Le déficit net de ressources contribue aussi pour beaucoup dans ces évasions, car les flux financiers illicites et non enregistrés ont été de l'ordre de 1.220 à 1.350 milliards de dollars US entre 1980 et 2009.
Les chiffres ont été révélés dans un rapport conjoint signé par la Banque africaine de développement (BAD) et Global Financial Integraty (GFI) publié le 29 mai, à l'occasion des 48es assemblées annuelles de la BAD qui se sont tenues à Marrakech, au Maroc.
Intitulé « Illicit financial flows and the problem of net resource transfers from Africa: 1980-2009 » (Les flux financiers illicites et le problème des transferts nets de ressources en provenance d'Afrique : 1980-2009), ce rapport souligne que le continent africain est depuis de longues années un créancier net vis-à-vis du reste du monde.
Il montre que l'Afrique pâtit en sorties de fonds de l'ordre de 597 milliards de dollars US à 1.400 milliards entre 1980 et 2009, près ajustement des transferts nets enregistrés pour les flux financiers sortants frauduleux.
Dans ce rapport, précise un communiqué de l'organisation de la presse africaine, la BAD et GFI inversent le raisonnement selon lequel l'Occident injecte de l'argent en Afrique grâce à l'aide étrangère et aux autres flux de capitaux du secteur privé, sans recevoir grand-chose en retour.
« L'Afrique est en situation de créancier net par rapport au reste du monde depuis des décennies », a déclaré Raymond Baker, directeur du centre de recherche et de défenses GFI basé à Washington.
L'Afrique victime
En trente ans, précise ce communiqué, cette étude constate que les flux financiers cumulés sortis de façon illicite d'Afrique sont de l'ordre de 1.200 milliards à 1.300 milliards de dollars US en termes réels. Les flux nets cumulés enregistrés sur la même période paraissent bien insignifiants à côté de ces fuites de capitaux illicites non enregistrés.
Cependant, indique le communiqué, la BAD et GFI notent que des transferts de capitaux hors du continent aussi importants ont sans doute un effet fâcheux sur le développement économique.
Contenir le flux financier
Pour stimuler les transferts nets de ressources en provenance d'Afrique, la BAD et GFI recommandent entre autres de demander aux banques et aux paradis fiscaux de fournir régulièrement à la Banque des règlements internationaux des informations détaillées sur les dépôts, qui précisent le secteur, l'échéance et le pays de résidence des détenteurs de comptes de dépôt.
Aussi proposent-ils de s'attaquer aux problèmes posés par les sociétés écrans ainsi que les fondations et sociétés d'investissement, en demandant confirmation de la propriété effective de tous les comptes bancaires et valeurs mobilières, et en exigeant que les informations sur les vrais propriétaires physiques de toutes les sociétés, fiducies et fondations, soient divulguées au moment de leur constitution et disponibles dans des registres publics.
Ces deux institutions financières préconisent aussi de veiller à l'application stricte des réglementations anti-blanchiment déjà en vigueur; d'exiger des rapports pays par pays sur les ventes, les profits, les effectifs d'employés et les impôts payés par toutes les sociétés multinationales; de résoudre les problèmes de capacité et de corruption au niveau national, au sein des autorités fiscales africaines; d'autonomiser les autorités nationales de régulation et de gestion des marchés publics; de mettre en œuvre des mesures qui, grâce à l'amélioration du climat des affaires, stimulent les transferts net enregistrés, etc.
Gypsie Oïssa Tambwe
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire