jeudi 9 mai 2013
L’ouvrage intitulé « La bataille pour une monnaie nationale crédible », du Congolais Noël K. Tshiani continue de susciter des commentaires aussi bien dans les milieux économique, financier que scientifique.
Le dernier en date est celui de Jean Claude Barthélémy, directeur du département de l’économie et Doyen de la faculté des Sciences Economiques à l’Université Paris1 Panthéon –Sorbonne.
Jean Claude Barthélémy a publié à ce propos un article le 29 avril dernier dans le journal « Les Afriques », à Paris (France), dont le contenu ci-dessous.
«Cet ouvrage devrait être lu par tous les responsables politiques de pays émergents et en développement qui pourraient encore penser que la création monétaire peut se substituer à une politique de développement.
L’ouvrage de M. Noel Tshiani est une étude remarquablement documentée, sur le cas de la République démocratique du Congo (RDC), des désordres économiques et financiers auxquels peut conduire une politique monétaire non-maîtrisée », constate Jean Claus de Barthélémy.
Financer des déficits publics par l’émission monétaire, comme cela a été pratiqué en RDC, ne peut et n’a jamais pu créer des richesses. Comme le montre très bien l’auteur, il ne peut en résulter que de l’inflation, la perte de crédibilité de la Banque Centrale, et la dollarisation de l’économie.
Ainsi, si la « planche à billets » peut sembler dans un premier temps une solution de financement attractive, cette politique se retourne rapidement contre ses auteurs, en réduisant rapidement à néant le rendement de la taxation inflationniste, et en désorganisant tous les circuits économiques et financiers.
L’étude de cas de M. Tshiani démontre clairement ces mécanismes à l’œuvre dans le cas de la RDC au cours des 14 dernières années. Elle illustre parfaitement le fait que si la politique monétaire peut concourir au processus de développement, c’est uniquement sur la base de la stabilité monétaire et financière.
Mais le mérite de cet ouvrage ne s’arrête pas là. L’ouvrage de M. Tshiani devrait aussi être mis entre toutes les mains des gouvernements qui aspirent à revenir à une politique monétaire favorable au développement économique.
Une fois le désordre monétaire et financier installé, revenir en arrière est une tâche difficile, pour laquelle la restauration de l’indépendance de la Banque Centrale et le retour à une politique budgétaire raisonnable ne sont que des conditions nécessaires pour une réforme monétaire réussie.
M. Tshiani a bien compris qu’il est plus facile de détruire la stabilité monétaire que de la reconstruire. Il détaille ainsi les différentes facettes du problème auquel serait confronté le gouvernement de la RDC s’il voulait mettre en place une réforme de sa Banque Centrale.
Les éléments composant une telle politique sont nombreux, et sont d’ordres à la fois économiques et réglementaires. Je n’en citerai que quelques uns, parmi les plus saillants, qui sont clairement abordés par M. Tshiani :
- Tout en étant indépendante, la Banque Centrale a une obligation de redevabilité, elle doit donc être dotée d’objectifs clairs et mesurables, en matière de stabilité des prix, et rendre des comptes sur sa politique.
- La Banque Centrale n’est pas que l’émetteur de la monnaie, elle est aussi le garant du système financier. Ce rôle impose notamment de restaurer une garantie des dépôts.
- La Banque Centrale doit aussi aider à reconstruire et organiser un système financier crédible. Cela suppose la mis en œuvre de règles prudentielles.
- La Banque Centrale doit être en mesure de mener une politique de change crédible et prévisible, ce qui suppose d’avoir restauré au préalable les réserves de change et surtout de mettre en place une réglementation économiquement efficace du marché des changes et des transactions financières en devises.
Il y a là, on le voit, un programme de grande ampleur à mener, et le mérite de M. Tshiani est d’en avoir étudié en profondeur les tenants et les aboutissants, avec à la fois une excellente maîtrise des fondements théoriques de la politique monétaire et une parfaite connaissance de ses dimensions opérationnelles.
