Des visiteurs pas comme les autres à la Primature. Il s’agit du sous-secrétaire d’Etat en charge des Affaires africaines des Etats-Unis, la directrice Afrique du ministère des Affaires étrangères Elisabeth Pardier et son homologue britannique du Foreign Office Nick Kay ainsi que leurs ambassadeurs respectifs à Kinshasa.
Américains, Britanniques et Français chez des officiels congolais, main dans la main, est tout un message !
Le cahier des charges de la nouvelle troïka porterait-il sur de futures négociations ? Avec qui et sur quoi ?
Accusés régulièrement d’œuvrer contre les intérêts de la République démocratique du Congo, Américains et Britanniques ont dépêché des délégations de haut rang à Kinshasa.
Déjà en fin de journée d’hier mardi, ces deux délégations accompagnées de l’ambassadeur de France en RDC ainsi que de leurs ambassadeurs respectifs à Kinshasa ont rendu une importante visite au Premier ministre Matata Ponyo.
Par ailleurs, il est fait état d’une deuxième visite au courant de la journée d’aujourd’hui. Curieux ballet diplomatique à la Primature dans la mesure où Américains, Britanniques et Français viennent de se signaler alors qu’on ne les attendait pas en ce moment précis.
Comme on peut s’en douter, le menu de ces entretiens portait sur la crise dans l’Est de la République démocratique du Congo où les éléments du M23 ont pris possession de la ville de Goma, malgré les appels répétés de la communauté internationale à éviter de franchir cette ligne rouge.
Aussi curieux que cela puisse paraître, plutôt que d’arrêter cette marche victorieuse sur Goma, la troïka a laissé faire pour constater les dégâts.
Mais, rien ne présage jusque-là, des avancées significatives et des changements spectaculaires dans le chef des émissaires venus de Washington et de Londres. L’émissaire français aurait-elle reçu des instructions allant dans le sens de cautionner toutes les positions connues des USA et de la Grande-Bretagne sur la question ? Interrogations qui attendent des réponses claires.
Les deux capitales anglo-saxonnes auraient-elles changé leur politique commune dans la sous-région des Grands Lacs africains ? Rien n’est moins sûr. Un changement radical présuppose des garanties suffisantes de la part de la RDC.
Tout comme il présume l’existence d’un lobbying de grande envergure en direction de ces deux capitales, la France se serait-elle occupée de ces bons offices au point de pointer présente à cette rencontre ? Toutes ces questions demeurent sans réponses à ce stade.
Non à la cession de Goma, Rutshuru, Masisi,...
Là où les Congolais dans leur ensemble ne comptent pas transiger, c’est l’intégrité du territoire national.
Ainsi, du Nord au Sud et de l’Est à l’Ouest, le plan de création d’une province reflétant la configuration ethnique rwandaise n’est pas bien accueilli. Une opposition farouche monte dans l’opinion qui perçoit une tentative de matérialisation du plan de balkanisation du pays.
In fine, pour l’opinion majoritaire en RDC, le Rwanda annexerait cette future province à travers un référendum d’autodétermination. La troïka aurait-elle abordé la question avec les officiels congolais ? Difficile de l’affirmer à ce stade.
Par ailleurs, il se pose également la question de savoir si la délégation tiendrait à proposer des négociations entre quels interlocuteurs. Le gouvernement et les rebelles du M23 ? Des négociations impliquant la classe politique et la Société civile dans son ensemble ? Là aussi, rien ne peut s’accepter sans que l’opinion congolaise n’ait son mot à dire.
L’entrée en danse de la troïka USA, Grande-Bretagne et France ne semble pas offrir une lisibilité limpide de la démarche de ces trois membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies.
Comme cela se dégage, la rencontre garde tout son mystère au-delà de son aspect inattendu. Ce qui revient à considérer que la mission de ces trois émissaires n’a pas encore livré ses secrets.
Des sources affirment « qu’a priori, les émissaires américains, britanniques et français étaient reçus en audience par le chef de l’Etat ».
S’il est confirmé que la directrice Afrique du Quai d’Orsay était déjà rentrée à Paris, son homologue britannique séjournerait encore à Kinshasa, alors que le programme de Johnny Caresson n’est pas connu, avant le bouclage de la présente édition.
Eventuellement, une deuxième rencontre avec le Premier ministre pourrait avoir lieu au courant de la journée, sans l’émissaire française.
Le Potentiel
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