samedi 1 juin 2013

Les femmes du Kivu « font pleurer » Valérie Trierweiler



La première dame de France était l’invitée de France Libertés et de la Fédération internationale des droits de l’homme hier pour sensibiliser le Conseil des droits de l’homme au sort effroyable des femmes du Nord-Kivu (avec des témoignages à écouter).

Comment accepter que depuis vingt ans la guerre dure en République démocratique du Congo (RDC), que depuis seize ans on y viole les femmes par milliers dans le Nord-Kivu, à l’est du pays, mais que rien ne change?

C’est pour tenter de faire bouger les choses que la fondation France Libertés et la Fédération internationale des droits de l’homme avaient invité jeudi Valérie Trierweiler à rencontrer les ambassadeurs au Conseil des droits de l’homme, en marge de la session actuelle, pour les persuader de voter une résolution forte lors de leur prochaine session, en septembre.

Devant une salle comble venue voir la première dame de France, celle-ci a expliqué, films chocs à l’appui, l’arme de guerre que le viol est devenu, et l’importance de la lutte contre l’impunité. Espérant, explique-t-elle plus tard, que son nom, son engagement personnel puissent engager une dynamique.

Combat d’un médecin

C’est pendant le Sommet de la francophonie de Kinshasa en octobre que la compagne du président français a rencontré des jeunes filles victimes de violences, dont les témoignages l’ont bouleversée.

«Il faut faire sortir ce drame du silence, martèle-t-elle. On fait ça pour détruire tout un peuple, en détruisant les organes génitaux des femmes. Je veux être le porte-voix des femmes qu’on n’entend pas.»

En décembre, Valérie Trier­weiler était l’une des signataires d’une tribune remarquée dans Le Monde dénonçant l’impuissance des 17 000 membres de la Monusco, la Mission de l’ONU pour la stabilisation du Congo.

Elle a aussi reçu à l’Elysée Denis Mukwege, ce médecin qui a opéré plus de 40 000 femmes violées et mutilées dans son hôpital de Bukavu, et a été plusieurs fois pressenti pour le Prix Nobel de la paix.

A écouter: Bernard Crezé, médecin gynécologue, qui a travaillé avec le Dr Mukwege.

Quelles chances son plaidoyer a-t-il d’être entendu?

«On ne peut mettre fin à cet épiphénomène sans d’abord mettre fin au phénomène de cette guerre qui est régionale, et donc internationale», a déclaré lors de la séance l’ambassadeur de RDC.

«Un épiphénomène», les 500 000 femmes violées que compte le pays (chiffre donné par Valérie Trierweiler) apprécieront. «On est disposé à accepter toute l’aide internationale, tous les mécanismes, sauf celui de l’expert indépendant, qui a déjà échoué.»

La RDC avait déjà fait voter en 2008 la suppression d’un mandat indépendant. C’est pourtant ce que réclame Justine Masika, de la Synergie des femmes pour les victimes des violences sexuelles, autre invitée de France Libertés au Palais des Nations.

Pour elle, un envoyé spécial pourrait jouer un rôle essentiel dans le cas de représailles à l’égard des défenseurs. Et elle sait de quoi elle parle: elle a dû quitter son domicile en laissant sa famille, en raison des menaces qu’elle a reçues.

Début mai, un rapport de l’ONU accusait l’armée régulière de RDC et les rebelles du M23 d’exactions particulièrement graves, notamment lors de la chute de Goma l’année dernière: exécutions sommaires, meurtres et viols de très jeunes enfants. Une brigade de l’ONU devrait être opérationnelle d’ici à cet été.

Valérie Trierweiler a trouvé Sa grande cause à défendre. Elle n’aura pas trop d’un mandat présidentiel pour la faire avancer.

A écouter: Justine Masika, présidente de Synergie, sur le combat judiciaire des femmes violées.
http://letemps.ch/Page/Uuid/fd9409f6-c95b-11e2-b77f-99191a1f2183/Le_comb…

Catherine Frammery 
Direct!cd

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