lundi 1 octobre 2012

La diaspora congolaise unie : Les responsabilités dans la tragédie du peuple congolais et le «M23»


30/09/2012


M23 = Joseph KABILA et Paul KAGAME

La République Démocratique du Congo ne finit pas de compter ses morts dans un drame qualifié de la plus grande tragédie de l’histoire de l’après la deuxième guerre mondiale.

La pseudo-rébellion M.23 est le plus récent épisode de la guerre d’occupation que le Ruanda soutient depuis 1996, dans l’Est du Congo. Cet espace est réputé riche en ressources naturelles dont l’étain, le coltan, l’or, les diamants, tous minerais qui sont stratégiques pour l’industrie électronique.

De l’AFDL au M23 en passant par les rébellions RCD et CNDP, toutes des invasions orchestrées pour des raisons économiques, se soldent à plus de 6 millions de morts, 2 millions de personnes déplacées et des millions en termes de pillages des ressources naturelles au Congo.

La crise congolaise se traduit aussi par l’incapacité de l’État congolais à s’organiser et à mobiliser ses ressources pour assurer la sécurité nationale et le développement. Un récent rapport des experts de l’ONU met en exergue la responsabilité du Ruanda dans le soutien du M.23 et d’autres groupes armés qui terrorisent des Congolais.

Mais d’autres enquêtes avaient déjà dénoncé des multinationales d’extraction minière avec leurs soutiens politiques. Un regard rétrospectif permet certes d’établir la responsabilité du Rwanda dans la crise congolaise, mais ce dernier est la pointe visible d’un iceberg rationnel de responsabilités tant ternationales, régionales que locales.

L’invasion ruandaise par le biais de l’AFDL s’est soldé par le changement de régime politique, mais le renvoi en 1998, par Laurent Kabila, des acteurs politiques pro-rwandais du gouvernement congolais a retardé la mise en place de la zone d’influence ruandaise.

Avec l’aide de la MONUSCO, les opérations d’intégration successives du RCD, du CNDP, tous des groupes armés pro-rwandais, ont permis à Kagame d’étendre progressivement sa zone d’influence dans les sphères politique, militaire et économique du Congo.

Le moment le plus propice a été celui de l’assassinat de Laurent –Désiré Kabila qui a amené Kagame avec ses complices internationaux à faire placer subtilement Hyppolite Kanambe (Joseph Kabila), un sujet ruandais, à la tête du Congo.

La présence de Kanambe à la tête du pays a remis le Congo sur la voie de l’extraversion dont Laurent Kabila commençait à le sortir.

Ainsi, avec d’un côté Hyppolite Kanambe, président, et de l’autre William Swing et Roger Meece, chefs successifs de la MONUSCO, alors tous favorables au contrôle des ressources naturelles du Congo, la présence des éléments pro-rwandais dans les institutions politiques du pays s’est accélérée de même que s’est amplifiée la présence des officiers pro-ruandais de haut rang dans l’armée congolaise.

Les différentes opérations d’intégration des groupes armés d’obédience ruandaise (AFDL, RCD, CNDP) ont abouti à l’accroissement des agents pro-ruandais au service de l’utilitarisme dans l’armée congolaise.

Ces derniers, présents dans le haut commandement national, assurent principalement le contrôle militaire de la région de l’Est.

D’ailleurs, sur instigation et avec des renforts militaires et matériel ruandais, ces anciens éléments du CNDP et du RCD, intégrés dans l’armée congolaise, n’ont pas hésité de se muer en un mouvement politique sécessionniste « le M23 » pour tenter d’obtenir la balkanisation du pays.

Comme d’autres pseudo-rébellions d’instigation ruandaise qui les ont précédés, les dirigeants du « M.23 »se recrutent au Ruanda parmi des hommes de main de Kagame. Le dernier rapport du groupe d’experts de l’ONU révèle que ces hommes sont équipés et armés par le FAR, sous le commandement de Kagame.

La mission claire étant celle d’occuper militairement le Kivu et d’en obtenir la séparation d’avec le reste du Congo. Ainsi le rêve de Kagame d’étendre son influence sur cette zone minière du Congo se réaliserait à la satisfaction des commanditaires internationaux cupides qui visent l’accès permanent aux ressources minières de la région. Mais au prix de quels sacrifices humains pour le peuple congolais?

Tout au long de ce processus d’occupation, à cause des guerres qui ont émaillé son parcours, le Congo compte des millions de morts et de personnes déplacées de leurs lieux de vie. Plus de 2 million de personnes, originaires de l’Est du Congo, seraient dans des camps de réfugiés ou en errance à ce jour.

