Guerre dans l’Est
Le parti politique Udemo estime que « la sauvegarde de l’unité nationale, de l’intégrité et de la concorde nationale », acquis chers et incontestés de l’héritage du mobutisme, sont sérieusement menacés.
Selon son secrétaire général, Elie Ngomo Tongbo Bangaye, la situation actuelle dénote un déficit sécuritaire criant et une balkanisation de fait de la RDC au profit des agresseurs.
La dégradation de la situation sécuritaire dans la partie orientale du pays continue à susciter des réactions dans les milieux politiques congolais. La dernière en date est celle de l’Union des démocrates mobutistes, Udemo.
Au cours d’un point de presse animé, hier jeudi 29 novembre à Kinshasa, l’Udemo s’est dit préoccupée par le développement de la situation sécuritaire dans l’Est de la RDC, avec la prise de Goma par les rebelles du M23.
Selon l’Udemo, « la sauvegarde de l’unité nationale, de l’intégrité et de la concorde nationale », acquis chers et incontestés de l’héritage du mobutisme sont sérieusement menacés.
Une situation qui, à en croire le président du bureau politique de ce parti, est l’œuvre d’un gouvernement qui a failli à ses missions régaliennes.
Avant de rappeler l’article 64, alinéa 1er de la Constitution qui stipule : « Tout Congolais a le devoir de faire échec à tout individu ou groupe d’individus qui prend le pouvoir par la force ou qui l’exerce en violation des dispositions de la présente Constitution ».
Dans la même déclaration, le parti de Mobutu Nzanga fait remarquer que tout gouvernement responsable se donne directement ou indirectement les moyens de sa politique pour défendre le territoire national. Ce qui n’est pas le cas avec le gouvernement actuel.
La modicité des crédits alloués aux Forces armées de la RDC et aux services de sécurité dans le projet de budget 2013, en est une illustration, indique l’UDEMO. Aussi estime-t-elle qu’agir ainsi serait une façon de dire aux agresseurs : « Faites ce que vous voulez, nous n’allons pas vous chasser ».
S’insurgeant contre l’occupation d’une partie de la province du Nord-Kivu par les rebelles du M23 soutenus par les troupes rwandaises, l’Udemo a évoqué les dispositions de l’article 85 de la Constitution qui dit : « Lorsque des circonstances graves menacent d’une manière immédiate l’indépendance ou l’intégrité du territoire national ou qu’elles provoquent l’interruption du fonctionnement régulier des institutions, le président de la République proclame l’état d’urgence ou l’état de siège, après concertation avec le Premier ministre et les présidents de deux Chambres du Parlement conformément aux articles 144 et 145 de la Constitution, et il en informe la nation par un message ». Une disposition qui, aux yeux de l’UDEMO, n’a pas été respectée.
Déficit sécuritaire
Déficit sécuritaire
Par ailleurs, cette formation politique indique que la situation actuelle de la RDC « dénote un déficit sécuritaire criant et une balkanisation de fait de la République au profit des agresseurs ».
Parlant des FARDC, l’UDEMO a fait savoir que les fonctions de commandement au sein des troupes loyalistes obéissent à une logique partisane et sectaire d’appartenance à une tribu, une province, ou à des milices : « 85% des militaires des FARDC à l’Est répondent à ces critères tribaux, régionaux ou d’appartenance à des groupes anciennement réputés comme rebelles ».
Au même moment, ajoute-t-elle, des officiers formés aux frais de la République dans les meilleures académies militaires du monde ne sont pas utilisés, au motif qu’ils appartiennent à l’ex-FAZ.
En outre, l’Udemo déplore le dysfonctionnement des services spécialisés qui ne fournissent pas en temps réel des renseignements sur la situation sécuritaire du pays en général, et celle de l’Est de la RDC en particulier.
Il a fallu attendre, dit-elle, la publication du rapport d’experts de l’Onu pour appréhender le comportement du chef d’état-major de la Force terrestre en termes de trafic illicite d’armes au profit des forces négatives encore actives dans l’Est du pays.
Ce qui la conduit à déplorer « l’absence de leadership et la mal-gouvernance qui sévissent en RDC ». Relevant que « les élus du peuple ont l’obligation de s’enquérir de la situation concrète de nos populations et d’être informés en temps continu du développement des conditions sécuritaires dans l’Est », l’Udemo note que le Premier ministre n’a pas du tout convaincu lors de sa prestation devant la plénière de l’Assemblée nationale le mercredi 28 novembre 2012.
Comportement qui, selon elle, violerait les dispositions pertinentes de l’article 91 de la Constitution en ses alinéas 3, 4 et 5.
