lundi 8 octobre 2012

Les 10 chefs d’Etat les plus accros aux marabouts

Les chefs d’Etat africains ne parviennent pas à gouverner sans s'entourer des conseils plus ou moins avisés d'experts en sciences occultes. Petit florilège.



Le président Wade en compagnie du marabout Cheikh Béthio Thioune en meeting politique, 11 novembre 2006/ AFP/ Seyllo

En Afrique, ils sont légion les chefs d’Etat qui ont été ou qui sont encore sous l’emprise de gourous de tout acabit.

Lesquels personnages influencent bien souvent de façon négative dans la gestion des affaires de l’Etat, en tirant par contre le meilleur profit. Au détriment de l’amélioration des conditions de vie des peuples à laquelle les deniers publics sont sensés être utilisés.

Si cette propension tient au fond à la conception traditionnelle du pouvoir en Afrique, il n’en demeure pas moins vrai qu’elle a la vie dure. Autrefois, en effet, tout chef traditionnel ou roi avait son gourou.

Qu’il soit chef spirituel, marabout ou sorcier, c’est selon. Homme dont l’influence ou le pouvoir dépasse même celui du vrai détenteur qui en est investi, il figure dans le premier carré des conseillers de la cour.
Et pour cause, il est crédité de pouvoirs protecteurs face à tout danger et d’une grande sagesse.

Des atouts dont il devrait faire profiter le chef et lui permettre de bien gérer son mandat pour le bonheur du peuple.

Mais cela n’a pas souvent été le cas.

10— Idriss Déby Itno


Avant d’arriver au pouvoir, le président Idriss Déby Itno était déjà un abonné aux marabouts. C’est bien l’un d’eux qui lui a prédit qu’il allait devenir président de la République du Tchad.

Son compagnon de maquis, le général Gouara Lassou raconte:

«Alors que nous étions dans le maquis au Soudan, en plein doute, Idriss Déby et moi sommes allés un jour consulter un marabout. C’est lui qui l’avait trouvé. Au cours de la séance, il a dit à Déby qu’il allait accéder au pouvoir bientôt.»

On ne lui connaît pas ouvertement de marabouts africains actuellement. Pourtant ses opposants les plus farouches de l’Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD) croient savoir qu’il a viré son marabout-voyant depuis une quinzaine d’années, Aladji Abdoulaye Maïga dit Fara, en 2009.

Motif : Appelé d’urgence pour une consultation, il aurait dit que «le président doit prendre des congés, car il est las et les problèmes qui s’amoncellent à l’horizon sont gigantesques. Le marabout a peur que le président ne puisse pas y faire face.»

9— Blaise Compaoré


A ses débuts, le président Blaise Compaoré était l’un de ceux qui ont compté de nombreux marabouts de diverses nationalités à son service.

Mais aujourd’hui, son ami et conseiller personnel Mustapha Chafi semble avoir éclipsé tout le monde. Il faut dire que le richissime homme d’affaires Mauritano-Nigérien lui rend d’éminents services pour qu’un autre puisse lui porter ombrage.

On lui doit en effet, grâce à sa médiation, les différentes libérations d’otages occidentaux enlevés par Al Qaida au Maghreb Islamique (Aqmi) dans le Sahel.

Mustapha Chafi qui est pourtant un homme d’apparence affable et simple, est si puissant à Ouagadougou (la capitale du Burkina Faso) qu’à prononcer son nom dans un milieu suffirait à faire frémir plus d’un.

Omniprésent dans l’entourage de plusieurs chefs d’Etat d’Afrique de l’Ouest, sa discrétion contraste largement avec son influence.

8— Boni Yayi


Les évangélistes américains sont de plus en plus influents au sommet des pouvoirs africains au plus haut sommet par le truchement de leurs pasteurs locaux.

On les retrouve dans les premiers cercles des présidents Thomas Boni Yayi du Bénin notamment.
Et leur influence est indéniable, sans qu’on sache vraiment s’ils parlent de religion ou de business ou encore des deux à la fois.

Une chose est sûre, c’est qu’ils mettent leur puissant lobby aux Etats-Unis d’Amérique au service des chefs d’Etat auxquels ils servent de gourous au-delà de la religion.

Il n’y a qu’à voir le rôle qu’a joué et continue de jouer le pasteur Michel Aloko dans l’entourage du président Boni Yayi, pour s’en convaincre.

Dans un livre violemment critiqué par la presse béninoise et intitulé Refondation: mythe ou réalité, le pasteur Michel Aloko cite le livre de Jérémie 18 V1-17:

«Regarde, je t’établis aujourd’hui sur les nations et sur les royaumes, pour que tu arraches et que tu abattes, pour que tu ruines, pour que tu bâtisses et que tu plantes…»

Ce qui a fait dire à La Presse du Jour de Cotonou que sur bien des passages «son opuscule viole la laïcité et les droits de l’homme».

D’abord influent dans le premier cercle du président Boni Yayi, il a été bombardé président de la Commission électorale nationale autonome (Cena), puis désavoué, avant d’emboucher la trompette récemment pour la révision de la Constitution en faveur d’un troisième mandat de Boni Yayi.

Mais sans succès. Il reste cependant un homme clé dans l’entourage du chef de l’Etat dont le gendre est aussi pasteur.

7— François Bozizé


Dans l’entourage des chefs d’Etat qui sont de confession chrétienne, il est à remarquer de plus en plus de gourous d’un nouveau type aujourd’hui.

Le président François Bozizé de Centrafrique est ainsi sous influence de ses coreligionnaires chrétiens célestes (Eglise du christianisme céleste).

Une église fondée au Bénin (ex-Dahomey), en 1947 par le pasteur Joseph Oschoffa qui, persécuté par le régime marxiste-léniniste du président Mathieu Kérékou, s’est finalement exilé dans sa ville natale d’Imèko auNigeria, où il est finalement décédé.

Mais son église a continué à grandir et est devenue influente à travers le monde actuellement.
Chaque fois que le président centrafricain effectue un voyage officiel au Bénin, il ne manque pas de communier avec les hauts responsables béninois du christianisme céleste.

Découverte lors de son exil au Bénin de 1983 à 1987, il en est devenu un pasteur. A la question de Jeune Afrique de savoir comment il avait survécu aux différentes péripéties qu’il avait traversées avant son avènement au pouvoir, François Bozizé a répondu:

«Par la prière. Au Bénin, je m’étais converti au christianisme. La foi, depuis ne m’a plus quitté.»

6— Mouammar Kadhafi


L’ex-guide libyen, Mouammar Kadhafi, se méfiait beaucoup des marabouts blancs. Il avait certes des amis dans les milieux politiques occidentaux, mais pas autant de conseillers occultes qu’on en rencontre dans les couloirs des palais présidentiels en Afrique noire.

Celui qui s’était fait couronné «Roi des rois africains» ne se servait pas seulement des têtes couronnées d’Afrique pour assouvir ses ambitions mégalomaniaques.

Mouammar Kadhafi était aussi très soucieux d’échapper aux tentatives de renversement de son régime et de conserver son pouvoir par tous les moyens.

Ainsi, certains chefs traditionnels africains dont le seul souci était de lui soutirer le plus d’argent possible, ne se sont pas fait prier pour lui vendre tous les boniments à leur disposition.

Avant le déclenchement de la révolution libyenne, il aurait été soi-disant doté de «pouvoirs mystiques» par des marabouts: ils étaient sensés le rendre invulnérable aux balles.

La suite des événements, avec sa capture et son assassinat à Syrte, a prouvé néanmoins qu’il ne s’agissait que d’une arnaque pure et simple.

5— Abdoulaye Wade


A ses compagnons des années 1974 à 1980 de Guédiawaye et Pikine qui sont venus lui demander de faire attention à ce qui est arrivé au président tunisien Zine el Abidine Ben Ali, le président Abdoulaye Wade du Sénégal avait répondu:

«Ceux qui pensent que cela peut m’arriver rêvent. Ils sont des méchants et des jaloux. Mais qu’ils sachent que mes marabouts sont plus forts que les leurs.»

Ce qui en dit déjà long sur ses rapports avec les marabouts.

La stratégie de conquête et de conservation du pouvoir du président Abdoulaye Wade était basée sur des marabouts, que ce soit ceux qui sont versés dans la religion ou ceux qui sont supposés détenir des pouvoirs surnaturels.

Pour de nombreux Sénégalais, c’est sous sa présidence que le pays est entré de plain-pied dans l’instrumentalisation des marabouts. Tant qu’ils servaient ses intérêts, il les choyait. Mais dès qu’ils se montraient récalcitrants, il les vouait aux gémonies.

Comme un papillon, Abdoulaye Wade a ainsi volé de marabout en marabout. Il est passé de Serigne Abdoul Khadre à Serigne Saliou, Elhadj Bara et Cheikh Sidy Mokhtar.

Dans un ultime baroud d’honneur pour conserver le pouvoir, c’est Cheikh Béthio Thioune qui va tenter de sauver le fauteuil du président Wade face à son ex-Premier ministre Macky Sall en organisant un grand meeting de soutien en sa faveur le 17 mars 2012.

Mais, finalement, le pouvoir du peuple sénégalais aura été plus fort que celui des marabouts d’Abdoulaye Wade.

4— Omar Bongo Odimba



Au Gabon, il est de notoriété publique que le président Omar Bongo était un franc-maçon. Initié à Angoulême, il a été le Grand Maître de la loge du Gabon, aujourd’hui reprise par son fils,Ali Bongo Odimba.

Le père était tout aussi très attaché au mysticisme africain. Il n’a jamais cessé de s’entourer de gourous de toute nationalité, jusqu’à la fin de ses jours.

Mais de tous, il avait une préférence pour les Béninois. Peut-être en raison du fait que le pays est considéré comme le berceau du vaudou et que cela fait l’objet de tous les fantasmes imaginables.

Jusqu’à la mort du président de la Communauté nationale du culte vaudou du Bénin (Cncvb), Sossa Guèdèhounguè était l’un de ses gourous attitrés.

Comme en attestaient ses fréquents voyages au Gabon sur invitation du président gabonais à l’époque.

«Le jour où nous avons destitué Sossa Guèdèhounguè et Dagbo Hounon de la présidence de la Cncvb qu’ils se disputaient tous deux, le président Omar Bongo a appelé au téléphone Sossa Guèdèhounguè juste après. Il voulait s’enquérir de la véracité de ce qu’il venait d’apprendre dans les medias», confie un ancien membre de la Cncvb

3— Seyni Kountché


Au Niger, Amadou Oumarou dit Bonkano (le chanceux) qui était le marabout du président Seyni Kountché, avait des pouvoirs si étendus qu’il en imprégnait la vie sociopolitique du pays.

Le journaliste Francis Kpatindé écrivait à son propos:

«Autodidacte souvent drapé dans de grands boubous blancs, la tête enveloppée d’un turban immaculé, les yeux dissimulés derrières d’éternelles lunettes noires, un chapelet à la main, et le coran sous le bras, Bonkano n’était qu’un simple planton, lorsqu’il fit la connaissance du futur président Kountché en 1969.»

L’homme qui est devenu le marabout de Seyni Kountché avait réussi à embrigader le président de la République qu’il s’est construit un empire économique.

Les affaires de Bonkano étaient si prospères qu’ils pouvaient se permettre de corrompre une panoplie de fonctionnaires et d’officiers en leur distribuant des liasses de billets de 50.000 à 500.000 francs CFA (76 à 763 euros) tous les samedis à son domicile.

En 1983, l’ancien garde-cercle, ancien planton devenu marabout et richissime homme d’affaires, a jugé qu’il pouvait lui aussi assumer les plus hautes charges de l’Etat et devenir président de la République. Il tenta alors un coup d’Etat, sans succès qui précipita sa déchéance.

2— Gnassingbé Eyadema


Gnassingbé Eyadema était particulièrement connu pour s’attacher les services des sorciers blancs. Lui-même faisant d’ailleurs de la sorcellerie africaine sa propre affaire.

Il n’y a pas de doute que Gnassingbé Eyadema avait ses marabouts africains. Cependant, beaucoup de fables infondées ont circulé à son propos, en l’occurrence concernant ses derniers jours en 2005.

Le constitutionnaliste français, Charles Debbasch, restera le plus célèbre des marabouts blancs d’Eyadema.
En tant que conseiller, il aura été à l’origine de tous les tripatouillages de la Constitution du Togo, des actes extrêmement habiles. Il est vrai que Debbasch est un constitutionnaliste de très haut niveau.

