquement l’actuel garant de l’indépendance et de la souveraineté de la RD Congo, il s’agit, dit-il, du « gouvernement rwandais (…) à travers la prétendue rébellion du M23 qui poursuit en réalité l’œuvre d’occupation militaire, de peuplement des terres congolaises par la population étrangère d’origine rwandaise, de pillage des ressources naturelles, de balkanisation et de mise à mort de la République Démocratique du Congo en tant qu’Etat souverain et membre de l’Organisation des Nations Unies », mais aussi l’Ouganda, le tout avec la complicité, souligne-t-il, d’un ancien officier de l’armée régulière rwandaise, un certain commandant Hippolyte Kanambe, de son vrai nom, imposé au peuple congolais sous le nom de « Joseph Kabila ».
Quatrième point.
Et plus que Joseph Kabila qui a aussi mais très timidement montré quelques frêles biceps soulignant sa détermination « à consacrer toutes nos ressources humaines, matérielles et financières, quitte à sacrifier nos ambitions légitimes pour l’émergence du Congo », «à garantir la cohésion nationale et à assurer une égale protection à tous les citoyens congolais » dans un pays qu’il invite tout le monde à considérer comme « un placement sûr », Honoré Ngbanda monte encore plus haut, tend un bras de fer dans un gang de velours et se veut apaisant.
Il se dit n’être ni raciste, ni xénophobe, ni défenseur d’un quelconque débat identitaire et encore moins d’être un anti-rwandais : «Depuis l’indépendance de la RDC en 1960, le peuple rwandais a fortement bénéficié de l’hospitalité légendaire du peuple congolais sans qu’il y ait conflit entre ces deux peuples. Il en a toujours été ainsi des peuples des huit autres pays frontaliers de la RDC.
Ne nous voilons pas la face. Le conflit actuel avec le Rwanda est le fruit d’une politique expansionniste et hégémoniste conçu et appliqué par Paul KAGAME et qui a pour objectif l’occupation de la partie Est de la RDC par la force et la ruse en vue de l’annexer au Rwanda ».
Et cela il ne le laissera pas s’accomplir.
Et lorsque vient le moment de proposer des solutions et des sanctions à l’endroit des ceux-là qui mettent la RD Congo à feu et à sang, Joseph Kabila et Honoré Ngbanda regardent pour une fois dans une même direction.
En effet, tous les deux trouvent que la situation que traverse le Congo est inacceptable et qu’elle doit donner lieu à des sanctions de la communauté internationale. Les deux hommes invitent les Nations Unies à faire appliquer ses résolutions et décisions du Conseil de sécurité déjà prises sur le Congo. Il s’agit notamment des sanctions que tous les deux hommes préconisent contre les agresseurs du Congo.
Tenus par la gorge jusqu’à la place publique
Mais la différence entre Joseph Kabila et Honoré Ngbanda sur ce volet n’en est pas moins grande. Parce que loupant une occasion en or pour tirer le maximum de la tribune et de l’audience d’une assemblée générale des Nations Unies que tout chef d’Etat d’un pays agressé aurait souhaité avoir, pour plaider sa cause et confondre son ennemi, le premier ne s’est contenté que de formuler le vœu « de voir notre Organisation engager tous les Etats membres, particulièrement ceux qui se laissent tenter par la violence, au respect des principes directeurs de la Charte des Nations unies ».
En revanche, très incisif et plus combatif que ce dernier, Honoré Ngbanda a esquissé en guise des solutions une série de six points où aucun quartier n’est fait aux agresseurs et leurs mentors de l’intérieur comme de l’extérieur du pays. Au contraire il les tient tous par la gorge, et grâce à cette clef qui ne les laisse guère respirer, il les traîne devant la place publique et ne les lâchera qu’une fois ces derniers mis hors d’état de nuire.
Aussi, demande-t-il au secrétaire général de l’Onu « de débarrasser la République Démocratique du Congo de tous les agresseurs étrangers qui occupent par la force, par la ruse ou la fraude ses institutions et ce, en commençant par la plus haute institution du pays, la Présidence de la République, actuellement occupée par « Joseph», de son vrai nom Hyppolite KANAMBE, officier de l’armée rwandaise ayant servi sous les ordres du Colonel James KABAREBE (actuellement Général et Ministre de la Défense du Rwanda) ».
