samedi 4 mai 2013

Lettre ouverte du groupe de pression "FRAPPE" aux Parlementaires congolais

Député national honoraire, Jean Louis Ernest Kyaviro s’insurge contre l’attitude des parlementaires congolais. Dans une lettre ouverte leur adressée par son groupe de pression FRAPPE il étale au grand jour leurs faiblesses. Découvrez cette lettre.


ASSURONS LA GRANDEURS DE LA RDC

Honorables Députés,

C’est avec inquiétude que toute la ville de Goma vient de suivre, lors de la plénière du lundi 15/0482013.

En toute franchise, mon devoir est de vous dire que l’écrasante majorité des habitants de cette ville a été totalement déçue par votre prestation collective pour les raison qui suivent.

DES CAUSES DE NOTRE DECEPTION. Voici ce qui nous a déçus :

1. Renforcement de la culture de l’impunité par la diabolisation du contrôle parlementaire. On a vu des milliers de militants de déporter au palais du peuple et y entretenir un climat malsain de pollution sonore.

Les médias qui ont transmis les attitudes et les propos tendant à diaboliser le contrôle parlementaire. Cette dramatisation est loin d’inciter les gestionnaires à une meilleure prise de leur responsabilité. Ceci est une violation de l’esprit et de la lettre de notre constitution dont l’article 6 donne aux partis politique la tâche de l’éducation civique.

Or les partis de la Majorité ont fait le contraire dans l’enceinte même du Parlement. Ceci est une pratique qui a commencé au palais du Peuple en 2006 avec le crash de KINGASANI.

J’en sais quelque chose car j’ai vécu exactement la même euphorie et subi des vaines pressions à chacune de mes interpellations. Ceci nous rend responsable du renforcement de la culture de l’impunité en RDC.

2. Les pressions illégales sur les élus. Alors que le député représente le peuple, les organisations membres de la majorité font tout pour les embrigader et leur imposer des attitudes et des décisions aux antipodes de leurs propres opinions.

Des personnalités extérieures au parlement organisent des rencontres et effectuent d’énormes dépenses pour s’assurer de l’orientation d’une motion. Cette pression sur les élus viole les droits des congolais qui, du coup, de retrouvent sans moyens de contrôler efficacement la gestion du pays.

3. La violation flagrante de la constitution qui interdit le mandat impératif. Alors que la Constitution et le Règlement Intérieur de l’Assemblée ne les mentionne nulle part comme responsables de procédure parlementaire, des correspondances émanant des partis et de regroupements politiques ont été jugées recevables et comptabilisées par le Bureau du Parlement.

Des lettres collectives signées par groupe parlementaire confirmant la pression sur la volonté des députés ont été lues sans commentaire sur la tribune de l’Assemblée. Certains députés ont même expressément dit avoir été poussés par leurs partis à retirer leurs signatures. Le mandat impératif a donc été imposé.

Ceci est non seulement une violation des droits des élus, mais aussi de la Constitution et des droits des citoyens qui n’ont jamais donné mandats aux partis. Il s’agit ni plus ni moins d’un détournement des voies du souverain primaire.

En fait tout consentement obtenu dans la pression est vicieux et cette imposition du mandat impératif devait rendre toutes ces lettres irrecevables car, en droit, la fraude corrompt tout. Dommage que personne ne l’ait exigé.

4. Tolérance, voire promotion de la corruption. Alors que deux élus ont dénoncé la corruption sur la tribune et que les médias en ont abondamment parlé. Pendant que des personnalités extérieures du parlement sont ouvertement accusées d’avoir réuni et conditionné matériellement les élus ; c’est très grave que le Bureau non seulement n’y ait fait aucune allusion, mais s’est servi de correspondances dont une bonne partie était soupçonnée par le monde entier comme le résultat d’une corruption morale et même matérielle.

Chose grave, des élus et même des cadres ont fait et font toujours circuler des informations sur les à côtes financiers de la plénière. Ceci est très grave.

5. Eclaboussures de l’image du pays. Au moment où le Sénégal est sous l’actualité de l’enquête sur l’origine de la fortune d’un ancien ministre, quand la France est secouée par les fausses déclarations de CAHUZAC, ici on a donné l’impression d’être totalement à contre courant du monde.

Ceci arrive quand l’ONU, venant au secours de la RDC, vient d’adopter la résolution 2098 qui insiste sur la nécessité de plus de démocratie, plus de transparence et une meilleure gouvernance dans notre pays.

Ce qui s’est passé a violé les engagements de la RDC à respecter cette résolution et risque de servir ses adversaires.

6. Réduction du crédit de l’Assemblée et des députés. En se battant pour bloquer le contrôle qui est leur devoir face au Gouvernement, les élus se mettent en position de faiblesse face à ce dernier et réduit encore la confiance des institutions dans les masses.

7. Non respect des victimes des faiblesses du Gouvernement. A Kinshasa, on parle beaucoup de bancarisation de la paye et d’autres exploits du Gouvernement MATATA. Nous en sommes fiers et nous nous réjouissons de tout ce qui bénéficie aux compatriotes et comprenons ceux qui dansaient et chantaient au Palais du Peuple.

Mais ici, à Goma, je ne crois pas qu’on peut avoir des foules pour danser à la gloire de l’actuel Exécutif. En effet, ce pouvoir est surtout celui qui était en place quand le M23 est né, qu’il s’est renforcé et qu’il a humilié la nation en occupant la capitale touristique du pays, notre ville de Goma.

