jeudi 16 mai 2013
Les dirigeants rwandais sont engagés dans une vaste campagne de communication et de lobbying pour essayer de redorer leur image ternie par l’affaire du M23. On entend ainsi le Président Paul Kagamé répéter que "le Rwanda n’est pas à l’origine des problèmes du Congo". Un mensonge, bien entendu.
C’est le Rwanda qui est à l’origine des problèmes actuels du Congo, qui sont les conséquences directes et indirectes des guerres à répétition, toutes déclenchées par... le Rwanda.
Le M23, une création rwandaise
En effet, lorsque le M23, une milice créée par Kigali et Kampala, lance des attaques dans l’Est du Congo, avec l’aide des bataillons de l’armée rwandaise, les Congolais s’occupaient de leur pays. Ils cultivaient leurs champs, exploitaient leurs mines, faisaient du commerce, construisaient des routes, des écoles, des habitations…
Ils essayaient de redresser leur pays ruiné par des années de guerres, toutes provoquées par le Rwanda. Tout ce travail de redressement que menaient les paysans, les autorités, les commerçants congolais et les ONG a été réduit à néant, du jour au lendemain, parce que le Rwanda avait à nouveau décidé de provoquer des troubles au Congo.
Les faits sont indéniables. Les casques bleus de l’ONU ont vu, de leurs yeux, les bataillons de l’armée rwandaise[1] débouler sur la ville de Goma et l’ont indiqué dans leurs rapports.
Les experts mandatés par l’ONU ont publié des rapports indiscutables dans lesquels les noms des dirigeants rwandais et leurs rôles en tant que parrains actifs du M23 apparaissent noir sur blanc.
Des personnalités à travers le monde ont vu ce qui se passait et ont dénoncé les crimes atroces que Kigali et ses alliés perpétraient dans l’Est du Congo. Même le Président américain, Barack Obama, a rompu son silence et demandé clairement au Rwanda de cesser tout soutien au M23.
Mais les dirigeants rwandais continuent de nier comme un footballeur qui marque de la main, filmé et vu par les caméras du monde entier, mais qui continue de nier l’acte d’antijeu. C’est assez pathétique…
L’aventure du M23, initiée par le Rwanda, a ainsi ruiné les efforts que les Congolais, jour après jour, essayaient de consentir pour redresser leur pays. Plus de 70 mille personnes ont été jetées dans la nature, des dizaines d’innocents ont été tués, des femmes ont été violées et des enfants congolais ont été enrôlés de force par la milice pro-rwandaise pour servir de chair à canon.
N’est-ce pas là un problème pour le Congo entièrement provoqué par le Rwanda ?
Le Rwanda, un régime belliciste
En remontant le temps, on retrouve d’autres situations similaires. Lorsqu’en 1996, le Rwanda, avec ses alliés ougandais et burundais, déclenche la Première guerre du Congo, les Congolais (Zaïrois à l’époque) sont en train d’organiser pacifiquement la fin du règne de Mobutu.
C’était l’époque des conférences nationales sur le Continent africain, dans la suite de la perestroïka entreprise à Moscou par Mikhaïl Gorbatchev (1985) et du sommet de La Baule (1990) sous l’égide de François Mitterrand.
Il fallait que l’Afrique change et se démocratise. Les conférences nationales furent l’occasion de faire le bilan du passé et préparer pacifiquement les nouvelles républiques, démocratisées.
La Conférence Nationale Souveraine de Kinshasa fut parmi les meilleures du Continent en termes de qualité de travail abattu et de projets de gouvernance élaborés. Les régimes qui devaient succéder au règne de Mobutu, n’auraient eu qu’à puiser dans les résolutions et acquis adoptées par les conférenciers et les adapter à leurs programmes de gouvernement.
Le Rwanda, avec l’AFDL, fit table rase. Pour le peuple congolais, tout était à refaire. Et les problèmes ne faisaient que commencer.
