mercredi 8 mai 2013

Nord-Mali : Le temps des seigneurs de guerre


DR.

Plus le temps passe, plus on se rend compte que l’équation malienne se complexifie malgré la relative victoire sur les groupes islamistes armés.

Chaque jour lui apporte son lot d’inconnues et d’éléments nouveaux, tous, tendant à serrer davantage un nœud gordien pourtant déjà bien difficile à défaire à l’heure qu’il est.

Tenez ! Il y a juste quelques jours, le 2 mai 2013 précisément, on notait avec satisfaction la création d’un Haut Conseil de l’Azawad qui se disait « conscient de l’impérieuse nécessité d’unir tous les fils de l’Azawad… » et assurait qu’il « appuierait tous les efforts en vue de trouver par le dialogue une solution politique négociée » à la crise malienne ; selon ses dires, ledit Conseil est un « mouvement pacifique » qui ne réclame nullement « l’indépendance d’une partie du Mali » et se positionne contre toute idée de partition de la région. Et les plus optimistes d’applaudir. Mais pas longtemps.

Car, juste quelques temps après, éclataient des affrontements à Ber, une localité située à une soixantaine de kms de Tombouctou. Des heurts qui opposèrent Arabes et Touaregs de la région.

Les mêmes accusations de vols et de violences fusent des deux côtés et les belligérants donnent l’impression de vouloir en découdre à tout prix, une fois pour toutes.

Au risque de donner la fâcheuse impression à ceux qui s’échinent à trouver une solution idoine à la difficile équation malienne que lorsqu’ils font un pas dans la bonne direction, il se trouve toujours de petits malins pour les ramener deux pas en arrière. Au point qu’on finit par se demander à quand la fin de tout ce cirque !

A vrai dire, à l’allure où se sont passés les événements, on ne pouvait peut-être pas s’attendre à un meilleur scénario. Il est bien vrai que les soldats français aidés de leurs frères d’armes tchadiens ont fait une bonne partie du boulot au Nord-Mali en brisant les reins de la pieuvre islamiste.

Mais nul ne se risquerait raisonnablement à affirmer qu’ils ont éradiqué de la zone tous les pêcheurs en eau trouble.

Le départ des troupes combattantes étrangères de la région risque de susciter un regain de vigueur chez tous les djihadistes qui s’étaient terrés par prudence, attendant patiemment de meilleurs moments pour se révéler au grand jour ; et alors, chaque groupuscule pourrait être tenté d’y aller de ses petites ambitions ; histoire de se positionner et d’occuper du terrain : ça peut toujours servir dans un futur proche ou lointain, pour peu que l’on ait à procéder à une redistribution des cartes.

Et voici la balkanisation, appelée en version tropicale « somalisation », qui se met en marche ! Avec sa kyrielle de groupes armés rivaux dirigés par des seigneurs de guerre aux motivations bassement mercantilistes.

C’est que ce no man’s land qu’est devenu le septentrion malien, propice à toutes sortes de trafics, est un Eldorado pour ces contrebandiers du désert.

Le contingent burkinabè du colonel Bationo, à qui échut la mission de remplacer les troupes hexagonales dans la région de Tombouctou, n’hérite donc pas d’une sinécure.

Au Pays des hommes intègres, il s’en est trouvé qui persiflaient en se gaussant du fait que leurs « commandos » n’avaient été confinés qu’au rôle de « garde pont » alors que les Tchadiens essuyaient les tirs nourris de djihadistes aguerris.

Nul doute que la tâche qui leur revient en ce moment se révèlera autrement plus périlleuse : pacifier une zone où les habitants ne parlent que de guerre ; en plus d’être "intègres", les soldats burkinabè auront besoin d’être intrépides pour mener à bien pareille mission.

Car, assurément, le "Nord Malo" semble en bon chemin pour générer des conflits dans le conflit ! Et décidément il s’agit bien là d’une autre forme de drôle de guerre !

Jean Claude Kongo — L’Observateur Paalga

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