Des femmes, des enfants et des hommes ont été enterrés vivants. Des viols violents continuent à se commettre sur tous les âges. Des habitats et des villages entiers ont été brûlés poussant des rescapés à l’errance.

Bref, des pratiques qualifiées de génocide ont été commis selon divers rapports des experts de droits de l’homme. En réalité le génocide du peuple congolais se poursuit dans l’indifférence générale alors que la faillite de l’État s’aggrave.

Outre des souffrances physiques, le peuple congolais est privé des possibilités de développement par le fait du maintien de l’autocrate Kanambe « alias Kabila » à la tête du pays. Sans cadre de référence théorique ou idéologique, ce président est incapable d’engager le pays sur une voie pertinente du développement.

La séparation des pouvoirs n’est qu’apparente. En réalité, le président contrôle le parlement, la justice et l’exécutif; ce qui lui laisse une large liberté de manœuvres dans des négociations et l’application des contrats léonins.

La dépendance du pays de l’aide extérieure et l’extraversion économique favorisent des contrats léonins et l’exportation des matières brutes, empêchant ainsi des occasions d’initiatives locales et du développement industriel avec leurs effets positifs.

En 10 ans de pouvoir, Kabila ne s’est pas soucié du chômage de plus en plus croissant dans l’ensemble du pays. Il n’a pas imaginé comment convertir des ressources naturelles du pays en capitaux. Autoritaire et répressif sur toutes les lignes, il a empêché la participation publique et s’est érigé en obstacle principal à la mobilisation des hommes et des femmes pour la production nationale.

Les élections de 2006 et 2011 organisées sous le pouvoir de Kabila ont été truffées de fraude organisée par lui et sa clique (junte militaire et clientèle politique). Bien plus, des éliminations systématiques, par empoisonnement ou par assassinats, des journalistes, des leaders associatifs, des militants politiques, sont à l’opposé des politiques de la sécurité humaine.

Dans quel régime normal aurait-on imaginé des massacres des citoyens, tels que des adeptes de Bundu dia Kongo, ou les assassinats de Pascal Kabungulu, Floribert Chebeya, Franck Ngyike, etc. pour avoir exprimé une opinion?

Incompétent, corrompu, sournois et brutal, Kanambe, alias Joseph Kabila, est pourtant l’homme soutenu par la « communauté internationale» à la tête de l’État du Congo. Ce, au détriment d’Étienne Tshisekedi, qui tout au long de sa campagne électorale, a parlé pourtant de l’État de droit, de la sécurité humaine et de la réhabilitation de l’économie nationale.

De même Laurent-Désiré Kabila qui avait commencé à imaginer des mécanismes pour une économie introvertie a été assassiné au profit de Kanambe. Aussi bien L. D. Kabila que Tshisekedi sont de récentes alternatives manquées pour le développement du peuple congolais et ce, à cause du soutien international à Kabila.

Si Kagame a une responsabilité directe dans le soutien de Kabila et des pseudo-rébellions qui sont des agents de la violence, les commanditaires, en l’occurrence, les États-Unis et les autres pays de l’OCDE, y participent par leurs soutiens financiers et militaires.

Le Rwanda avec 10 millions d’habitants reçoit annuellement 1 milliard de dollars américains en aide internationale. Les États-Unis interviennent pour près de 250 millions par an. Entretemps, le peuple congolais est surendetté annuellement de 1,4 milliard pour l’entretien des forces de la MONUSCO qui participe à l’occupation.

Si le Rwanda entraîne et équipe des guerriers pour agir au Congo, c’est puisqu’il en reçoit des moyens considérables. Les commanditaires internationaux, les intermédiaires régionaux et les exécutants locaux partagent la responsabilité de la faillite de l’État du Congo et du génocide du peuple congolais.

On ne peut, par ailleurs, occulter la responsabilité des élites et des citoyens congolais qui, par ignorance, naïveté, par égoïsme ou par corruption, travaillent activement pour Kagame ou pour Kanambe contre l’intérêt général.

Parmi ceux-ci il y a principalement des députés et des sénateurs qui sont censés représenter les intérêts des nationaux. Ceux qui se réclament de la majorité, convaincus qu’ils doivent leurs salaires à Kabila, travaillent activement pour soutenir Kabila au lieu de faire des lois justes et de surveiller l’exécutif conformément à leurs responsabilités constitutionnelles.

Des partis politiques nationaux dits de la majorité présidentielle tombent sous le même coup de la trahison.

Par ailleurs, sous le régime Kanambe, des membres du gouvernement et des juges de la cour suprême se considèrent agents du président Kabila plutôt que des responsables autonomes et intègres.