Stanislas Ntambwe
Le Potentiel
L’ouvrage intitulé « La bataille pour une monnaie nationale crédible », du Congolais Noël K. Tshiani continue de susciter des commentaires aussi bien dans les milieux économique, financier que scientifique.
Le dernier en date est celui de Jean Claude Barthélémy, directeur du département de l’économie et Doyen de la faculté des Sciences Economiques à l’Université Paris1 Panthéon –Sorbonne.
Jean Claude Barthélémy a publié à ce propos un article le 29 avril dernier dans le journal « Les Afriques », à Paris (France), dont le contenu ci-dessous.
«Cet ouvrage devrait être lu par tous les responsables politiques de pays émergents et en développement qui pourraient encore penser que la création monétaire peut se substituer à une politique de développement.
L’ouvrage de M. Noel Tshiani est une étude remarquablement documentée, sur le cas de la République démocratique du Congo (RDC), des désordres économiques et financiers auxquels peut conduire une politique monétaire non-maîtrisée », constate Jean Claus de Barthélémy.
Financer des déficits publics par l’émission monétaire, comme cela a été pratiqué en RDC, ne peut et n’a jamais pu créer des richesses. Comme le montre très bien l’auteur, il ne peut en résulter que de l’inflation, la perte de crédibilité de la Banque Centrale, et la dollarisation de l’économie.
Ainsi, si la « planche à billets » peut sembler dans un premier temps une solution de financement attractive, cette politique se retourne rapidement contre ses auteurs, en réduisant rapidement à néant le rendement de la taxation inflationniste, et en désorganisant tous les circuits économiques et financiers.
L’étude de cas de M. Tshiani démontre clairement ces mécanismes à l’œuvre dans le cas de la RDC au cours des 14 dernières années. Elle illustre parfaitement le fait que si la politique monétaire peut concourir au processus de développement, c’est uniquement sur la base de la stabilité monétaire et financière.
Mais le mérite de cet ouvrage ne s’arrête pas là. L’ouvrage de M. Tshiani devrait aussi être mis entre toutes les mains des gouvernements qui aspirent à revenir à une politique monétaire favorable au développement économique.
Une fois le désordre monétaire et financier installé, revenir en arrière est une tâche difficile, pour laquelle la restauration de l’indépendance de la Banque Centrale et le retour à une politique budgétaire raisonnable ne sont que des conditions nécessaires pour une réforme monétaire réussie.
M. Tshiani a bien compris qu’il est plus facile de détruire la stabilité monétaire que de la reconstruire. Il détaille ainsi les différentes facettes du problème auquel serait confronté le gouvernement de la RDC s’il voulait mettre en place une réforme de sa Banque Centrale.
Les éléments composant une telle politique sont nombreux, et sont d’ordres à la fois économiques et réglementaires. Je n’en citerai que quelques uns, parmi les plus saillants, qui sont clairement abordés par M. Tshiani :
- Tout en étant indépendante, la Banque Centrale a une obligation de redevabilité, elle doit donc être dotée d’objectifs clairs et mesurables, en matière de stabilité des prix, et rendre des comptes sur sa politique.
- La Banque Centrale n’est pas que l’émetteur de la monnaie, elle est aussi le garant du système financier. Ce rôle impose notamment de restaurer une garantie des dépôts.
- La Banque Centrale doit aussi aider à reconstruire et organiser un système financier crédible. Cela suppose la mis en œuvre de règles prudentielles.
- La Banque Centrale doit être en mesure de mener une politique de change crédible et prévisible, ce qui suppose d’avoir restauré au préalable les réserves de change et surtout de mettre en place une réglementation économiquement efficace du marché des changes et des transactions financières en devises.
Il y a là, on le voit, un programme de grande ampleur à mener, et le mérite de M. Tshiani est d’en avoir étudié en profondeur les tenants et les aboutissants, avec à la fois une excellente maîtrise des fondements théoriques de la politique monétaire et une parfaite connaissance de ses dimensions opérationnelles.
Stanislas Ntambwe
Le Potentiel
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