lundi 11 février 2013

La guerre menace à nouveau Goma

6 février 2013


L’étau se resserre à nouveau sur Goma : alors qu’ils étaient censés avoir reculé à 20 km de la ville, les rebelles du M23 (des militaires mutins soutenus par le Rwanda) ont avancé leurs positions en direction du centre. Ils occupent désormais la zone tampon autour de l’aéroport et certains des quartiers voisins.

Cette situation ne préoccupe pas seulement la population civile qui craint qu’une nouvelle guerre n’éclate cette fois en pleine ville, elle mobilise aussi la Monusco (Mission des Nations unies au Congo) qui a convoqué plusieurs réunions afin de dissuader le M23 de reprendre la capitale du Nord Kivu.

D’autres indices alimentent les inquiétudes : le M23 se serait infiltré à Sake, sur la route du Nord, les troupes auraient été renouvelées par de nouvelles unités, les formations de recrues se poursuivent dans le camp militaire de Rumangabo…

Du côté des forces gouvernementales aussi on relève que les familles des militaires ont quitté le camp de Katindo…En outre, l’insécurité règne toujours sur la route reliant Goma à Rutshuru, contrôlée par les rebelles : quatre camions sont tombés dans une embuscade à Kibirizi et un autre dans le domaine de Katale. A chaque fois les passagers ont été dépouillés de ce qu’ils possédaient.

De l’avis des habitants de Goma, leur ville pourrait être reprise d’un jour à l’autre. Cependant, des observateurs politiques estiment que cette « musculation » militaire doit être analysée en fonction du sommet de Kampala, qui tire à sa fin et risque de se conclure par un échec.

Rappelons que le M23, en novembre dernier, n’avait accepté d’évacuer la ville que moyennant un dialogue direct avec les autorités de Kinshasa.

Durant deux mois, avec la médiation de l’Ouganda (dont la neutralité est cependant mise en cause) une délégation politique du M23 s’était donc entretenue avec une délégation gouvernementale conduite par le Ministre congolais des Affaires étrangères, mais ces pourparlers n’ont débouché sur rien.

Alors qu’au départ les rebelles voulaient seulement revisiter les accords militaires de mars 2009, leurs revendications s’étaient progressivement élargies au domaine politique, remettant en cause les élections de 2011 et exigeant même la démission du président Kabila.

L’impasse de Kampala ne mènera pas seulement à une probable reprise des conflits à Goma. Au Sud Kivu aussi, une nouvelle coalition de rebelles est apparue, l’Union des forces révolutionnaires du Congo, un mouvement « politico-militaire » qui assure n’avoir aucun lien avec le M23 mais représenterait en réalité un nouveau front, portant la même exigence : le départ du chef de l’Etat.

Au Katanga aussi des mouvements armés ont été réactivés tandis que les rumeurs de complot reposent sur des faits de plus en plus précis : à Kinshasa, des groupes d’« infiltrés » venus de Brazzaville ont été arrêtés et surtout, la police sud africaine a déclaré avoir arrêté 19 « comploteurs » des hommes qui suivaient un entraînement militaire dans une zone isolée de la province de Limpopo, dans le but de renverser le régime du président Kabila.

Le carnet de Colette Braeckman

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