"Joseph Kabila" et Dan Gertler lors d’une manifestation publique
Après s’être scandaleusement enrichi grâce à ses relations affairistes avec «Joseph Kabila», l’homme d’affaires israélien, Dan Gertler, se découvre, sur le tard, la vocation d’un "bienfaiteur".
La fondation «Gertler Family», vient de lancer un «projet de développement agricole» dans la commune de Maluku, située à une soixantaine de kilomètres de Kinshasa. Coût : 12.000.000 $ US.
En janvier 2012, le même organisme avait amorcé des «actions sociales» à Mont-Ngafula, une banlieue de la capitale, pour un montant de 49.000 $ US. Des observateurs s’interrogent sur cette démonstration de «générosité» de la part d’un homme décrié, qui passe pour le «prête-nom» attitré de l’actuel chef de l’Etat congolais.
Gertler a été récemment mis en cause dans le rapport publié en mai dernier par "Africa Progress Panel" - dirigé par l’ancien secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan -, au sujet de la "spoliation" du Congo-Kinshasa d’un montant de 560 millions d’euros en trois ans.
Malgré sa puissance financière, Dan Gertler a une image peu reluisante. L’homme semble en être conscient. Aussi, multiplie-t-il de la communication aux allures de plaidoirie pro domo. Celle-ci peine à convaincre.
Au cours d’un point de presse qu’il a animé, mercredi 12 juin, Pierre Deboutte, président de la fondation «Gertler Family» a indiqué que le «projet agricole» précité est piloté par «Kitoko Food».
Selon, lui, l’objectif poursuivi consiste non seulement à promouvoir «l’autosuffisance alimentaire» dans la capitale mais aussi de générer des emplois pour la population riveraine.
Dans sa première phase, le projet est aménagé sur un espace de 100 hectares, dans le village de Mabasa, pour la culture du maïs, de pomme de terre, de tomate et de l’aubergine.
Dans sa seconde phase, le projet vise à cultiver 600 hectares de terres et à construire une école de formation des agriculteurs. L’objectif final, a dit pour sa part, Max Muland, le directeur général adjoint de Kitoko Food, est «d’inonder le marché de Kinshasa et ses environs en produits alimentaires de base». Notons que la plupart des semences seront importées d’Israël, des Pays-Bas et d’Afrique du Sud.
Ce n’est pas la première fois que la «Fondation Gertler» fasse une sortie médiatique pour annoncer des actions à caractère «humaniste».
En janvier 2012, une dépêche de l’Agence congolaise de presse annonçait sur un ton frisant la propagande que la «population» de Mont-Ngafula «salue les actions de la Fondation Gertler pour l’amélioration des infrastructures hospitalières du Centre hospitalier «Monkole» situé dans le quartier Mazamba de cette municipalité».
C’est qui "la population de Mont Ngafula"?
On apprenait que cet organisme aurait consenti un «don» d’un import de 49.000 $ US pour l’achèvement de certaines infrastructures hospitalières. Qui ne pourrait s’en réjouir? Sauf que la motivation de ces démarches sont loin d’être exemptes de tartuferie.
«Critiqué par les médias internationaux dans le rôle qu’il joue dans le pillage des ressources minérales du Congo, Dan Gertler se lance dans le social pour faire diversion, commente un observateur kinois. L’homme cherche sans aucun doute à soulager une conscience chargée. Il vit dans un îlot de prospérité pendant que les Congolais baignent dans un océan de misère».
Négociant en diamant
Qui est Dan Gertler ? Le 17 mai 1997, LD Kabila prend le pouvoir à Kinshasa. Les flibustiers de la terre entière font un "rush" sur le pays. Trois années après, soit en 2000, l’opinion congolaise entend parler pour la première fois d’un certain Dan Getler et son entreprise, «Dan Gertler International» (DGI), spécialisée dans le négoce du diamant.
Après la mort de Mzee, le 16 janvier 2001, «Dan» noue des «liens d’amitié» avec Augustin Katumba Mwanke qui était, sans conteste, l’éminence grise du tout nouveau président, «Joseph Kabila». Celui-ci de nommer l’Israélien en qualité de consul honoraire du Congo-Kinshasa à Tel Aviv.
L’appétit venant en mangeant, le petit négociant en pierres précieuses commence à lorgner sur la Minière de Bakwanga (MIBA). Le 13 avril 2003, la société Emaxon, une filiale de DGI, signe un contrat pour le moins léonin avec cette société parastatale congolaise qui exploite les diamants au Kasaï oriental.
Aux termes cette convention, Emaxon consent à la MIBA un prêt de 15 millions $ US pour permettre à celle-ci de renouveler son outil de production. En contrepartie, la MIBA s’engage «à vendre 88 % de sa production à Emaxon». La suite est connue. C’est la descente aux enfers pour cette entreprise qui faisait partie des "joyaux de la République".
Après le diamant de la MIBA, Gertler a un «gros appétit» pour le cuivre et le cobalt de la Gécamines. Sans oublier les hydrocarbures de l’Ituri et le secteur bancaire. L’homme fait désormais partie du petit cercle «des amis du président Joseph Kabila» au même titre que le Franco-Libanais Roger Yaghi, ancien déclarant en douane, devenu banquier. Et dont l’épouse, congolaise de souche, sera promue consul du Congo à ...Beyrouth, au Liban. Dis-moi qui tu hantes...
Dans un rapport publié le 9 février 2004, l’ONG congolaise «Réseau de lutte contre la corruption et la fraude» (Relcof) n’est pas allée par le dos de la cuillère en dénonçant deux conventions de joint-venture passées de gré à gré, en violation du Code minier, entre la Gécamines et les sociétés Kinross-Forrest Limited et «GEC» (Global Enterprise Corporated Ltd).
La première appartient - appartenait? - à l’homme d’affaires belgo-néo-zélandais, George Arthur Forrest. La seconde n’est autre qu’une de nombreuses filiales de Dan Getler International.
«L’ami du président»
Selon cette organisation non gouvernementale, la Gécamines, représentée par ses dirigeants d’alors en l’occurrence Nzenga Kongolo et Assumani Sekimonyo, ont signé une convention de joint-venture n°656/6755/SG/GC/2004 avec la société «GEC» non spécialisée en matière de métallurgie.
N’empêche. Les deux parties ont donné naissance à la «DCP» (Democratic Republic of Congo Copper and Cobalt project», une S.p.r.l (société de personnes à responsabilité limitée).
La «DCP» a vu tomber dans son escarcelle la très convoitée mine à ciel ouvert «Kov». Un fleuron de la Gecamines. Sans oublier les gisements de Kananga et Tilwezembe. Quelle en est la contrepartie ? Dan Getler apporte notamment «l’expertise technique» et un financement de 30 millions $ US.
En juin 2006, l’opinion congolaise remarquait la présence de «Dan» parmi les quelques privilégiés, conviés au mariage du couple «Kabila». Une année après, l’homme défrayait la chronique.
Dans un article intitulé «Un diamantaire dans le pétrole», la newsletter «African Energy Intelligence», datée du 19 mars 2007, rapportait que "Joseph Kabila" venait de signer l’ordonnance nº08/022 «qui valide le premier permis accordé dans la zone dite du couloir maritime, qui couvre l’offshore profond».
Le bénéficiaire serait une société dénommée Nessergy Ltd, dont le siège se trouverait à Londres. En grattant un peu, les "investigateurs" découvrent que cette dernière appartient à Dan Gertler.
Lors du Conseil des ministres présidé, le vendredi 17 août 2007, par le Premier ministre d’alors, Antoine Gizenga, le gouvernement congolais s’est empressé d’approuver un «contrat de partage de production», signé en date du 7 octobre 2006 entre la RD Congo d’une part et l’«Association» dénommée «Nessergy Ltd-Cohydro» de l’autre.
Capricat Ltd et Foxwhelp Ltd…
En mai 2010, le gouvernement congolais signait également un contrat de «partage de production» de pétrole (CPP) avec les sociétés Offshore Caprikat Ltd et Foxwhelp Ltd, basées, toutes les deux, dans les Iles Vierges, au Royaume Uni. Elles étaient représentées par Zuma Khulubuse Clive (un neveu à l’actuel président sud africain) et Hulley Michaël Andrew.
