16. juin 2013
Ils étaient environ 200 personnes à avoir répondu ce samedi 15 juin à un appel des associations des sociétés civiles rwandaise, ougandaise et congolaise en Europe, et les partis politiques d’opposition rwandais, visant à manifester à Bruxelles pour soutenir la proposition du président tanzanien d’un dialogue large dans la Région des Grands Lacs, et en particulier entre la RDC et le M23, le Rwanda et les FDLR, l’Ouganda et l’ADF-NALU.
Lors de l’ouverture du 21e sommet de l’Union africaine le 26 mai dernier à Addis-Abeba, le président tanzanien Jakaya Kikwete avait proposé, en vue d’une résolution durable de la crise dans l’est de la RDC, des négociations entre les différents protagonistes, y compris entre le Rwanda et les FDLR et entre l’Ouganda et l’ADF-NALU. Une proposition que le régime de Kigali a rejetée en bloc.
Dans ce cadre, a eu lieu à Bruxelles ce 15/06/2013 une manifestation pour le soutien à cette proposition du président tanzanien, « seule solution pour une paix globale et durable dans la Région des Grands Lacs d’Afrique et plus particulièrement au Rwanda et au Congo », disaient les organisateurs. Ces derniers, notamment le Centre de Lutte contre l’Impunité et l’Injustice au Rwanda (CLIIR), soulignent que « la démarche ne vise pas à soutenir un homme en tant que tel mais une idée, une vision ».
Les manifestants se sont réunis à 12h30 devant l’Université Libre de Bruxelles sur l’avenue Franklin Roosevelt, et le cortège composé principalement de Rwandais, Congolais et Burundais s’est dirigé vers l’ambassade de la Tanzanie à quelques mètres de là, où une délégation de la société civile et des partis politiques de l’opposition a été reçue par l’ambassadeur tanzanien à Bruxelles.
Un mémorandum circonstanciel a été transmis à l’Ambassadeur qui a promis de le transmettre « personnellement » au président Jakaya Kikwete, déterminé à œuvrer pour une paix durable et globale dans la région.
« Pas de paix durable dans la région sans dialogue » dit Kikwete.
Pour le président tanzanien, dont le pays contribuera largement à la brigade d’intervention des Nations Unies qui va être déployée à l’est de la RDC dans les jours à venir, « cette brigade est une bonne chose, mais n’aura aucun impact si le dialogue ne s’ouvre pas, non seulement entre le gouvernement congolais et le M23, mais aussi entre le Rwanda et les Forces Démocratiques de Libération du Rwanda (FDRL) » a déclaré Jakaya Kikwete à Addis-Abeba le 26 mai dernier.
Cette initiative du président tanzanien a été accueillie très positivement par les associations des sociétés civiles rwandaise, ougandaise et congolaise en Europe, et les partis politiques d’opposition rwandaise, qui disent estimer que cette démarche est un pas inéluctable, car elle conduirait « au dialogue à tous les niveaux y compris à l’ouverture de l’espace politique intérieur verrouillé par le parti-Etat FPR (Front Patriotique Rwandais) de Paul Kagame depuis son accession au pouvoir par les armes en 1994 ».
La proposition de Kitwete a suscité également un enthousiasme dans les milieux congolais, dont le pays paye un lourd tribu des conflits qui ravagent la région depuis plusieurs années.
« Le plan Kikwete apporte ses nouveautés opérationnelles qui devront désormais intégrer des négociations à envisager entre les pouvoirs des pays à problèmes avec leurs propres fils, rebelles ou non , cite un article de 7sur7.cd, un site d’information congolais.
« Pas question de négocier avec les FDRL », pour le régime de Paul Kagame.
Cependant, si à la proposition de la Tanzanie, le président ougandais Museveni s’est déclaré prêt à « discuter avec ceux qui veulent discuter et isoler les autres « , le régime de Kigali en a apposé une fin de non recevoir.
La ministre des Affraires étrangères Louise Mushikiwabo qualifiant d’ »aberrants » la main tendue du Président Kikwete. Après des jours de silence, l’homme fort du Rwanda, le Général Paul Kagame a profité de la cérémonie de graduation de 45 officiers de l’école militaire de Nyakinama (nord), ce lundi le 10 juin, pour faire un bref commentaire à la proposition de son homologue tanzanien.
« (…) J’ai préféré garder le silence car ça (les propos de Kitwete NDRL) ne méritait pas un commentaire. Il (Kitwete NDRL) parlait pour ne rien dire, c’est un inculte (Injiji) et négationniste, je préfère le laisser dans son négationnisme (Ingengabitekerezo).
Suite à cette proposition les relations entre les deux voisins sont désormais glaciales. Ibuka, l’influente organisation des survivants du génocide, a parlé d’« insulte » et somme Kikwete de se rétracter sous peine de « saboter » par avance l’action de la force d’intervention rapide en cours de déploiement dans l’est de la RDC, et qui sera dirigée par un général tanzanien.
Négociation avec les FDRL : refus de négocier avec les présumés génocidaires ou un refus de partager le pouvoir ?
Les commentaires vont bon train. Si certains trouvent que le gouvernement de Kigali a complètement raison de ne pas parler avec ceux qu’il ne cesse de qualifier de « terroristes, génocidaires », d’autres voient dans ce refus, une ferme volonté du régime, fermé à tout dialogue avec l’opposition.
« Si Kagame ne veut pas négocier avec les FDRL, accepte-t-il au moins de négocier avec l’opposition non armée ? » se demande un commentateur sur un forum de la diaspora Rwandais en Belgique.
« C’est devenu la règle pour les pouvoirs dictatoriaux de chercher à décrédibiliser l’opposition, pour justifier le rejet de dialogue avec elle. Pour Kadhafi, ses opposants armés étaient des « rats », des « chiens « .
Quant à l’opposition syrienne, ce n’est que des « terroristes » pour Bachar Al-Assad. Il n y a rien d’étonnant donc d’entendre Kagame traite ses opposants de terroristes, génocidaires, négationnistes. », souligne un autre commentateur sur le forum.
Jean Mitari,
Jambonews
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