Dans une «autre vie» ce juriste a été conseiller de Valéry Giscard d’Estaing, alors locataire de l’Elysée (de 1974 à 1981).

Toute chose que l’ancien président du Mali et ancien président de la commission de l’Union africaine, Alpha Omar Konaré, qualifiait de «debbascheries contraires au fonctionnement optimal des institutions démocratiques».

1— Mathieu Kérékou


Au lendemain de l'agression armée dirigée contre le régime marxiste-léniniste du Bénin par le mercenaire françaisBob Denard, en 1977, le président Mathieu Kérékou avait jugé bon de devoir s’attacher les services d’un gourou.

Ainsi atterrit au Bénin, le sulfureux marabout malien, Mohamed Cissé. Les Béninois se souviennent toujours, du reste, du tout-puissant marabout malien, conseiller occulte et vrai patron de la sécurité présidentielle.

Il régna en maître sur le pays pendant des années et en profita pour piller allègrement les banques béninoises, jusqu’à leur faillite.

Ce prestidigitateur analphabète usait ainsi de son influence auprès du président Mathieu Kérékou pour décider de qui devait être nommé ministre ou directeur général de telle ou telle autre société.

En rançonnant au passage les candidats au poste par des déclarations écrites sur l’honneur de payer le montant requis pour leur nomination. Surnommé le «Djinn» (génie), il connaîtra finalement un triste sort quand le peuple béninois se révolta et exigea la démocratie à la fin des années 1980.

Ayant compris fort tardivement qu’il l’avait abusé pendant des années, le président Mathieu Kérékou ne se fit pas faute de lancer un mandat d’arrêt international contre son marabout Mohamed Cissé.
Arrêté en Côte d’Ivoire, avec l’aide du président ivoirien Félix-Houphouët-Boigny, il fut jeté à la prison civile de Porto-Novo au Bénin.

Jamais sans mon marabout

Il est difficile, voire impossible pour un chef d’Etat africain, quelle que soit sa religion, de faire table rase de certaines croyances ancestrales dont le recours aux marabouts.

Comme on peut s’en rendre à l’évidence en Afrique, à chaque chef d’Etat son marabout, son gourou, son sorcier blanc ou noir.

Ils ont beau être occidentalisés ou connaître la logique du cartésianisme, il reste que beaucoup d’entre eux sont des conservateurs invétérés.

Dès lors qu’il s’agit de tout faire pour conquérir et conserver le pouvoir, ils recourent aux mêmes pratiques que les rois qui régnaient autrefois sur le continent.

Pierre Cherruau & Marcus Boni Teiga
SlateAfrique

RDC: Goma, une ville qui vit la peur au ventre

La ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, à l’est de la RDC, vit au rythme des assassinats quasi-quotidiens.

Un climat de peur s’est installé dans la population qui craint pour sa vie et la menace d’une attaque des rebelles du M23

«C’est tous les jours qu’il y a au moins une personne tuée à Goma. Le nombre d’assassinats a battu un record. En moins de deux semaines, certains quartiers ont dénombré plus de 18 morts», confie un témoin, habitant de Goma.
Du côté des officiels, aucun bilan n’est avancé pour l’heure et les auteurs de ces actes restent non identifiés.


Les Fardc (Forces armées de la République démocratique du Congo) et les rebelles du M23 s’accusent mutuellement et se rejettent la responsabilité de ces tueries.

Objectif Goma

Le lundi 1er octobre, les mutins du M23 ont menacé de prendre le contrôle du chef-lieu de la province du Nord-Kivu.

«Si à Goma le commandant suprême, le président Joseph Kabila, ne maintient pas l’ordre dans son armée, nous allons sauver la population qui est en train d’être tuée par elle chaque jour, a déclaré à l’AFP le lieutenant-colonel Vianney Kazarama, porte-parole du M23. Si ça continue, nous envisageons de prendre Goma et sauver la population».

Une annonce qui a suivi d’autres propos du M23 dont se souvient Maître Omar Kavota, vice-président et porte-parole de la société civile du Nord-Kivu.
«Les rebelles avaient déjà promis de marcher sur Goma. Mais les autorités congolaises ont tenté de rassurer la population en affirmant que toutes les dispositions sont prises pour que la ville ne tombe entre les mains du M23
Cela n’a pas vraiment rassuré cette population qui vit dans la peur.
Et pourtant, au début de la rébellion, le M23 assurait que sa mission n’était pas d’aller à Goma.

Aujourd’hui, Goma est devenu l’un de leurs objectifs.

Au début du mois d’août dernier, «il y avait panique dans la ville, du genre tout le monde va fuir. On disait que le M 23 allait arriver, confie un jeune de Goma, dans la vingtaine. Même si tout le monde vaque à ses occupations, on a peur. On sait ce que c’est de vivre dans une ville contrôlée par les rebelles», raconte-t-il.

«Les gens restent prudents, confie un autre habitant, engagé dans les mouvements des jeunes de Goma. On circule, chacun fait ce qu’il peut, mais, dès que la nuit commence à tomber, les gens courent et se pressent pour rentrer chez eux. Ce qui n’était pas le cas avant les menaces du M23 de marcher sur la ville».

Les Fardc rassurent

Les menaces du M23 de marcher sur Goma sont prises au sérieux par les autorités congolaises.
«C’est vrai que cette menace est réelle et a existé sur la population. Le M23 avait vraiment l’intention de prendre Goma. C’était ça leur calendrier. Mais, cela n’est plus le cas aujourd’hui, affirme le colonel Olivier Hamuli, porte-parole Fardc à Goma. Les mesures ont été prises pour protéger cette ville qui est une grande agglomération et pour que la population ne subisse pas les affres de la guerre, les tracasseries et les tueries.»
Malgré tout, les meurtres vécus ces derniers jours à Goma sèment le doute dans la population qui est confrontée à cette réalité.

De plus, les rumeurs d’une éventuelle infiltration des rebelles du M 23 à Goma sont persistantes. «On vit dans la méfiance, les gens ne s’éloignent plus trop loin de chez eux, raconte Guélord M.

On n’est pas sûr que ceux qui doivent contrôler la ville le font vraiment. Dès que la nuit tombe, chacun veille à rentrer chez lui de peur d’être suivi par un inconnu ou d’être dépouillé de ses biens».

L’ombre du M23 plane sur la ville de Goma.

Jacques Matand’
SlateAfrique

Charles Onana : « La tragédie que vit le peuple Congolais à l’Est est le fait d’une politique délibérée de prédation »


A propos de la guerre dans l’Est


Charles Onana

Auteur de « Ces tueurs Tutsi. Au cœur de la tragédie congolaise », Charles Onana, journaliste d’enquête et essayiste français, publiera dans les jours qui viennent aux éditions Duboiris un nouveau livre sur la RD Congo intitulé « Europe, crimes et censure au Congo.

Les documents qui accusent ». En attendant cette parution, qui ne manquera pas de défrayer la chronique, ce spécialiste des Grands Lacs a accepté de répondre aux questions de notre correspondant en France, Robert Kongo, sur la guerre de l’Est du pays.

« Europe, crimes, et censure au Congo. Les documents qui accusent » est le titre de votre prochain livre sur la RD Congo. De quoi s’agit-il ?

Il s'agit d'une enquête sur le rôle et l'action de l'Union européenne dans les Grands Lacs depuis dix ans, plus précisément depuis l'assassinat de Laurent-Désiré Kabila.

Qu’est-ce qui vous a poussé à l’écrire ?

J'ai simplement constaté qu'il est difficile de parler des victimes congolaises et du pillage de la RDC en Europe malgré les multiples rapports de l'ONU sur ces sujets. Les médias et même les hauts responsables politiques européens traitent la RDC simplement à travers le prisme des FDLR, des Maï-Maï et en ignorant   les véritables forces d'occupation.

Parler par exemple, en détail, du rôle du Rwanda et de son action en RDC est manifestement tabou dans les institutions européennes, y compris pour les organisations chargées des droits humains.

J'ai pensé qu'il y avait là une forme de censure qui ne se justifiait pas. Surtout que l'argent dépensé par l'Union européenne pour l'appui à la « démocratie et les droits de l'Homme » dans les Grands Lacs depuis 2002 mérite un questionnement.

Il faut donc briser cette loi du silence et c'est dans les archives de l'Union européenne, notamment celles de la Commission et du Conseil que je suis allé chercher des explications.

A quand exactement sa parution ?

Très prochainement !

Vous qui travaillez beaucoup sur la région des Grands Lacs, quelle analyse faites-vous de la situation dans l’Est de la RD Congo ?

L'Est de la RDC est devenue une zone de non droit où seuls les « rebelles » et divers groupes armés font la loi. C'est aussi le point d'entrée du démembrement du Congo.

Depuis l'assassinat de Mzee Kabila, personne ne veut admettre que la tragédie que vit le peuple congolais à l'Est est le fait d'une politique délibérée de prédation et d'asservissement dans laquelle des grandes puissances, des multinationales et des groupes mafieux jouent un rôle majeur.

Ce n'est d'ailleurs pas le fait du hasard si des efforts constants visent en priorité à museler les journalistes, les organisations des droits humains et la Société civile congolaise. Aucun gouvernement d'un « Etat civilisé » ne peut accepter ce qui se passe à l'Est.

C'est ce que me confiait un diplomate européen choqué par le niveau de criminalité et d'atrocités imposé à cette région. Il faut dire qu'il y a d'une part l'agressivité du Rwanda qui cherche à contrôler les richesses et la démographie de l'Est de la RDC et d'autre part le silence troublant des autorités congolaises devant le calvaire des populations de cette région.

Il semble bien qu'un consensus a été organisé pour entériner la violation de la souveraineté du Congo et taire la terreur infligée à ses populations. Ceci est très inquiétant pour l'avenir, car les Congolais ne pourront pas continuer à supporter indéfiniment la façon dont ils sont traités et finiront par se révolter contre l'injustice dont ils sont victimes. Un jour, il faudra bien les écouter. Je crains qu'il soit déjà tard.

Les experts de l’ONU ont clairement désigné le Rwanda comme le principal instigateur de la rébellion dans l’Est de la RD Congo et son soutien au M23 est avéré. Et on peut citer également l’Ouganda. D’après vous, pourquoi les Etats refusent-ils de condamner clairement ces principaux sponsors de l’agression contre la RD Congo ?

J'apporte la réponse à cette question dans le prochain livre. Il faut dire que ceux que vous appelez les « sponsors de l'agression du Congo » sont plutôt des serviteurs d'intérêts très importants.

L'impunité dont ils bénéficient depuis les événements de 1994 au Rwanda finira par trouver un terme. Je pense que l'exaspération des Congolais est désormais plus forte que cette impunité et nul ne sait vraiment comment tout cela va se terminer.

Comment expliquez-vous la passivité de la communauté internationale sur ce dossier ? Ne se complait-elle pas dans cette situation ?

Pour l'instant, les grandes puissances et les acteurs qui tirent les ficelles dans cette région en maintenant cette instabilité au Congo ont gagné beaucoup d'argent. Ils ne voient pas pourquoi il faudrait réfléchir à sortir du statu quo puisqu'il est « rentable » depuis dix ans.

Ils doivent cependant compter avec la volonté de changement au Rwanda et au Congo. Après avoir soutenu des élections truquées dans les deux pays et encouragé la censure et la criminalisation du pouvoir, trouver une autre « recette » ne sera pas chose facile.

Pourtant, les Rwandais comme les Congolais n'ont jamais cessé de proposer des solutions raisonnables pour un retour à la paix, à la stabilité et à la prospérité. Il faut croire que personne, pour l'instant, ne juge utile de les écouter.

Comprenez-vous que le chef du M23, Bosco Ntaganda, soit toujours libre à ce jour, pourtant cet ex-général des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) est recherché par la Cour pénal internationale (CPI) pour crimes de guerre ?

Lorsqu'il a été intégré dans les FARDC, il était déjà un criminel de guerre mais personne n'a estimé nécessaire de l'arrêter ni de le faire juger. Il semble bien qu'il avait son rôle à jouer dans le schéma d'affaiblissement et du pillage du Congo.