Dans une lettre n°M-HYD/CMK/415/CAB/Min/10 adressée en date du 10 juin 2010 au directeur général de la société Caprikat - avec copie pour le DG de la société Foxwhelp Ltd - dont l’objet porte sur le «paiement du Bonus de signature contrat de partage de production Blocs I & II Graben Albertine», le ministre des Hydrocarbures, Célestin Mbuyu Kabango, notifie à ces deux firmes l’adoption par le Conseil des ministres - lors de sa réunion du 2 juin - du contrat de partage de production «mieux identifié en marge».
«Je vous rappelle, écrit-il, qu’en vertu de l’article 128 du contrat (…), votre Association est redevable à l’Etat congolais d’un bonus de signature de trois millions $ US par Bloc soit un total de six millions USD dont la preuve de paiement constitue un des éléments du dossier administratif d’approbation.»
Et de poursuivre : « (...). Aussi, vous demanderais-je de prendre contact dès réception de la présente avec mes services pour l’acquittement du montant dû (…).» Surprise. C’est un avocat proche de Gertler qui va se présenter au ministère des Hydrocarbures.
Il s’agit de Médard Palankoyi. Entre-temps, un virement est opéré d’un compte de la «B.I.C», une banque appartenant à Getler, vers un compte de la DGRAD (Direction générale des recettes administratives et domaniales) à la Raw Bank à Kinshasa.
La conclusion paraît claire comme l’eau de source : derrière Caprikat Ltd et Foxwhelp Ltd se dissimulait, en réalité, le trio affairiste Getler-Kabila-Katumba. Ce dernier est décédé, le 12 février 2012, suite à un crash aérien à l’aéroport de Bukavu, des circonstances non-élucidées à ce jour.
Diversion
En mars dernier, un confrère kinois a publié un article dithyrambique intitulé :
«La vérité cachée : Les investissements du Groupe Fleurette en RDC». On peut lire notamment que «le Groupe Fleurette», qui appartient à l’homme d’affaires israélien Dan Gertler, a investi non seulement dans les mines mais aussi dans l’agriculture.
«Les milliers d’emplois que ces investissements ont créés, les infrastructures qu’ils ont permis de construire et de réparer à partir de rien, la revitalisation de différents secteurs industriels ainsi que les centaines de millions USD de revenus d’impôts générés annuellement pour l’Etat, restent sans précédent», note ce confrère.
«En dépit de cela, fait-il remarquer, des journalistes, des bloggeurs, des groupes de surveillance, des critiques, des concurrents et d’innombrables personnes ayant dépeint une image négative de M. Gertler, ignorent manifestement le fait que collectivement, les investissements promus par le Groupe Fleurette ont aussi bien aidé à reconstruire la RDC que restaurer la stabilité à travers le pays depuis plus d’une décennie.»
Le confrère de conclure : «Voici donc la vérité cachée en RDC. Une vérité que certains individus, du fait de leur agenda personnel, politique ou économique contre Dan Gertler, tentent opportunément de dissimuler en l’attaquant, que ce soit en RDC ou à l’étranger. Cette tactique intéressée ne fait qu’affaiblir la RDC durant cette période de son histoire alors que toutes les mesures pour la renforcer s’avèrent nécessaires ».
Notons qu’en dépit de sa "compassion" pour les pauvres Congolais, Dan Gertler a été abondamment cité, en termes peu glorieux, vendredi 10 mai 2013, dans un rapport présenté par Kofi Annan au World Economic Forum du Cap, en Afrique du Sud.
Via une filiale de DGI dénommée "Emerald Star, basée aux Iles Vierges, "Dan" et le Belgo-Kazakh Patokh Chodiev ont, par un jeu de passe-passe, spolié l’Etat congolais d’un montant estimé à 560 millions d’euros.
Le "jeu" a consisté à acheter à bas prix les parts détenues par la Gécamines dans les gisements miniers pour aussitôt les revendre avec un gros bénéfice. Gertler tente de créer la diversion en jouant les bienfaiteurs. Hélas, il profite de l’incivisme de la plus haute autorité du pays..
Baudouin Amba Wetshi
© Congoindépendant
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