jeudi 23 mai 2013

Kinshasa désillusionné: Ban Ki-Moon privilégie une solution politique et exhorte Kabila à reprendre immédiatement les négociations de Kampala!

Jeudi, 23 Mai 2013



Le séjour kinois du secrétaire général de l’ONU n’a pas consacré la victoire diplomatique que Kinshasa annonçait avoir remportée sur le M23 à la suite de la résolution onusienne créant la Brigade d’intervention de la Monusco.

Tout comme son envoyée spéciale dans la région des Grands Lacs, Mary Robinson, qui déclarait le 29 avril dernier à Kinshasa qu’en dépit du déploiement de la brigade d’intervention de la Monusco, la meilleure solution restait politique, une solution faite de confiance entre les pays voisins, Ban Ki-Moon privilégie une solution négociée pour sortir de la crise politique et au conflit militaire qui paralyse le Congo à démocratiser.

Au cours d’une conférence de presse qu’il a animée mercredi 22 mai courant conjointement avec le président de la Banque mondiale, Jim Yong King, après avoir rencontré Joseph Kabila au Palais de la Nation, le secrétaire général de l’ONU a annoncé avoir exhorté le président congolais à reprendre immédiatement( !) les négociations de Kampala. La très officielle Agence congolaise de presse le souligne dans son édition de ce jeudi 23 mai 2013.

Voilà une assertion qu’il importe de décoder tant elle semble indiquer que Kinshasa a perdu de sa superbe. Qu’on se souvienne de ce que le lundi 1er avril dernier, Raymond Tshibanda Ntungamulongu, chef de la diplomatie de la kabilie, appelait au cours d’une conférence de presse animée conjointement avec son collègue de l’Information, Lambert Mende Omalanga, le M23 à cesser d’exister.

Tshibanda affirmait notamment que le M23 pouvait s’agiter autant qu’il voulait, qu’il n’était plus question de recycler les spécialistes de la rébellion dans les rangs des forces armées.

Et le ministre congolais des Affaires étrangères et chef de la délégation gouvernementale aux négociations de Kampala d’ajouter : « le seul avenir pour le M23, c’est de cesser d’exister comme mouvement politico-militaire. Si tel n’est pas le cas, la Brigade d’intervention de la Monusco s’occupera de mettre fin à son existence ».

En exhortant Joseph Kabila à retourner sans délai aux négociations de Kampala que Kinshasa conjuguait déjà au passé, Ban Ki-Moon ne semble pas avoir la même lecture que les bonzes de la kabilie. C’est évident.

Cependant, pour brouiller les cartes, Lambert Mende Omalanga a fait une bien curieuse sortie en accusant hier le M23 d’avoir quitté délibérément la table des négociations de Kampala, en y laissant les délégués du gouvernement avec la facilitation ougandaise.

Faut-il en rire ou en pleurer quand on sait que les négociateurs du M23 étaient déjà retournés à la table de négociation à la demande expresse de Yoweri Kaguta Museveni ?

Dans tous les cas, le jeu auquel s’adonnent Kinshasa et le M23 est difficile à comprendre, voire à analyser tant les objectifs des négociations de Kampala ne sont pas clairement définis.

Au flou entretenu s’ajoute l’incompréhension au sein de la classe politique au point que le député José Makila ne s’est pas offusqué de suspecter Ban Ki-Moon d’œuvrer pour la balkanisation de la RD Congo.

Le péché mignon de la Banque mondiale !

Le président de la Banque mondiale qui fait partie de la délégation du secrétaire général de l’ONU a pour sa part mis en exergue un projet de financement d’un montant d’un milliard de dollars américains destiné à aider les pays de la région des Grands Lacs à fournir de meilleurs services de santé et d’éducation, à accroître les échanges transfrontaliers et financer des projets électriques afin d’appuyer l’accord de paix de la région des Grands Lacs signé par onze pays le 24 février 2013 à Addis-Abeba.

Comme c’est souvent le cas, le péché mignon de la Banque mondiale (tout comme du Fonds monétaire international du reste), c’est de mettre en place des projets imaginés sans y avoir associé les présumés bénéficiaires. Soit !

Le président de la Banque mondiale est néanmoins convaincu que le financement de son institution permettra de relancer le développement économique, de créer des emplois et d’améliorer les conditions de vie des populations.

Jim Yong King estime par ailleurs que, grâce à ce financement, les dirigeants de la région des Grands Lacs peuvent, en vertu de la relance de l’activité économique et l’amélioration des conditions de vie dans les zones frontalières, rétablir la confiance, renforcer les économies et ouvrir de nouvelles perspectives à de millions de personnes.

Outre le financement initial d’un milliard de dollars américains, un financement supplémentaire est à l’ordre du jour avec notamment cent millions de dollars destinés à soutenir l’agriculture et à améliorer les moyens de subsistance en milieu rural pour les populations déplacées à l’intérieur des pays et les réfugiés de la région.

Il est aussi prévu 340 millions de dollars pour le financement du projet hydroélectrique Rusumo Falls d’une puissance de 80 mégawatts au profit du Burundi, du Rwanda et de la Tanzanie. Il y a aussi 150 millions pour la réhabilitation des projets hydroélectriques Ruzizi I et II et le financement de Ruzizi III qui devra alimenter le Rwanda, le Burundi et la RD Congo

Il faut y ajouter 165 millions pour la construction de routes en RD Congo, notamment au Nord et au Sud-Kivu et dans la ¨Province Orientale. 85 autres millions de dollars américains sont destinés à améliorer les infrastructures et la gestion des ressources frontalières le long de la frontière entre le Rwanda et la RDC.

La Banque mondiale prévoit également de financer d’autres projets destinés aux laboratoires de santé publique et au secteur de la pêche et aux programmes de facilitation des échanges dans la région.

Comme on peut s’en rendre compte, l’ONU et la Banque mondiale ont choisi de lier le sort économique des pays de la région, singulièrement la RD Congo et le Rwanda.

Nul doute que la réalisation desdits projets dépendra de la capacité des dirigeants de pays concernés à cultiver la paix. Ce qui ne sera pas une partie de plaisir quand on sait que lesdits dirigeants arrivés au pouvoir par la force des armes ont plutôt développé depuis plusieurs années une économie souterraine grâce aux minerais du sang. Ce qui favorise leur enrichissement sans cause.

Raymond LUAULA
Congoone

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