Mais pourquoi voue-t-on Joseph Kabila aux gémonies ?
La réponse de Ngbanda tombe comme un couperet sur le cou de celui-ci, en même temps qu’elle soulève un pan du lugubre voile jeté sur le visage des Congolais et ressemble à un véritable réquisitoire digne d’un procureur de la République à charge d’un accusé de crime de haute trahison : « [Joseph Kabila] est le personnage central de la crise parce qu’il favorise le projet d’occupation, de pillage des ressources naturelles, de partition de la RDC par la déstructuration systématique de l’armée nationale congolaise, l’infiltration des militaires et cadres rwandais en RDC, ainsi que par l’élimination des militaires congolais et opposants politiques. »
Cinquième point. Joseph Kabila est complètement groggy.
Ensuite, « l’Onu doit rejeter la décision de créer une force d’interposition à la frontière avec la participation des troupes rwandaises et ougandaises qui veulent jouer aux pyromanes et aux sapeurs-pompiers sur un territoire à jamais marqué par leur insatiable et brutal hégémonisme. Mais de responsabiliser à cette fin les troupes de l’ONU en leur confiant plus de responsabilité dans leur mission de protéger les populations congolaises ».
Enfin, montrant à ceux qui veulent bien comprendre ce à quoi il croit et dans laquelle il entend conduire les patriotes congolais, et afin qu’au moment opportun rien ne soit opposable à leur action, Ngbanda invite la communauté internationale à « reconnaître au peuple congolais, sous l’encadrement des forces et des organisations patriotes qui de plus en plus prennent corps sur l’ensemble du territoire national, le droit à la légitime défense et le recours à tous les moyens de droit et de faits en vue de mettre un terme à l’occupation de son pays, aux pillages de ses ressources et aux massacres de ses populations par des pays tiers de la sous-région des Grands lacs, notamment le Rwanda et l’Ouganda ».
Sixième point. Point inutilement gagné sur un adversaire déjà déclassé.
Que conclure ?
En définitive c’est un Joseph Kabila timoré, hésitant et mal à l’aise comme jamais ne l’a été à la tribune d’une session ordinaire des nations unies un président d’un pays agressé que le monde a découvert. Qu’il soit le fait d’une personnalité en proie aux conflits intérieurs ou d’une absence des mains libres dans la gestion d’une situation qui met à mal la souveraineté et l’existence du pays dont il a la charge, le manque de punch de Joseph Kabila a desservi terriblement la cause congolaise.
En témoigne l’échec cuisant, marqué par un pied de nez du président Paul Kagame du Rwanda, de la rencontre entre les deux chefs d’Etat du lendemain 27 septembre, à l’initiative du Secrétaire Général Ban ki-Moon.
Par contre à travers son message, Honoré Ngbanda s’est montré plus proche des préoccupations d’un peuple congolais qu’il voit comme un tout et plus à même de mettre un terme aux guerres et aux violences auxquelles il fait face depuis plus d’une décennie.
En témoigne (et c’est à souligner en gras), au sein de toute la classe politique congolaise, Honoré Ngbanda est le seul à avoir cru qu’il était de son devoir politique de s’adresser à l’assemblée générale des nations unies pour faire entendre la voix réelle des patriotes Congolais. Signe de destin.
Londres , 1er Octobre 2012
Guillaume AMISI KILOSHO
Secrétaire National Exécutif en charge de la Presse
et de la Communication au sein de l’APARECO
© KongoTimes
Honore NGBANDA - Président national de l’APARECO
C’est inédit dans les annales de l’organisation des Nations unies, ce qui s’est passé à New York le 26 septembre 2012 dernier.
Pour la toute première fois de l’histoire les participants à une assemblée générale ont eu droit à deux adresses venant d’un même pays. Sur la préoccupante situation que traverse notre pays la République Démocratique du Congo, deux voix se sont faites entendre.
Celle du président en exercice Joseph Kabila, qui a eu à prendre la parole du haut de la tribune devant une audience composée des représentants des pays membres de l’ONU, et celle de Honoré Ngbanda, président national de l’Alliance des Patriotes pour la Refondation du Congo (APARECO).
Le message de celui-ci est entré par effraction dans la salle où, en deux versions (français et anglais), il a été distribué à tous les délégués par un groupe des patriotes congolais.