L'Union européenne a financé cette intégration et la constitution d'une armée de truands. Je doute que tous les services de renseignement des pays européens qui suivaient les actions de Bosco Ntaganda ou de son chef Laurent Nkunda ignoraient qui ils étaient.

Si la mobilisation pour son arrestation comme d'ailleurs celle du retraité Laurent Nkunda demeure sans effet, c'est qu'il y a bien d'autres raisons non avouables à cette situation.

Pensez-vous que certaines autorités, politiques, civiles ou militaires, de la RD Congo soient de mèche avec celles du Rwanda dans ce dossier de la guerre à l’Est ?

C'est plus que probable. J'en apporterai des preuves dans le prochain livre.

Le déploiement d’une force internationale neutre dans l’Est de la RD Congo vous inspire-t-il confiance ?

Absolument pas, tant que les autorités congolaises ne se montrent pas combatives face aux massacres des populations, au pillage du pays et à l'ingérence rwandaise ! Pourquoi voudrait-on la présence d'une force internationale neutre à l'intérieur d'un Etat souverain ?

Est-ce à dire qu'il y aurait un doute sur la violation de la souveraineté de la RDC où qu'il n'y a pas assez de preuves sur l'occupation du Congo par les troupes étrangères, en l'occurrence celles du Rwanda ?

Après dix ans de présence en RD Congo, la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en RD Congo (Monusco) n’a  atteint aucun résultat tangible. Selon vous, les 18 000 Casques bleus basés dans ce pays ont encore un rôle à y jouer ?

Je n'en sais rien mais je sais au moins que lorsque la Monuc avait identifié la présence effective des troupes rwandaises, je parle de l'armée rwandaise, Kigali avait tancé la Monuc et menacé les casques bleus de l'ONU.

Personne n'a exigé la pondération au régime monoethnique du Rwanda. Au contraire, ce sont les Casques bleus qui ont été contraints au silence malgré les preuves qu'ils détenaient.

Je crois qu'avant de reprendre une initiative concernant l'envoi  de 18000 hommes, un bilan objectif de l'action de la Monusco et de la Monuc serait un préalable indispensable.

Comme bon nombre d’observateurs, pensez-vous que la balkanisation de la RD Congo est en marche ?

Oui, elle a commencé après l'assassinat de Laurent-Désiré Kabila. Les Congolais ont résisté malgré leurs maigres moyens ; ils continuent de résister face à des prédateurs relativement déterminés et très fortement soutenus.

Cependant, cette situation est réversible, c'est-à-dire que les Congolais sont capables d'empêcher que ce processus de balkanisation aille jusqu'à son terme.

Le problème de la RD Congo ne serait-il pas le manque d’une armée forte et républicaine, une situation voulue et entretenue par les ennemis intérieurs et extérieurs de ce pays tant convoité à cause de ses richesses ?

Oui. Votre question est essentielle car jusqu'à ce jour, malgré le financement colossal apporté par l'Union Européenne à la constitution d'une armée nationale « intégrée », aucun résultat sérieux n'a été obtenu.

Les autorités congolaises éprouvent-elles le besoin de se munir d'une armée forte et patriote ? Ont-elles la capacité et la volonté de bouter les envahisseurs hors de leur territoire ?

Je crois que chaque Congolais peut répondre à ces questions en observant simplement les faits depuis 2001.

Selon vous, comment mettre un terme à cette guerre ? Croyez-vous à la paix dans la région des Grands Lacs ?

Il sera possible de mettre un terme à cette guerre dès lors où les Congolais vont eux-mêmes désigner les coupables et envisager par tous les moyens de les mettre hors d'état de nuire.

La seconde étape est de convaincre ceux qui soutiennent les envahisseurs du Congo que la paix est indispensable pour la stabilité de la région, qu'aucune démocratie ni aucun développement durable ne sont envisageables tant que l'obsession de la déstabilisation du Congo perdure.

Il faut aussi savoir que ceux qui font des affaires en période de guerre et d'instabilité ne rêvent que d'une perpétuation du conflit en RDC. Il s'agit donc d'une bataille féroce entre les partisans du respect du droit international et les tenants de la politique du chaos.

Propos recueillis par Robert Kongo, correspondant en France

Rwanda : 1er octobre 1990 – octobre 2012: l’absence d’une justice pour tous entrave la réconciliation

8. oct 2012

22 ans après l’attaque du Rwanda par le FPR qui a enclenché une guerre civile qui a mené au génocide des Tutsi en 1994, ensuite au génocide des Hutu en 1996, justice n’a toujours pas été rendue pour toutes les victimes.

Hors, l’absence d’une justice pour tous est un facteur qui continue à entraver la génération d’une réconciliation entre Rwandais de tous bords.


Prisonniers rwandais

Au lendemain du génocide, en 1995, plus de 120.000 personnes avaient été arrêtées et détenues pour leur rôle présumé au cours de celui-ci.

En 2003, Paul Kagame, décidait de libérer 30 à 40.000 prisonniers soupçonnés pour l’immense majorité d’être impliqués dans le génocide de 1994. En février 2012, l’on apprenait de source officielle que le Rwanda comptait dans ses prisons 39.572 personnes condamnées ou en attente de jugement pour des crimes commis pendant le génocide des Tutsis en 1994.

Par ailleurs, afin d’accélérer le jugement et la condamnation des prisonniers soupçonnés d’actes de génocide, le gouvernement du FPR a instauré les tribunaux Gacaca, inspirés des anciennes assemblées traditionnelles pendant lesquelles les sages du village réglaient les différends assis sur l’herbe. C’est en tout, environ 12.100 tribunaux populaires qui ont jugé près de 2 millions de Rwandais, pour un taux de condamnation de 65%, selon les sources officielles.

Cette justice est néanmoins critiquée, car, d’une part, tous les condamnés n’appartiennent qu’à un seul groupe ethnique : ils sont tous hutu.

D’une autre part, les juges Gacaca qui avaient le pouvoir de condamner à des peines parfois très lourdes, sur la foi soit des aveux, soit des témoignages pouvant émaner aussi bien de vraies victimes que d’individus mus par la soif de se venger de leurs semblables ou simplement lorgnant sur les biens de leurs voisins, étaient dépourvus de la moindre formation juridique et certains d’entre eux-mêmes rescapés du génocide.

Mis à part les tribunaux nationaux, le Tribunal Pénal International pour le Rwanda créé par la résolution 955 du conseil de sécurité de l’ONU, a pour sa part condamné plusieurs suspects, exclusivement d’ethnie Hutu, à de lourdes peines pour leur rôle dans le génocide.

L’offensive du 1er octobre 1990

Pourtant, le Front Patriotique Rwandais(FPR), qui a joué un rôle important dans la tragédie rwandaise, et ce dès l’enclenchement de la guerre civile le 1er octobre 1990, reste impuni. En effet, le 1er octobre 1990, pour les rebelles rwandais, il était temps de laver l’humiliation subie par leurs parents lorsqu’ils ont été chassés du Rwanda en 1959 par la masse Hutu en révolte[1].

Cette révolte des Hutu était une réaction contre la monopolisation du pouvoir par la monarchie tutsi qui exerçait un pouvoir autocratique, brutal et meurtrier, contre la majorité hutu.

C’est ainsi que feu Antoine Nyetera, un tutsi, avait témoigné dans un livre de Charles Onana, intitulé « Les secrets de la justice internationale », que face au manifeste des Hutu daté de 1957, les notables de la cour avaient indiqué que : « les relations entre nous(Tutsi) et eux(Hutu) ont été de tout temps, jusqu’à présent, basées sur le servage ; il n’y a donc entre eux et nous aucun fondement de fraternité ».

Au début de l’offensive militaire, le chef de l’APR, Fred Rwigema, n’avait pas l’intention de tuer les populations civiles selon plusieurs témoignages d’anciens soldats de l’APR.

L’objectif était plutôt d’exercer des pressions sur le régime du Président Habyarimana afin, d’une part, d’accélérer le retour des exilés tutsi dans leur pays et, d’autre part, faciliter l’entrée des Tutsi exilés en Ouganda à des postes importants.

Cette approche n’était pas celle de Paul Kagame, ce qui opposa les deux hommes. Fred Rwigema sera finalement, au tout début des combats, tué dans des circonstances mystérieuses.

Lors des combats, a témoigné Abdul Ruzibiza, un déserteur de l’APR ayant participé à cette invasion, dans des localités situées à Byumba « des populations majoritairement Hutu ont été condensées dans une même place et mitraillées indistinctement », des femmes et des filles ont été violées collectivement, les populations ont été chassés, leurs récoltes ont été spoliées et leur bétail a été pillé.

Les villes de Ruhengeri et Gisenyi ont également subies le même sort.

Hormis les exactions contre les Hutu, des massacres de Tutsi ont également eu lieu durant la même période, notamment ceux des Bagogwe(NDLR : une communauté de Tutsi qui vivait au Nord du Rwanda) en 1990.

En 1992 et 1993 des grenades et des bombes explosaient dans des marchés et dans des transports en communs, faisant plusieurs morts et blessés.

Plusieurs assassinats politiques furent également fomentés, entre autres, celui de E. Gapysi, un leader populaire du MDR, qui fut assassiné le 18 mai 1993.

6 avril 1994 : début du génocide


Epave du Falcon 50 de Habyarimana source: Jeuneafrique.com

Le 6 avril 1994, l’attentat sur l’avion du Président Juvénal Habyarimana entraina la mort de ce dernier ainsi que de son homologue burundais Cyprien Ntaryamira. Un pilote et deux mécaniciens français ont également périt dans ce tragique évènement.

Jusqu’à présent la lumière n’a pas encore été faite sur cet attentat, même si le FPR, mené alors par Paul Kagame, en reste le principal suspect.

Lors du génocide des Tutsis, des Tutsi ont été exterminés par des extrémistes Hutu , et des Hutu ont été victimes de massacres systématiques commis à leur égard par le FPR, poussant plus de deux millions d’entre eux à fuir dans les pays voisins.

Cependant, quiconque ose mentionner ce dernier élément est taxé de négationniste, divisionniste ou encore de révisionniste et ce surtout par les partisans de l’actuel Président Paul Kagame. Le nombre d’opposants, ou de simples citoyens actuellement emprisonnés pour l’une ou l’autre de ces infractions ne se compte plus.

Les crimes du FPR sont donc exclus et restent impunis. De ce fait, la favorisation d’une réconciliation durable au Rwanda est limitée, ce qui a d’ailleurs été également pointé par un rapport de Human Rights Watch du 31 mai 2011.

1996 : le génocide des Hutus



« La nature systématique, méthodologique et préméditée des attaques répertoriées contre les Hutu ressort également : ces attaques se sont déroulées dans chaque localité où des réfugiés ont été dépistés par l’AFDL/APR sur une très vaste étendue du territoire.

La poursuite a duré des mois, et à l’occasion, l’aide humanitaire qui leur était destinée a été sciemment bloquée, notamment en province Orientale, les privant ainsi d’éléments indispensables à leur survie.

Ainsi les attaques systématiques et généralisées décrites dans le présent rapport révèlent plusieurs éléments accablants qui, s’ils sont prouvés devant un tribunal compétent, pourraient être qualifiés de crimes de génocide. », peut-on lire dans le Mapping Report de l’ONU 2010 détaillant les atrocités commises en RDC durant la décennie 1993-2003.

Jusqu’à présent aucun tribunal n’a été mis en place pour jugé les responsables de ces crimes qui pourraient être qualifiés de génocide.

Les autres victimes

Des Twa, des espagnols, des canadiens, des belges et des français ont également périt dans ce conflit qui a commencé en 1990 et qui jusqu’à présent continue encore à faire des victimes essentiellement à l’est de la RDC.

La grande majorité des victimes sont des congolais, dont 6 à 8 millions d’entre eux selon les sources, ont perdu la vie suite à la déstabilisation régionale, qui a commencé lors de l’offensive de l’APR/AFDL d’octobre 1996 qui a renversé le pouvoir de Mobutu.

La justice, n’a donc été en majorité rendue que pour les victimes du génocide visant la minorité Tutsi. Aujourd’hui en 2012, deux ans presque jour pour jour après la publication du Mapping Report de l’ONU, les victimes du génocide des Hutu ainsi que les victimes congolaises demeurent les oubliés de la Justice tant nationale qu’internationale.

