jeudi 23 mai 2013

L’ONU et la BM évitent les vraies questions


jeudi 23 mai 2013



L’opinion congolaise attendait avoir de ses deux hôtes de marque des réponses claires et précises aux questions brûlantes, notamment, la relance des hostilités autour de Goma, les réticences du M23 et le refus du Rwanda d’adhérer à la mise en œuvre de l’accord-cadre d’Addis-Abeba.

Mais, à toutes ces préoccupations, Ban Ki-moon et son compagnon de voyage ont fait la sourde oreille, se contentant de lire des textes préalablement apprêtés depuis New York et Washington. Cette langue de bois a laissé un arrière-gout de villégiature sur leur visite dans la région des Grands Lacs.

La visite a été qualifiée d’« historique » dans les couloirs de la Banque mondiale et des Nations unies. En RDC, l’opinion était en alerte, espérant voir les Nations unies représentées par son secrétaire général, Ban Ki-moon, et le président de la Banque mondiale, Jim Yong Kim, poser des actes concrets et porteurs d’espoir, en se démarquant fondamentalement du parfait discours diplomatique.

Mais, que nenni ! Au finish, c’est la déception qui a été au rendez-vous. A l’unique question qui leur a été posée au sortir de leur entretien avec le président Joseph Kabila Kabange, Ban Ki-moon et son compagnon de voyage se sont contentés de lire des discours préparés à l’avance depuis les bureaux respectifs de New York et Washington.

Y avait-il dans cette attitude le respect des consignes précises ? Difficile à dire.

Toutefois, l’opinion nationale est restée sur sa soif, elle qui avait compté sur cette visite pour entendre des pistes de solutions rassurantes de la part des personnalités haut perchées dans la communauté internationale.

Au contraire, le couple Ban Ki-moon - Jim Yong Kim a ignoré les préoccupations des Congolais en se refusant de démêler l’écheveau qui a élu domicile dans l’Est de la RDC.

Apparemment, la ligne rouge n’a pas été franchie. La langue de bois a prévalu. Aucune question sensible, touchant directement à l’équilibre dans la région des Grands Lacs, n’a été abordée en public.

Seuls le président Joseph Kabila et le Premier ministre Matata Ponyo Mapon partagent ce secret des dieux.

Quid ? En décidant de venir dans la région des Grands Lacs, l’Onu et la Banque mondiale auraient arrêté de se limiter strictement à leur schéma, qui ne prend malheureusement pas en compte les intérêts de la RDC, alors que des hostilités ont repris depuis le début de cette semaine à la porte de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu.

Pris de court par ce défi que leur a lancé le M23, appuyé par Kigali, Ban Ki-moon et Jim Yong Kim auraient annulé en dernière minute leur étape de ce jeudi à Goma. Alors que leur agenda prévoyait une escale dans cette ville martyre du Nord-Kivu.

Un message sibyllin

Le seul message que Ban Ki-moon et Jim Yong Kim ont pu livrer à l’opinion est ce don d’un milliard USD, exempt d’intérêt, au bénéfice de la région des Grands Lacs.

Ce fonds va financer les secteurs de l’énergie, des routes, de l’agriculture, du commerce transfrontalier, de la santé et de l’emploi. Pour les deux institutions, ce projet de financement est destiné avant tout à « appuyer l’accord de paix de la région des Grands Lacs signé par 11 pays en février dernier ».

« Nous avons déployé des efforts extraordinaires pour mobiliser un milliard de dollars de financement supplémentaires parce que nous estimons que cela peut contribuer grandement à une paix durable dans la région des Grands Lacs », a déclaré le président de la Banque mondiale.

Selon ce dernier, « ce financement aidera à relancer le développement économique, créer des emplois et améliorer les conditions de vie des populations qui souffrent depuis bien trop longtemps », espérant qu’avec cet apport « les dirigeants de la région des Grands Lacs peuvent désormais, en vertu de la relance de l’activité économique et l’amélioration des conditions de vie dans les zones frontalières, rétablir la confiance, renforcer les économies et ouvrir de nouvelles perspectives à des millions de personnes ».

Pour sa part, Ban Ki-moon pense que « ces nouveaux investissements permettront de soutenir directement la mise en œuvre de l’accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération signé par le président Kabila et 10 autres dirigeants africains ».

Il a estimé que « la paix et la stabilité ne sont pas simplement une question de sécurité. Nous devons nous attaquer aux causes profondes du conflit ».

De ce point de vue, le secrétaire général des Nations unies est convaincu que la paix dans la région les Grands Lacs africains passe par la mise en place d’une « base solide pour le développement économique et social ».

Ban Ki-moon est d’avis que « c’est un moment critique pour la RDC et la région des Grands Lacs » ; il fonde l’espoir que « le cadre offre le meilleur espoir pour la paix en une génération ».

C’est dire que l’ONU et la Banque mondiale se sont mises d’accord sur une approche qui conditionne la paix dans les Grands Lacs à la mise en œuvre des projets de développement.

Mais, que représente un milliard USD pour un espace où des défis en termes de développement se comptent en termes centaines de milliards USD ?

Déjà, dans sa première stratégie pays pour la RDC, la Banque mondiale avait chiffré les besoins en développement de la RDC à environ 5 milliards USD par an.

Que l’ONU et la Banque mondiale se félicitent aujourd’hui d’engager à peine un milliard USD dans la région des Grands Lacs, ne peut-il être interprété comme une manière de cracher sur les cinq millions de morts de l’Est de la RDC ?

Ce qui est vrai c’est que l’ONU et la Banque mondiale se sont trompées d’analyse en ce qui concerne la RDC.

Au lieu de nommer le fauteur des troubles et d’aborder les vrais problèmes, Misters Ban et Jim ont préféré se limiter aux problèmes périphériques qui n’ont aucune influence pour un retour rapide de la paix dans la région.

Ils ont raté une belle occasion de lancer un message de confiance au peuple congolais, meurtri par des années de guerre.

Cela par la faute du Rwanda et de tous les pays occidentaux qui le soutiennent dans l’ombre et tiennent à tout prix à poursuivre le pillage systématique des ressources naturelles de la RDC avant d’amputer à l’ex-Colonie belge un pan de son territoire.

Le Potentiel

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