Si de cette double voix congolaise les règles strictes du protocole ont ressenti un coup de grisous, il n’en est pas de même du dossier Congo lui-même qui, présenté et décliné sous des fonds et des tons différents, n’est pas entré dans les seules oreilles des sourds ou n’aura échappé qu’aux seuls regards des aveugles.
Mais qu’est-ce que les Etats membres et leurs délégations ont-ils retenu de ces deux discours? Pour tout dire la nette différence des vues, des potentiels intellectuels et politiques et finalement de prospectives entre MM. Joseph kabila et Honoré Ngbanda sur le Congo s’est révélée au grand jour, disqualifiant le premier au profit du second dans la traduction et la gestion de la tragédie que vit présentement le Congo.
Analyse
A l’évidence en effet, ces deux discours ont principalement eu en commun un souci : dénoncer devant la face du monde la guerre qui sévit en RD Congo.
Ainsi dans un discours de 986 mots, 509 ont été consacrés par Joseph Kabila au problème auquel fait face le Congo, soit à peine un peu plus de la moitié de son texte.
Le reste de mots a été consacré aux formules de courtoisie à l’endroit du bureau de l’assemblée générale (76 mots) et à son approche de “L’ajustement ou le règlement des différends internationaux par les moyens pacifiques” (385 mots), thème officiel de la dite session.
Pour sa part, Honoré Ngbanda, dans un message comptant 2153 mots, à peine 10 mots sortent en quelque sorte du champ du drame Congolais. Premier point au marquoir a l’avantage de M. Honoré Ngbanda.
Le drame congolais ce dernier en remonte les origines à l’agression de la RD Congo en octobre 1996, contrairement à Joseph Kabila pour qui “c’est en effet depuis le mois de mars de cette année [2012] ».
Que disait déjà le premier ministre britannique Winston Churchill à ce sujet ? : « Plus vous saurez regarder loin dans le passé, plus vous verrez loin dans le futur ».
Deuxième point.
Par ailleurs, sur le plan du spectre du drame, les deux hommes politiques n’en ont pas non plus une même lecture que ce soit en terme de l’étendue de la zone touchée, que celle du nombre des victimes.
Joseph Kabila dans son adresse prend les choses au minima en réduisant le théâtre du drame congolais à la seule province du Nord Kivu redevenue, dit-il, « strictement célèbre » [du fait de la guerre]: « Au moment où je vous parle, des centaines de milliers d’enfants, de femmes et d’hommes du Nord Kivu sont privés de paix et font l’objet des traitements inhumains et dégradants (…) ».
Et quid du Sud Kivu, de la province Orientale (Ituri) et du Nord Katanga où s’activent des bandes armées proches du même M23 et appuyées par les mêmes entités qui soutiennent la « force négative » en action dans le Nord Kivu ? Silence de Joseph Kabila.
Mais pourquoi ? Peut-être parce que, comme dit Friedrich Nietzsche, « il est plus facile de s’arranger avec sa mauvaise conscience qu’avec sa mauvaise réputation.»
Pour Honoré Ngbanda le corps national est un tout et ne peut donc être considéré comme un amas d’organes disparates les uns les autres et n’entretenant aucun lien entre eux. Dès lors qu’aucun espace du Congo n’échappe à l’emprise de l’occupation étrangère c’est le Congo tout entier qui souffre et qu’il considère comme le théâtre du drame congolais.
«Le peuple congolais a trop souffert de ces multiples agressions injustes qui violent la charte de l’ONU et tous les instruments pertinents du droit international. Le peuple congolais est fatigué de compter ses victimes, plus de 8 millions de morts!
La RDC est fatiguée de voir sa population violentée, massacrée, dépecée, ses fils décapités ou enterrés vivants, ces jeunes filles, ses femmes, ses mères et ses grand-mères sauvagement violées et mutilées par ses envahisseurs étrangers. Cet enfer dure depuis 17 ans! »
Troisième point.
Mais qui sont réellement les auteurs des malheurs qui frappent les “centaines de milliers d’enfants, de femmes et d’homme du Nord Kivu (selon Joseph Kabila) ou « le peuple Congolais » (selon Honoré Ngbanda) ?