Le rôle de la communauté internationale

Le rôle de la communauté internationale qui tente de faire oublier ses propres turpitudes du temps, doit également être analysé. En effet, certains observateurs et chercheurs estiment que cette tragédie des Grands Lacs aurait pu être évitée si certains pays Occidentaux n’avaient pas comme plan de faire main basse sur les richesses de la RDC et d’éloigner la France de cette région.

La dégénération de la situation était prévisible et l’ONU en était avertie ; cependant les moyens nécessaires n’ont pas été déployés, bien au contraire, dès les premiers signes d’une recrudescence des violences le 6 avril, l’ONU retirait ses casques bleus suite au retrait du contingent belge justifié par l’assassinat des 10 casques bleus belges.

Selon certains, ce serait également une des raisons principales pour laquelle Paul Kagame et son régime jouissent encore du soutien de l’Occident, car les puissances occidentales ne peuvent se prévaloir de leurs propres turpitudes.

Justice par qui ? Justice contre qui ?

Au vu de ces éléments les questions qui se posent sont : qui pourra être garant de la justice pour toutes les victimes en ce qu’il s’agit de la tragédie qui s’abat sur la région des Grands Lacs depuis le 1er octobre 1990 ?

Qui sont les véritables bourreaux ?

Combien d’années devront encore s’écrouler avant que la lumière soit faite sur toutes les exactions commises ?

A quand une paix durable dans la région ?

Ce qui est certain c’est que sans justice équitable, sans justice pour toutes les victimes, une réconciliation durable n’est pas garantie. Hors, sans réconciliation, sans un apaisement des esprits, le risque que les maux du passés reviennent est très élevé. Il serait regrettable de constater un jour, qu’au final, l’histoire n’a servi d’aucune leçon.

Laure Uwase(Twitter : @LaureUwase)
Jambonews.net

Arrêté le 2 février 2012, Pierre Chalupa condamné à 4 ans de prison pour faux et usage de faux

Lundi, 08 Octobre 2012



L'ancien député et président d'Action pour la démocratie et le développement au Congo (ADD Congo, opposition), Pierre-Jacques Chalupa est condamné à 4 ans de prison pour faux et usage de faux par le Tribunal de paix de Kinshasa/Ngaliema.

Le verdict a été rendu samedi 6 octobre à la prison centrale de Makala contre Pierre-Jacques Chalupa.

Celui-ci est accusé de détenir une fausse attestation d'acquisition de la nationalité congolaise, une fausse carte d'électeur et un faux passeport congolais.

Les avocats de l'accusé contestent cet arrêt du tribunal. Ils affirment qu'il s'attendait à un acquittement parce que les faits ne reposaient sur aucun élément fiable et fondé. Ils estiment, par contre, que cette peine est lourde et ne peut être justifiée que par sa position politique. Ils promettent d'interjeter appel.

Au cours de l'audience foraine du jeudi 2 août, un des avocats de Chalupa, Me Kabengela Ilunga, a également affirmé que le ministère public n'a pas pu prouver que Chalupa détenait un faux passeport congolais et une fausse carte d'électeur, selon radiookapi.net.

Le Tribunal de paix de Ngaliema a inculpé le directeur des services de chancellerie au ministère de la Justice, Selumbe, pour faux. Selon le ministère public, c'est lui qui aurait délivré à Pierre-Jacques Chalupa l'attestation déclarative de la nationalité congolaise. Document qui lui a permis d'obtenir un passeport et de se présenter aux législatives de 2006 et 2011.

Arrêté depuis le 2 février 2012, Pierre-Jacques Chalupa, 64 ans, est emprisonné au Centre pénitentiaire et de rééducation de Makala, après les élections législatives et présidentielle. Il a été élu député en 2006 avant d'être invalidé en 2007 après recomptage des voix. En 2011, il a de nouveau été élu. Il a perdu son mandat après son inculpation dans l'usage des faux documents.

L'ONG de défense de droits de l'Homme, la Voix de sans voix (VSV) qualifie cette arrestation de " harcèlement des opposants " en RDC.

L'épouse de Chalupa, Mireille Akamia Chalupa, a déclaré que son époux a été arrêté à cause de ses convictions politiques. Elle a affirmé que son époux était un Congolais né en RDC des parents congolais et n'a jamais contracté une double nationalité.

Pierre-Jacques Chalupa serait de nationalité grecque, selon certaines sources..

Kléber Kungu

Déclaration politique de Kamerhe : Une confusion cynique et très dangereuse

07/10/2012

Vital KAMERHE
Comme tant d'autres, je ne puis résister à l'envie de commenter la déclaration de M. Vital Kamhere. En tout premier lieu, je ne comprends pas qu'un homme politique de sa stature puisse ignorer que le coup d'Etat constitutionnel de Joseph Kasavubu contre le gouvernement légal et légitime de Patrice Lumumba eut lieu le 5 septembre 1960, et non 14 jours après l'indépendance comme il l'affirme.

De surcroît, la manière dont il commente cet évènement fondateur de la crise congolaise témoigne d'une incroyable légèreté.

Contextualisons : la jeune armée nationale congolaise, constituée principalement des soldats chassés du Katanga après l'entrée en sécession de cette province sous la protection des mercenaires étrangers, qui avaient exigé et obtenu du gouvernement d'aller réduire la sécession katangaise, suivie d'ailleurs par la sécession du Sud-Kasaï montée par les mêmes acteurs de la finance internationale, s'était mise en route.

Dans sa progression, la troupe est attaquée au Sud-Kasaï par les milices kalonjistes scécessionnistes et aura, il est vrai, la main lourde puisqu'il y aura plus de 250 morts (d'après un témoin oculaire, la professeur Kaïk Njuji, dont le père fut Ministre de Kalonji).

Le Chef de l'Etat, ensemble avec M. Dag Hâmmarshold le Secrétaire général de l'ONU, dans le cadre d'un plan de la CIA monté bien avant l'indépendance, annoncent que les troupes congolaises ont commis un génocide.

L'agent de l'impérialisme qu'est Joseph Kasavubu va perpétrer un coup d'Etat constitutionnel en annonçant la révocation du Gouvernement. Ce dernier, en vertu de ses prérogatives constitutionnelles et des dispositions de la La Loi fondamentale en cas de trahison du Chef de l'Etat, prononce sa suspension.

Je me permets tout simplement de restituer les faits, sans autres commentaires. Je trouve inquiétant qu'une personne comme M. Kamhere, cité par beaucoup de compatriotes comme possible futur Chef de l'Etat, fasse preuve de tant de légèreté dans le traitement d'une question aussi fondamentale dans la compréhension de la situation post-coloniale qu'il a bien voulu analyser à l'intention de ses compatriotes.

Par ailleurs, je suis très étonné par son analyse de la situation de guerre à l'Est du Congo. Comment peut-il, lui originaire du Kivu, entretenir tant de confusion sur les causes de la guerre?

C'est extrêmement interpellant. La guerre du Rwanda contre le Congo tire ses origines d'abord dans l'histoire de la région. M. Kamhere ignore t-il la carte des frontières rwandaises, jusqu'à la rivière Lowa dans le Maniema, que le Rwanda avait officiellement publiée en 1998?

Ignore t-il le discours de Pasteur Bizimungu à Cyangugu en septembre 1966 disant que le Rwanda entendait récupérer ses territoires soit-disant accaparés par le Congo?

Certes, Vital Kamhere est né au Kivu, des parents kivutiens mais n'a pas grandi au Kivu. Je puis comprendre qu'il présente des déficiences sur l'histoire de la région.

En l'occurence, je ne crois pas qu'il ait une connaissance suffisante de l'histoire et de la culture rwandaise. Il aurait donc mérité de se taire au lieu d'ajouter à la confusion.

DECLARATION POLITIQUE DE L’UNC PAR L’HONORABLE VITAL KAMERHE, PRESIDENT NATIONAL DE L’UNION POUR LA NATION CONGOLAISE (UNC), PRÉSIDENT HONORAIRE DE L’ASSEMBLÉE NATIONALE -

(Kinshasa, le 05 octobre 2012)

Chers compatriotes,

Lorsque la Nation est en danger, lorsque la Patrie est en péril comme c’est le cas en ce moment, l’unité nationale commande que tous, citoyens de ce beau et grand pays, femmes et hommes, jeunes et vieux, majorité et opposition, nous mettions ensemble nos intelligences et nos énergies ainsi que nos ressources tant morales que matérielles pour sauver l’essentiel : la République Démocratique du Congo, notre patrimoine commun.

Le péril, ce sont ces guerres récurrentes qui déstabilisent notre pays depuis bientôt deux décennies et ravagent nos populations jusqu’à enlever leur dignité à nos mamans, à nos sœurs et à nos filles.

La comptabilité de ce drame humain devient difficile à tenir à jour : plus d’un dixième de nos populations affectées ; plus de 8 millions de morts et presqu’autant de personnes déplacées durant la seule première guerre qui a éclaté en 1998 et qui s’est terminée par l’Accord de Sun City du 17 décembre 2002.

Ceux qui contestent ces chiffres, se raviseront lorsqu’ils apprendront que, dans l’imbroglio qui endeuille en ce moment le Nord-Kivu, toutes les sources crédibles ont enregistré d’avril à juin 2012, c-à-d en deux mois seulement, plusieurs dizaines de milliers de morts et plus de 220.000 déplacés.

A ces compatriotes du Nord et du Sud-Kivu, blessés dans leur intégrité, dans leur dignité, dans leur intimité, dans leur personnalité, bref dans leurs droits les plus fondamentaux ; aux parents de ceux qui sont tombés victimes de ces effroyables violences, nous disons notre profonde compassion, notre solidarité, notre sympathie et surtout notre ferme volonté de tout mettre en œuvre pour sortir de cette zone de la honte et faire assumer à notre pays sa vocation de catalyseur de la paix et du développement pour tous les congolais, pour notre sous-région, le continent et le monde.

Chers Compatriotes,

Chaque être humain a reçu un don spécifique pour témoigner de la grandeur de notre Créateur. Dieu parle à travers les hommes qu’Il choisit.

Je voudrais rendre hommage à un fils de cette Nation, le prophète Simon Kimbangu, qui disait, le samedi 10 septembre 1921 : « Mes frères, l’Esprit est venu me révéler que le temps de me livrer aux autorités est arrivé.

Tenez bien ceci : avec mon arrestation commencera une période terrible d’indicibles persécutions pour moi-même et pour un très grand nombre de personnes. Il faudra tenir ferme, car l’Esprit de notre Dieu Tout-puissant ne nous abandonnera jamais ».

Bien de gens se sont interrogés sur le sens de mon long silence depuis la recrudescence actuelle des violences dans le Nord Kivu alors même que, par le passé, j’ai à plusieurs reprises dénoncé certaines de nos initiatives, politiques ou militaires, qui portaient en elles-mêmes les ferments de nos déconvenues actuelles, et en même temps j’ai à chaque fois en ces occasions proposé les voies et moyens d’en sortir.

En effet, en juin 2007, six mois seulement après que j’ai pris mes fonctions de président de l’Assemblée nationale, j’ai proposé au Conseil de sécurité des Nations Unies un « plan de sécurisation du nord et du sud Kivu ».

De même, en octobre 2008, j’ai soumis à l’Assemblée nationale et fait adopter par elle un « plan de sortie de crise à l’Est de la RDC ».

C’est précisément parce que j’ai à ces occasions tiré en vain la sonnette d’alarmes que j’ai cru nécessaire de puiser, dans le silence de la réflexion et de la méditation sur ces tragédies qui accablent notre peuple, la force spirituelle et morale qui seul permet, à ceux qui espèrent en Yahveh, de se « tenir en silence, de ne point s’irriter » face à l’adversité et au méchant.

Comme dit le psalmiste : (Psaume 37 : 12-15), le méchant forme des projets contre le juste, il grince des dents contre lui ; mais le Seigneur se rit de lui car il voit que son jour arrive. Les méchants tirent le glaive, ils bandent leur arc pour abattre le malheureux et le pauvre, pour égorger ceux dont la voie est droite ; mais leur glaive entrera dans leur propre cœur, et leurs arcs se briseront»

En des circonstances aussi dramatiques, le silence en effet est la marque du nécessaire besoin de prendre du recul pour discerner avec sagesse la nature et les causes de ce qui nous assaille et construire des stratégies d’action responsables et efficientes.