La deuxième guerre du Congo (1998) va éclater, elle aussi, à l’initiative du Rwanda et coûter la vie à six millions de Congolais. Une hécatombe qui place le Rwanda sur la liste des pires bourreaux de l’histoire du Congo, puisqu’une saignée humaine d’une ampleur comparable n’a été signalée au Congo qu’à l’époque de la Traite négrière et sous le règne du roi des Belges Léopold II (Etat Indépendant du Congo).
Les Congolais n’ont d’ailleurs jamais eu le temps de faire le deuil de leurs martyrs puisque le Rwanda, soutenu par certains milieux occidentaux, relance, sans cesse, les guerres de pillage des ressources du Congo et les massacres des populations.
AFDL, RCD, CNDP, M23,… FDLR. La logique rwandaise des guerres interminables
C’est ainsi qu’au moment où les Congolais négociaient pour mettre fin à la deuxième guerre du Congo, Kigali a entrepris de créer un autre groupe armé, le CNDP (2003), ancêtre du M23, responsable de crimes atroces dans l’Est du Congo, ce qui vaut à ses principaux dirigeants d’être recherchés par la Cour Pénale Internationale (voire liste).
Et où se trouvent ces criminels ?
Au Rwanda et dans des zones protégées par l’armée rwandaise. L’impunité dont bénéficient ces hommes, dont le monde entier peut se rendre compte de la cruauté des actes en lisant les déclarations et les rapports émanant de l’ONU, des ONG et la liste de la CPI ; la souffrance de leurs victimes et des survivants ; la peur que ces maquisards continuent de répandre dans l’Est du Congo, n’est-ce pas un problème pour le Congo dont le Rwanda est indéniablement responsable ?
Plus généralement, lorsque les dirigeants rwandais reconnaissent leur présence militaire au Congo, ils la justifient au nom de la lutte contre les FDLR/rebelles hutus. Sans qu’il ne soit nécessaire de s’attarder sur le degré de sincérité des dirigeants de Kigali, on sait au moins que ces rebelles hutus dans les maquis du Congo et les soldats tutsis qui les pourchassent sont des citoyens rwandais.
C’est le cas d’un couple qui se bagarre dans une famille amie et y cause des dégâts. Qui est responsable de ces dégâts ? La famille d’accueil ou le couple qui se bagarre n’importe où ? Si un peuple n’arrive pas à s’entendre et exporte sa guerre interne dans un pays voisin, est-il sérieux d’accuser le pays voisin qui n’a fait qu’accueillir les malheureux qui n’arrêtent pas de s’entretuer ?
Le prétexte de la gouvernance ou la préparation de nouvelles guerres
Quant aux problèmes de gouvernance reprochés au Congo, ils sont bien réels, mais situons les choses dans leur contexte. Aucun pays en guerre et luttant pour sa survie ne peut être un modèle de gouvernance, même si certaines dérives à Kinshasa ne sont pas imputables au contexte militaire.
Pour autant, il n’appartient pas aux dirigeants rwandais de se mêler des problèmes de gouvernance du Congo. Et il ne sera pas crédible de relancer la guerre du M23 sous un prétexte aussi fallacieux. Les problèmes de gouvernance du Congo ne regardent que les Congolais et leurs bailleurs financiers. Le Rwanda n’en est pas un.
En définitive, il ne suffit pas de répéter dans les médias que « le Rwanda n’est pas à l’origine des problèmes du Congo » pour que ça soit vrai. Il ne suffit pas non plus de payer les lobbies pour que des mensonges d’Etat deviennent des vérités. Car la vérité est bien là et elle crève les yeux :
Les problèmes actuels du Congo ont pour origine le Rwanda.
Boniface MUSAVULI
[1] Rapport du groupe d’experts de l’ONU réf. S/AC.43/20 12/NOTE.26 du 27 novembre 2012, pages 4 à 6.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire