mardi 22 janvier 2013

E. Boshab : la descente aux enfers

Lundi 21 janvier 2013



Aubin Minaku avait souhaité tirer Evariste Boshab de la tourmente de l’affaire de 4 millions de dollars détournés des émoluments des députés de la précédente législature. Matata Ponyo y a opposé un refus catégorique. 

Du coup, l’ancien président de l’Assemblée nationale se retrouve sans issue et exposé à ce point qu’il risque de voir sa carrière politique compromise. Du moins, pour un moment. Boshab a procédé à la remise-reprise sans avoir payée à ses anciens collègues leur dernier dû, soit 9.000 dollars par député. 

Ce détournement éclabousse également au plus haut point le député PPRD Deo Indulu, chef de division chargé de la trésorerie dans l’administration de l’Assemblée nationale au moment de la commission des faits. Ses affinités avec Boshab laissent croire qu’il a trempé aussi dans ce coup. 

En tout état de cause, ses responsabilités de l’époque le mettent directement en cause. Sitôt parvenu au perchoir, Minaku a pris connaissance de ce dossier et au nom d’une solidarité sur laquelle repose le régime corrompu, il s’est mis en tête d’opérer un montage financier pour payer à la place du détourneur. 

Par exemple, procéder à des coupes dans les frais de fontionnement, quitte à constituer des économies pour désintéressés les victimes de Boshab.

Il y était presqu’arrivé, selon des sources proches du bureau de l’Assemblée nationale, lorsque Matata l’a interpellé. Selon les mêmes sources, le Premier ministre aurait trouvé cette opération inacceptable et aurait demandé à Minaku pourquoi il cherche à sauver Boshab au lieu de le laisser mourir de sa belle mort. 

Entre Matata et Boshab, ça n’a jamais été le grand amour. L’un et l’autre s’étaient retrouvés rivaux, ayant reçu chacun de Joseph Kabila la promesse d’être nommé à la Primature. Boshab avait même été reçu à la ferme présidentielle à Kingakati, à cet effet, le même jour que deux autres prétendants, Georges Busse Falay et Raymond Tshibanda. 

Au finish, c’est Matata qui a reçu la confiance du chef. Le fossé entre le Premier ministre et le Sg du PPRD s’est aggrandi lors de la formation du gouvernement. Matata n’a pas retenu un seul nom de la liste des «recommandés» de son supérieur hiérarchique au parti. 

Pire, il a aligné des ministres présentés comme PPRD méconnus totalement des instances du parti présidentiel.

Comme le ministre de la Défense Luba Ntambo, un hybride donné tantôt PPRD tantôt MSR de Pierre Lumbi, le conseiller spécial du Chef de l’Etat en matière de sécurité. Depuis les deux hommes se regardent en chiens de faïence. 

S’ils se disent bonjour en public par élégance, ils ne se détestent pas moins cordialement. Minaku, de son côté, a dû trouver bienvenue le non de Matata. Lui qui est monté tant en influence à côté de Kabila ne peut que voir d’un bon oeil la descente aux enfers de son secrétaire général. C’est bien la descente aux enfers.

Elle avait commencé depuis. Elle s’est cristallisée et a culminé avec la bourde la FIKIN qui avait conduit à la suspension-révocation de l’ancien Dg de la RTNC, Christophe Kolomoni. Le lendemain, Kabila a convoqué tout le PPRD a Kingakati. Objet: faire l’évaluation, notamment en ce qui concerne le mandat de Boshab. 

A la mise en commun des conclusions des commissions ad hoc mises en place, l’avis de la majorité était que Boshab avait échoué. Il fallait remonter ces conclusions à Kabila. C’est à ce niveau que Boshab à jouer pour tout trafiquer. N’empêché que la vérité est parvenue à la «haute autorité» par d’autres voies.

 «Joseph Kabila sait qu’avec Boshab, le PPRD n’avancera pas. Le problème, c’est qu’il ne sait pas encore où le caser. Boshab est devenu un peu encombrant pour le Chef», a confié à «CONGONEWS» un cadre très influent du parti présidentiel. 

A la réunion de Kingakati, Joseph Kabila avait laissé trahir sa mauvaise humeur contre Boshab. Il s’était plaint, selon des témoins, de ceux qui disent qu’ils avoir fait tout pour lui. Cette plainte échappe de la bouche de Boshab chaque fois qu’il se retrouve avec les siens en privé, se disant déçu que Kabila n’ait pas pris en compte le poids de sa «majorité mosaïque». 

Si Boshab venait à être débarqué, il n’y en avait pas beaucoup pour miser sur son avenir politique. L’hypothèse la plus vraisemblable est qu’il reste dans les rangs dans l’espoir qu’il revienne dans les bonnes grâce de Kabila un jour. Tenter sa propre aventure ne pourra pas réussir à un homme qui ne s’est bâti aucune toile. 

Son tempérament acâriatre doublé d’un côté impulsif primaire a fait qu’il ne s’est pas créé des sympathies à l’instar de Vital Kamerhe qui a vu beaucoup de cadres du PPRD abandonner les privilèges du pouvoir pour le suivre dans un combat ingrat dans son aspect financier. 

Dans sa propre province du Kasaï Occidental, il n’a pas réussi à se bâtir un leadership. Si bien qu’au jourd’hui, Joseph Kabila a préféré Alex Kande comme gouverneur au détriment du candidat boshabiste, Serge Mabi, placé comme directeur de cabinet Hubert Kabasu Babo.

PAUL MULAND

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