Je me devais donc de garder le silence parce que j’avais tout dit et avais été mal compris. Aujourd’hui, je rends grâce à Dieu parce que IL m’a permis de prendre ce recul et a fait en sorte que tout le monde se rende compte au Rwanda comme en RDC, que nous aurions pu éviter ce que nous déplorons aujourd’hui.

Aujourd’hui, le temps du silence consommé, il faut capitaliser les énergies qu’il nous a permis d’engranger. Il y a en effet le temps de la prière, de la réflexion, et il y a le temps de l’action !

Si nous devons condamner sévèrement ce qui se passe à l’Est de la République, nous serions mal inspirés si nous devions traiter ces événements comme des actes singuliers, isolés qui nous arrivent de façon impromptue et sur lesquels nous ne portons aucune responsabilité historique.

« Nul n’a le droit d’effacer des pages d’histoire d’un peuple, car un peuple sans histoire est un peuple sans âme » ne cesse de répéter le journaliste de RFI Alain Foca dans son émission « Archives d’Afrique ».

Ceci me fait remonter en mémoire ce que disaient mes professeurs Kabeya Tshikuku et Nyembo Shabani, « un peuple qui ne se donne pas rendez-vous avec son histoire, ne peut espérer prendre rendez-vous avec le développement ».

Il faut donc observer et capter le caractère récurrent des événements que nous déplorons si nous voulons réellement les infléchir et y remédier définitivement.

Force est donc de constater que ces événements s’inscrivent dans une rationalité de crise dont les origines se confondent avec la naissance même de notre Etat comme pays indépendant et souverain.

Rappelons-nous 1960 : 14 jours seulement après notre indépendance, le Président de la République révoquait le premier Ministre qui à son tour lui rendait la même politesse.

On était loin d’imaginer que cette crise au sommet de l’Etat serait l’événement catalyseur de toutes les crises politiques subséquentes et faillites de gouvernance qui caractérisent et déstabilisent depuis lors notre pays : rébellions, sécessions, coups d’Etat, dictature, pillages, guerres cycliques dans la partie Est du territoire national.

Il ne fait l’ombre d’aucun doute que ces crises sont fondamentalement toutes des crises de légitimité, plus exactement de légitimation démocratique du pouvoir.

On pourrait également dire, crises de légitimation de la gouvernance démocratique. A cet égard, si les scrutins démocratiques de 2006 ainsi que la mise sur pied des institutions de la 3ème République ont été une avancée significative dans le processus de la résolution de la crise congolaise, on peut aujourd’hui dire que ce processus de légitimation et de normalisation demeure inachevé à bien d’égards, voire en recul sur bien d’autres points, en particulier depuis les élections bâclées de 2011.

D’autres éléments de cette faillite de légitimité et de gouvernance à la base de nos crises se trouvent certainement dans la non organisation des élections provinciales, municipales et locales, véritable indicateur de la démocratie à la base ; les tergiversations sur la mise en œuvre de la décentralisation territoriale, confondue au découpage territorial et réduite finalement à une vision de provincettes-ghettos ou de provincettes-des-originaires, apparaissant comme un mécanisme de gestion des ambitions politiques en vue du « partage équitable et équilibré du pouvoir » entre les entités tribales.

La gouvernance administrative, économique, judiciaire et sécuritaire n’est pas encore aux normes démocratiques.

Le fonctionnement des institutions établies synchronise encore mal ses pratiques politiques et la logique constitutionnelle des pouvoirs de l’Etat. La mise en œuvre du nouvel ordre public fondé sur le primat des droits de la personne est hésitante.

Toutes ces questions sont, avec naturellement la pauvreté, la corruption, l’impunité, etc., autant de défis à notre gouvernance qui donne quelques fois l’impression d’être encore prisonnière de nos traditions politiques autocratiques et qui expliquent nos crises politiques récurrentes.

Il s’ensuit qu’aujourd’hui comme hier, on ne peut espérer mettre un terme à ces crises si l’on ne les intègre dans la rationalité de déliquescence de l’Etat qu’elles supposent.

L’erreur que nous avons toujours commise c’est de traiter ces questions comme des événements occasionnels, fortuits. Il est clair que ceux qui souhaitent notre disparition en tant qu’Etat indivisible, ont beau jeu de nous distraire dans l’événementiel, pour nous éloigner des questions de fond où se cache la clé du drame congolais.

Ceci est une interpellation qui s’adresse à tout le peuple congolais et à chacun de nous. Nous devons prendre conscience que tant que nous ne nous mettrons pas tous ensemble, autour d’une même table, pour identifier et discerner dans la vérité, au-delà de ce qui est visible, les causes profondes et cachées de cette tragédie, la République Démocratique du Congo notre pays ne connaitra pas de paix véritable et durable.

Nous mettre tous ensemble autour d’une table ne servirait à rien, si c’est pour réitérer sans fin le même exercice chacun avec son agenda personnel, reléguant les intérêts du peuple, de la Nation, de la sous-région au dernier plan.

Je nous exhorte à faire les choses autrement et à nous oublier au profit de ce peuple meurtri. L’essentiel est de trouver des solutions idoines pour faire avancer notre pays et notre sous région, cette terre et ce trésor que Dieu nous a donné en partage.

En partant de la crise Kasavubu-Lumumba, en passant par les sécessions ; katangaise avec Moïse Tshombe, kasaïenne avec Kalonji Ditunga ; les rébellions ; de Pierre Mulele, de Ngbenye.

En survolant la dérive mobutiste avec la révolte des 13 parlementaires de renom, arrêtée par l’épopée Laurent Désiré Kabila, jusqu’au dernier révisionnisme constitutionnel cavalier, …notre classe politique s’est depuis notre accession à la souveraineté internationale caractérisée par l’individualisme, l’égoïsme, l’intolérance, l’exclusion, les trahisons, le mépris du peuple souverain au nom et pour le compte duquel nous prétendons parler.

BREF RAPPEL HISTORIQUE

A la suite du génocide de triste mémoire de 1994, une tragédie humaine qui avait causé la mort de près d’un million des rwandais, près de 2 millions de réfugiés rwandais, en majorité hutus, vont se déverser dans les provinces du nord et du sud Kivu, à l'Est de la RDC.

Parmi ces réfugiés, il y avait les milices Interahamwe et les ex-Forces Armées Rwandaises (FAR), arrivés sous l'encadrement de l'Opération Turquoise initiée par la France et entérinée par le Conseil de Sécurité des Nations Unies.

La crise qui, depuis 1996 à ce jour, frappe durement et dramatiquement la RDC, est la résultante des conséquences sur le territoire congolais du génocide rwandais, en particulier la gestion calamiteuse de la présence massive des réfugiés rwandais sur le sol congolais, aussi bien par la Communauté internationale que par les gouvernements congolais successifs.

1. Cette crise est exaspérée par la déliquescence de l’Etat congolais, caractérisée par un déficit de leadership et une mauvaise gouvernance dans un pays qui regorge de ressources naturelles et de ressources humaines formées dans de grandes universités sur place et à l’étranger : nos meilleurs médecins se trouvent en Afrique du Sud, nos ingénieurs au Canada, etc.

2. Dans cette tragédie, il y a des responsabilités partagées par la Communauté internationale, le Rwanda, l’Ouganda, la République Démocratique du Congo et, dans une certaine mesure, le Burundi.

3. Il y a des erreurs qui ont été commises, des mauvais accords conclus vraisemblablement dans l’absence de la sincérité et non basés sur un vrai diagnostic de la situation. Le résultat, nous le connaissons aujourd’hui, c’est le chaos à l’Est de la RDC.

A. ERREURS DE LA COMMUNAUTE INTERNATIONALE

1. Malgré la présence des casques bleus onusiens, donc de la Communauté internationale, les milices Interahamwe et les militaires des FAR, parmi lesquels des responsables du génocide au Rwanda, ont traversé la frontière rwando-congolaise avec armes, minutions, argent et bagages, sans que l'ONU - qui pourtant en avait tous les moyens - ne les désarme et ne les sépare des autres civils qui n’ont pas pris part au génocide, avant leur entrée sur le territoire congolais.

2. Prétextant le manque des moyens logistiques, l’ONU a refusé d’exécuter la décision de leur déplacement à au moins 150 km des frontières à l'intérieure du Congo, décision prise à l'issue d'une tripartite Zaïre-Rwanda-HCR, alors que les sites d'accueil avaient déjà été indiqués par le gouvernement zaïrois de l’époque, dirigé par Monsieur Léon KENGO WA DONDO, actuel Président du Sénat.

Le Zaïre était représenté à ces assises par son Ministre des Affaires étrangères d’alors Me Gérard KAMANDA WA KAMANDA.

3. La présence des ex-Far, des Interahamwe et des réfugiés hutu sur le territoire congolais à un jet de pierre de leur pays d’origine a constitué pour le Rwanda le prétexte principal pour justifier son entrée sur le territoire congolais en 1996-1997 et ensuite en 1998.

4. On connaît aujourd’hui les dégâts énormes occasionnés sur les pauvres populations civiles congolaises du fait de la présence des groupes armés rwandais : plus d’un dixième des populations congolaises affectées ; plus de 8 millions de morts et presqu’autant de déplacés durant la seule première guerre qui a éclatée en 1998 ; d’avril à juin 2012, plusieurs dizaines de milliers de morts et plus de 220.000 déplacés, portant ainsi le total des populations déplacées au chiffre record de 2.220.000, selon le HCR ; multiplication de groupes armés et forces réfractaires à la paix.

5. Goma est sous la panique des assassinats ciblés, de braquages des banques. A Lubero, trois femmes violées dans la nuit d’hier et trois jeunes garçons brulés. A Masisi, à la suite de la mort d’un motard, des villages ont été brulés. A Walikale, l’on signale une présence massive des groupes armés.

Dans la plaine de la Ruzizi, une présence suspecte et inquiétante des hommes en armes. A Walungu et Kabare, l’on observe un recrutement massif des groupes armés. Bref sur l’ensemble des deux provinces du Kivu ; c’est la panique totale. Les gens dorment et ne savent pas de quoi demain sera fait.

6. Opérant sous différents mandats, la mission des Nations Unies en RDC (MONUC puis MONUSCO) a fait montre de laxisme. En effet, elle n’a pas pu empêcher la formation de nombreux groupes armés ou des rébellions dans une région où elle était pourtant fortement présente.

Les FDLR-Interahamwe continuent de commettre à volonté des exactions sur les populations du Nord et du Sud-Kivu tout comme la LRA en Province Orientale.

7. Le gouvernement congolais signera deux accords secrets, l’un avec le Rwanda et l’autre avec un nouveau leadership du CNDP ainsi qu’avec les représentants d’autres groupes armés au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, le 23/03/2009.

Rappelons que cela s’est effectué sans procéder à une quelconque évaluation des accords et mécanismes précédemment convenus au plan bilatéral ou multilatéral, ni prendre la précaution d’en informer l’Assemblée Nationale, conformément à la Constitution de la République.

Le bilan après ces opérations conjointes fut un échec. Le Mouvement du 23 mars qui en naitra, justifiera cet échec par la non application des accords du 23 mars d’où il tire d’ailleurs sa dénomination, « M23 ».

8. Tout en exprimant son indignation de n’avoir pas été informée pour élaborer un plan de protection des populations civiles dans les zones d’opérations, conformément à la Résolution pertinente du Conseil de Sécurité, la MONUSCO ne s’est pas interdite de s’impliquer dans ces opérations sans faire valoir le mandat lancé par la CPI contre Bosco Ntanganda, estimant comme le Gouvernement congolais que le paix n’avait pas de prix et que le général Bosco NTAGANDA pouvait aussi faire partie des opérations envisagées.

9. Cette situation s’est aussi aggravée par la crise de légitimité née des élections mal préparées dans l’indifférence de la MONUSCO, alors que l’opposition politique, la société civile et les églises avaient dénoncé la planification de la tricherie des élections par la CENI, déjà à partir du fichier électoral et du serveur central.

En parallèle, la MONUSCO a soutenu la CENI et a rassuré l’opinion nationale et internationale que tout se passerait dans de bonnes conditions. La suite a été une catastrophe au regard des rapports des différentes missions d’observations internationales et nationales.

10. Bien que l’on n’a pas tiré les conséquences des opérations conjointes au nord Kivu et dans les Uélé en Province orientale, le gouvernement congolais, avec l'appui de la MONUSCO a initié des opérations analogues dénommées Kimia 1 et 2, Amani Leo, etc. Aujourd'hui, il est établi que c'était un mauvais jugement de plus.