Sous ce Gouvernement, le nombre des morts, des orphelins et celui des veuves ont été multipliés par 20 au Nord-Kivu. Certes, la crise a une part de responsabilité externe, mais le monde entier connaît l’aggravation et les conséquences des faiblesses internes sur les conséquences tragiques de cette même crise.

En l’occurrence, des graves questions devaient faire l’objet de réponses claires de la part du gouvernement. A titre exemplatif :
  • Pourquoi les militaires ont tant de fois souffert de faim au front pendant que le Gouvernement prétendait dépenser des millions pour la guerre.
  • Comment expliquer l’état lamentable de la prise en charge des blessés et des veuves militaires ?
  • Comment l’ennemi a pu trouver plus de 1000 tonnes de matériels de guerre à Goma pendant que des gens et leurs bagages ont eu le temps de prendre des bateaux pour BUKAVU, et surtout alors que des unités entières de braves compatriotes des FARDC décrochaient en se plaignant devant les civils de manquer de munitions ?
  • Comment, quand on parle de solidarité envers les victimes alors que les femmes des camps déplacés se font régulièrement violer au moment où la faim les pousse à aller chercher un peu de bois à vendre dans la brousse.
  • Pourquoi, pendant qu’on parle de solidarité avec le Nord-Kivu le billet d’avion de Kinshasa à Goma coute 415 dollars alors qu’il faut juste 200 pour se rendre à Lubumbashi.
  • Qu’est qui peut expliquer l’absence d’une dotation budgétaire spéciale au Gouvernement Provincial du Nord-Kivu qui a vu ses charges croitre et ses recettes réduites par la guerre?
  • Pourquoi tant d’impunité face aux commanditaires des groupes armés et autres criminels ?
  • Comment tant de carrés miniers sont laissés aux groupes armés.
  • Pourquoi y-a-t-il si peu de policiers à Goma ?

Ce sont les réponses à ces questions que l’homme de rue attendait ici à Goma le lundi dernier.
Au nom des victimes, le Gouvernement aurait eu ne fut-ce que la courtoisie d’expliquer ce qui a conduit à la mort et à la souffrance de tant de citoyens.

En conséquence, tout le monde, ici et ailleurs, est désormais convaincu que des choses très graves sont cachées au peuple souverain.

8. Promotion de l’instabilité politique et absence d’équité dans les conclusions face au retrait des signatures. En fait, s’il est admis-chose nouvelle- qu’on peut retirer une signature d’une motion de censure après son dépôt, il faudra aussi accepter qu’on puisse en ajouter, ce qui n’a pas été le cas.

En plus, encourager le jeu de ping-pong avec les signatures à un niveau aussi élevé de l’Etat, c’est encourager les pressions sur les élus, la corruption et le vagabondage politique.

Ceci est très grave dans un pays où la moralité publique pose problème et où le pouvoir en place a comme premier devoir de moraliser la vie publique.

DES CONSEQUENCES

Comme nous l’avons dit, le crédit du pouvoir législatif a été sérieusement entamé par la plénière de Lundi 15/04/2013. Cette baisse de crédit de l’organe de contrôle va certainement revigorer ceux qui devaient corriger leurs erreurs et discréditer des élus.

J’ai vu des femmes de Goma pleurer en entendant des noms de députés des territoires occupés par le M23 retirer leurs signatures.

Sur le plan diplomatique, ce qui s’est passé a certainement été noté comme contraire à la Résolution 2098. En plus les groupes armés en ont profité pour avancer leur thèse selon laquelle l’absence de contrôle rend nécessaire la voie militaire.

EXHORTATION

Honorables Députés de la Majorité, vous qui avez mis en place l’exécitf et deviez être les premiers à le pousser à rendre compte !!!

Vous dont le nombre écrasant rend responsable devant l’histoire de la qualité du bilan de la présente législature !!! Je tiens à vous rappeler des petites choses.

D’abord, par définition, c’est en vous comptant un à un qu’on arrive à qualifier la majorité et chacun de vous est un composant essentiel de cette famille politique. C’est vous la majorité et vous devez refuser d’y être utilisés : il est impérieux que vous évitiez toute attitude qui mettrait en avant la discipline partisane au détriment des intérêts de la nation.

En plus ne croyez être récompensé pour ce genre de service, surtout si ceci a été suive d’une ou de l’autre contre partie. Je parle par expérience : éviter de jouer à contrario des attentes du peuple.

Nombre de ceux qui, par le passé, ont accepté ce jeu ont été lâchés par le peuple sont pour la plupart complètement ignorés par ceux qui leurs donnaient des prétendus mots d’ordre. Votre croix c’est vous, et vous seuls, qui la porterez. Celui qui vous parle en sait quelque chose.

Pour finir, Ecoutez bien ceci car devant tout élu se trouvent deux chemins : à votre droite il y a l’argent, es cliques maffieuse et les mots d’ordre. A votre gauche se trouve le peuple, la parole de Dieu et la Constitution.

Aller à droite vous permettra de peupler le sol et de vous enrichir ; mais salira votre nom à jamais.

La route de gauche si dure et si étroite qu’elle soit ; fera de vous noms des références et bénira les générations futures : je vous suggère d’assurer la Grandeur du Congo. Que Dieu Vous Bénisse !!!

Fait à Goma, le 16/04/2013
Pour la FRAPPE, le Coordonnateur
Honorable Jean-Louis Ernest KYAVIRO MALEMO

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