samedi 15 juin 2013

Faire la guerre en RDC : j’ai trouvé le carnet d’un soldat

(De Goma, RDC) J’ai trouvé sur un champ de bataille vers Munigi, à une quinzaine de kilomètres au nord de Goma, capitale du Nord-Kivu (à l’est de la République démocratique du Congo), un carnet de notes.

Le document (il ne s’agit pas d’un manuel) appartient à un soldat de l’armée régulière – les Forces armées de la RDC, FARDC – qui l’a probablement perdu avec sa vie. Extraits.


Le carnet du soldat (Joao Durbek)
 

Le AK-47

« Historique : auparavant, nos ancêtres utilisaient plusieurs moyens pour se défendre. Par exemple : pierre taillée, lance, couteau… Mais on a toujours évolué, c’est ainsi que nous avons l’arme AKA47.
Destination : l’arme AKA47 ou FA est une arme d’origine russe fabriqué par M. André Kalachninikov en 1947 [il s’agit en fait de Mikhaïl Kalachnikov, ndlr]. Beaucoup de pays du monde ont repris la fabrication sous licence tel que : la Chine, Corée, la RDC à Likasi (Gecamines). C’est une arme individuelle pour chaque combattant, avec une portée efficace de 200 m, pour éliminer les effectifs ennemis. Elle est munie d’une baïonnette pour le combat au corps à corps, si vous êtes dépourvu de munitions.
Données numériques :
  • Calibre : 7,62 mm ;
  • Poids de l’arme avec chargeur garni : 3,800 kg ;
  • Poids de l’arme avec chargeur non garni : 3,500 kg ;
  • Vitesse initiale : 710 m/s ;
  • Portée efficace : 200 m ;
  • Portée maximum : 3 600 m ;
  • Longueur de l’ame avec baïonnette : 110 cm ;
  • Longueur de l’arme sans baïonnette : 87 cm ;
  • Capacité du chargeur : vingt à trente cartouches. »

Extrait du carnet du soldat (Joao Durbek)
 

Les caractéristiques de la discipline militaire

  • « Elle est la première qualité du militaire ;
  • Elle définit l’obéissance et régit l’exercice de l’autorité ;
  • Elle s’applique à tous sans distinction de rang ;
  • Elle précise à chacun son devoir et aide à prévenir les défaillances ;
  • Elle est la règle qui guide chacun dans l’accomplissement de devoirs. »

La faute militaire

« Le mensonge, l’ivresse, la grossièreté, l’inobservation des règles relatives au manque de respect dû à un supérieur et aux honneurs à rendre, les brutalités et expressions blessantes à l’égard d’un inférieur, la négligence dans l’entretien des effets et des armes, l’inattention aux exercices, la négligence est le mauvais vouloir dans l’accomplissement des devoirs, le retard aux appels et rassemblement, l’absence aux appels, l’absence irrégulière de la garnison, du camp ou du cantonnement, la querelle, la dispute, le joue, l’inexécution ou l’exécution mauvaise ou incomplète des consignes ou des ordres reçus, la négligence dans l’exercice du commandement ou de fonction… »

Extrait du carnet du soldat (Joao Durbek)
 

Le commandant

« Réflexion : “ Un cavalier attentionné peut amener son cheval à une source, mais il ne lui est pas possible de boire à sa place. ”
Le commandant est donc l’ensemble de la PERSUASION (conviction) et des EXEMPLES.
C’est cette combinaison qui fait que les subalternes remplissent la volonté (ordre) de leur chef (commandant) si bien qu’ils ne veulent pas de cette mission. Cependant beaucoup de choses peuvent être faites (beaucoup d’ordres peuvent être exécutés) si le chef persuade, encourage et donne de beaux exemples à ses hommes.
Les qualités d’un commandant :
  • Le courage : un commandant (chef) doit être physiquement et mentalement courageux afin de surmonter ou confronter la peur pendant les temps durs (mauvais moment) et être un bon exemple devant ses hommes.
  • La volonté (will power) : le commandant (chef) volontaire accepte toutes les difficultés, quelque soit la mission, qui lui arrivent et les affronter correctement afin d’atteindre son objectif.
  • Sens de l’autorité : celui-ci est indispensable au commandant car il lui permet de pouvoir planifier des avant-plans bien avant afin de les exécuter à la longue, sans même attendre les ordres émanent de l’échelon supérieur (initiative et appréciation) et ceci pendant la période de guerre comme celle de la paix. Un chef est celui qui sait avoir de l’autorité et prendre ses responsabilités. Il est indispensable qu’il ait de l’imagination assez intelligente.
  • La fidélité (intégrité) : la fidélité est l’ensemble de la vérité (sincerity), l’intégrité (n’est pas égoïste), l’obéissance (obéir aux ordres). Avec la combinaison de ces trois facteurs, vous serez un commandant très respectueux et même confiant à l’échelon supérieur et même de vos collègues commandants.
Conclusion : Le commandement est appris comme une leçon en classe mais aussi il s’apprend auprès des autres commandants (collègues) à partir de leur vécu quotidien (beaux exemples). »


Source : Joao Durbek Chercheur, http://blogs.rue89.com/chaos.RDC/

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