11. Le Porte parole de la MONUSCO a récemment rassuré l’opinion que tout est mis en œuvre pour que Goma ne tombe pas entre les mains du M23. Mais comment pouvons-nous faire crédit à cette information si l’on sait que Bunagama, Rutshuru, etc. ont été investis par le M23 en présence des éléments de la MONUSCO qui ont laissé faire.

Il n’y avait donc pas dans ces localités des populations civiles à protéger. Le résultat de cette stratégie c’est naturellement l’enlisement de la situation, l’établissement de zones ou des ilots de non droit et la consécration de la partition de fait du pays et donc sa colombisation, sa somalisation et son afghanisation.

Non ! Nous ne pouvons pas nous contenter de ces petits verrouillages, sensés protégés seulement les populations de Goma et oubliant les autres. Ce genre d’approche ne correspond nullement à ce que nous cherchons, le rétablissement de l’intégrité territoriale de la République et de l’autorité de l’Etat sur toute l’étendue du pas.

B. ERREURS DU RWANDA ET DE L’OUGANDA

12. Malgré les limites avérées des stratégies du Rwanda et de l’Ouganda, ceux-ci continuent à croire qu’ils peuvent résoudre les questions de sécurité de leurs pays respectifs, face au déficit actuel du leadership au Congo, la désorganisation de l’armée et la déliquescence de l’Etat congolais, uniquement par la voie militaire, soit en intervenant directement ou en appuyant des rébellions congolaises.

13. Malgré la présence de l’Ouganda sur le territoire congolais et l’appui apporté au MLC, au RCD-KML, au RCD-National, à l’UPC,…force est de constater que Joseph KONI et les rebelles de la LRA et NALU continuent à constituer une menace pour la sécurité de ce pays voisin et un drame pour les populations congolaises.

Il en est de même en ce qui concerne les différentes rébellions soutenues par le Rwanda et la collaboration entre les armées rwandaise et congolaise pour l’éradication des FDLR qui continuent de causer mort et désolation à l’Est du Congo tout en demeurant une menace sécuritaire pour le Rwanda.

C. ERREURS DU GOUVERNEMENT CONGOLAIS

14. Contrairement à une certaine opinion qui considère que tous nos malheurs viennent de la communauté internationale et de nos voisins, paraphrasant Jean Paul Sartre : « l’enfer c’est les autres » et qu’au niveau de nos gouvernements successifs, nous n’ayons commis aucune erreur, nous pensons que les premiers responsables de la crise congolaise c’est bien les congolais eux-mêmes.

Notre plus grand problème, c’est avant tout l’absence d’un leadership responsable, de volonté politique et de vision de nos dirigeants successif, le tout aggravé par la déliquescence de l’Etat et de la mauvaise gouvernance que d’aucun qualifie tout simplement de non gouvernance. Nous sommes contre un Congo à genoux, pleurnichant à longueur de journées sans se regarder dans le miroir.

a) Le Zaïre de Mobutu

15. A son époque, le Président Mobutu avait cru en la communauté internationale en acceptant d’accueillir les ex-FAR sans conditions au nom du droit humanitaire.

En contradiction avec son propre gouvernement qui avait une position contraire devant cette question de l’afflux des refugiés rwandais au Zaïre, Mobutu n’a pas su gérer la question pendant que ses généraux se livraient à un affairisme éloigné de leurs devoirs militaires. L’armée était donc déjà fragilisée.

16. Pour Mobutu, qui n’avait plus de rôle à jouer sur le plan international avec la fin de la guerre froide, il croyait trouver en cela une autre carte pour rebondir sur la scène internationale.

b) La RDC de Laurent Désiré Kabila

17. De même, Mzee Laurent Désiré Kabila, décidé d’en finir avec le régime de Mobutu, une fois son objectif personnel atteint, et sous la pression de l’opinion nationale congolaise, n’a pas pu respecter les engagements pris avec ses alliés, celui de les aider et leur permettre d’éradiquer les rebellions rwandaises et ougandaises installées en RDC (FDLR, LRA, NALU, …). Il rompra les accords en date du 27 juillet 1998.

18. A son arrivée au pouvoir, au lieu d’instaurer un nouveau leadership politique en composant avec les acteurs et les partis politiques qui ont combattu et fragilisé la dictature de l’intérieur par une lutte non violente, Laurent Désiré Kabila prit la décision d’interdire leurs activités durant une période illimitée et de suspendre l’Acte Constitutionnel de la Transition pour le remplacer par un simple décret présidentiel, occasionnant ainsi une terrible reculade du processus démocratique en cours.

19. En outre, il considérera les officiers des Forces armées zaïroises (FAZ) et leurs sous-officiers comme des mobutistes, donc ennemis du nouveau régime.

Il enlèvera ainsi de l’armée la crème de ses officiers formés dans de grandes écoles militaires locales et à l’étranger pour les cantonner dans les centres d’entrainement de Kitona pour suivre la formation civique et patriotique dans des conditions infrahumaines.

Il subira en date du 2 août 1998, l’agression de ses anciens alliés, et sera, dans ces entrefaites, lâchement assassiné dans son bureau de travail, le 16 janvier 2001. Quelle perte pour la Nation !

c) La RDC de Joseph Kabila

20. Si l’on a accueilli avec une grande satisfaction le limogeage par les autorités rwandaises des grands généraux de l’armée impliqués dans le trafic illicite de minerais dans l’Est de la RDC, du côté de Kinshasa, hélas, même de la Mission onusienne, aucune mesure ou sanction n’a été prise. C’est l’impunité totale malgré des slogans du genre « tolérance zéro ».

21. Le gouvernement congolais a déclaré haut et fort, après avoir nommé à des grades élevés dans l’armée certains membres du CNDP, notamment Bosco NTANGANDA, « avoir choisi la paix à la justice ». Il a ainsi délibérément fait de ce dernier le socle sur lequel il pensait fonder la paix à l’Est de la RDC.

Tous les 15 jours, de façon répétitive, la MONUSCO et les officiels congolais n’ont cessé d’affirmer, lors des conférences de presse, que l’Est de la RDC était en paix. Aujourd’hui, la vérité les a rattrapés. Qu’est-ce qui s’est passé pour amener ce retournement dramatique de la situation avec un bilan si lourd après près de 6 mois d’hostilités : 2.220.000 personnes déplacées ; des écoles détruites et ou occupées par les déplacés laissant près de 84.000 enfants sans scolarité, etc.

Quand on sait que ces données s’ajoutent aux chiffres effroyables révélés par les dernières statistiques de l’Unesco, selon lesquelles, il y a plus de 7 millions d’enfants et adolescents non scolarisés en RDC.

Parmi les raisons avancées pour expliquer cette situation, on cite : les conséquences des conflits antérieurs, la pauvreté des parents, l’absence des infrastructures et parfois l’absence du corps enseignant. Ce rapport ajoute aussi l’impossibilité pour plus de 60 milles enfants et adolescents congolais de reprendre le chemin de l’école. Ce sont là des nouvelles proies faciles pour le recrutement par les groupes armés.

22. Le Président de la République a pris la décision unilatérale, encore une fois, de supprimer la structure de commandement d’Amani Léo et d’autres opérations contre les FDLR, sans concertation préalable avec ses alliés impliqués dans ces opérations, ce qui sera à la base, entre autres, de la rébellion du M 23.

23. Qui, du gouvernement ou de la MONUSCO, peut expliquer aujourd’hui au peuple congolais et au monde, à partir de quel moment Bosco Ntanganda a cessé d’être utile pour la paix?

Pourquoi la MONUSCO et la RDC ont-ils sollicité du Rwanda l’arrestation de Bosco Ntaganda qui se trouvait plutôt sur le sol congolais et jouissait de toute liberté de mouvement ?

Pourquoi autant de morts et de déplacés de guerre pour arrêter un seul homme que la MONUSCO, forte du mandat de la CPI, aurait pu avec le gouvernement, à tout moment maîtriser et arrêter ? Pourquoi la guerre s’est-elle intensifiée et poursuivie 6 mois maintenant alors que le gouvernement déclarait au départ qu’il ne s’agissait que de 300 mutins auxquels les FARDC viendraient à bout en 3 jours seulement ?

24. Le Président Kabila a commis d’autres erreurs - et pas des moindres.

D’abord celle de modifier la Constitution, rompant ainsi le pacte républicain issu du dialogue intercongolais et ensuite, celle d’avoir planifié des élections bâclées sur base d’une tricherie flagrante; et de croire qu’il peut mettre à mal la cohésion nationale et aller chercher l’appui de la communauté internationale contre la volonté du peuple congolais souverain ; ce qui justifie l’indifférence criante de la population, face aux appels à la mobilisation nationale lancés par son gouvernement.

d) Erreurs des acteurs politiques et de la société civile.

25. L’analyse serait incomplète si l’on ne soulignait les erreurs des acteurs politiques congolais qui depuis 1960 ont créé des partis politiques confinés dans des cercles claniques, tribaux et provinciaux, sans vision et sans projet de société correspondant à la vocation africaine et mondiale de la République Démocratique du Congo.

26. En outre, la classe politique congolaise de manière générale, friande des occasions de partage équitable et équilibré du pouvoir, a au gré de ses intérêts, soutenu tel ou tel mouvement rebelle, espérant finir autour d’une table des négociations pour le partage du gâteau.

En même temps, le pays, en déficit de leadership, était de plus en plus en rupture de cohésion entre les gouvernants et les gouvernés.

27. Enfin, la société civile au Congo est devenue « politiquement civile », les uns s’alignant du côté du pouvoir et d’autres du côté de l’opposition politique non armée.

28. Je ne suis pas là pour pointer du doigt les autres, moi-même je reconnais avoir commis des erreurs, nul en effet n’est parfait, et je laisse aux autres le soin de me juger.

Je voudrais dans tous les cas demander pardon à la Nation toute entière et nous exhorter tous à la repentance et au changement. Je voudrais également à ce propos rendre hommage et remercier mon épouse Mamick Boji pour avoir attiré mon attention sur la nécessité de cette repentance personnelle.

29. Après ce rappel historique et ce diagnostic que nous avons estimé utiles pour la meilleure compréhension de la récurrence des crises congolaises, que pouvons-nous faire pour en sortir ?
PLAN DE SORTIE DE CRISE

A. QUE FAIRE ?

30. La réponse : il faut arrêter la guerre parce que, malgré quelques victoires enregistrées par les FARDC au début des hostilités, nous craignons que la corruption et le dysfonctionnement au sein de l’armée ainsi qu’au sommet de l’Etat ne conduisent à une véritable débâcle qui pourrait nous entrainer dans la somalisation de la RDC.

Il y a un risque sérieux que cette guerre s’étende vers le Sud (Sud-Kivu et Nord-Katanga) et vers le Nord (Ituri) au vu de la multiciplicité des acteurs impliqués et groupes armés.

31. Kigali et Kinshasa doivent se parler sincèrement et conclure une vraie paix des braves autour de grandes questions telles que la sécurité commun des frontières, des groupes armés, du trafic illicite des minerais du Congo, etc.

Par ailleurs, les mémorandums présentés par différents mouvements armés ne doivent pas être totalement ignorés quand, par exemple, il y est fait mention de détournement des soldes et rations alimentaires des militaires et de l’injustice dans l’octroi des grades.

32. Puisque le gouvernement de la RDC est déjà en discussion avec le M23, sous l’égide du Président Yoweri Museveni qui préside la Conférence Internationale sur la Région des Grands-Lacs, c’est un secret de polichinelle, la CIRGL devra élargir ce cadre d’évaluation et de discussion avec les autres groupes armés de façon à pacifier totalement l’Est de la RDC.

Le Président de la République devra associer tous les leaders politiques et de la Société civile de tous bords, ainsi que la diaspora congolaise, à la recherche d’une solution durable à ce problème qui concerne la nation congolaise toute entière.

33. Nous devons nous rendre à l’évidence. Aucune opération militaire, y compris les opérations conjointes avec l’Ouganda et le Rwanda sur le territoire congolais, n’a apporté la solution escomptée, à savoir l’anéantissement des rebellions et des groupes armés du Rwanda et de l’Ouganda sur le territoire congolais.