Des notables, voire même certains citoyens originaires du Katanga, du Kivu et du Maniema se sont lancés dans de fausses déclarations pour faire appartenir Kanambe au Katanga ou au Maniema, sachant pertinemment que cet individu n’a pas d’attaches réelles à ces régions.

En trompant ainsi la population congolaise, ces individus ont contribué à faire gagner du temps à Kanambe, ce qui lui a permis de mettre en place dans les institutions nationales (l’armée, la sécurité, l’économie) des pro-ruandais, agents du courant utilitariste mondial.

La fausse propagande sur les origines de Kabila a retardé aussi l’éveil de la conscience nationale qui aurait pu accélérer le changement du régime. Car même si le soutien général et enthousiaste apporté à Tshisekedi lors la dernière campagne présidentielle et son élection réelle sont une preuve du désaveu à Kabila, il y a encore des Congolais qui appuient ce dernier par cupidité ou par déficit de conscience patriotique.

Une autre parcelle de la responsabilité rétrospective repose sur certains Congolais, originaires du Nord, Sud Kivu ou du Maniema qui, corrompus ou victimes de la propagande, envisageraient avec bonheur le projet de la séparation du Kivu.

Pourtant, ils n’ont pas plus d’ intérêt à devenir des citoyens de seconde zone du Ruanda qu’à demeurer libres dans un grand Congo pacifié et développé. Au risque de tomber dans la polarisation, on compte aussi des naïfs, suiveurs de Kabila, dans toutes les régions du Congo à cause d’un membre de famille ou un ami qui participe à son gouvernement.

De même, dans le Maniema, les Kivu et le Katanga, ils sont nombreux, fort heureusement, ceux qui sont engagés dans la lutte active pour le changement démocratique. Enfin, on ne doit pas passer sous silence la responsabilité des Congolais de la diaspora (communautés congolaises) qui préfèrent collaborer avec des affairistes au lieu de contribuer à l’éveil de conscience et à la cohésion de Congolais de l’extérieur pour la défense des intérêts du Congo.

La responsabilité rétrospective sur la faillite de l’État du Congo, la violence et la misère subséquentes reposent sur plusieurs acteurs de la structure de la politique mondiale, où les plus puissants, protecteurs des marchands miniers, pourvoient aux moyens d’actions de déstabilisation du Congo.

Des exécutants corrompus ruandais, ougandais et congolais se chargent activement de faciliter la balkanisation du pays en exécutant des tâches de violence destinées au soutien du régime et à l’affaiblissement de la société civile. Alors d’où et de qui faut-il attendre la solution à une telle crise structurelle?

Le cynisme est évident dans les solutions de la communauté internationale à la crise congolaise. La forte présence de la mission des Nations-Unies n’a pas pu apporter la paix et la stabilité de l’État après 10 ans de présence.

Bien au contraire on a vu William Swing et Roger Meece, chefs successifs de la MONUSCO, collaborer avec des groupes armés pro-ruandais et favoriser leur intégration dans l’armée congolaise. Sous le mandat de la MONUSCO, les élections de 2006 et 2011 se sont caractérisées par de fraudes organisées en vue d’écarter des présidents réellement élus au profit de Kanambe.

Même après que des enquêtes fouillées des experts de l’ONU ont dénoncé l’implication du Ruanda et des multinationales dans la tragédie congolaise, les réactions du monde n’ont pas été proportionnées à la gravité de la tragédie dont Kagame et son entourage sont responsables.

Le gouvernement américain a donné le ton en décidant d’annuler l’aide militaire de 200.000 $ l’an. Ceci représente 0,008 % du total annuel de 250 millions de l’aide américaine au Ruanda. L’Angleterre, le Pays-Bas et l’Allemagne sont suivi. Puis l’Angleterre a restauré presque sans raison son aide. Au total le gel d’aide que ces pays ont décidé représente moins de 0.1% de l’aide totale consentie au Rwanda.

Ce gel est donc loin de dissuader le Ruanda et les commanditaires à poursuivre le projet juteux d’occupation de l’Est du Congo. D’ailleurs, depuis la dénonciation, le M23 est occupé tranquillement à instaurer l’ordre politique dans le territoire occupé.

Le régime Kagame est fortement financé et le budget de son armée suffisamment soutenu par les pays de l’OCDE pour conquérir des espaces miniers au détriment du peuple congolais. La responsabilité prospective impose que des groupes humanistes prennent conscience de l’ampleur du problème et imaginent des mesures plus contraignantes.

Contrairement aux affairistes, utilitaristes, néoconservateurs et néolibéraux pour qui l’utilité est la raison de toutes les relations humaines, les humanistes sont respectueux des droits humains et de la souveraineté des États. Ils se comptent dans la société civile, mais aussi parmi des démocrates, libéraux et conservateurs.