Les réponses à cette question sont révélatrices du degré de courage avec lequel l’un et l’autre peuvent faire montre devant une situation difficile. Tant il est vrai qu’on ne saurait guérir une maladie dont on ignore les origines et qu’on ne sait pas nommer.
Pour Joseph Kabila il s’agit d’ « une force négative dirigée par des éléments impénitents du fait de leur grande capacité de nuisance et de soutiens extérieurs ».
Comme ces mots ou ces noms que dans une certaine culture en vogue dans la région des Grands Lacs et principalement au Rwanda qu’on doit se garder de prononcer de peur de s’attirer malheur, Joseph Kabila a choisi de botter en touche et ne guère oser mettre un moindre nom, une moindre identité à cette « force négative» et leurs « soutiens extérieurs ».
Pour Honoré Ngbanda par contre, preuve de courage et d’indépendance vis-à-vis de ces forces qui émasculent pratiquement l’actuel garant de l’indépendance et de la souveraineté de la RD Congo, il s’agit, dit-il, du « gouvernement rwandais (…) à travers la prétendue rébellion du M23 qui poursuit en réalité l’œuvre d’occupation militaire, de peuplement des terres congolaises par la population étrangère d’origine rwandaise, de pillage des ressources naturelles, de balkanisation et de mise à mort de la République Démocratique du Congo en tant qu’Etat souverain et membre de l’Organisation des Nations Unies », mais aussi l’Ouganda, le tout avec la complicité, souligne-t-il, d’un ancien officier de l’armée régulière rwandaise, un certain commandant Hippolyte Kanambe, de son vrai nom, imposé au peuple congolais sous le nom de « Joseph Kabila ».
Quatrième point.
Et plus que Joseph Kabila qui a aussi mais très timidement montré quelques frêles biceps soulignant sa détermination « à consacrer toutes nos ressources humaines, matérielles et financières, quitte à sacrifier nos ambitions légitimes pour l’émergence du Congo », «à garantir la cohésion nationale et à assurer une égale protection à tous les citoyens congolais » dans un pays qu’il invite tout le monde à considérer comme « un placement sûr », Honoré Ngbanda monte encore plus haut, tend un bras de fer dans un gang de velours et se veut apaisant.
Il se dit n’être ni raciste, ni xénophobe, ni défenseur d’un quelconque débat identitaire et encore moins d’être un anti-rwandais : «Depuis l’indépendance de la RDC en 1960, le peuple rwandais a fortement bénéficié de l’hospitalité légendaire du peuple congolais sans qu’il y ait conflit entre ces deux peuples. Il en a toujours été ainsi des peuples des huit autres pays frontaliers de la RDC.
Ne nous voilons pas la face. Le conflit actuel avec le Rwanda est le fruit d’une politique expansionniste et hégémoniste conçu et appliqué par Paul KAGAME et qui a pour objectif l’occupation de la partie Est de la RDC par la force et la ruse en vue de l’annexer au Rwanda ».
Et cela il ne le laissera pas s’accomplir.
Et lorsque vient le moment de proposer des solutions et des sanctions à l’endroit des ceux-là qui mettent la RD Congo à feu et à sang, Joseph Kabila et Honoré Ngbanda regardent pour une fois dans une même direction.
En effet, tous les deux trouvent que la situation que traverse le Congo est inacceptable et qu’elle doit donner lieu à des sanctions de la communauté internationale. Les deux hommes invitent les Nations Unies à faire appliquer ses résolutions et décisions du Conseil de sécurité déjà prises sur le Congo. Il s’agit notamment des sanctions que tous les deux hommes préconisent contre les agresseurs du Congo.
Tenus par la gorge jusqu’à la place publique
Mais la différence entre Joseph Kabila et Honoré Ngbanda sur ce volet n’en est pas moins grande. Parce que loupant une occasion en or pour tirer le maximum de la tribune et de l’audience d’une assemblée générale des Nations Unies que tout chef d’Etat d’un pays agressé aurait souhaité avoir, pour plaider sa cause et confondre son ennemi, le premier ne s’est contenté que de formuler le vœu « de voir notre Organisation engager tous les Etats membres, particulièrement ceux qui se laissent tenter par la violence, au respect des principes directeurs de la Charte des Nations unies ».