A notre humble avis, toutes ces solutions se sont plus attaquées aux effets qu’aux causes réelles de l’insécurité dans la sous région des grands lacs.

34. Nous devons donc tous œuvrer pour une solution globale, durable, juste et équitable pour tous les pays de la sous région des grands lacs. L’objectif devra être : « la paix pour tous » ; en RDC, au Rwanda, en Ouganda et au Burundi.

Et pour cela, l’approche qui combine des solutions politique, diplomatique, économique, humanitaire, de coopération régionale, du développement et militaire nous semble la mieux appropriée.

35. Après avoir établi les responsabilités des uns et des autres, comment se présente le plan de sortie de crise que nous comptons soumettre en détails aux membres de la CIRGL et de la Communauté internationale ?

B. COMMENT « SORTIR DE LA GRANDE NUIT » NOTRE SOUS-RÉGION ?

a) SUR LE PLAN POLITIQUE

36. A l’instar de l’Afrique du Sud d’après l’apartheid, la RDC devra tenir une grande rencontre de « vérité et réconciliation » sans exclusive.

Je profite ici de l’occasion pour saluer le Président Nelson Mandela, ce grand et digne fils de l’Afrique qui a su par la hauteur de sa vision, son humilité, son amour de l’autre, faire de l’Afrique du Sud cette grande Nation arc-en-ciel.

Puisse Dieu accorder à ce grand homme, aujourd’hui patrimoine mondial, longue vie afin que la lumière de son intelligence continue à nous illuminer et à nous inspirer le plus longtemps possible.

Le pouvoir, l’opposition politique, les mouvements armés (tous), la société civile, doivent donc participer à cette rencontre de vérité et de réconciliation pour un plus grand débat national autour des termes de référence ci-après : les causes et toute la vérité sur les guerres à répétition à l’Est et les moyens d’y mettre un terme ; la crise de légitimité : vérité des urnes ; la restructuration de la CENI ; la restructuration du CSAC ; la mise en place de la Cour Constitutionnelle ; la tenue des élections provinciales, municipales et locales ; les questions de bonne gouvernance et de droits de l’homme.

37. Il faut recréer la cohésion nationale. Le pouvoir en place devrait créer des conditions de décrispation politique par des gestes forts. Il connaît très bien le cahier des charges de l’Opposition et de la Société civile. Aussi longtemps que l’on sera divisé et fragile à l’intérieur, la Communauté internationale ne pourra que se limiter à faire des communiqués sans lendemain.

La responsabilité première de rechercher la paix incombe aux leaders congolais. Dans son discours du haut de la Tribune de la 67ème session ordinaire de l’Assemblée Générale des Nations unies, le Président Joseph KABILA ne dit pas autre chose que ce que nous avançons : « Nous sommes conscients, dit-il, que c’est à nous Congolais, qu’il revient de défendre notre patrie et d’assurer l’ordre public et la sécurité sur l’ensemble du territoire national.

Nous sommes déterminés à assumer cette responsabilité et entendons y consacrer toutes nos ressources humaines, matérielles et financières … Nous demeurons également déterminés à garantir la cohésion nationale et à assurer une égale protection à tous les citoyens congolais ».

Il faut maintenant urgemment passer de la parole aux actes pour concrétiser cet engagement solennel fait devant la Communauté internationale.

38. En effet il n’y a pas que des mauvaises choses à mettre sur le compte du Président de la République. Ce serait malhonnête de ma part. C’est pourquoi, je voudrais rappeler au Président de la République qu’à chaque fois, qu’il s’est humilié, il a été élevé et a abouti à des résultats spectaculaires. Nous pouvons à ce propos rappeler ceci :

- A son accession au pouvoir, quand il a réhabilité le facilitateur Masire, discuté avec le MLC et le RCD, l’opposition politique et la société civile, échangé directement avec le Président Paul KAGAME sous l’égide du Président MBEKI, et avec le Président Yoweri MUSEVENI sous l’égide du Président Eduardo Dos Santos, il a permis l’installation des institutions de la transition dans la formule 1+4 jusqu’au élections de 2006.

- Quand il a gagné ces élections, il a rendu visite le lendemain à son challenger Jean Pierre BEMBA ; ce qui était un acte de grandeur.

Les preuves de sa détermination « à garantir la cohésion nationale et à assurer une égale protection à tous les citoyens congolais » que nous attendons de lui sont du même ordre, càd, abandonner tout ce qui nous a conduit à l’échec et au chaos et réitérer ce qui a marché et a permis la pacification et la réunification du pays.

Il est possible aujourd’hui que le Président de la République puisse à cet égard, donner dans l’humilité des signaux forts de sa détermination et de son engagement pour la cohésion nationale. A titre d’exemple, je me permets de mentionner :

- une visite surprise à Monsieur Etienne Tshisekedi, l’écouter le rassurer et lever le cordon sécuritaire qui entoure sa résidence. Cet homme s’est beaucoup battu pour la démocratie dans notre pays, il ne mérite pas le traitement humiliant qu’il subit actuellement,

- demander officiellement à la CPI de clôturer le dossier de Jean-Pierre BEMBA,

- libérer les détenus d’opinion (CHALUPA, KUTHINO, MOKIA et bien d’autres..)

- et rassurer Mbusa NYAMUISI, DIOMI Ndongala et Roger LUMBALA, qu’ils peuvent revenir au pays en toute quiétude participer à la recherche de la paix.

- Laisser l’opposition s’exprimer librement en dehors et à l’intérieur de l’hémicycle,

- Rendre une visite surprise au Cardinal Laurent Monsengwo Pasinya, ce grand serviteur de Dieu qui m’a beaucoup inspiré dans la conduite des débats à l’Assemblée Nationale en me positionnant comme l’Eglise au milieu du village. Il s’est toujours battu pour la promotion des valeurs chrétiennes, spirituelles et morales et pour la promotion de la démocratie dans notre pays. Il mérite considération et respect.

J’en profite pour saluer ici le rôle constructif des confessions religieuses et de la société civile qui se battent sans relâche pour ramener la cohésion nationale et aboutir ainsi à une paix durable.

Cette cohésion nationale suppose également que soit prise en compte les attentes des jeunes et des femmes, principales victimes de la spirale de violence et des guerres, mais aussi acteurs dynamiques et majoritaires de notre développement national.

b) SUR LE PLAN DIPLOMATIQUE

39. La RDC, le Rwanda, le Burundi et l’Ouganda devraient s’engager, sous les auspices des Nations-Unies et des leaders de la sous-région, dans un dialogue franc et sincère.

c) SUR LE PLAN ECONOMIQUE

40. Renforcer et étendre à d’autres minerais, le mécanisme de traçabilité d’exploitation des minerais à l’Est du Congo en cours.

41. Il faut jeter les bases d’une véritable intégration économique régionale où finalement tous les pays de la sous-région vont se sentir obligés de veiller à leurs intérêts réciproques.

d) SUR LE PLAN DE LA COOPERATION REGIONALE

42. Point n’est besoin ici de rappeler la position géostratégique de la RDC au cœur de l’Afrique. Avec ses 9 voisins, ce sont autant d’opportunités de coopération que le pays devra rentabiliser par la réalisation des projets gagnant-gagnant, comme cela fut le cas entre la France et l’Allemagne Fédérale, à la sortie de la deuxième guerre mondiale.

43. Ce n’est qu’avec ce genre de projets de mise en commun de nos intérêts réciproques que la sous-région des Grands-Lacs et l’Afrique centrale toute entière pourront offrir à tous, les garanties d’une grande stabilité, car chaque pays y trouverait son compte.

e) SUR LE PLAN DE LA JUSTICE

44. L’instauration d'une Cour spéciale mixte avec des juges indépendants recrutés au Congo et au sein de la communauté internationale s’impose.

45. Poursuivre la réforme de la justice pour mettre en place un système judiciaire efficace et dissuasif par l’instauration de la sanction.

f) SUR LE PLAN DU DEVELOPPEMENT

46. La communauté internationale devra de toute urgence, pour soutenir l’effort de la démobilisation et de la réinsertion, mobiliser des fonds pour les travaux de reconstruction à l’Est de la RDC (Ituri, Nord Kivu, Sud Kivu, Nord Katanga) notamment la réhabilitation des hôpitaux, des écoles et des routes ainsi que la relance de l’agriculture et de l’élevage.

g) SUR LE PLAN MILITAIRE

47. Nous serions gravement irresponsables si nous pensions, cette fois-ci encore, régler nos problèmes en utilisant sans aucune rationalité et sans un réel engagement républicain, nos vaillantes forces armées que nous nous appliquons préalablement à désorganiser et à affaiblir de l’intérieur.

Nous serions de même irresponsables si nous pensons que la meilleure façon de mobiliser nos énergies c’est d’opérer des recrutements dont les conditionnalités sont secrètes et non conformes aux critères constitutionnels.

Est-ce que le problème de notre armée est celui de rajeunissement ou plutôt son organisation. Ceux qui sont aujourd’hui sous le drapeau sont mal pris en charge, mal formés, mal équipés, mal logés (construction des huttes et cases dans les camps militaires), sous payés, souvent impayés, etc..

Que l’on se souvienne du recrutement des jeunes opéré en 1998, au Stade des Martyrs et envoyés ensuite aux combats et décimés au niveau de Kasangulu.

Commettre une erreur une fois est pardonnable, mais commettre la même erreur une seconde fois est condamnable.

48. Chacun sait que chaque fois que nos forces armées étaient bien formées, bien équipées, bien organisées et bien encadrées, sous un leadership efficace, partageant au-delà de leurs origines le devoir de défendre la Patrie, elles ont toujours su faire l’honneur de leur uniforme et de notre drapeau.

49. Sans remonter jusqu’aux victoires de la Force publique notamment à Luvungi, Tabora, Mahenge, Saio, Assossa, Gambela, comment oublier ces hauts faits d’armes de nos troupes, de nos commandos, de nos parachutistes, de nos fantassins ? Citons aussi les performances des nos forces d’intervention au Tchad sur la bande d’Aouzou.

50. C’est ici le lieu d’honorer certains parmi nos vaillants officiers et soldats dont nous gardons en mémoire le souvenir tels que Kokolo, Mulamba l’homme de Bukavu, Tshatshi, Potopoto, Ikuku le serpent des rails, Mahele, Mbudja Mabe, etc.

51. On ne peut pas parler d’Etat sans armée. C’est un leurre de penser qu’un pays aux immenses ressources naturelles comme le nôtre, objet de tant de convoitises, puisse vivre en paix et se développer sans une armée républicaine, moderne, forte et dissuasive, dotée chaque année de ressources budgétaires conséquentes.

52. Depuis plusieurs années, on nous parle de la réforme de l’armée. A ce sujet, des projets divers sont enfouis dans les tiroirs du Ministère de la Défense nationale.

On a brassé les troupes, mixé les hommes et intégré des unités, mais fondamentalement, la structure, l’organisation, la doctrine et les stratégies de notre défense n’ont jamais été requalifiées.

53. A ce jour, ce travail là reste à faire. C’est la raison pour laquelle il appartient au gouvernement de dire la vérité à notre peuple et d’expliquer pourquoi ces différentes réformes de notre armée n’ont pas encore abouti ; et de soutenir financièrement et techniquement la réforme de l’armée congolaise, les FARDC.

54. Par ailleurs, en démocratie les questions de défense, de sécurité, de guerre, de paix ne peuvent rester des questions taboues, discutées à huis clos.

55. On comprend aujourd’hui qu’aucune victoire n’est possible sans l’engagement et la mobilisation de l’ensemble de la population.

56. Pour être efficaces, cet engagement et cette mobilisation exigent du pouvoir en place une transparence dans les politiques mises en œuvre.

57. Tout comportement contraire de la part des gouvernants suscite des suspicions dangereuses. S’agissant de la guerre actuelle, en présence de divers Accords secrets et face au mutisme persistant du pouvoir, le peuple congolais croit, à tort ou à raison, qu’il serait abusé et trahi à divers niveaux.

58. C’est dans cet ordre d’idées que l’Honorable Député national Kanku avait au début de la crise en mai 2012 initié une marche de soutien à nos forces armées ; curieusement, le pouvoir s’était empressé de l’interdire.

59. A ce jour, il y a donc des responsabilités à dégager, une évaluation des accords à entreprendre, des orientations à définir, des opportunités à saisir.