Nous devons compter nos amis parmi toutes ces forces opposées au courant utilitariste et désireuses d’apporter une contribution à l’amélioration du monde. De même, plutôt que guerre entre deux nations, le Ruanda et le Congo, c’est un morceau du riche Congo que des affairistes du monde veulent. Dans une interview qu’il a accordée le 25 août dernier, Dr. Mukuenge a déclaré:

« Il y a un manque de volonté politique du gouvernement congolais et des pays voisins, mais aussi de la communauté internationale. Officiellement, ce n’est pas une guerre entre deux nations. Les frontières sont ouvertes. Les ambassades aussi. Les Présidents se parlent et se tapent sur l’épaule.

Ce n’est pas une guerre tribale non plus, car on trouve des Congolais de différentes tribus qui veulent s’identifier à ce mouvement. Ce n’est pas une guerre religieuse.

La réalité c’est que c’est une guerre pour les ressources naturelles du pays. Le Congo est comme une bijouterie sans gardes, dont les portes sont ouvertes. Ce ne sont pas seulement les ressources qui partent.

Quand vous parlez aux femmes que nous soignons, cette guerre laisse aussi beaucoup de veuves et d’orphelins. Tous les jours, Radio Okapi, la radio des Nations unies, raconte la même chose: on a tué, on a violé. Depuis seize ans, on aurait pu agir autrement pour faire cesser ces atrocités. » Libre Belgique du 25/8/2012

Selon le philosophe Hans Jonas, la responsabilité prospective est celle qui sollicite la conscience, le savoir et les moyens dont l’homme dispose pour prévenir la destruction au lieu de la causer.

Si, poussés par l’utilitarisme, des compagnies minières, des marchands internationaux divers et des acteurs politiques cupides ont contribué à la faillite de l’État et au génocide du peuple congolais, le temps n’est-il pas venu pour que la raison fasse entendre l’humanisme?

Le peuple congolais, trahi par des institutions et par des présidents africains au service des marchands internationaux, est victime de la stratégie mondiale de l’occupation de son territoire et d’extorsion des richesses de sous son sol.

Il sollicite que des hommes et des femmes humanistes s’impliquent davantage dans la dénonciation de la cupidité internationale qui est à la base de la faillite de l’État et du génocide du peuple congolais.

Le ton de la dénonciation a été donné récemment par l’Ambassadeur itinérant Stephen Rapp qui, tout en dénonçant le soutien ruandais au M.23, condamne le soutien inconditionnel de son pays au régime Kagame.

Victoria Nulland, porte-parole du Département d’État américain, a fait aussi part des préoccupations de l’administration Obama en ces termes: “We have deep concerns about Rwanda's support to the Congolese rebel group that goes by the name M23."

Des députés du centre et de gauche dans des parlements occidentaux cherchent à coaliser avec la diaspora congolaise avertie en « amis du Congo », « friends of Congo ».

Ces voix venant de quelques personnalités officielles s’ajoutent aux voix des acteurs de la société civile de par le monde qui se démarquent de l’utilitarisme pour promouvoir des valeurs de démocratie, de la sécurité humaine et du développement universel. Nous souhaitons qu’elles soient plus nombreuses et plus vigoureuses.

Toutefois, quelle que soit l’expression de l’humanisme international, on ne doit pas perdre de vue que c’est au peuple congolais, la victime de la violence, que revient paradoxalement la responsabilité première d’arrêter la destruction de la nation et d’en défendre la souveraineté.

La société civile tant au Congo qu’à l’extérieur doit coaliser pour faire le contrepoids.

Il faudrait que la diaspora congolaise en Occident se serve de la disponibilité de l’espace démocratique pour s’organiser en une force du changement, dénoncer des abus et s’engager résolument dans des campagnes de vulgarisation de l’information, de la conscientisation générale et de la mobilisation des moyens et d’actions en vue de réhabiliter la souveraineté nationale.

Cela peut exiger un travail éreintant et un sacrifice énorme, mais la conquête de la liberté collective n’en vaut-elle pas la peine?

Collectif Pour le Congo « CPC », l’initiative de la diaspora canadienne qui vise à offrir une plateforme commune à la diaspora congolaise à l’extérieur, est un bel exemple à suivre.

Avec un « Collectif Pour le Congo » dans chaque pays de l’OCDE et au Congo, la société civile congolaise tend à la cohésion et à la collaboration nécessaires pour influencer des politiques et pour assumer ses responsabilités de contrepoids à la structure utilitariste mondiale.

Ne nous arrêtons donc pas à établir des responsabilités rétrospectives; la responsabilité prospective exige que nous nous organisions pour agir efficacement.

Collectif Pour le Congo – CPC
© KongoTimes

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