vendredi 17 mai 2013

17 mai 1997 - 17 mai 2013 : "Libération" ou escroquerie politique?


Les "libérateurs" LD Kabila et "Joseph Kabila"

"La fin couronne l’œuvre", dit un adage.

Dans un commentaire intitulé "Un certain 17 mai 1997 : le peuple congolais s’en souvient", le journaliste Joseph Kimba de l’ACP - qui a pris l’habitude de confondre le métier de journaliste à celui de propagandiste et d’agent publicitaire - écrit : "Il y a exactement seize ans, jour pour jour, l’Alliance des Forces démocratiques pour la libération du Congo chassait Mobutu du pouvoir, un certain 17 mai 1997, (...), sous le commandement de Mzee Laurent Désiré Kabila, faisait une entrée triomphale à Kinshasa, après avoir conquis tout le reste du territoire national".

Et d’ajouter : "Le mérite de l’AFDL, c’est d’avoir canalisé le mouvement de révolte populaire, d’avoir su porter les revendications et les espoirs du peuple jusqu’à terrasser l’une des dictatures les mieux structurées du 20ème siècle". "Personne encore ne pouvait y croire. Car la chute de Mobutu, aux yeux de tous les « Zaïrois », apparaissait comme une utopie, un rêve insensé", ajoute-t-il.

A lire les propos de ce journaliste de l’Agence congolaise de presse, il apparait que la chute du régime de Mobutu Sese Seko tenait et continue à tenir lieu de "programme" ou plutôt de "finalité" pour les dirigeants de l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL). Devrait-on conclure que les ex-Zaïrois avaient "chassé" les mobutistes juste pour que la place vacante soit occupée par des kabilistes tout aussi détestables?

Cet estimé confrère a raté l’occasion de faire une analyse sans concession entre les promesses scandées par l’AFDL, alors "mouvement rebelle", et les changements réalisés par ce mouvement après son accession au pouvoir le 17 mai 1997. Il y a de cela 16 années d’exercice du pouvoir d’Etat. Mobutu a gouverné le Zaïre pendant 32 ans.

Qu’avait promis l’AFDL? Qu’en est-il des résultats? Le débat doit s’articuler autour de ces deux questions.

Dans une communication faite le 30 octobre 1996 à Bruxelles, Gaëtan Kakudji, secrétaire général du Parti de la révolution populaire (PRP) déclarait notamment : "(...), la mission de l’Alliance des Forces démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre est de libérer tous les citoyens sans la moindre discrimination raciale, ethnique, tribale ou de nationalité quelconque".

Dans le "protocole d’accord" daté du 18 octobre 1996, créant l’AFDL, on pouvait lire les "maux" dont souffre le Zaïre de Mobutu : incapacité à rétablir l’ordre, la paix, l’unité et la concorde nationale; enrichissement scandaleux d’une minorité de prédateurs et de pilleurs des biens publics.

S’agissant des droits de l’homme, Kakudji a poussé la coquetterie jusqu’à joindre une dépêche de l’AFP, reprise dans "Le Soir" du 28 octobre1996, avec pour titre : "Droits de l’homme : détérioration".

Le texte est tiré du rapport établi par le Chilien Roberto Garreton, rapporteur des Nations Unies. "(...), la situation des droits de l’homme dans ce pays n’a subi aucune amélioration significative (...)", depuis le précédent rapport en 1995. En un mot, l’AFDL avait promis d’instaurer la démocratie et l’Etat de droit.

Après le discours présidentiel du 24 avril 1990 et les travaux de la Conférence nationale souveraine (1991-1992), il ne faisait plus l’ombre d’un doute que les Zaïrois d’alors avaient levé l’option pour l’avènement d’un nouvel ordre politique fondé sur deux valeurs majeures : la démocratie et le respect des droits humains.

L’immaturité politique, la dépendance et les interférences étrangères n’ont pas permis aux citoyens congolais d’aller aux urnes pour choisir leurs gouvernants.
Faute de ressources financières propres et de consensus minimal, les consultations politiques ont été chaque fois reportées. Et ce, de 1991 à 1996.

Créée en octobre 1996 à l’initiative du président Yoweri Museveni de l’Ouganda et du général Paul Kagamé, alors vice-président de la République et ministre de la Défense du Rwanda, pour la traque des "génocidaires" Hutus réfugiés au Zaïre et non pour "canaliser le mouvement de révolte populaire" au Zaïre encore moins de "porter les revendications et les espoirs du peuple".

Au départ, LD Kabila n’était qu’un simplement "spokesman". Il faut croire en ses propres mensonges pour prétendre que les troupes de l’AFDL sont entrées à Kinshasa "sous le commandement" de LD Kabila.

Le confrère Kimba n’a-t-il jamais entendu du "commandant James" (James Kabarebe) qui était le véritable "patron" des troupes de l’AFDL?

L’instabilité qui règne depuis plus d’une décennie dans les provinces du Kivu et dans la Province Orientale constitue la preuve éclatante que la "libération" du 17 mai 1997 n’était en réalité qu’une vaste escroquerie. Par sa candeur, le peuple congolais a fait entrer les loups dans la bergerie. Il a livré son pays à des mercenaires et autres dirigeants africains sans foi ni loi.

Questions: 16 années après la "libération", les Congolais sont-ils devenus plus libres qu’avant? Le pays est-il mieux administré et gouverné? Les droits et libertés sont-ils respectés par les pouvoirs publics? Quid du pluralisme politique?

Les excès reprochés jadis aux "généraux mobutistes" ont-ils disparu? Qu’en est-il de la corruption et du népotisme? Le tribalisme et régionalisme ont-ils disparu?

Jusqu’à quand la chute de Mobutu Sese Seko va-t-il servir de masque pour cacher l’échec retentissant des prétendus "libérateurs" au plan social, économique, politique, culturel et diplomatique.

Quid de l’indépendance nationale?

Les Congolais ont-ils une quelconque raison d’être fiers de la date du 17 mai 1997? Serait-il excessif de clamer haut et fort que l’AFDL et ses avatars sont complices de l’occupation du Congo-Kinshasa par certains pays voisins?

Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant

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