60. Que proposons-nous concrètement ?

- Mise en place d’un mécanisme renforcé de surveillance et de vérification des mouvements des troupes

- Réforme des l’Armée

- Mise en place d’une force interafricaine d’intervention.

h) SUR LE PLAN HUMANITAIRE

61. La Communauté internationale, devra mobiliser les fonds nécessaires pour un plan d’assistance humanitaire à la hauteur de la tragédie actuelle.

62. La communauté internationale devra aussi renouveler son engagement à encadrer le retour volontaire et la réinsertion sociale des Hutus rwandais en provenance de la RDC, des réfugiés congolais en Ouganda, au Rwanda et en Tanzanie.
NOS ATTENTES

A. LES GRANDES QUESTIONS A ABORDER

Les attentes que nous résumons ci-après pourraient faire partie des Termes de référence du cahier des charges des forums à tenir sur la crise de l’Est de la RDC.

63. La guerre de l’Est a ses aspects économiques dont il faut tenir compte et pour cela il faut apporter des solutions économiques par la création d’une zone de libre échange intégrant économiquement le Burundi, l’Ouganda, la RDC, le Rwanda, la Tanzanie, la Zambie et le Soudan du Sud, sur la base des règles de jeu transparents, notamment en matière de transit des produits.

64. Comment renforcer le mécanisme de surveillance et de vérification doté d’instruments appropriés et des moyens conséquents ?

65. Comment établir un mécanisme de dissuasion militaire ?

66. Comment appuyer la réforme du secteur de sécurité en RDC pour la création d’une armée républicaine?

67. Au plan humanitaire, comment assumer les conséquences de la guerre sur les populations dans le cadre d’une politique responsable de retour et de réintégration des réfugiés et personnes déplacées, la prise en charge médicale, psychologique et la réinsertion sociale des victimes des violences sexuelles et des personnes infectées par le VIH ; leur apporter un minimum d’appui pour reconstruire leurs habitats brûlés ou saccagés, des semences et autres intrants pour les agriculteurs et les vaches, chèvres, volailles…. pour les éleveurs ; la reconstruction et l’équipement des écoles et centres de santé détruits ?

68. Comment appuyer la mise en place d’une Commission Vérité et Réconciliation, avec des garanties sérieuses, afin d’aborder sans tabou toutes les questions liées à la situation de crise au Congo ?

69. De même, comment appuyer la réalisation d’une large concertation ou débat national entre les différentes forces politiques et forces vives de la Nation, débat devant aboutir au renforcement de la cohésion nationale et de la légitimité des institutions de la République ?la réforme de la CENI (Commission électorale nationale indépendante), la réforme du CSAC (Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication), des forces de sécurité (Armée, police, services de renseignement), de la justice (mise en place de la Cour constitutionnelle), l’organisation en 2013 des élections provinciales, locales et municipales, la non révision de la constitution, la mise en place d’un Observatoire des droits humains et d’une Commission de l’éthique et de la lutte contre la corruption.

70. Les gens ne doivent pas avoir peur du débat. Il ne s’agira nullement dans notre esprit du partage du pouvoir. C’est plutôt un grand forum du partage du savoir, du savoir-être et du savoir-faire, qui devrait déboucher sur une véritable union sacrée des intelligences congolaises et sortir définitivement notre pays de la zone de la honte.

71. Comment appuyer la création à l’Est d’une cour mixte de justice comprenant des magistrats congolais et étrangers pour mettre fin à l’impunité des auteurs des violations graves du droit international humanitaire ; et fixer son mandat dans le temps et l’espace, la doter des moyens suffisants ?
CONCLUSION

72. Nous croyons profondément qu’il est possible de construire dans notre sous-région, un espace de développement durable et de poser les bases d’une Union d’Etats ayant vocation à la puissance dans la région sur une base de justice, d’équité et de solidarité pour le plein épanouissement de nos populations.

73. Nous sommes convaincus que l’auto-développement de notre sous-région comme de l’Afrique, est impossible à réaliser sans les stratégies d’intégration de nos politiques économiques, culturelles et de développement.

74. C’est pourquoi, nous plaidons pour l’émergence d’un leadership capable d’amorcer des ruptures positives, au niveau de la culture, de l’économie, de l’éducation, du droit, de la justice et de l’existence même de l’Etat, pour faire émerger la démocratie pour l’homme dans son intégralité.

Cette nécessité est une urgence et un devoir qui nous invitent à « un militantisme obstiné pour la raison, la liberté, la démocratie, l’Etat de droit et la bonne gouvernance ».

75. A ce propos, dans son discours à la tribune des Nations unies, le Président français a rappelé que : « La France veut être exemplaire, non pas pour faire la leçon, mais parce que c’est son histoire, c’est son message. Exemplaire pour porter les libertés fondamentales, c’est son combat, c’est aussi son honneur ». Il a en outre rappelé l’affirmation du principe selon lequel : « les Etats ont tous la responsabilité d’assurer la sécurité de leurs civils ».

76. La participation du Président François Hollande et tous les chefs d’Etats et des gouvernements des pays francophones au sommet de la Francophonie à Kinshasa la semaine prochaine sera, sans aucun doute, l’occasion d’affirmer haut et fort, l’engagement des nos Nations aux valeurs d’humanisme, de solidarité, de liberté, d’égalité, de démocratie et de bonne gouvernance.

77. Le Président français a dit après avoir consulté ses pairs africains, avoir décidé de venir à Kinshasa, non pour légitimer le pouvoir de Kabila, mais pour dire des choses, nous attendons donc qu’il dise des choses.

78. La position de l’opposition et des forces vives n’a pas changé. Nous avions signifié au Président français notre refus de voir la France participer à une FETE culturelle à Kinshasa pendant que l’Est de notre pays comptait des morts par milliers. Nous lui avons fait savoir aussi que conformément à ses propres mots, il ne pouvait pas venir légitimer un régime illégitime.

79. Le Président François Hollande ayant répondu positivement à la demande du Président Etienne Tshisekedi d’être reçu par lui en audience en tête à tête, et ayant inscrit dans son agenda une rencontre avec l’opposition et les organisations de la société civile, notre intérêt autant que nos traditions d’hospitalité nous imposent de lui faire bon accueil et de l’écouter.

80. On n’évoque pas assez ce que l’Afrique, dans le contexte géopolitique, géostratégique et économique actuel peut apporter au monde et en particulier à l’Europe, continent qui forme avec elle un fuseau d’intérêts et d’opportunités. La Francophonie peut-être le lieu de renforcement et de concrétisation de ces intérêts et opportunités conjoints.

81. Dans ce cadre la France et la RDC ont vocation à jouer un rôle moteur et déterminant.

82. A l’intersection de la SADC, de la COMESA, de la CEEAC et de la CEPGL, un Congo fort, organisé, intégrateur, conduit par un leadership responsable, visionnaire, panafricaniste, est le premier gage d’une sous-région stable et d’une Afrique émergente.

83. C’est dans l’intérêt de tous d’avoir ce Congo stable, capable de contribuer à résoudre les problèmes structurels de la région et de répondre aux défis qui se posent actuellement au monde :

- Deuxième forêt du monde, soit 145.000.000 ha, la RDC constitue la deuxième au problème du réchauffement climatique après le Brésil.

- Avec une réserve de 120.000.000 ha des terres arables selon les études de la FAO, la RDC peut nourrir 2 milliards d’individus, soit résorber deux fois le déficit alimentaire mondial.

- Disposant de 53 % de toutes les eaux d’Afrique, qualifiée de château d’eau, la RDC peut résoudre le problème de nombreux pays africains menacés par la sécheresse et la désertification. Par exemple, il n’est pas compréhensible que toutes les eaux du Congo finissent leur course dans l’océan pendant que le lac Tchad s’assèche.

Alors qu’il est possible, à partir de l’embouchure du fleuve Congo, de construire une conduite pour recueillir ces eaux douces du majestueux fleuve Congo qui va se transformer en eau salée dans l’océan, pour alimenter le lac Tchad et d’autres pays tels que le Niger, la Lybie, etc.

Le même effort pourrait être réalisé en direction des pays de la zone du désert de Kalahari en Afrique septentrionale. Si des politiques appropriées ne sont pas conçues et mises en œuvre à brève et moyenne échéances, il y a lieu de craindre que la prochaine guerre fratricide à laquelle notre pays aura à faire face, comme c’est le cas maintenant, sera celle de l’eau.

Le phénomène Mbororo en Province orientale avec les éleveurs du sahel qui viennent fusils à la main faire paître leurs vaches sur le riche pâturage de nos terres qui chôment pourrait être l’un des déclencheurs de cette guerre.

- Dans le cadre de l’énergie propre, non polluante et renouvelable, la RDC constitue une part importante des solutions avec son potentiel estimé à 100.000 Mw, dont 44.000 à Inga sous seule capable de fournir le courant à l’ensemble de l’Afrique et l’Europe méditerranéenne. C’est pourquoi Inga est retenue comme pôle intégrateur dans le cadre du NEPAD.

- Scandale géologique et avec une politique appropriée, la RDC compte plus de 110 substances minérales et constitue une réponse appropriée à la raréfaction des matières premières dans le monde, aujourd’hui insuffisantes au regard de la montée fulgurante de la Chine, de l’Inde, le Brésil et d’autres pays émergents.

84. Nous vivons un véritable paradoxe dans notre pays, don béni de Dieu, avec des études récemment publiées, qui évaluent le potentiel de 10 minerais seulement du Congo à 24.000 milliards de dollars américains, soit la sommation des PIB des Etats-Unis et de l’ensemble des Etats de l’Union européenne, soit encore un chiffre supérieur à la puissante Arabie Saoudite dont l’évaluation des réserves pétrolières est estimée à de 18.000 milliards de dollars.

85. Avec tout ceci, la classe politique congolaise, au lieu de faire de nos différences et contradictions comme le choc d’où devrait jaillir la lumière pour baliser le chemin de l’émergence d’un Congo qui va réaliser son rendez-vous avec l’espérance, au contraire, chez nous un adversaire politique, c’est un ennemi à abattre à tout prix et par tous les moyens.

Tout comme, la conquête du pouvoir, c’est pour assouvir ses propres intérêts égoïstes, sans aucun plan d’épanouissement de ce peuple pour lequel chacun de nous prétend se battre.

86. Il n’est pas compréhensible que l’Opposition, la Majorité au pouvoir, la Société civile et même les mouvements armés congolais n’arrivent pas à se mettre ensemble quand la Nation est en danger. Comment pouvons-nous être des artisans de la destruction de notre propre Patrie ?

87. Je voudrais ici lancer un appel pathétique à tous les Congolais épris de paix et de l’amour de notre Nation d’unir nos énergies pour arrêter par des voies pacifiques cette guerre dont les victimes ne sont pas les signataires des accords violés mais plutôt les pauvres populations du Nord-Kivu auxquelles nous adressons, au nom de notre Parti, l’Union pour la Nation Congolaise (UNC) et en notre nom propre, nos sentiments de compassion, de solidarité et d’amour.

Nous nous sommes longtemps tus pour éviter de rajouter de l’huile au feu. Mais à partir de ce jour, nous allons nous impliquer sans relâche dans la recherche de la paix en nous basant sur les dernières recommandations de la Déclaration du Secrétaire Général des Nations Unies, à savoir, renforcer le dialogue interne et le dialogue diplomatique ; lesquels dialogues « pour demeurer crédibles comme voies de résolution des conflits et différends », ainsi que le dit si justement le Président Joseph KABILA dans son discours de New-York, doivent se faire dans la vérité et le respect de la loi, de la règle et des valeurs et principes universellement admis » .

88. Avec un leadership pétris de valeurs intellectuelles, morales et spirituelles, bref un leadership visionnaire, à l’instar par exemple du Brésil, la RDC peut constituer un véritable pôle intégrateur pour la région et une Afrique en paix et qui marche.

Une Afrique qui cessera d’être un problème pour la Communauté internationale pour devenir la solution à de nombreux problèmes du monde. Telle est notre profonde conviction.

Que Dieu bénisse le Congo et l’ensemble des pays des grands lacs, afin que la paix revienne dans notre sous région et que nous cultivions des relations avantageuses dans le respect réciproque, car nous sommes condamnés et par la géographie et par l’histoire à vivre ensemble.

Fait à Kinshasa, le 05 octobre 2012

Vital KAMERHE, Président National de l’UNC
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