En revanche, très incisif et plus combatif que ce dernier, Honoré Ngbanda a esquissé en guise des solutions une série de six points où aucun quartier n’est fait aux agresseurs et leurs mentors de l’intérieur comme de l’extérieur du pays. Au contraire il les tient tous par la gorge, et grâce à cette clef qui ne les laisse guère respirer, il les traîne devant la place publique et ne les lâchera qu’une fois ces derniers mis hors d’état de nuire.
Aussi, demande-t-il au secrétaire général de l’Onu « de débarrasser la République Démocratique du Congo de tous les agresseurs étrangers qui occupent par la force, par la ruse ou la fraude ses institutions et ce, en commençant par la plus haute institution du pays, la Présidence de la République, actuellement occupée par « Joseph», de son vrai nom Hyppolite KANAMBE, officier de l’armée rwandaise ayant servi sous les ordres du Colonel James KABAREBE (actuellement Général et Ministre de la Défense du Rwanda) ».
Mais pourquoi voue-t-on Joseph Kabila aux gémonies ?
La réponse de Ngbanda tombe comme un couperet sur le cou de celui-ci, en même temps qu’elle soulève un pan du lugubre voile jeté sur le visage des Congolais et ressemble à un véritable réquisitoire digne d’un procureur de la République à charge d’un accusé de crime de haute trahison : « [Joseph Kabila] est le personnage central de la crise parce qu’il favorise le projet d’occupation, de pillage des ressources naturelles, de partition de la RDC par la déstructuration systématique de l’armée nationale congolaise, l’infiltration des militaires et cadres rwandais en RDC, ainsi que par l’élimination des militaires congolais et opposants politiques. »
Cinquième point. Joseph Kabila est complètement groggy.
Ensuite, « l’Onu doit rejeter la décision de créer une force d’interposition à la frontière avec la participation des troupes rwandaises et ougandaises qui veulent jouer aux pyromanes et aux sapeurs-pompiers sur un territoire à jamais marqué par leur insatiable et brutal hégémonisme. Mais de responsabiliser à cette fin les troupes de l’ONU en leur confiant plus de responsabilité dans leur mission de protéger les populations congolaises ».
Enfin, montrant à ceux qui veulent bien comprendre ce à quoi il croit et dans laquelle il entend conduire les patriotes congolais, et afin qu’au moment opportun rien ne soit opposable à leur action, Ngbanda invite la communauté internationale à « reconnaître au peuple congolais, sous l’encadrement des forces et des organisations patriotes qui de plus en plus prennent corps sur l’ensemble du territoire national, le droit à la légitime défense et le recours à tous les moyens de droit et de faits en vue de mettre un terme à l’occupation de son pays, aux pillages de ses ressources et aux massacres de ses populations par des pays tiers de la sous-région des Grands lacs, notamment le Rwanda et l’Ouganda ».
Sixième point. Point inutilement gagné sur un adversaire déjà déclassé.
Que conclure ?
En définitive c’est un Joseph Kabila timoré, hésitant et mal à l’aise comme jamais ne l’a été à la tribune d’une session ordinaire des nations unies un président d’un pays agressé que le monde a découvert. Qu’il soit le fait d’une personnalité en proie aux conflits intérieurs ou d’une absence des mains libres dans la gestion d’une situation qui met à mal la souveraineté et l’existence du pays dont il a la charge, le manque de punch de Joseph Kabila a desservi terriblement la cause congolaise.
En témoigne l’échec cuisant, marqué par un pied de nez du président Paul Kagame du Rwanda, de la rencontre entre les deux chefs d’Etat du lendemain 27 septembre, à l’initiative du Secrétaire Général Ban ki-Moon.
Par contre à travers son message, Honoré Ngbanda s’est montré plus proche des préoccupations d’un peuple congolais qu’il voit comme un tout et plus à même de mettre un terme aux guerres et aux violences auxquelles il fait face depuis plus d’une décennie.
En témoigne (et c’est à souligner en gras), au sein de toute la classe politique congolaise, Honoré Ngbanda est le seul à avoir cru qu’il était de son devoir politique de s’adresser à l’assemblée générale des nations unies pour faire entendre la voix réelle des patriotes Congolais. Signe de destin.
Londres , 1er Octobre 2012
Guillaume AMISI KILOSHO
Secrétaire National Exécutif en charge de la Presse
et de la Communication au sein de l’APARECO
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