M23
Au
fur et à mesure qu’approche juillet et le déploiement de la brigade
d’intervention des Nations unies à l’est de la RDC, les défections se
multiplient dans les groupes armés. La crainte d’être combattus par
cette unité spéciale pousse certains à déposer les armes.
Le colonel David Lusenge s’est rendu à l’armée
congolaise au petit matin, ce samedi 13 avril. Cet ancien officier
déserteur des Forces armées de la RDC (FARDC) qui avait créé avec ses
compagnons le Mouvement pour la restauration de la démocratie du Congo,
s’apprêtait à lancer une attaque fin mars sur la ville de Beni
(Nord-Kivu).
″J’ai décidé de revenir au sein des FARDC. J’ai enfin
compris que je dois servir mon pays non pas dans la brousse, mais plutôt
dans l’armée régulière″, a-t-il affirmé devant les acteurs de la
société civile qui ont facilité son retour.
Muhindo Wikongo, célèbre Mai Mai, très actif dans la localité de Kabarole à l’ouest de Beni a, lui aussi, fait volteface. Entouré de ses lieutenants, ce milicien a abandonné ses flèches, machettes et couteaux au grand étonnement des villageois qui passaient la nuit la peur au ventre par crainte des attaques.
L’Onu montre les biceps
Dans le territoire de Beni, des miliciens se bousculent ainsi pour abandonner les armes et leurs grigris. Au total plus de dix groupes armés se sont livrés. La plupart passent par la société civile, qui a eu mandat des autorités provinciales après le dialogue social tenu en février dernier à Beni.
″Nous recevons régulièrement des appels de miliciens qui manifestent l’intention de quitter la brousse. Ils disent être fatigués et veulent réintégrer la vie civile″, témoigne Teddy Kataliko, président de la société civile du territoire de Beni.
Forte de 3 000 hommes venus essentiellement des pays africains (Tanzanie, Afrique du Sud et Malawi), la mission de la bridage d’intervention de l’Onu, plus offensive et plus équipée, semble faire peur aux groupes armés qui écument l’est de la RDC.
D’après Mussa Demba Diallo, chef de la division de l’information publique de la Monusco à Beni, ces militaires seront composés d’un bataillon d’infanterie, d’artillerie, d’une compagnie de forces spéciales et d’une brigade de reconnaissance.
″Nous avons conseillé aux fils de la région de quitter la brousse, car combattre contre une force internationale n’est pas chose facile. Nous risquerions de perdre nos frères et amis″, prévient Christophe Kambale, membre du bureau de la société civile de Beni.
Profitant de l’envoi de cette force qui doit être opérationnelle d’ici juillet, le gouvernement provincial du Nord-Kivu et les acteurs de la société civile sensibilisent les miliciens à faire un choix entre la vie civile ou intégrer l’armée régulière. Des centres de regroupement sont déjà ouverts depuis février dans les chefs lieux des territoires pour les accueillir.
Reddition en cascade
″Nous sommes en contact permanent avec quelques enfants qui ont été entrainés dans cette aventure. A vrai dire, leurs revendications ne sont pas claires. Tantôt ils disent avoir été entrainés par des hommes politiques qui combattent le pouvoir actuel, tantôt ils affirment avoir été attirés par la promesse de grades et d’argent après la conquête de grandes cités″, explique Jackson Kalongero, chef du bureau à Beni du programme gouvernemental de Stabilisation et de reconstruction à l’est de la RDC.
Beaucoup de miliciens commencent ainsi à adhérer au processus de désarmement et de réintégration, d’autres regagnent timidement leurs villages.
″Aucune personne ne sera arrêtée si elle décide d’abandonner les armes. Notre souci est que la paix règne à jamais ici. Que les cultivateurs vaquent à leurs activités et que les paysans retournent dans leurs villages″, a précisé Julien Paluku, gouverneur du Nord-Kivu lors de la reddition du colonel David.
Madnodje Mounoubai, porte-parole, a affirmé que depuis début avril, 87 rebelles du M23 se sont déjà rendus à la Monusco dans le territoire proche de Rutshuru. Ils ont été regroupés à la section DDRRR (Désarmement, démobilisation, rapatriement, réintégration et réinstallation) de la mission onusienne à Goma.
Le gouverneur Paluku parle lui de « plus de 500 combattants du M23 qui ont réintégré les FARDC depuis 2012″.
Jacques Kikuni Kokonyange
Syfia Grand Lacs
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