vendredi 30 novembre 2012

Le M23 se retire de Goma… et l’encercle étroitement

 

Un élément du M23. Image France 24

Pour contraindre le gouvernement de la RD-Congo à satisfaire leurs exigences, les rebelles du M23 sont bien décidés à empêcher l’armée congolaise de reprendre la capitale du nord-Kivu.

Dans les rues de Goma, la capitale du Nord-Kivu, dans l’est de la République démocratique du Congo, la population semble perdue. L’activité reprend, petit à petit, les commerces rouvrent, les étals des petits vendeurs se multiplient.

Comme les rumeurs sur l’avenir de la ville. Alors qu’ils ont accepté de quitter la ville avant jeudi midi, les rebelles du M23 sont toujours là. Une présence discrète toutefois, depuis la prise de la ville, les militaires sont peu visibles. À peine quelques groupes, presque cachés.

«On ne peut pas s’en aller comme ça et laisser la population sans protection», justifie un officiel du mouvement. Nous avons montré notre bonne volonté. Maintenant, tout le monde a compris que nous ne voulions pas la guerre, mais que nous voulions discuter avec le président Kabila. Et surtout qu’il nous écoute, ce qu’il n’a jamais fait par le passé», reprend-il encore.

Lors des négociations avec le gouvernement de Kinshasa, le M23 a accepté de se retirer de Goma. En échange il exigeait notamment la dissolution de la Commission électorale congolaise et la liberté de mouvement pour l’opposant politique ultranationaliste Étienne Tshisekedi, ce qui est pour le moins paradoxal. «On a arrêté d’avancer et nos troupes se regroupent tout autour de Goma. On n’est pas là pour prendre des villes, mais pour que le président Kabila nous écoute», détaille un des membres de l’état-major militaire.

Empêcher l’armée congolaise de pénétrer dans Goma

Le plan des M23 est simple: se retirer à 20 kilomètres de la ville, comme prévu dans l’accord, mais se positionner tout autour, dans les villes et les collines.

En fait, encercler Goma pour empêcher l’armée congolaise, les FARDC, de pénétrer. Toute l’administration reste sous contrôle du M23, la police notamment.

Et pour le moment, les rebelles conservent aussi une centaine de militaires sur l’aéroport de Goma. Un premier pas des M23 pour se ménager la bienveillance de la communauté internationale jusque-là très critique vis-à-vis du mouvement rebelle.

Mardi, les premiers camions remplis de munitions et d’armes sont sortis de Goma, direction les bases arrière du M23 pour préparer ce redéploiement.

Dans quelques jours, une réunion devrait se tenir à nouveau à Kampala entre Jean-Marie Runiga, le président du M23 et Joseph Kabila, le chef d’État congolais, pour préciser les termes d’un cessez-le-feu. Le moment de voir aussi si Kabila est prêt à négocier ou s’il reprend les combats.

«Le gouvernement a fléchi, il n’a pas réussi à nous repousser à chacune de ses attaques. Il n’a plus de force, il doit accepter de discuter avec nous maintenant», raconte en souriant ce même officiel du M23.

La nuit tombe, derrière lui, un pick-up rempli de militaires en uniforme démarre pour une patrouille de contrôle. Quelques centaines de mètres plus loin, il croise les véhicules de la Monusco, la mission des Nations Unies pour le Congo. Tous les deux semblent ne pas se voir.

Edith Bouvier, envoyée spéciale, "Le Figaro", mis en ligne 29.11.2012

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