Dans la foulée, l’Udemo rappelle qu’elle demeure soucieuse de la promotion de la démocratie. Et par conséquence, elle jure de ne jamais soutenir la prise du pouvoir par les armes.
Elle est d’avis que le Congo a besoin d’un gouvernement de cohésion nationale, composé d’acteurs vertébrés, compétents, expérimentés et crédibles ; de manière à faire face à la crise qui sécoue actuellement la partie Est du pays.
Dans ses recommandations, l’Udemo condamne le langage des armes dans l’Est de la RDC, compte tenu des conséquences néfastes qui en découlent au détriment de la population. Elle demande la démission du gouvernement Matata qu’elle qualifie de plaintif.
Dans le même ordre d’idées, elle demande au M23 d’arrêter dans l’immédiat son offensive et l’invite à se conformer, relativement à ses révendications, aux procédures constitutionnelles. Quant aux troupes rwandaises et ougandaises opérant sous le label du M23, l’Udemo leur demande de se retirer du territoire congolais sans conditions.
L’Udemo soutient aussi l’initiative de la France relative au changement du mandat de la Monusco, afin de rendre cette force onusienne en RDC plus efficace sur le terrain. Entre-temps, elle encourage les FARDC présentes sur le terrain et les invite à ne pas perdre espoir, surtout à ne pas se démotiver ; elles doivent continuer à servir la patrie avec honneur, car la République leur sera reconnaissante.
Selon son chef d’état-major
L’Udemo soutient aussi l’initiative de la France relative au changement du mandat de la Monusco, afin de rendre cette force onusienne en RDC plus efficace sur le terrain. Entre-temps, elle encourage les FARDC présentes sur le terrain et les invite à ne pas perdre espoir, surtout à ne pas se démotiver ; elles doivent continuer à servir la patrie avec honneur, car la République leur sera reconnaissante.
Selon son chef d’état-major
La Monusco a recouru à la force pour éviter la chute de Goma
Le chef d’état-major de la force de la Monusco, le général Patrick Gramont, a affirmé, le mercredi 28 novembre, que la mission onusienne a recouru à la force lors des affrontements entre les Forces armées congolaises (FARDC) et les rebelles du M23 pour le contrôle de Goma, dans le Nord-Kivu.
Selon Patrick Gramont, le Conseil de sécurité de l’Onu a accordé à la Monusco le droit de recourir au chapitre VII, lui permettant ainsi d’utiliser la force pour faire respecter son mandat de protection des civils. Il précise néanmoins que les Casques bleus ne sont pas là pour engager la guerre, mais pour venir en appui à l’armée congolaise.
Le Général Patrick Gramont est revenu sur ce sujet au cours de la Conférence hebdomadaire des Nations unies à Kinshasa. Selon lui, la Monusco a engagé « toutes ses forces aux côtés des FARDC pour défendre Goma ».
" Nous avons mené des actions à Kibumba où nos hélicoptères sont entrés en action dès que les FARDC ont commencé à décrocher. Et nous avons mené des actions de combat avec nos chars aux côtés des FARDC entre Kibumba et Kibati », a-t-il affirmé.
Patrick Gramont a affirmé que, le 17 novembre, les hélicoptères de la Monusco ont tiré plus de cinq cents roquettes sur les colonnes du M23, ses chars ont tiré plus de deux mille coups de mitrailleuses et plus de mille coups de canons.
" Ça, si ce n’est pas du chapitre VII, qu’est-ce que c’est ? Nous nous sommes engagés de manière extrêmement offensive aux côtés des FARDC et seul le chapitre VI pouvait nous le permettre », a-t-il déclaré. Le chapitre VII de la Charte des Nations unies permet aux forces de maintien de l’Onu de recourir à la force en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix ou d’agression.
La Monusco, la plus grande force des Nations unies jamais déployée dans le monde, avec 17 000 hommes de troupes engagés auprès des FARDC, a été vivement critiquée après la prise de la ville de Goma, dans le Nord-Kivu, par les rebelles du M23 le 20 novembre.
Le 23 novembre, des femmes avaient manifesté dans les rues de Kinshasa pour demander le renforcement du mandat de la Monusco, afin de lui permettre de combattre plus efficacement les groupes armés.
En réaction à cette demande, le chef de la Monusco, l’Américain Roger Meece, avait affirmé que le mandat actuel de la mission onusienne était mal compris, assurant que la possibilité de le renforcer est actuellement étudiée par le Conseil de sécurité de l’Onu.
Le Potentiel
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